« Je suis passée par trois phases. La phase où j’étais excisée et je disais : c’est comme ça, c’est une fin en soi, mon corps est comme ça. Je savais qu’il me manquait quelque chose et quand on parlait de sexe, ce n’est pas que j’étais gênée, mais voilà, je n’avais pas plus de choses à dire. Ensuite j’ai commencé à parler avec des amis et ça a commencé à se développer. La période où je parlais beaucoup avec mes amis, je me suis déjà pas mal libérée par rapport à mon corps, mais j’avais encore ce complexe. Et après, il y a eu l’opération où là je me suis fait complètement libérer. »
« Je voulais faire ça parce que je me disais que je n’étais pas comme toutes les femmes. Parce que je me dis : il me manque quelque chose. Et je voulais voir l’inconnu, ce que ça fait si tu es excisée ou pas excisée. Pour moi, c’était pour dire “voilà, aujourd’hui, j’ai un clitoris comme tout le monde” ».
1Vivre pleinement sa sexualité, en être instigatrice et responsable constituent autant de conquêtes que de nouvelles contraintes pour les femmes. Loin des normes reproductives, le clitoris est devenu l’organe d’une nouvelle capacité sexuelle féminine. Pour celles qui ont été excisées, la réparation clitoridienne représente la promesse d’une « deuxième sexualité », d’une vie nouvelle faite de relations sexuelles satisfaisantes. Loin du contexte culturel qui la motive, l’excision est le rappel incessant fait aux femmes qui vivent en France d’une sexualité au plaisir diminué, voire interdit. La chirurgie et le « parcours de réparation » [Villani et Beuret, 2011], leur permettent, à l’inverse, de revendiquer une nouvelle place autant dans le couple que dans la société. Les femmes excisées vivant en France demandent à « récupérer ce qu’on leur a pris » et à obtenir « un clitoris comme toutes les autres femmes ».
2Les significations que les femmes attribuent au clitoris, au plaisir et à la chirurgie sont complexes. Les femmes qui entreprennent une démarche réparatrice, aspirent à un changement qui va bien au-delà de la modification physiologique des organes génitaux. Elles recherchent une certaine forme de « normalité ». La notion de « normalité » est au centre de leurs discours et prend deux formes : celle du corps physique (apparence) et celle du corps physiologique (performance [1]). Le sentiment de ne pas pouvoir utiliser ces deux compétences (apparence et performance) jugées nécessaires à l’articulation des phases de la relation sexuelle est notamment à l’origine d’une sensation d’inadéquation, voire de handicap [Andro et al., 2009]. La « normalité » esthétique et la « conformité sexuelle » sont ainsi les deux raisons majeures mises en avant pour justifier leur démarche.
3Cet article rend compte de l’expérience des femmes excisées issues des migrations d’Afrique subsaharienne et vivant en France ayant demandé à bénéficier d’une réparation clitoridienne. À partir d’un corpus d’une trentaine d’entretiens approfondis (Encadré 1), cet article centre son propos sur deux aspects de l’excision et de sa réparation : la relation Nord-Sud, ici analysée à partir de la notion de déplacement ; la portée biopolitique d’une réparation médicale qui répond à une demande d’égalité sexuelle.
Encadré 1 : l’enquête et la population
La population est constituée de filles de migrants et de femmes migrantes. Le groupe de migrantes est majoritaire. Lors de l’arrivée en France, la majorité est âgée de 20 à 26 ans, alors qu’une petite partie est arrivée avec leur famille entre 5 et 8 ans. Les femmes migrantes ont un certain regard sur leur culture, un certain recul sur leurs traditions. Ce sont des femmes émancipées dans leur société qui n’acceptent pas d’endosser le même rôle que leurs mères.
