1 En France, en 2020, près de 2,7 millions des personnes âgées de 15 à 64 ans et vivant en ménage ordinaire déclarent bénéficier d’une reconnaissance administrative de handicap (encadré) ; parmi elles, un peu moins d’un million sont en emploi [Insee, 2021]. Elles représentent 6,5 % de l’ensemble des personnes d’âge actif (de 15 à 64 ans) mais seulement 3,6 % de la population en emploi, soit un taux nettement inférieur à celui de 6 % légalement exigé par l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés [Collet, 2021]. Cette situation a peu évolué au cours des dernières années [Barhoumi, 2017]. La population des personnes reconnues handicapées compte autant de femmes que d’hommes, qu’elles soient en emploi ou non [1]. Ces personnes font face « à une double marginalité par rapport à l’emploi et dans l’emploi » [Revillard, 2019] : elles exercent moins souvent une activité professionnelle et, lorsqu’elles travaillent, occupent plus souvent des postes moins qualifiés.
2 Par ailleurs, sur l’ensemble de la population en âge de travailler, les inégalités professionnelles selon le sexe persistent : les comportements d’activité des femmes et des hommes se sont certes rapprochés mais la participation sur le marché du travail, la durée de travail et la position sociale qu’occupent les femmes restent plus défavorables que celles des hommes [Collet et Rioux, 2017].
3 L’accès à l’emploi et la situation professionnelle selon le sexe, d’une part, et selon le handicap, d’autre part, sont relativement bien documentés. En revanche, l’analyse de l’effet conjoint de ces deux dimensions sur le marché du travail est plus rarement menée [Défenseur des droits, 2016]. Cet article propose donc de dresser un état des lieux des inégalités professionnelles subies par les personnes reconnues handicapées et de mesurer si les inégalités entre les femmes et les hommes sont comparables, aggravées, atténuées ou spécifiques par rapport à celles observées chez les autres personnes. La première partie de l’article sera consacrée aux taux d’activité et d’emploi, aux caractéristiques sociodémographiques et à la nature des contrats des travailleur·se·s. La deuxième partie portera sur les professions qu’ils et elles occupent.
Encadré méthodologique
Les sources disponibles [2] sur l’insertion professionnelle des personnes handicapées se répartissent en deux grands types : des données administratives, qui remontent des informations de gestion associée à une politique publique ; des données d’enquête, de nature déclarative.
Enquête Emploi réalisée par l’Insee est la plus adaptée pour notre étude. Elle permet d’observer à la fois de manière structurelle et conjoncturelle la situation des personnes sur le marché du travail : activité, emploi, chômage, professions, conditions d’emploi et de travail, etc. [Bernardi et Lhommeau, 2020]. Un module de quatre questions sur la santé a été intégré à l’enquête Emploi depuis 2013. Les trois premières questions, qui interrogent sur la santé et le handicap perçus, sont préconisées par Eurostat pour l’ensemble des enquêtes ménages. La quatrième porte sur la reconnaissance administrative de handicap et permet de cerner plus spécifiquement la population ayant obtenu une telle reconnaissance administrative. L’enquête Emploi ne fournit toutefois pas d’informations sur la nature du handicap.
Ici, trois millésimes (2018, 2019 et 2020) des enquêtes Emploi sont empilés pour constituer un échantillon plus important et consolider les indicateurs sur la population relativement rare des personnes reconnues handicapées.
CHAMP
Le champ retenu est celui de la population âgée de 15 à 64 ans, vivant en ménage ordinaire en France. Sont ainsi exclues de l’analyse les personnes vivant dans une institution (prison, foyers de travailleurs/euses, établissements de santé, etc.).
DÉFINITION
Les définitions de la population des personnes handicapées sont variables selon la source considérée [Aubert, 2021] ; le plus souvent, c’est soit le bénéfice d’une aide publique associée au handicap, soit la déclaration de limitations fonctionnelles.
Dans l’enquête Emploi, ces deux grandes approches statistiques sont possibles : soit en retenant la définition d’une personne reconnue handicapée correspondant à une personne qui déclare bénéficier d’une reconnaissance administrative d’un handicap ou d’une perte d’autonomie ou percevoir l’allocation adulte handicapée (aah) ; soit via le récent indicateur synthétique « gali » (Global Activity Limitation Indicator) qui considère comme étant handicapées, au sens des restrictions d’activité, les personnes répondant « oui fortement » à la question « Êtes-vous limité(e), depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? ».
La définition du handicap jugée la plus pertinente et retenue dans cet article relatif à l’emploi, et de manière plus générale par le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion et par la plupart des études de la Dares, est celle de la reconnaissance légale ouvrant à des droits (article L5212-13 du Code du travail). Cette population sera donc désignée dans cet article comme les personnes ayant une reconnaissance d’un handicap ou, par souci de simplification, les personnes handicapées.
