1Depuis quelques années s’est ouvert en France un chantier visant à renouveler l’histoire patronale. Cet article permet de découvrir le cas de la Suisse, à travers une présentation synthétique de l’évolution de ses organisations patronales aux 19e et 20e siècles et une analyse quantitative et qualitative des travaux leur étant consacrés depuis soixante ans. Un champ qui appelle de futures recherches menées dans une perspective comparative et transnationale...
2Jusqu’à récemment, dans l’espace francophone tout au moins, l’organisation des acteurs patronaux et leur action collective par le truchement d’organismes durables est resté un objet peu analysé au sein des sciences sociales. En outre, les associations patronales ont été abordées de manière relativement éclatée, tantôt sous l’angle de l’influence exercée au sein du champ étatique, tantôt dans leur action de régulation économique, ou encore du point de vue de leur importance sociale en tant qu’agent de cohésion et de mobilisation des entrepreneurs.
3L’objectif de cet article est de contribuer au mouvement de renouveau de ce domaine d’étude observé depuis peu en France [1], en prenant comme exemple les associations patronales suisses aux 19e et 20e siècles dont la connaissance est inversement proportionnelle à la densité ainsi qu’à l’influence sur le plan national et international. Dans ce sens, nous débuterons par une présentation de la genèse, du développement et des particularités historiques des associations patronales helvétiques. Ensuite, nous procéderons à une analyse quantitative et qualitative de l’historiographie relative à ces organisations. Nous conclurons en tentant de dégager des pistes de recherches prometteuses.
4L’historiographie fourmillant de définitions très diverses, il est encore nécessaire de préciser ce que nous entendons par « organisations patronales ». Privilégiant une définition large, nous prendrons en compte tous les groupements constitués de dirigeants d’entreprises ayant pour but d’améliorer l’influence et l’efficacité de leurs membres sur le plan économique, social et politique, et qui, dans ce sens, organisent une action collective développée à l’interne ou à l’externe, en direction d’autres acteurs socio-économiques ou du champ étatique.
Genèse, développement et spécificités des organisations
5L’émergence et l’évolution des organisations patronales suisses ne peuvent être comprises sans être inscrites dans les dimensions structurelles fondamentales de la Suisse des 19e et 20e siècles. De fait, la temporalité du développement associatif, les formes adoptées et les rôles assumés sont fonctions de plusieurs spécificités économiques, politiques et culturelles [2].
La première moitié du 19e siècle ou l’hétérogénéité
6En Suisse, la première moitié du 19e siècle est marquée par la forte segmentation géographique de l’activité économique, dont résulte l’hétérogénéité des intérêts des patronats régionaux [3]. Leur intégration au sein d’associations de portée nationale se révèle donc difficile et les premières tentatives effectuées dans l’industrie et l’artisanat se soldent par des échecs : Schweizerischer Gewerbsverein (1843-1847), Schweizerischer Industrieverein (1848-1850), Schweizerischer Handwerks- und Gewerbeverein (1849-1864). Par ailleurs, un État relativement unifié sur le plan national n’est constitué qu’en 1848 ; appelé État fédéral, il maintient cependant de nombreuses compétences à l’échelon cantonal. Il n’est dès lors pas étonnant de constater que l’abolition des corporations, qui ouvre la voie à des formes plus libérales de représentation du patronat, s’étale durant une longue période allant de 1798 (Révolution helvétique) à 1874 (deuxième Constitution fédérale). Durant cette première phase, le phénomène d’organisation patronale prend des formes extrêmement diverses, les organes étatiques ou semi-étatiques côtoyant des associations privées [4]. L’intégration nationale du patronat est également freinée par deux particularités culturelles de la Suisse, à savoir la division du territoire en trois principaux espaces linguistiques (germanophone, francophone, italophone) et deux espaces religieux, l’un dominé par les protestants et l’autre par les catholiques.
Le tournant des années 1860 : vers une structuration nationale
7À partir des années 1860 débute une seconde phase, qui se caractérise par la mise en place progressive d’un nouveau paradigme [5]. Certes, les spécificités de la période précédente demeurent, mais de nouveaux enjeux poussent à une intégration rapide des intérêts à l’échelle nationale. D’une part, l’intervention de l’État central évolue en quantité et en qualité. Ponctuelle lors de la mise en place de conditions-cadres unifiées à l’échelle nationale entre 1848 et 1855 (poids, mesures et étalon monétaire uniques ; suppression des douanes intérieures, etc.), l’intervention s’inscrit désormais dans la longue durée, par exemple dans les domaines des chemins de fer et de la politique commerciale. Par ailleurs, la révision constitutionnelle de 1874 élargit les compétences de l’État central, ouvrant de nouveaux champs d’intervention (émission fiduciaire, droit commercial, politique sociale, etc.). D’autre part, l’osmose individuelle qui prévalait entre les élites économiques et les autorités fédérales est entravée par la montée du « mouvement démocratique [6] », qui acquiert une forte influence politique au sein de la Confédération dans les années 1860 et 1870. Les relations informelles devenant moins efficaces, il apparaît nécessaire aux différentes composantes du patronat de s’organiser pour mieux influencer les décisions politiques fédérales. C’est ainsi que voit le jour en 1870 la première grande association nationale, l’Union suisse du commerce et de l’industrie (USCI), amalgame d’organismes très variés [7]. La tendance à l’organisation à l’échelle nationale s’accélère encore à partir des années 1880, sous la pression d’évolutions structurelles plus globales [8]. La longue phase de dépression des années 1870 et 1880, le mouvement de mondialisation des échanges et la montée des impérialismes provoquent une exacerbation de la concurrence internationale, dont souffre l’économie suisse, très extravertie. La montée en puissance du mouvement ouvrier est un autre facteur important. En Suisse comme ailleurs, on assiste alors à la transition d’un « capitalisme manchestérien » à un « capitalisme organisé [9] », au sein duquel les associations patronales jouent un rôle clé : leur action d’organisation touche notamment la régulation des marchés, les rapports avec le salariat et les relations avec la sphère politique, afin de stimuler et orienter l’intervention des pouvoirs publics en fonction de leurs intérêts. Ainsi, la période entre 1880 et 1914 voit l’apparition et la consolidation des grandes associations nationales du petit patronat ainsi que du patronat agricole, respectivement l’Union suisse des arts et métiers (USAM, 1879) et l’Union suisse des paysans (USP, 1897), auxquelles viennent s’ajouter l’Union centrale des associations patronales suisses (UCAPS, 1908) et l’Association suisse des banquiers (ASB, 1912). On assiste aussi à la multiplication d’associations de branches structurées à l’échelle nationale.