Les filles de migrants ont un niveau d’études plus élevé. Toutes ont été scolarisées, ce qui n’est pas le cas pour les femmes migrantes. L’âge à l’excision varie : les filles de migrants ont généralement été excisées avant l’âge de 3 ans, alors qu’une bonne proportion de femmes migrantes a été excisée entre 4 et 8 ans. Lors de l’entretien, les femmes ont un âge moyen de 28, 9 ans. L’âge à la demande d’une réparation signale un écart entre les groupes : les filles de migrants ont entre 20 et 24 ans, tandis que les migrantes sont plus âgées, la majorité a plus de 30 ans. La majorité des femmes ne gardent aucun souvenir de leur excision. Elles la découvrent à l’adolescence, entre 15 et 16 ans, lors de l’entrée dans la sexualité ou en discutant entre amies. Cette « découverte » est centrale dans leur demande de réparation : à partir de ce moment, elles ne se considèrent plus comme « normales ».
L’excision déplacée : la perte de statut de « vraie femme » en contexte migratoire
4L’excision, construite dans les cultures qui la pratiquent comme un rituel pour accéder au statut de « vraies femmes » [Sindzingre, 1979 ; Fainzang, 1985 ; Couchard, 2003], devient pour les femmes qui souhaitent avoir recours à la chirurgie réparatrice en France, une « mutilation » qui les place aux marges et les inscrit dans la catégorie de femmes « incomplètes ». Dans la formulation de la plainte, le discours diffère entre migrantes et filles de migrants. Les premières mettent plus souvent l’accent sur l’amélioration de leur état actuel (que ce soit sexuel ou de santé), alors que les deuxièmes centrent leur demande sur des aspirations à être meilleures (dans leur corps et dans leur activité sexuelle). Les trajectoires sont ici explorées de manière plus approfondie, mais on pourrait avancer l’hypothèse que le facteur intergénérationnel a un impact sur la formulation de leur demande. Les femmes migrantes prennent comme référence la génération des mères ou de grands-mères (générations antécédentes) restées aux pays pour s’en écarter ; pour les filles de migrants la comparaison se fait plutôt avec la génération des pairs du pays où elles vivent en insistant sur le droit à être égales. La demande des femmes (migrantes et filles de migrants) se recoupe dans la notion de « normalité ». Mais, si pour les premières c’est l’expérience migratoire qui apporte un regard renouvelé sur elles-mêmes, pour les filles de migrants la notion de « normalité », et a fortiori d’« anormalité », émerge par la comparaison avec les femmes non-excisées et la confrontation avec les partenaires. Quoi qu’il en soit, à partir du moment où elles « découvrent » leur excision, les femmes interviewées disent ne plus se sentir « normales ».
5Leur ancienne condition subit alors un bouleversement et l’idée qu’elles se font de ce qui est « normal » est modifiée. L’excision les ayant dépossédées de la maîtrise de leurs corps, les femmes interviewées veulent en reprendre possession. Ce discours de dépossession/reprise de contrôle est également exprimé par les mots « je veux retrouver ce qu’on m’a pris ». Ce qui leur a été pris est plus qu’une terminaison nerveuse, c’est leur individualité et l’accès à la maîtrise de leur propre corps. Zahara, 21 ans, est née en France de parents maliens de l’ethnie Soninké. Étudiante en fin de baccalauréat, elle est célibataire, sans enfants et habite avec ses parents. Elle a été excisée à 2 ans environ et ne garde aucun souvenir de cet événement. Elle découvre son excision vers l’âge de 16-17 ans et fait, par la suite, une demande de réparation. Après avoir accompli le parcours requis par l’équipe médicale pour être prise en charge [2], elle est enfin opérée. Bien que l’équipe souligne que l’opération « n’efface » pas l’excision, pour elle importait le nouveau statut que cette chirurgie permet d’acquérir. Le passage de « femme excisée » à « femme réparée » est selon elle « visible » après la réparation. Elle se réfère ici au regard social porté sur ces deux figures :
« Je ne voulais pas que les gens le sachent justement. J’avais peur que les gens, juste en me regardant, sachent que j’étais excisée. Je ne voulais pas qu’on me montre du doigt en fait… si vous voulez, j’avais peur d’être rejetée… c’est ça en fait. J’avais honte d’être excisée. »
7Pour toutes les femmes, un temps s’écoule entre la « découverte » de l’excision, qui apparaît comme l’événement inaugural de la genèse du sentiment de gêne ou de honte et la décision d’entreprendre une démarche de réparation. Ce temps, qui peut s’étendre de quelques mois à plusieurs années, correspond à la période durant laquelle l’excision est reformulée en termes de handicap. Le regard qu’elles portent sur elles-mêmes change radicalement après la découverte de l’excision. Le corps devient « étranger » : ces femmes fantasment les propriétés et la forme originelles que leur sexe avait avant l’excision.