MÉTHODES STATISTIQUES
Des modélisations statistiques ont été mises en œuvre (modèles logit ou probit) pour étudier, principalement, les effets propres à la reconnaissance d’un handicap et au sexe sur les chances d’accès à l’emploi ainsi que sur la probabilité d’occuper un métier donné, en neutralisant les effets des autres caractéristiques sociodémographiques (sexe, âge, origine géographique, diplôme, type de ménage), du lieu de résidence (taille d’unité urbaine, habitat en quartier prioritaire de la politique de la ville) et de la santé déclarée (maladie chronique, degré de limitation dans la vie quotidienne). Cette neutralisation est désignée comme une mesure « toutes choses égales par ailleurs » ou « à caractéristiques comparables ». Ces résultats restent toutefois descriptifs et ne doivent pas être interprétés comme des causalités.
Ces modélisations ne sont pas directement présentées dans l’article mais ont été mobilisées afin de mettre en avant des résultats statistiquement significatifs.
Le sexe, un effet de second ordre par rapport au handicap sur les chances d’accès à l’emploi
4 En moyenne sur les années 2018 à 2020, 37 % des personnes reconnues administrativement handicapées et âgées de 15 à 64 ans ont un emploi, contre 67 % des autres personnes de cette tranche d’âge (tableau 1). Leur taux d’activité (en emploi ou au chômage) est nettement plus faible (44 % contre 73 %) et, parmi les actifs/ives, leur taux de chômage est deux fois plus élevé que celui des personnes sans reconnaissance de handicap (16 % contre 8 %). En tenant compte de leurs caractéristiques sociodémographiques (sexe, âge, origine géographique, diplôme, type de ménage), de leur lieu de résidence (taille d’unité urbaine, habitat en quartier prioritaire de la politique de la ville) et de leur santé déclarée (maladie chronique, degré de limitation dans la vie quotidienne), les chances d’être en emploi des personnes handicapées sont deux fois moins élevées que celles des autres personnes – cf. encadré ci-dessus sur la méthode employée.
Taux d’activité, d’emploi et de chômage selon la reconnaissance ou non d’un handicap et le sexe (en %)1

Description
Avec reconnaissance d’un handicap Sans reconnaissance de handicap Ensemble Femmes Hommes Ensemble Femmes Hommes Taux d’activité 44 43 44 73 70 77 Taux d’emploi 37 36 38 67 64 71 Taux de chômage1 16 15 17 8 8 8 Effectifs (en milliers) 2 697 1 349 1 348 38 082 19 426 18 656 Effectifs en emploi (en milliers) 985 489 496 25 661 12 452 13 209
Taux d’activité, d’emploi et de chômage selon la reconnaissance ou non d’un handicap et le sexe (en %)1
1 Le taux de chômage est calculé sur la population active âgée de 15 ans ou plus.Lecture : en moyenne sur les années 2018 à 2020, le taux de chômage des personnes âgées de 15 ans ou plus atteint 16 % pour la population active ayant une reconnaissance de handicap.
Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, de 15 à 64 ans.
5 Ces inégalités liées au handicap sont beaucoup plus importantes que les inégalités d’accès à l’emploi selon le sexe : le taux d’emploi de l’ensemble des femmes n’est en effet que de 6 points inférieur à celui de l’ensemble des hommes en 2020 (62 % contre 68 %) et leur taux de chômage identique, à 8 % [Jauneau et Vidalenc, 2021]. Les inégalités selon le sexe se sont réduites au cours des vingt dernières années avec la forte progression du taux d’emploi de l’ensemble des femmes, tandis que celui des personnes reconnues handicapées n’a presque pas évolué et leur chance d’accéder à l’emploi a ainsi peu changé [Amira et Meron, 2004 ; Ulrich, 2011 ; Barhoumi 2017].
6 Par ailleurs, la population des personnes handicapées se caractérise par des taux d’emploi nettement plus proches entre les femmes et les hommes, avec un écart restreint à 2 points (36 % contre 38 %) contre 7 points dans le reste de la population (64 % contre 71 %). Le handicap est un facteur qui influence davantage les chances d’accès à l’emploi que le sexe : à caractéristiques identiques, elles ne sont ainsi pas significativement différentes entre les femmes et les hommes handicapés, tandis que les hommes ont 1,5 fois plus de chances d’être en emploi que les femmes parmi les personnes sans reconnaissance de handicap.
Les personnes handicapées en emploi sont plus âgées et moins diplômées que leurs collègues
7 Les personnes en emploi qui sont reconnues handicapées sont nettement plus âgées et vivent beaucoup plus souvent seules : 45 % d’entre elles ont entre 50 et 64 ans et 24 % vivent seules, contre respectivement 29 % et 16 % de leurs pair·e·s sans handicap (tableau 2). Elles sont également moins diplômées : 25 % sont peu ou pas diplômées et 32 % ont un brevet ou un certificat professionnel comme plus haut niveau de diplôme, contre respectivement 14 % et 22 % des autres actifs/ives occupé·e·s. Ces caractéristiques sociodémographiques et professionnelles traduisent à la fois le risque accru de survenue et de dégradation de problèmes de santé avec l’avancée en âge [Collet, de Riccardis et Gonzalez, 2013] et la plus forte exposition des travailleurs peu qualifiés au cumul de contraintes physiques [Équipe Sumer, 2021], aux accidents du travail (manutentions manuelles, chutes, etc.) et aux maladies professionnelles (troubles musculo squelettiques, exposition à l’amiante, etc.) [Cnam, 2020], ou encore les désavantages scolaires des personnes handicapées depuis l’enfance [Bouchet, 2019]. Que les travailleurs/euses vivent plus souvent seul·e·s n’est que pour partie lié à leur âge et leur catégorie socioprofessionnelle et s’explique également par l’incidence de leur handicap sur leurs participations à des activités sportives et culturelles [Baradji, Dauphin et Eideliman, 2021], sur leur vie sociale et leur image de soi [Fondation de France, 2018].