8Ce vaste mouvement de structuration du patronat présente plusieurs spécificités, qui découlent en large partie des particularités du cadre politique suisse. En premier lieu, il faut souligner l’absence d’une institution étatique spécifique au sein de laquelle les milieux patronaux seraient représentés. On n’assiste pas en Suisse à la mise sur pied d’une instance comparable au Conseil supérieur du commerce, de l’industrie et de l’agriculture français ou au Volkswirtschaftsrat prussien. Au nom du principe libéral, le Parlement refuse en effet à deux reprises en 1877 et en 1882 la création d’une Chambre de commerce fédérale officielle [10]. En second lieu, il faut mentionner la faiblesse, en partie voulue, de l’appareil administratif de l’État central, qui pousse celui-ci dans une relation de forte dépendance à l’égard des grandes organisations patronales. Ainsi s’instaure (il s’agit d’une troisième spécificité) une collaboration particulièrement étroite entre les grandes organisations patronales et l’État fédéral, celui-ci finançant une partie des activités de celles-là. De nombreuses commissions extra-parlementaires, dans lesquelles les délégués des associations patronales occupent une place prépondérante, sont créées, qui acquièrent un rôle important au sein du processus législatif. Ce phénomène confère au régime politique helvétique une coloration néocorporatiste qui le caractérise tout au long du 20e siècle [11].
9La montée en puissance des organisations patronales est encore accélérée et renforcée par deux autres caractéristiques du système politique suisse [12]. La première est sa composante de démocratie directe, qui sort renforcée de l’introduction du référendum législatif (1874) et de l’initiative constitutionnelle (1891). La seconde est la faiblesse des partis politiques, qui ne sont que peu structurés sur le plan national et ne jouent donc qu’un rôle marginal dans les débats plébiscitaires. Les grandes associations patronales, disposant d’une affiliation importante et de moyens financiers sans comparaison, sont ainsi les principaux acteurs du jeu référendaire. Pour les autorités, l’intégration de ces organisations au processus législatif devient une garantie contre le rejet systématique des projets de lois en référendum. D’autant plus que le grand patronat organisé au sein de l’USCI conclut une alliance stratégique de longue durée avec l’USP, dont la base paysanne, nombreuse et bien organisée, permet de l’emporter sur les associations de salariés et de consommateurs lors des votations. Moins puissante, l’USAM ne joue longtemps qu’un rôle marginal, rejoignant occasionnellement le « Bloc bourgeois [13] » constitué par ses deux partenaires. À noter encore que la cohésion des principales organisations patronales s’appuie sur les étroites relations nouées depuis la fin du 19e siècle entre le secteur bancaire et les principales branches industrielles.
L’entre-deux-guerres ou la consolidation
10La Première Guerre mondiale ouvre une troisième phase de l’histoire des organisations patronales. La durée du conflit, marqué par les difficultés liées au blocus des Alliés et au contre-blocus des puissances centrales, contraint les autorités fédérales à instaurer une économie de guerre très dirigiste et fortement interventionniste. Sous l’égide de l’État, l’activité économique est fortement réglementée, ce qui débouche sur un renforcement de la collaboration avec les organisations patronales. L’administration délègue en effet de très nombreuses compétences des pouvoirs publics aux associations privées. Afin de relever ce défi, un nombre important de cartels sont constitués, accélérant fortement l’organisation de certains secteurs d’activité [14].
11Durant la crise des années 1930, sur fond de renforcement des revendications corporatistes [15], la création de cartels s’intensifie encore et certains de ces cartels, en particulier dans l’horlogerie, la broderie ou dans l’industrie laitière, prennent même un statut obligatoire garanti par l’État [16]. Les associations faîtières, au premier rang desquelles l’USCI, se renforcent également dans cette période, en centralisant leurs compétences au détriment des associations membres [17]. Hormis la régulation des marchés, les organisations patronales intensifient leur activité dans la gestion des conflits sociaux. La consolidation de l’UCAPS durant l’entre-deux-guerres permet aux associations patronales de branches de coordonner au niveau fédéral leurs options stratégiques sur le marché du travail, notamment par le biais d’une certaine coopération dans les politiques salariales. L’association du secteur des machines, pilier de l’UCAPS, joue ainsi un rôle central dans l’instauration et le renouvellement de conventions collectives s’inspirant de la « Paix du travail » conclue dans la métallurgie et l’horlogerie en 1937, sur la base d’un renoncement respectif au lock out (grève patronale) et à la grève [18]. Le pouvoir des associations dans ce domaine est sérieusement renforcé à partir de 1941, dans la mesure où ces conventions peuvent être déclarées obligatoires pour l’ensemble de la branche : les règles négociées par les associations patronales et les syndicats s’appliquent avec force de loi à tous les acteurs de la branche, même non-membres des associations. Quant à l’intégration des organisations patronales au processus législatif de l’État, elle se systématise tout au long de cette troisième période.