« Avant de savoir [que j’étais excisée], je ne regardais jamais. Mais après qu’ils me l’ont dit, je pouvais rester des heures à regarder et penser ce qu’on m’a enlevé… parce que, pour moi, mon vagin était normal. Le jour où ils m’ont dit qu’il me manque quelque chose, alors là… ce n’était plus le cas quoi. »
9La découverte de l’excision vient troubler l’image de soi de manière plus au moins profonde. Les femmes se disent « gênées » lors des situations impliquant notamment la nudité (se déshabiller devant un garçon ou devant d’autres femmes dans une salle de sport). Un véritable rejet de leur corps se produit, non pas depuis qu’elles ont été excisées, mais depuis qu’elles ont pris conscience d’avoir été excisées. L’absence de clitoris est chargée d’un sens symbolique : ces femmes craignent d’être vues, perçues – et finalement jugées (par les partenaires, les amies) comme des êtres moindres, de « fausses femmes ». Sénégalaise de l’ethnie Peul, Keicha arrive en France à l’âge de 6 ans, où elle fait toute sa scolarité. Diplômée d’un bac + 4, elle occupe un poste à responsabilité dans le secteur de la vente. Keicha, qui « a toujours su » avoir été excisée, raconte sa difficulté à gérer son excision vers l’âge de 15-16 ans, période pendant laquelle ses copines commencent à avoir leurs premières expériences sexuelles et à en parler. Elle vit ce « décalage » comme un traumatisme : elle se perçoit comme « anormale » car anatomiquement différente et part à la recherche d’images lui montrant la « normalité » corporelle.
« À l’époque, je ne savais pas à quoi ça ressemblait le sexe féminin et j’imaginais la forme de ce que j’aurais pu avoir… et donc c’était plus pour me sentir dans la normalité, parce que moi quand je marchais dans la rue, avant de faire l’opération, je me disais : “Bah, tiens, cette fille-là, elle a quelque chose de plus, que moi je n’ai pas.” Et ça faisait vraiment très mal de dire : “je suis née avec quelque chose et on me l’a enlevé, mais qu’est-ce que c’est ?” avoir une… pouvoir mettre une… pas un visage mais… une image, une forme ! »
11Pour les femmes interrogées, avoir un clitoris signifie « être normales ». L’exigence d’une preuve visible de la possession du clitoris révèle, en même temps, un autre type d’exigence : la reconnaissance du statut de femme à part entière, qui ne semble pas aller de soi. Pour qu’il soit validé, le statut doit être socialement reconnu : il faut être reconnue « femme » pour être « une vraie femme ». Pour ces femmes, ce statut se concrétise à travers une modification corporelle, qui renouvelle le corps et met à jour, de ce fait, leur statut de femme. Ode, 30 ans, née au Burkina Faso, originaire de l’ethnie Samo, est issue d’une famille aristocratique. Experte comptable, elle arrive en France à 26 ans pour suivre des études doctorales. Ode a été excisée à l’âge de 4-5 ans par la grand-mère, qui a organisé le rituel à l’insu de sa mère. Elle garde des souvenirs de l’événement, notamment à cause des complications dues à une cicatrisation problématique, mais l’« oublie » ensuite. Elle « re-découvre » son excision vers l’âge de 12 ans, à l’école, lors d’un cours d’éducation sexuelle. Elle se rend alors compte qu’elle n’est pas « normale ». Depuis, elle dit ressentir de la « honte », du fait de son excision et par rapport à ses parents. Pour elle, la réparation est à la fois un moyen de pardonner à sa famille et de quitter le statut de femme excisée.