Caractéristiques sociodémographiques des personnes en emploi selon la reconnaissance ou non d’un handicap et le sexe (en %)

Description
Avec reconnaissance d’un handicap Sans reconnaissance de handicap Ensemble Femmes Hommes Ensemble Femmes Hommes Âge 15 à 24 ans 3 3 4 9 8 9 25 à 39 ans 21 20 22 35 35 36 40 à 49 ans 31 30 32 27 27 26 50 à 64 ans 45 47 43 29 30 29 Type de ménage Ménages d’une seule personne 24 21 27 16 15 18 Familles monoparentales 11 15 7 9 12 6 Couples sans enfant 22 24 20 21 22 21 Couples avec enfant(s) 40 37 43 50 47 52 Ménages complexes de plus d’une personne 4 4 4 3 3 3 Diplôme BEPC ou sans diplôme 25 21 30 14 12 15 CAP, BEP 32 31 33 22 19 25 Bac ou brevet professionnel 18 20 16 21 21 21 Bac + 2 ou supérieur 25 28 21 43 48 39
Caractéristiques sociodémographiques des personnes en emploi selon la reconnaissance ou non d’un handicap et le sexe (en %)
Lecture : en moyenne sur les années 2018 à 2020, 47 % des femmes en emploi et reconnues handicapées sont âgées de 50 à 64 ans.Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, de 15 à 64 ans, en emploi.
Des caractéristiques sociodémographiques davantage différenciées selon le sexe parmi les travailleur·se·s handicapé·e·s que parmi les autres personnes en emploi
8 Si, parmi les personnes reconnues handicapées, les taux d’emploi des hommes et des femmes sont relativement proches, ils et elles ont des profils sociodémographiques bien distincts. Parmi les travailleur·se·s handicapé·e·s, les hommes sont ainsi sensiblement moins âgés que les femmes (43 % de plus de 50 ans contre 47 %), ils vivent plus souvent seuls (27 % contre 21 %) et sont moins diplômés que les femmes (30 % de peu ou non diplômés contre 21 %) ; et ces différences sont nettement plus importantes que parmi les autres actifs/ives occupé·e·s.
9 Ces différences s’expliquent, au moins pour partie, par les risques professionnels de handicap qu’encourent les hommes par rapport aux femmes. Les hommes sont deux fois plus souvent victimes d’un accident que les femmes donnant lieu à une indemnisation pour une incapacité permanente [Équipe Sumer, 2021]. Près des deux tiers de ces graves accidents du travail surviennent avant 50 ans. Les ouvriers/ères y sont particulièrement exposé·e·s, et notamment les non qualifié·e·s [Barhoumi et Chabanon, 2015]. Les hommes peu diplômés sont donc nettement plus sujets à un handicap professionnel précoce.
10 Les femmes sont en revanche autant concernées que les hommes par les maladies professionnelles qui touchent les employées, davantage que les accidents. Ces maladies surviennent plus tardivement en raison du délai entre l’exposition aux risques et l’apparition de la maladie (la majorité des personnes concernées ont 50 ans ou plus). Il s’agit essentiellement de troubles musculo-squelettiques pour les femmes (96 % contre 80 % des hommes en 2016) qui ne sont, contrairement aux hommes, quasiment pas concernées par les cancers ou les maladies liées à l’amiante reconnus comme maladies professionnelles.
Un·e salarié·e handicapé·e sur trois travaille à temps partiel
11 Les salarié·e·s reconnu·e·s handicapé·e·s occupent deux fois plus souvent un emploi à temps partiel que leurs collègues (34 % contre 17 %). De plus, lorsqu’ils et elles travaillent à temps partiel, leur quotité de travail est nettement inférieure : 49 % exercent leur emploi à mi-temps ou moins, ce qui n’est le cas que de 35 % des travailleurs/euses à temps partiel n’ayant pas de reconnaissance de handicap. Les situations de sous-emploi, c’est-à-dire des personnes souhaitant travailler plus, les concernent également davantage (10 % contre 7 % de leurs pair·e·s). Les travailleurs/euses handicapé·e·s ont davantage d’ancienneté dans l’emploi (53 % occupent un emploi depuis 10 ans ou plus, contre 44 % des autres actifs/ives occupé·e·s), ce qui témoigne des politiques du handicap de maintien dans l’emploi mais également des difficultés de réinsertion professionnelle des inactifs ou chômeurs reconnus handicapés [Agefiph, 2020].