12La Seconde Guerre mondiale marque un approfondissement significatif de cette intégration [19]. L’organisation de l’économie de guerre s’appuie très largement sur les associations patronales et leur interventionnisme [20]. Elle fait également appel à nombre de représentants des milieux patronaux pour occuper les postes les plus stratégiques de l’économie de guerre, comme en témoigne la nomination de Hans Sulzer, grand industriel du secteur des machines et président de l’USCI, à la direction de la section Fer et machines de l’Office de guerre pour l’industrie et le travail, ainsi qu’à la présidence de la Commission de surveillance des importations et des exportations. Les associations patronales sortent significativement renforcées des années de guerre, autant dans leur rapport à l’administration fédérale que dans leur rapport avec leurs membres. En 1947, un article constitutionnel institutionnalise le droit des milieux intéressés, au premier rang desquels les organisations patronales, à être intégrés aux processus législatifs (commissions extra-parlementaires et procédures consultatives). De manière symptomatique, le nombre d’associations patronales passe de 782 en 1940 à 1 160 en 1948 [21].
Les Trente Glorieuses ou l’épanouissement
13La période d’après-guerre ouvre une nouvelle phase qui se distingue par une certaine stabilité du système établi durant les périodes précédentes. On doit cependant noter la fondation en 1942 d’une nouvelle association, la Société pour le développement de l’économie suisse (SDES), par les milieux proches de l’USCI et de l’UCAPS. Son rôle consiste à intervenir comme organe de propagande lors des votations [22]. Au niveau des relations de travail, les conventions collectives se diffusent largement entre 1945 et 1950 pour atteindre le taux de couverture d’environ 50 % qu’elle conserveront jusqu’à nos jours [23]. Les associations patronales coordonnent ces conventions par l’intermédiaire de l’UCAPS, qui se dote d’un nouveau règlement beaucoup plus contraignant pour ses membres en 1948 [24]. Elles reconnaissent les organisations syndicales et sont prêtes à certaines concessions dans le domaine des politiques sociales ou des négociations collectives par exemple, garantissant ainsi la stabilité des relations de travail en maintenant cependant un « ordre économique et social libéral [25] ». Les associations patronales prennent dans ce contexte maintes « mesures de disciplines » pour réaliser leurs objectifs, comme en témoigne le « programme de lutte contre la surchauffe et le renchérissement », limitant l’immigration, le crédit, ou la construction en 1964 [26].
14Les organisations patronales entretiennent des relations étroites et institutionnalisées avec les autorités fédérales. Outre les commissions extra-parlementaires et les procédures de consultation, on observe des rapports privilégiés, par exemple entre l’USCI et l’Office fédéral des affaires économiques extérieures (OFAEE), entre l’ASB et la Banque nationale suisse, entre l’USP et l’Office fédéral de l’agriculture ou encore entre l’USAM et l’UCAPS et l’Office fédéral de l’industrie, des arts et métiers et du travail (OFIAMT). Il n’est par ailleurs pas rare que certains anciens secrétaires patronaux deviennent hauts fonctionnaires dans ces différents offices, voire conseillers fédéraux (ministres). Le rôle toujours plus important joué par les organismes économiques internationaux (GATT/OMC, Banque mondiale, OCDE, etc.), ainsi que le mouvement d’intégration européenne, posent des défis majeurs aux organisations patronales [27], mais la bonne conjoncture économique de l’après-guerre jusqu’aux années 1980 facilite leur adaptation à la nouvelle situation.
Le début des années 1990
15Sur fond de crise économique et de pressions internationales accrues (débats sur les relations de la Suisse avec l’Union européenne), le début des années 1990 marque l’avènement d’une dernière phase, qui se caractérise par une accentuation des divisions au sein des milieux patronaux et d’importantes restructurations organisationnelles [28]. Certains compromis internes au patronat, en particulier entre grandes entreprises très internationalisées et secteurs produisant pour le marché intérieur, sont ainsi remis en question, traduisant le renforcement de l’aile néolibérale du patronat suisse. Cette offensive néolibérale, sous l’impulsion d’un groupe informel de représentants des multinationales suisses insatisfaits de l’activité des organisations patronales, prend notamment la forme, au début des années 1990, de diverses publications exigeant des réformes radicales afin de préserver la compétitivité de l’économie suisse. Outre les propositions d’allégements fiscaux, de remise en cause des politiques sociales ou de privatisation du secteur public, elles exigent également la réforme de la politique agricole et l’interdiction des cartels, ce qui heurte frontalement les positions de certaines fractions du « petit » patronat helvétique. Ces mêmes milieux des plus grandes entreprises créent, en 1999, la fondation Avenir suisse, sur le modèle des think tanks américains. Par ailleurs, on assiste à nombre de fusions et réorganisations internes, visant à la simplification de la représentation patronale [29]. Les deux associations du secteur des machines fusionnent ainsi en 1999. De même, un projet de fusion à trois, regroupant l’USCI, l’Union patronale suisse (anciennement UCAPS) et la SDES, est envisagé, mais échoue devant l’opposition de l’Union patronale. Ainsi, seules l’USCI et la SDES fusionnent pour créer Economiesuisse en 2000.