« Dans ma tête, ce que je voulais, c’était d’être comme les autres en fait. Parce que, quand j’ai vu sur le net, il y en a certaines qui disaient : “non, ça ne change pas grand-chose”… beh, il y en a qui disaient : “au moins j’ai un clitoris” ! Pour moi, c’était surtout ça en fait. Et puis, si ça pouvait augmenter les sensations comme ils disaient, pas de problème ! Donc pour moi, c’était surtout de pouvoir me dire que j’avais moi aussi un clitoris. Que je ne suis plus excisée en fait. »
13Les femmes, et ceci est particulièrement vrai pour les filles de migrants, s’expriment en termes de « droits », en disant qu’elles veulent récupérer « ce qui m’appartient » ou « ce qu’on m’a pris » ou « ce qu’on m’a volé ». Les revendications des femmes acquièrent dans ce sens une connotation politique car elles demandent que la reconnaissance du crime soit associée à une réparation symbolique. Elles souhaitent restaurer une normalité corporelle, à travers laquelle elles vont pouvoir s’affirmer égales aux autres femmes (non excisées). Dès lors, elles s’engagent dans un processus de « normalisation » de leur sexualité, dans la mesure où leur quête d’égalité vise à se conformer aux normes sexuelles dominantes.
14L’importance de remettre le clitoris « à sa place » doit être lue à la lumière de ces différents facteurs invoqués et considérés comme essentiels par les femmes elles-mêmes. Le repositionnement de l’organe leur permet de (re)gagner confiance en elles et en leur sexe. Cette confiance conquise les légitime en tant que « femmes », mais aussi en tant que sujets ayant droit à une parole et à un pouvoir décisionnel, dans leur sphère intime comme dans la sphère sociale.
15Ina (32 ans, née au Mali) est en attente de la chirurgie réparatrice. Pour l’instant, seule avec trois enfants à charge, elle a repoussé ce projet n’ayant « pas les moyens de s’organiser pour la faire ». Elle est arrivée à l’âge de 8 ans en France où elle a poursuivi les études jusqu’au niveau secondaire. Mère d’une fille de 13 ans et de jumeaux de 6 ans, qu’elle a eus avec un compatriote, elle est actuellement célibataire, sans emploi et avec les enfants à sa seule charge. Le fait d’être excisée contraint ses relations avec des hommes. Elle craint qu’un homme découvre « qu’elle n’a pas le clitoris », une expérience mortifiante qu’elle a vécue avec le père de ses enfants. À ce propos, et en justification de la démarche de la réparation clitoridienne, elle dit :
« Je pense que quand une femme demande à faire ça [la chirurgie reconstructrice], c’est parce qu’elle ne se sent pas bien déjà. Comme moi, beaucoup des femmes : c’est parce qu’on nous le dit ! Parce que nous, comme ça, on ne le sait pas, on ne voit pas trop… c’est-à-dire, moi, je ne sais même pas à quoi ça ressemble un clitoris. Alors quand on vous dit : “Vous ne l’avez pas !”, ah… là vous vous posez la question ! Je veux dire… moi je ne suis jamais allée me regarder dans un miroir. C’est un truc que je n’ai jamais fait et je n’ai jamais eu l’idée de faire. »
17Ina met en lumière trois éléments essentiels dans la genèse du sentiment de « handicap », bien qu’elle n’utilise pas explicitement ce terme. Premièrement, ce sentiment naît de la confrontation à une norme, à ce que la population majoritaire reconnaît comme normal. Sans cette confrontation, elle – comme beaucoup de femmes dit-elle – ignorait son excision (« parce que nous comme ça, on le sait pas ») et, sans la norme (avoir le clitoris intact), elle ne se considérerait pas déviante. Deuxièmement, ce sentiment naît du fait de la stigmatisation sociale de la femme excisée et la construction sociale de l’excision. C’est « en tant que victime » qu’Ina se positionne alors. Troisièmement, les femmes excisées cherchent précisément à dépasser ou se débarrasser du statut de victime. La réparation s’inscrit alors dans une volonté d’intégration sociale et politique.