Les inégalités de temps de travail selon le sexe sont importantes parmi les salarié·e·s handicapé·e·s mais comparables à celles observées parmi les autres salarié·e·s
12 Par ailleurs, 46 % des femmes contre 21 % des hommes exercent à temps partiel parmi les salarié·e·s reconnu·e·s handicapé·e·s (tableau 3). Les inégalités selon le sexe restent donc fortes au sein de cette population mais comparables à celles observées parmi les autres salarié·e·s (27 % de femmes à temps partiel contre 7 % d’hommes). L’effet sexe sur la probabilité d’être à temps partiel s’avère même un peu moins fort pour les personnes avec reconnaissance de handicap que pour celles sans reconnaissance, lorsqu’on neutralise l’effet des autres caractéristiques sociodémographiques. S’agissant de la quotité de travail de ces salarié·e·s à temps partiel, les différences selon le sexe sont très similaires : les hommes travaillent moins souvent que les femmes à mi-temps ou pour moins d’un mi-temps aussi bien parmi les salarié·e·s handicapé·e·s (57 % contre 48 %) que parmi les autres salarié·e·s (44 % contre 34 %).
Temps de travail et ancienneté dans l’emploi des salarié·e·s selon la reconnaissance ou non d’un handicap et le sexe (en %)

Description
Avec reconnaissance d’un handicap Sans reconnaissance de handicap Ensemble Femmes Hommes Ensemble Femmes Hommes Temps de travail Temps complet 66 54 79 83 73 93 Temps partiel 34 46 21 17 27 7 Moins d’un mi-temps 22 25 23 21 21 26 Mi-temps (50%) 27 23 34 14 13 18 Entre 50 et 80% 29 29 26 29 29 30 80% 15 16 10 24 25 14 Plus de 80% 7 7 6 12 12 10 Non renseigné 0 1 1 1 1 3 Part du sous-emploi 10 13 7 7 10 5 Ancienneté dans l’emploi Moins de 1 an 12 13 12 14 14 13 De 1 an à moins de 2 ans 7 6 8 9 9 9 De 2 ans à moins de 5 ans 12 12 12 16 16 16 De 5 ans à moins de 10 ans 12 12 12 14 14 14 10 ans ou plus 53 54 53 44 45 43 Non renseignée 3 2 4 4 3 5
Temps de travail et ancienneté dans l’emploi des salarié·e·s selon la reconnaissance ou non d’un handicap et le sexe (en %)
Lecture : en moyenne sur les années 2018 à 2020, 46 % des femmes en emploi et reconnues handicapées travaillent à temps partiel. Parmi elles, 25 % travaillent moins d’un mi-temps.Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, de 15 à 64 ans, en emploi.
La nature des handicaps et le secteur d’activité des femmes seraient relativement moins discriminants que ceux des hommes selon leur situation sur le marché du travail
13 Les inégalités d’accès à l’emploi selon le sexe apparaissent ainsi nettement plus limitées au sein de la population handicapée que dans le reste de la population, sans que ce phénomène soit lié à leurs profils sociodémographiques ni que les inégalités selon le sexe en matière de temps de travail s’en trouvent renforcées. Les raisons de ce constat s’avèrent très difficilement analysables, faute d’informations statistiques complètes et récentes sur le type de handicap (moteur, sensoriel, mental, cognitif ou psychique, polyhandicap ou trouble de santé invalidant), sur sa gravité, son caractère durable ou définitif, son origine et le moment de sa survenue, et a fortiori selon le sexe ou l’âge des personnes concernées. Or, la nature du handicap, d’autant plus lorsqu’il intervient tôt dans la vie, influe significativement sur les parcours scolaires et le niveau de diplôme atteint en fin de scolarité [Bouchet, 2019], les capacités de compensation ou de réadaptation professionnelle, les possibilités d’aménagement des conditions de travail ou encore les a priori négatifs des employeurs quant aux compétences ou à la sociabilité des personnes handicapées.
14 Au sein de cette population très hétérogène, l’accès à l’emploi et le temps de travail sembleraient ainsi avant tout liés à la nature et l’intensité du handicap. Le choix de l’employeur, dans le cadre de l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés, se fonderait principalement sur ces deux critères et le sexe de la personne ne jouerait alors plus qu’un rôle secondaire. Des différences en la matière entre les femmes et les hommes handicapé·e·s pourraient alors expliquer, au moins pour partie, la proximité de leur taux d’emploi.
15 La stigmatisation et la discrimination face à l’emploi qui en découle apparaissent en effet nettement moins marquées pour les handicaps moteurs (ou sensoriels) que pour les handicaps mentaux, psychiques et cognitifs ; et d’après l’enquête Handicap-Santé menée par la Drees et l’Insee en 2008 ou le module ad hoc relatif à l’insertion professionnelle des personnes handicapées de l’enquête Emploi 2011, les femmes sont nettement surreprésentées parmi les personnes en âge d’être en emploi qui déclarent des limitations motrices sévères, tandis qu’elles seraient un peu moins souvent concernées que les hommes par de fortes limitations psychiques, intellectuelles ou mentales [Espagnacq, 2015]. D’autre part, et même si à notre connaissance il n’existe pas de données récentes disponibles, il apparaissait au début des années 2000 que plus le handicap était lourd [3] et moins les femmes reconnues handicapées et en âge de travailler étaient représentées par rapport aux hommes, et ce, pour toutes les tranches d’âge [Chanut, 2004 ; Dares, 2006]. Enfin, les femmes handicapées travaillent près de deux fois plus souvent que les hommes handicapés au sein du secteur public, nettement plus protecteur que le secteur privé contre le risque de perte d’emploi en raison de droits spécifiques à la fonction publique (garantie d’emploi, reclassement obligatoire, congé de longue maladie, etc.) [Barnay et al., 2014].
