La genèse et l’itinéraire du travail social ont engendré un évitement du politique et de l’économie. Le repli sur des méthodologies individualistes en a été la conséquence, leurs limites de plus en plus évidentes appellent un réinvestissement de la question politique. La résurgence de cette dimension politique pourrait être confortée par une réflexion inédite sur l’économie, c’est du moins ce que suggère le rapprochement avec l’économie sociale et solidaire (ess). Encore faut-il clarifier cette tendance. Deux conceptions de l’économie sociale et solidaire se dégagent en effet, qui ont des implications bien différentes.
Cette contribution se divise en cinq parties. Après avoir rappelé succinctement dans une première partie les caractéristiques du travail social dans son approche traditionnelle en France, la deuxième partie souligne combien il a été bousculé par les crises successives de la synergie entre État et marché. Le brouillage des frontières qui en résulte amène alors à s’interroger sur le lien avec l’ess. Mais la mobilisation de cette terminologie renvoie aux deux conceptions signalées, d’une part une vision réparatrice correspondant à une économie sociale amendée à la marge par l’insertion, d’autre part une vision transformatrice dans laquelle l’économie solidaire propose une reconfiguration de l’économie sociale. Les deux sont présentées successivement dans les troisième et quatrième parties. Il devient alors possible de mentionner, pour conclure, des perspectives de recherche et d’action…