Historiographie des organisations
16Un dépouillement systématique de quatre outils bibliographiques suisses a été accompli pour les années 1959 à 2006, afin d’établir un inventaire comprenant la quasi-totalité des travaux concernant l’histoire des organisations patronales suisses depuis le début du 19e siècle jusqu’à aujourd’hui, qu’ils soient de nature scientifique ou non et publiés ou non [30]. Notre recensement a donné à la notion d’organisation patronale une extension considérable puisqu’a été pris en compte un spectre étendu d’associations. Il comprend en effet les organisations patronales de la grande, de la petite industrie et, en large partie, de l’artisanat, ainsi que celles des banques, des assurances, du tourisme et des autres services, cela aux différentes échelles régionales et sur le plan national. Notre bilan inclut également la puissante association faîtière du patronat agraire, l’Union suisse des paysans (USP). En revanche, il ne tient pas compte des autres organisations patronales du secteur agricole et du commerce des produits agricoles, ni des groupements patronaux fondés dans la perspective d’une activité temporaire ou relative à un domaine ou à une question très spécifique. Ne sont pas non plus inclues les organisations fondées par lesdites professions libérales (médecins, architectes, avocats, notaires, juristes, etc.), les associations de type corporatiste rassemblant les employés et les patrons d’une même branche, ainsi que celles dont les membres ne sont pas en majorité des chefs d’entreprises mais sont issus des milieux politiques intéressés à un secteur économique. Ce recensement a par ailleurs retenu les travaux qui traitent des organisations patronales sans qu’elles soient au centre de leur intérêt, y compris maints travaux de droit et d’économie, pour lesquels les questionnements historiques ne forment pas, et de loin, la substance du propos.
Analyse quantitative
17Comme le montre le graphique 1 pour la période allant de 1959 à 2006, 508 travaux, soit une moyenne d’un peu moins de 11 par an, ont traité de l’histoire des organisations patronales helvétiques.
1

1
Nombre total de travaux (livres, articles, recherches universitaires non publiées) sur les associations patronales suisses, 1959-200618Ce nombre de 508 est peu élevé, d’autant moins que, sur ce total, la moitié est constituée de travaux dont la valeur scientifique est négligeable. Il s’agit de monographies jubilaires à tendance hagiographique, patronnées par des associations locales ou régionales d’artisans ou de très petits patrons, ou d’études qui se limitent à l’anecdote, ou encore qui utilisent de manière inadéquate les sources, la grande majorité cumulant les trois défauts. Presque toutes se caractérisent par la pauvreté ou l’absence de données factuelles et d’appareil critique, pour ne pas parler d’appareil théorique.
19Soustraction faite de ce type de publications, le nombre d’études de caractère scientifique consacrées, de près ou de loin, à l’histoire des organisations patronales suisses n’atteint plus qu’un total de 255 sur l’ensemble de la période considérée, soit la moyenne extrêmement faible d’un petit peu plus de 5 par an. Cette moyenne est probablement inférieure à celle des recherches scientifiques consacrées aux organisations du mouvement ouvrier (syndicats, coopératives, unions ouvrières, etc.). Comme le montre le graphique 2, il est difficile de distinguer des phases différentes dans la production historiographique de nature scientifique, les études de cette nature se répartissant assez également tout au long des années 1959-2006. On peut toutefois dégager une légère tendance à la baisse depuis la fin des années 1980 : la moyenne des recherches scientifiques passe de 5,7 par an entre 1959 et 1988 à 4,7 par an de 1989 à 2006.
2

2
Nombre d’études scientifiques sur les organisations patronales suisses, 1959-200620La part des études scientifiques sur les organisations patronales suisses dans le total des travaux sur l’histoire helvétique confirme le constat établi ci-dessus. Comme le montre le graphique 3, sur l’ensemble de la période 1959-2006, seule une proportion infime des recherches consacrées à l’histoire suisse (0,17 % par an en moyenne) aborde ces organisations. Autrement dit, sur mille études d’histoire suisse, moins de deux par année concernent cette thématique et, dans cette proportion déjà minuscule, il a été tenu compte, répétons-le, de maints travaux de droit, d’économie ou de science politique dont le questionnement historique est secondaire.
3

3
Proportion des études scientifiques sur les organisations patronales suisses dans le total des travaux sur l’histoire suisse, 1959-2006 (en pourcentages)21Le graphique 3 confirme également la tendance à la baisse de telles recherches qui semble se dessiner depuis deux décennies. De 1959 à 1988, la proportion se situe à 0,19 % en moyenne par an, alors que depuis 1989, elle n’est plus que de 0,14 %. La conclusion qui ressort de l’analyse quantitative est donc claire : l’historiographie sur les organisations patronales suisses se caractérise par une profonde carence. Et le bilan chiffré n’incite guère à l’optimisme, cette historiographie paraissant, pour des raisons difficiles à établir, plutôt s’atrophier que se vivifier depuis une vingtaine d’années.