La moitié des emplois des femmes handicapées se concentrent sur vingt professions
16 Les femmes exercent une variété plus réduite de métiers que les hommes [Briard, 2019]. Ainsi, les vingt professions [4] les plus répandues représentent 40 % de l’emploi des femmes contre seulement 22 % de l’emploi des hommes (graphique 1). En effet, 58 professions, pour l’essentiel d’ouvriers/ères, sont quasi exclusivement exercées par des hommes – ouvrier·e·s comptent moins de 5 % de femmes – alors que 10 professions, d’employé·e·s ou de professions intermédiaires, sont quasi exclusivement exercées par des femmes.
Part dans l’emploi des vingt professions les plus souvent exercées selon la reconnaissance ou non d’un handicap et le sexe (en %)

Part dans l’emploi des vingt professions les plus souvent exercées selon la reconnaissance ou non d’un handicap et le sexe (en %)
Lecture : les vingt professions le plus souvent exercées par les personnes reconnues handicapées sont occupées par 36 % d’entre elles.Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, de 15 à 64 ans, en emploi.
17 Par ailleurs, l’éventail des métiers des personnes reconnues handicapées en emploi est plus restreint que celui de leurs collègues ; les vingt professions les plus répandues représentent 36 % de l’emploi des premières contre 25 % pour les second·e·s [Bernardi et Lhommeau, 2020]. Au total, l’éventail des professions est le plus resserré pour les femmes handicapées ; pour celles-ci, c’est la moitié des emplois qui se concentrent sur seulement vingt professions. En outre, les dix métiers les plus souvent exercés par les femmes handicapées sont quasiment les mêmes que ceux des femmes non handicapées [5], ce qui n’est pas le cas entre les hommes avec et sans reconnaissance de handicap [6].
18 Les postes les plus qualifiés sont nettement plus rares pour les femmes et les hommes handicapé·e·s. Seulement 9 % de ces personnes occupent un poste de cadre, soit 2,2 fois moins que pour les autres actifs/ves occupé·e·s (tableau 4).
Répartition des emplois par catégorie sociale selon le sexe et la reconnaissance ou non d’un handicap, en %

Description
Ensemble Femmes Hommes Avec reconnaissance d’un handicap Sans reconnaissance de handicap Avec reconnaissance d’un handicap Sans reconnaissance de handicap Avec reconnaissance d’un handicap Sans reconnaissance de handicap Agriculteur·trice·s exploitant·e·s 1 1 1 1 2 2 Artisan·e·s et commerçant·e·s 5 6 3 4 6 9 Cadres et professions libérales 9 19 8 17 9 21 Professions intermédiaires 20 26 21 29 20 24 Employé·e·s 36 27 53 42 19 13 Ouvrier·ère·s 29 20 15 8 44 31
Répartition des emplois par catégorie sociale selon le sexe et la reconnaissance ou non d’un handicap, en %
Lecture : 9 % des emplois occupés par les personnes reconnues handicapées sont des postes de niveau cadre.Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, de 15 à 64 ans, en emploi.
19 L’indice de dissimilarité professionnelle de Duncan [7] fournit un éclairage supplémentaire. Il synthétise les écarts de répartition de l’emploi au niveau de la catégorie socioprofessionnelle [8] entre les deux types de travailleurs/euses (avec et sans reconnaissance d’un handicap). Il peut s’interpréter comme la part des travailleur·se·s du premier type qui devraient changer de catégorie socioprofessionnelle pour que la ventilation de l’emploi soit identique à celle des travailleur·se·s du deuxième type [Briard, 2019].
20 En l’occurrence, la dissimilarité entre femmes et hommes est nettement plus élevée que celle entre travailleur·se·s handicapé·e·s et autres travailleurs/euses (tableau 5). Il faudrait ainsi que 47 % de l’ensemble des femmes en emploi changent de métier pour que leur répartition socioprofessionnelle s’aligne sur celle des hommes ; et cette proportion est la même parmi les personnes handicapées et celles sans reconnaissance de handicap. En revanche, cette dissimilarité n’est que de 19 % entre les personnes avec et sans reconnaissance de handicap ; et cet ordre de grandeur est le même parmi l’emploi des femmes ou des hommes.
Dissimilarité socioprofessionnelle, indice de Duncan (en %)

Description
Avec une reconnaissance versus sans reconnaissance d’un handicap Parmi l’ensemble Parmi les femmes Parmi les hommes 19 20 19 Femmes versus hommes Parmi l’ensemble Parmi les avec reconnaissance d’un handicap Parmi les sans reconnaissance de handicap 47 48 47
Dissimilarité socioprofessionnelle, indice de Duncan (en %)
Lecture : il faudrait que 47 % des femmes changent de catégories socioprofessionnelles pour que la répartition de leurs emplois s’aligne sur celle des emplois des hommes.Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, de 15 à 64 ans, en emploi.
21 Dans la suite de l’étude, pour tenir compte de cette ségrégation sexuée des emplois, l’analyse est menée séparément sur l’emploi des femmes et sur celui des hommes.
Deux femmes reconnues handicapées sur dix sont agentes de service
22 On constate que sept catégories socioprofessionnelles sur trente et une génèrent les deux tiers de la dissimilarité professionnelle entre les femmes avec et sans reconnaissance de handicap (13 % sur un total de 19 % – tableau 6).
Catégories socioprofessionnelles (cs) contribuant le plus à la dissimilarité professionnelle entre les femmes handicapées et celles sans reconnaissance de handicap (en %)
Reconnaissance d’un handicap | Ecart entre les femmes handicapées et celles sans reconnaissance de handicap | |||
---|---|---|---|---|
Avec | Sans | Brut | Net1 | |
Les principales CS sur-représentées | 43 | 27 | 16 | 7 *** |
Employées civiles et agentes de service de la fonction publique | 22 | 14 | 8 | 1 * |
Ouvrières non qualifiées de type industriel | 5 | 2 | 3 | 1 *** |
Employées administratives d’entreprise | 11 | 9 | 3 | 3 *** |
Ouvrières non qualifiées de type artisanal | 4 | 2 | 2 | 1 *** |
Les principales CS sous-représentées | 11 | 20 | -9 | -4 *** |
Professions intermédiaires de la santé et du travail social | 6 | 10 | -4 | -2 ** |
Cadres administratives et commerciales d’entreprise | 2 | 6 | -3 | -1 * |
Professeures des écoles, institutrices et assimilées | 3 | 5 | -3 | -1 * |
Catégories socioprofessionnelles (cs) contribuant le plus à la dissimilarité professionnelle entre les femmes handicapées et celles sans reconnaissance de handicap (en %)
Note : *** effet marginal significatif au seuil de 1 %, ** significatif au seuil de 5 % et * significatif au seuil de 10 %.1. Effet marginal sur la probabilité d’être dans un métier surreprésenté ou sous-représenté (dans l’emploi des femmes) suivant une modélisation probit.
Lecture : 22 % des femmes reconnues handicapées exercent le métier d’employée civile et d’agente de service de la Fonction publique, soit 8 points de plus que les autres femmes en emploi. En neutralisant les effets des caractéristiques sociodémographiques (et de santé déclarée) des femmes, l’effet marginal de la reconnaissance d’un handicap sur la probabilité d’une femme d’occuper ce métier n’est plus que de + 1 point.
Champ : France hors Mayotte, femmes vivant en logement ordinaire, de 15 à 64 ans, en emploi.
23 Les femmes, a fortiori reconnues handicapées sont fortement surreprésentées parmi les employées ; plus de la moitié de ces dernières sont dans ce cas (tableau 4). En particulier, 22 % sont employées civiles et agentes de service de la fonction publique et 11 % sont employées administratives d’entreprise, soit respectivement huit et trois points de plus que les autres femmes. Les postes d’ouvrières non qualifiées de type industriel ou artisanal sont également fortement sur-représentés parmi les emplois des femmes reconnues handicapées (9 % contre 4 % pour les autres femmes).
24 Les femmes handicapées sont à l’inverse nettement sous-représentées dans les postes plus qualifiés de cadres (8 % contre 17 % des femmes sans reconnaissance de handicap) et de professions intermédiaires (21 % contre 29 %). Par rapport aux autres femmes, elles occupent moins souvent un poste de cadres administratives et commerciales des entreprises (2 % contre 6 %), de professions intermédiaires de la santé et du travail social – infirmières, puéricultrices, sages-femmes, etc. – (6 % contre 10 %) ou encore de professeures des écoles, institutrices et assimilées (3 % contre 5 %).
Les hommes reconnus handicapés sont deux fois moins souvent cadres
25 Les écarts sur huit catégories socioprofessionnelles expliquent les deux tiers de la dissimilarité entre les emplois occupés par les hommes avec reconnaissance de handicap et ceux sans reconnaissance (12 % sur un total de 19 % – tableau 7).
Catégories socioprofessionnelles (cs) contribuant le plus à la dissimilarité professionnelle entre les hommes handicapés et ceux sans reconnaissance de handicap (en %)
Reconnaissance d’un handicap | Ecarts entre les hommes handicapés et ceux sans reconnaissance de handicap | |||
---|---|---|---|---|
Avec | Sans | Brut | Nets1 | |
Les principales CS sur-représentées | 38 | 23 | 14 | 6 *** |
Employés civils et agents de service de la fonction publique | 7 | 3 | 4 | 2 *** |
Ouvriers non qualifiés de type industriel | 8 | 4 | 4 | 2 *** |
Ouvriers non qualifiés de type artisanal | 6 | 3 | 2 | 1 *** |
Ouvriers qualifiés de type artisanal | 11 | 9 | 2 | 1 |
Chauffeurs | 6 | 4 | 2 | 0 |
Les principales CS sous-représentées | 10 | 20 | -10 | -3 *** |
Ingénieurs et cadres techniques d’entreprise | 4 | 9 | -5 | -1 |
Cadres administratifs et commerciaux d’entreprise | 2 | 6 | -3 | -2 ** |
Professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises | 4 | 6 | -2 | -1 |
Catégories socioprofessionnelles (cs) contribuant le plus à la dissimilarité professionnelle entre les hommes handicapés et ceux sans reconnaissance de handicap (en %)
Note : *** effet marginal significatif au seuil de 1 %, ** significatif au seuil de 5 % et * significatif au seuil de 10 %.1. Effet marginal sur la probabilité d’être dans un métier sur-représenté ou sous-représenté (dans l’emploi des femmes) suivant une modélisation probit.