Analyse qualitative
22Si l’on envisage l’historiographie helvétique sous un angle qualitatif, il est possible de dégager les constats suivants. Premièrement, environ la moitié des travaux, scientifiques ou non, portent sur des organisations patronales nationales. Cela signifie que la grande majorité des études de nature scientifique concernent ce type d’associations, en particulier les cinq associations faîtières les plus grandes et influentes de Suisse, soit l’USCI, l’USAM, l’USP, l’ASB et l’UCAPS. Parmi ces cinq associations, la plus étudiée est l’USCI et les parents pauvres sont l’ASB et l’UCAPS. En dépit de leur très faible nombre dans l’absolu, les recherches traitant de ces organisations faîtières sont, en général, d’une qualité assez élevée. Il faut probablement y voir l’influence exercée par les travaux relativement précoces, puisque les premiers datent des années 1950, et élaborés selon une approche féconde d’histoire économique et sociale globalisante d’Erich Gruner, fondateur en 1965 du Forschungszentrum für Geschichte und Soziologie der schweizerischen Politik à l’Université de Berne. Il n’est pas interdit de penser que l’une des origines de la tendance à la baisse des études sur les organisations patronales depuis la fin des années 1980 réside dans le départ à la retraite, en 1985, de ce pionnier. Plus généralement, cette tendance est probablement liée au déclin de l’histoire sociale et économique au profit de l’histoire culturelle en Suisse.
23Deuxièmement, on constate que parmi les trois grands axes d’activité des organisations patronales, la grande majorité des travaux à caractère scientifique ne porte ni sur l’activité interne, ni sur celle en direction des autres grands acteurs socio-économiques, mais sur les relations à la sphère politique et en particulier étatique. En d’autres termes, le domaine le plus étudié est celui des formes et du degré d’influence exercé par ces organisations sur l’action de l’État, en particulier de l’État fédéral, que ce soit de manière générale (poids de ces organisations dans les différentes institutions étatiques) ou dans un champ particulier (politique économique extérieure et intérieure, politique sociale, politique migratoire, politique de la formation, politique financière, etc.). Ainsi, l’objectif premier de ces recherches se focalise moins spécifiquement sur la compréhension des stratégies des organisations patronales que sur l’analyse de certaines politiques publiques [31]. Les différentes recherches menées dans cette optique ont mis en évidence le rôle politique des organisations patronales, et ceci sous trois aspects principaux. Outre les relations étroites et institutionnalisées avec l’État fédéral comme relevé plus haut, les études ont montré des liens très forts avec les principaux partis de droite (Parti radical démocratique, Parti démocrate-chrétien et Union démocratique du centre, anciennement Parti des paysans, artisans et bourgeois) [32] et une forte présence dans les campagnes de votations [33], très nombreuses en raison des instruments de démocratie directe (référendum et initiative populaire).
24Troisième constat, en ce qui concerne l’activité interne en direction des membres visant la régulation collective de l’économie, les différentes études ont, schématiquement, distingué cinq grands domaines d’activité des organisations patronales : le marché des produits, notamment par l’entremise de la normalisation technique et de la mise en place de cartels [34] ; le marché du travail, où les associations d’employeurs sont tout particulièrement actives dans les négociations collectives avec les syndicats au niveau des branches économiques [35] ; la politique sociale [36] ; la formation professionnelle [37] ; et les marchés financiers et le contrôle de la propriété des entreprises [38].
25Quatrièmement, l’étude de l’historiographie permet de constater qu’au sein des travaux qui ne concernent pas les cinq principales associations faîtières, la plupart portent sur l’activité de quelques associations nationales du patronat industriel (par exemple dans le textile, la chimie ou encore l’industrie des machines). En revanche, les organisations patronales dans le domaine des services (banques, assurances, tourisme, commerce, etc.) restent une terra incognita. Quant au type d’activité abordé par ces études, il s’agit, cette fois, plutôt des relations avec les syndicats. Mais de manière générale, il est difficile de dégager de véritables tendances parmi ces recherches, car aussi bien du point de vue de la dimension spatiale prise en compte que des thématiques abordées, elles restent très éclatées.
Conclusion et pistes de recherche
26Comme nous avons pu le montrer, les organisations patronales helvétiques apparaissent comme des acteurs incontournables tant dans l’organisation et le fonctionnement de l’économie suisse, que sur le plan politique. Ce rôle central des organisations patronales dans la société helvétique, qui a prévalu durant l’ensemble du 20e siècle, s’explique pour deux raisons principales. D’une part, il convient de souligner la précocité et le haut degré d’organisation des milieux patronaux ; d’autre part, le contexte d’un État central peu développé, d’une faible professionnalisation des acteurs politiques et des liens étroits des partis de droite avec les milieux patronaux a permis aux organisations patronales d’assumer différentes activités centrales dans l’organisation de l’économie suisse et de s’affirmer comme des acteurs politiques de première importance.
27Malgré les points développés dans cet article, les organisations patronales helvétiques restent cependant encore mal connues, et cela selon différentes dimensions. Cinq pistes de recherche nous semblent particulièrement prometteuses. Même si nous partons du cas suisse, ces perspectives nous semblent également stimulantes pour d’autres pays [39].