Lecture : 7 % des hommes reconnus handicapés exercent le métier d’employés civils et d’agents de service de la fonction publique, soit 4 points de plus que les autres hommes en emploi. En neutralisant les effets des caractéristiques sociodémographiques (et de santé déclarée) des hommes, l’effet marginal de la reconnaissance d’un handicap sur la probabilité d’un homme d’occuper ce métier n’est plus que de + 2 points.
Champ : France hors Mayotte, hommes vivant en logement ordinaire, de 15 à 64 ans, en emploi.
26 Comme pour les femmes, les hommes handicapés occupent moins souvent les postes les plus qualifiés et particulièrement ceux de cadres (9 % contre 21 % des hommes sans reconnaissance – tableau 4). Notamment, ils occupent deux fois moins souvent des postes d’ingénieurs et cadres techniques d’entreprise (4 % contre 9 %), ou des postes qualifiés des fonctions administratives et commerciales des entreprises (6 % contre 12 %) – tableau 7.
27 À l’inverse, les hommes reconnus handicapés travaillent plus souvent comme employés civils et agents de service de la Fonction publique (7 % contre 3 % de ceux sans reconnaissance) et surtout dans des postes d’ouvriers. Ainsi, ils sont deux fois plus souvent ouvriers non qualifiés de type industriel ou artisanal (14 % contre 7 %). Quand il s’agit d’un poste d’ouvrier qualifié, on les retrouve plus souvent sur ceux de type artisanal – notamment comme jardiniers – mais aussi comme chauffeurs (6 % contre 4 % des hommes sans reconnaissance de handicap).
Une spécificité des emplois occupés par les personnes handicapées qui ne s’explique pas seulement par des différences d’âge et de diplôme
28 Le profil très spécifique de la population handicapée (plus âgée, moins diplômée et vivant plus souvent seule) explique pour partie seulement la dissimilarité socioprofessionnelle des emplois qu’elle occupe, qu’il s’agisse de leur sous-réprésentation ou de leur surreprésentation au sein de certaines catégories socioprofessionnelles.
29 En neutralisant les effets des caractéristiques observables (âge, diplôme, configuration familiale, origine géographique, lieu d’habitation et limitations fonctionnelles et maladie chronique déclarées), l’effet propre au handicap sur la probabilité d’occuper une des catégories les plus sous-représentées parmi eux [9] apparaît nettement plus limité mais reste globalement significatif : il est de quatre points parmi les emplois des femmes et de trois points parmi les emplois des hommes (tableaux 6 et 7). La spécificité du profil sociodémographique (et d’état de santé déclarée) des personnes en emploi qui sont reconnues handicapées n’explique au mieux que la moitié de leur sous-représentation parmi les hommes cadres administratifs et commerciaux d’entreprise et parmi les femmes relevant des professions intermédiaires de la santé et du travail social. En revanche, la probabilité des hommes en emploi d’occuper un poste d’ingénieur et cadre technique d’entreprise ou encore de relever des professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises n’est pas significativement différente entre les personnes avec ou sans reconnaissance de handicap si leurs caractéristiques étaient les mêmes.
30 Symétriquement, la spécificité du profil des travailleurs/ses handicapé·e·s (âgé·e·s, peu diplômé·e·s, etc.) explique la majeure partie de leur surreprésentation dans certaines catégories socioprofessionnelles. Qu’il s’agisse de l’emploi des femmes ou des hommes, les écarts de taux d’emploi dans ces professions relativement aux actifs/ves occupé·e·s sans reconnaissance du handicap sont réduits de plus de la moitié, respectivement à + 7 et + 6 points, en raisonnant à caractéristiques sociodémographiques comparables (tableaux 6 et 7). Toutefois, dans l’emploi des femmes, les employées administratives d’entreprise font figure d’exception : les caractéristiques individuelles n’expliquent en rien la sur-représentation des femmes handicapées dans cette profession. À l’inverse, elles expliquent la quasi-totalité de la surreprésentation des employés civils et agents de service de la Fonction publique. De même, la probabilité qu’un homme handicapé en emploi occupe le métier d’ouvrier qualifié de type artisanal ou de chauffeur n’est pas significativement différente de celle d’un homme sans reconnaissance du handicap, à caractéristiques individuelles comparables.