28Le rapport entre organisations patronales et « capitalisme organisé » constitue une première piste. Les organisations patronales suisses ont été prioritairement abordées dans leur fonction de représentation politique. Par contre, leur fonction économique, ou autrement dit l’action collective menée à l’interne afin d’organiser l’ensemble de l’activité de la branche, demeure très mal connue. L’hypothèse peut être avancée que ce trou noir relève largement de la volonté patronale de maintenir le mythe d’un libéralisme pur, dont le succès serait basé sur le seul génie entrepreneurial et les vertus d’une concurrence parfaite. Un discours souvent instrumentalisé dans l’objectif de refuser l’intervention des collectivités publiques. Il conviendrait ainsi de mieux comprendre les contributions des organisations patronales suisses à l’avènement et à la stabilisation d’un « capitalisme organisé » depuis la fin du 19e siècle et durant la majeure partie du 20e siècle. Par ailleurs, il serait intéressant de réfléchir aux correspondances entre certaines spécificités nationales du mode de fonctionnement du capitalisme et les formes de l’organisation du patronat, ce qui permettrait d’instaurer un dialogue avec les approches développées en sociologie économique, notamment par l’approche des « variétés du capitalisme », qui a mis l’accent sur l’importance du rôle des acteurs patronaux dans l’organisation des économies nationales [40].
29Une deuxième piste de recherche concerne le fonctionnement interne des organisations patronales. Les différentes plaquettes d’anniversaire publiées par les organisations patronales ne font pratiquement jamais état des questions relatives à leur organisation interne. De caractère hagiographique, elles mettent l’accent sur les succès, sans aborder la question des divergences, des tensions, voire des conflits internes. Même les études scientifiques restent singulièrement congrues à ce sujet. D’où une série de questions : quels moyens sont utilisés pour homogénéiser les intérêts des entrepreneurs ou discipliner ces derniers ? Quels sont les facteurs internes et externes qui affaiblissent ou renforcent la cohésion et donc l’efficacité d’une association ? Pourquoi des dissidences apparaissent-elles et comment celles-ci sont-elles gérées ? Enfin, par quels moyens les organisations patronales se financent-elles et quel rôle ce problème joue-t-il dans leur structuration ?
30Le fonctionnement global du système des organisations patronales apparaît comme une troisième piste possible. En Suisse, les études de cas consacrées aux organisations patronales ne permettent pas de comprendre le fonctionnement de l’ensemble du système et son évolution. Certes, quelques études ont abordé, mais de manière fragmentaire et limitée dans le temps, les rapports entretenus par les grandes organisations patronales avec l’État. Bien que très importants, ces rapports ne constituent toutefois qu’une part des connexions existant au sein du système global formé par les organisations patronales et le champ étatique. De nombreuses questions restent ainsi sans réponse : comment les différentes sortes d’organisations patronales collaborent-elles ? La division du travail s’effectue-t-elle sur une base de complémentarité ou de concurrence ? L’action est-elle uniquement coordonnée au sein des associations faîtières ou d’autres canaux de communication fonctionnent-ils ? Quels sont les facteurs conduisant à des alliances durables entre elles ? Quel rôle jouent les relations personnelles ? Les relations avec le champ étatique passent-elles systématiquement par les associations faîtières ? Si non, quelles associations ont-elles un accès direct à l’administration et pourquoi ? Enfin, certaines études ont noté la circulation d’un certain nombre d’acteurs individuels importants entre les organisations patronales et le champ étatique. Une analyse détaillée de ces mouvements permettrait de mieux comprendre les interrelations entre les deux champs.
31Les organisations patronales dans le cadre de la sociabilité bourgeoise constituent une quatrième piste de recherche. Dans tous les pays économiquement développés, la bourgeoisie a confectionné, depuis le début du 19e siècle, un tissu plus ou moins vaste et dense de sociétés actives dans de nombreux domaines, de la culture à la philanthropie en passant par les sports, les loisirs, les sciences, la religion, le militaire, etc. Quelle place les organisations patronales tiennent-elles dans la sociabilité bourgeoise ? Ces organisations ne constituent-elles qu’une manifestation parmi d’autres de la sociabilité bourgeoise ou jouent-elle un rôle spécifique dans la structuration et la cohésion de la bourgeoisie en tant que classe dirigeante ?
32Enfin, il serait profitable d’étudier les organisations patronales dans le contexte international. Quels rapports les organisations patronales entretiennent-elles avec leurs correspondantes à l’étranger ? Quelles sont leurs relations avec les institutions internationales ou supranationales ? Dans ce cadre, le cas de la Suisse, en raison de sa non-appartenance aux différentes organisations internationales ou supranationales qui marquent le 20e siècle (Nations unies, Union européenne, etc.) est particulièrement intéressant. Entrave-t-elle ou favorise-t-elle les liens internationaux des organisations patronales helvétiques ? Et encourage-t-elle l’implantation en Suisse de certains types d’organisations patronales internationales, par exemple des cartels internationaux ?
Notes
-
[1]
Dont témoignent, entre autres, Danièle Fraboulet-Rousselier, Quand les patrons s’organisent : stratégies et pratiques de l’Union des industries métallurgiques minières, 1901-1950, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2007 ; Michel Offerlé, Sociologie des organisations patronales, Paris, La Découverte, 2009 ; Jean-Claude Daumas, Alain Chatriot, Danièle Fraboulet, Patrick Fridenson et Hervé Joly (dir.), Dictionnaire historique des patrons français, Paris, Flammarion, 2010.
-
[2]
Erich Gruner, Die Wirtschaftsverbände in der Demokratie, Erlenbach, Rentsch Verlag, 1956 ; Jean Meynaud, Les Organisations professionnelles en Suisse, Lausanne, Payot, 1963.