31 De nombreux autres facteurs, non mesurables ici, peuvent aussi contribuer à cette dissimilarité professionnelle, à caractéristiques individuelles observables comparables. La nature du handicap (physique, sensoriel, mental, cognitif ou psychique, polyhandicap ou trouble de la santé invalidant), son origine (de naissance ou bien suite à un accident de travail ou une maladie professionnelle), mais aussi les conditions de travail peuvent participer à ces écarts. La pénibilité du poste peut, à ce titre, jouer un rôle ambivalent. Elle peut exclure de l’embauche des personnes handicapées, comme se traduire par le maintien dans l’emploi de personnes handicapées suite à un accident de travail ou une maladie professionnelle. Ces différentes pistes explicatives ne peuvent toutefois pas être vérifiées et analysées statistiquement, faute d’information détaillée sur la nature du handicap dans les sources administratives disponibles et les enquêtes récentes.
32 Sur les années 2018 à 2020, seules 37 % des personnes reconnues handicapées et âgées de 15 à 64 ans ont ainsi un emploi, contre 67 % des autres personnes de cette tranche d’âge. Par ailleurs, le taux d’emploi des femmes est de six points inférieur à celui des hommes en 2020 (62 % contre 68 %). Le handicap influence davantage les chances d’accès à l’emploi que le sexe : à caractéristiques identiques, l’accès à l’emploi n’est pas significativement différent entre les femmes et les hommes reconnu·e·s handicapé·e·s, tandis que les hommes ont une fois et demie plus de chances d’être en emploi que les femmes parmi les personnes sans reconnaissance de handicap. S’agissant des métiers, les femmes en exercent une variété plus réduite ; par ailleurs, l’éventail des métiers des personnes en emploi qui sont reconnues handicapées est plus restreint que celui de leurs collègues. Au total, l’éventail des professions est le plus resserré pour les femmes reconnues handicapées ; pour celles-ci, c’est la moitié des emplois qui se concentrent sur seulement vingt professions.
33 À moyen terme, le dispositif d’enquêtes « Autonomie » (2021-2023) réalisées par la drees permettra, selon plusieurs approches du handicap (reconnaissance administrative, indicateur gali, etc.), de bien décrire l’état de santé (déficiences, limitations fonctionnelles, restrictions d’activité) et les conditions de vie des personnes handicapées ou dépendantes. Le champ sera également plus large, puisque l’enquête en ménage ordinaire sera articulée avec une enquête auprès des personnes vivant en établissements et qu’elles s’accompagneront d’enquêtes auprès des aidants informels. Ces informations permettront donc d’approfondir l’analyse de l’insertion et la spécialisation professionnelles selon le handicap et le sexe, et notamment de mieux décrire et comprendre les inégalités au regard de la nature du handicap.
Notes
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[1]
Les femmes sont en revanche un peu plus représentées que les hommes selon l’approche du handicap au sens de fortes limitations d’activité déclarées (encadré) : leur part est alors de 54 % en 2020, contre 49 % sur le champ des personnes reconnues handicapées retenu dans cet article [Insee, 2021].
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[2]
Pour une description plus détaillée des sources sur le handicap consulter la page dédiée sur le site de la drees [https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/ressources-et-methodes/les-donnees-statistiques-sur-le-handicap-et-lautonomie].
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[3]
Une catégorie de handicap était attribuée par les cotorep selon sa gravité : « léger » (catégorie A), « modéré » (B) ou « lourd » (C).
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[4]
Parmi les 497 possibles de la nomenclature.
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[5]
Parmi les dix professions les plus souvent exercées par les femmes handicapées, sept le sont également parmi les femmes non handicapées (infirmières ; adjointes administratives de la fonction publique ; agentes de service hospitalier ; aides-soignantes ; secrétaires ; assistantes maternelles et gardiennes d’enfants ; aides à domicile et aides ménagères) et les trois autres font également partie des vingt professions les plus souvent exercées par les femmes non handicapées (agentes de service de la Fonction publique ; employées administratives diverses d’entreprise ; caissières de magasin).
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[6]
Parmi les dix professions les plus souvent exercées par les hommes handicapés, seulement trois le sont également parmi les hommes non handicapés (agents civils de sécurité et de surveillance ; conducteurs routiers ; magasiniers qualifiés) et deux font également partie des vingt professions les plus souvent exercées par les hommes non handicapés (jardiniers ; (ouvriers non qualifiés du tri, de l’emballage, de l’expédition), ce qui n’est pas le cas des cinq autres professions (adjoints administratifs de la fonction publique ; agents de service de la fonction publique – sauf écoles et hôpitaux ; agents de service hospitalier ; conducteurs de véhicule routier de transport en commun ; ouvriers non qualifiés divers de type artisanal).
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[7]
L’indice de Duncan prend la valeur 0 lorsqu’il y a une égalité complète (c’est-à-dire quand la distribution de l’emploi des deux catégories comparées est identique) et la valeur 1 lorsqu’il y a une dissimilarité complète.
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[8]
L’indice de Duncan est mesuré au niveau de la catégorie socioprofessionnelle (deux premières positions de la pcs). Il se calcule comme la demi-somme, sur l’ensemble des catégories socioprofessionnelles, des écarts en valeur absolue entre la part des personnes handicapées dans l’emploi de ces personnes pour la catégorie socioprofessionnelle considérée et la part de l’ensemble dans la catégorie socioporfessionnelle considérée dans l’emploi total.
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[9]
Cela concerne trois catégories dans l’emploi des femmes et dans l’emploi des hommes.