-
[3]
Cédric Humair, Développement économique et État central, 1815-1914 : un siècle de politique douanière suisse au service des élites, Berne, Peter Lang, 2004.
-
[4]
Ernst Maurer, Die schweizerischen Handelskammer, ihr Wesen, ihre Entwicklung, Organisation und Tätigkeit, Zürich, Aschmann & Scheller, 1924.
-
[5]
Benedikt Hauser, Wirtschaftsverbände im frühen schweizerischen Bundesstaat (1848-1874) : vom regionalen zum nationalen Einzugsgebiet, Bâle, Helbing & Lichtenhahn, 1985.
-
[6]
Le « mouvement démocratique » est un assemblage composite de milieux mécontents de leur situation matérielle ou de la domination politique exercée, autant à l’échelle cantonale que fédérale, par une étroite élite issue du grand capital ; cette mouvance s’appuie sur une base sociale large : patronat des régions périphériques, petits et moyens producteurs de l’agriculture, de l’artisanat et de l’industrie, professions libérales, etc.
-
[7]
Otto Hulftegger, Der schweizerische Handels- und Industrieverein, 1870-1882, Zürich, Berichthaus, 1920, p. 11-12 et 99-101.
-
[8]
Beat R. Zimmermann, Verbands- und Wirtschaftspolitik am Übergang zum Staatsinterventionismus, Berne, Peter Lang, 1980.
-
[9]
Sur le concept de « capitalisme organisé », voir Heinrich Winkler (dir.), Organisierter Kapitalismus : Voraussetzungen und Anfänge, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1974.
-
[10]
Beat R. Zimmermann, op. cit., p. 77-92 ; Otto Hulftegger, op. cit., p. 41-45 et 59-79.
-
[11]
Beat Hotz, Politik zwischen Staat und Wirtschaft, Diessenhofen, Rüegger, 1979 ; Hanspeter Schmid, Wirtschaft, Staat und Macht : die Politik der schweizerischen Exportindustrie im Zeichen von Staats- und Wirtschaftskrise (1918-1929), Zürich, Limmat Verlag, 1983, p. 83-133.
-
[12]
Leonhard Neidhart, Plebiszit und pluralitäre Demokratie, Berne, Francke, 1970 ; Hans Ulrich Jost, « Politisches System und Wahlsystem der Schweiz unter dem Aspekt von Integration und Legitimität », Annuaire suisse de science politique, 16, 1976, p. 203-219.
-
[13]
Erich Gruner, Arbeiterschaft und Wirtschaft in der Schweiz, 1880-1914, Zürich, Chronos, 1988, vol. 3, p. 517-528 ; Werner Baumann, Bauernstand und Bürgerblock : Ernst Laur und der schweizerische Bauernverband, Zürich, Orell Füssli, 1993 ; Cédric Humair, op. cit., p. 617-718 ; André Mach, La Suisse entre internationalisation et changements politiques internes : la législation sur les cartels et les relations industrielles dans les années 1990, Zürich, Verlag Rüegger, 2006, chap. 2.
-
[14]
Robert Jaccard, Les Syndicats industriels en Suisse : contribution à l’étude des coalitions d’industriels, Lausanne, Vaney-Burnier, 1925.
-
[15]
August Schirmer, Die Neuordnung der Wirtschaft : die Aufgaben der Berufsverbände, St. Gallen, H. Tschudy & Co., 1934.
-
[16]
Erich Gruner, « 100 Jahre Wirtschaftspolitik : Etappen des Interventionismus in der Schweiz », Schweizerische Zeitschrift für Volkswirtschaft und Statistik, 100, 1964, p. 35-70, p. 61.
-
[17]
Bernard Wehrli, Le Vorort, mythe ou réalité : histoire de l’Union suisse du commerce et de l’industrie, Neuchâtel, La Braconnière, 1972, p. 74. Le patronat du secteur touristique, en revanche, gagne en autonomie, en fondant sa propre association faîtière en 1932, la Fédération suisse du tourisme (Hans Dasen, Entstehung und Entwicklung der gesamtwirtschaftlichen Zusammenschlüsse im schweizerischen Fremdenverkehr, Bern, Stämpfli, 1948).
-
[18]
Geneviève Billeter, Le Pouvoir patronal : les patrons des grandes entreprises suisses des métaux et des machines, Genève, Droz, 1985.
-
[19]
Julius Georg Lautner, System des Schweizerischen Kriegswirtschaftsrechts, Zürich, Polygraphischer Verlag, 1942.
-
[20]
Erich Gruner, 1964, op. cit., p. 61.
-
[21]
Liste des associations professionnelles de Suisse, publiée par l’OFIAMT, troisième édition mise à jour à la fin du mois de janvier 1940, Feuille officielle suisse du commerce, Berne, 1940. Et liste des associations professionnelles et associations économiques de Suisse, publiée par l’OFIAMT, cinquième édition mise à jour à la fin de l’année 1948, Feuille officielle suisse du commerce, Berne, 1949.
-
[22]
Christian Werner, Für Wirtschaft und Vaterland : Erneuerungsbewegungen und bürgerliche Interessengruppen in der Schweiz 1928-1947, Zürich, Chronos, 2000, p. 214-231.
-
[23]
Adrian Zimmermann, « “Tätigkeiten… nicht müssige Stempelei” : Arbeitsbeschaffung, kollektives Arbeitsrecht und Lohnpolitik », in Matthieu Leimgruber et Martin Lengwiler (dir.), Umbruch an der « Inneren Front » : Krieg und Sozialpolitik in der Schweiz, 1938-1948, Zürich, Chronos, 2009, p. 47-74.
-
[24]
Bibliothèque nationale suisse, V Schweiz 239, Reglement betreffend Organisation der gegenseitigen Unterstützung der Arbeitgeber bei Kollektiv- Vertragsverhandlungen und Kollektiv- Streitigkeiten.
-
[25]
Eberhard Reinhardt, « Zum Geleit », in Zentralverband schweizerischer Arbeitgeber-Organisationen, Arbeitgeberpolitik in der Nachkriegszeit 1948 bis 1968, Berne, Stämpfli & Cie, 1968, p. 7-20, p. 15.
-
[26]
Bernard Wehrli, op. cit., p. 301 et 303.
-
[27]
Guido Keel, L’Union suisse du commerce et de l’industrie face à l’intégration économique de l’Europe occidentale (1944-1972), Berne, Peter Lang, 1980 ; Dominique Dirlewanger, Sébastien Guex et Gian-Franco Pordenone, La Politique commerciale de la Suisse de la Deuxième Guerre mondiale à l’entrée au GATT (1945-1966), Zürich, Chronos, 2004.
-
[28]
Pour plus de détails, voir Pierre Eichenberger et André Mach, « Organized Capital and Coordinated Market Economy : Swiss Business Interest Associations between Socio-Economic Regulation and Political Influence », in Christine Trampusch et André Mach, Switzerland in Europe : Continuity and Change in the Swiss Political Economy, Londres, Routledge, 2011, p. 63-81.
-
[29]
Hanspeter Kriesi, « Institutional Filters and Path Dependancy : The Impact of Europeanization on Swiss Business Associations », in Wolfgang Streeck, Jürgen Grote, Volker Schnyder et Jelle Visser (dir.), Governing Interests : Business Associations facing Internationalization, New York, Routledge, 2006, p. 49-67.
-
[30]
Bibliographie de l’histoire suisse, de 1959 à 2006 ; Bibliographie suisse de science politique, de 1959 à 1993 ; Année politique suisse, de 1994 à 2006 ; Thèses de doctorat, mémoires de licence et de diplômes présentés ou en cours aux instituts d’histoire des Universités suisses, de 1977 à 2006.
-
[31]
Pour une vision d’ensemble, voir André Mach, op. cit., chap. 2.
-
[32]
Voir à ce sujet, Thomas David, Stéphanie Ginalski, André Mach et Frédéric Rebmann, « Networks of Coordination : Swiss Business Associations as an Intermediary between Business, Politics and Administration during the 20th Century », Business and Politics, 11 (4), 2009, p. 1-38. On notera que la faible professionnalisation du « Parlement de milice » suisse contribue à cette pénétration patronale des milieux politiques, le Parlement en tête.
-
[33]
Geneviève Billeter, op. cit., p. 147-155 ; Philipp Müller, La Suisse en crise (1929-1936) : les politiques monétaire, financière, économique et sociale de la Confédération helvétique, Lausanne, Antipodes, 2010, p. 570-600. Ces deux ouvrages documentent certaines campagnes référendaires des organisations patronales.
-
[34]
Frédéric Rebmann, « Une économie autogérée sans intervention de l’État ? Le rôle et la position du Vorort dans le processus de législation sur les cartels (1950-1962) », mémoire de licence, Université de Lausanne, 2006 ; Alain Cortat, Un cartel parfait : réseaux, R & D et profits dans l’industrie suisse des câbles, Neuchâtel, Alphil, 2009 ; Alain Cortat (dir.), Contribution à une histoire des cartels en Suisse, Neuchâtel, Alphil, 2010.
-
[35]
Bernhard Degen, « Von “Ausbeutern” und “Scharfmachern” zu “Sozialpartnern” : Beziehungen zwischen Gewerkschaften und Unternehmern im Wandel », in Schweizerisches Sozialarchiv (dir.), Bilder und Leitbilder im sozialen Wandel, Zürich, Chronos, 1991, p. 231-270.
-
[36]
Matthieu Leimgruber, Solidarity without the State ? Business and the Shaping of the Swiss Welfare State, 1890-2000, Cambridge, Cambridge University Press, 2008.
-
[37]
Ulrich Mägli, Berufsausbildung in der schweizerischen Maschinen- und Metallindustrie, 1918-1939, Zürich, Verlag Reihe W, 1980.
-
[38]
Yves Sancey, « Un capitalisme de gentlemen : émergence et consolidation de l’autorégulation bancaire en Suisse et en Angleterre (1914-1960) », thèse de doctorat, Université de Lausanne, 2004. Voir aussi André Mach, Thomas David, Gerhard Schnyder et Martin Lüpold, « Transformations de l’autorégulation et nouvelles régulations publiques en matière de gouvernement d’entreprise en Suisse (1985-2002) », Revue suisse de science politique, 12 (1), 2004, p. 1-32.
-
[39]
Voir à ce sujet les réflexions de Luca Lanzalaco, « Business Interest Associations », in Geoffrey Jones et Jonathan Zeitlin (dir.), Oxford Handbook of Business History, Oxford, Oxford University Press, 2008, p. 293-318.
-
[40]
Peter Hall et David Soskice, Varieties of Capitalism, Oxford, Oxford University Press, 2001.