De la genèse d’un nouveau crime à la reconnaissance d’un nouveau handicap
18Le passage, d’une conception de l’excision en termes de pratiques culturelles à une appréhension de l’excision d’abord comme problème de santé publique et ensuite comme violence de genre, témoigne des évolutions fondamentales des débats contemporains. La reformulation de l’excision en termes de « mutilations génitales féminines » se profile dans les années 1990, cette appellation est adoptée formellement dans le cadre d’une déclaration conjointe des principales organisations internationales (oms, unicef, unfpa, 1997). Avec cette définition médico-juridique qui s’impose, dans les pays du Nord et dans les arènes de la coopération internationale avec les pays du Sud, s’instaure une manière de penser et de traiter ces pratiques traditionnelles visant à modifier les organes sexuels des femmes. Dans les pays musulmans, les discussions concernant cette pratique mettent au centre la religion, principalement pour affirmer que ces pratiques – appelées aussi « circoncision », « sunna gudnin » [Grassivaro Gallo, Titta et Viviani, 2006] « khafd », « khifad » [Aldeeb, 1994] – sont issues des traditions rituelles païennes et non pas prescrites par l’islam [Sow, 1997]. Si, dans les années 1980, la mobilisation des professionnels mettait l’accent sur les petites filles à risque, au milieu des années 2000, les politiques publiques portent leur attention sur les jeunes filles, nées et socialisées en France, ayant subi une excision et qui sont de plus en plus nombreuses à entrer dans l’âge adulte. Il s’agit là d’un changement sociodémographique qui a un impact important sur les agendas politiques, se structurant notamment autour de la promotion de la chirurgie réparatrice (Encadré 2). L’histoire française représente une exception en matière de traitement de l’excision. Elle se caractérise, dans un premier temps, par une jurisprudence particulièrement répressive à l’égard de ces pratiques, puis par la reconnaissance, en 2004, d’un droit à la réparation pour toutes les femmes excisées vivant sur le territoire français. La chirurgie réparatrice bénéficie alors d’une reconnaissance formelle et est inscrite parmi les actes médicaux remboursés par l’Assurance-maladie. Dès lors un nombre croissant de femmes excisées y a recours et demande à réparer le dégât subi. L’existence de ce droit rend légitime l’expression des sentiments (tels que la colère, le ressentiment) mais également la demande de justice dans le domaine sexuel.
Encadré 2 : la chirurgie réparatrice et le protocole de réparation
Originairement pratiquée dans la région du Sahel, cette chirurgie était effectuée pour soigner les complications graves de l’excision (fistules) en contexte humanitaire, où Pierre Foldès exerçait. Transposée ensuite, vers la fin des années 1990, en France, un autre type de population y a recours : des femmes nées en France et issues des migrations. Reconnue en 2004 par l’Assurance-maladie, la chirurgie est dès lors inscrite dans la classification commune des actes médicaux. D’autres chirurgiens, formés par le docteur Foldès, commencent à l’exercer. Une première équipe se constitue en 2005 et réfléchit à une prise en charge pluridisciplinaire. Ainsi, un « accompagnement à la chirurgie » est mis en place, comprenant une série de consultations obligatoires précédant l’acte opératoire. Cet accompagnement mobilise plusieurs spécialistes (sage-femme, sexologue, psychologue, gynécologue-chirurgien-ne), qui sont activement impliqués dans ce « parcours de réparation » [Villani et Beuret, 2011].
Anatomie politique du clitoris et médiatisation des savoirs dans un contexte globalisé
19Depuis quelques années, les médias [3] tendent à représenter le clitoris comme l’organe associé à la capacité sexuelle de la femme à avoir du plaisir. Ils contribuent en la diffusion du savoir sexologique. Parfois, cette capacité sexuelle est exaltée de manière exagérée en « hyper érotisant » le corps de la femme. Parallèlement, des nouvelles découvertes médicales mettent au jour l’anatomie et la fonctionnalité du clitoris [O’Connell et al., 1998 et 2005]. Les techniques d’imagerie médicale signent dans ce sens un tournant dans les pratiques médicales. Elles permettent d’appréhender le corps humain différemment grâce à une visualisation de l’anatomie, de la physiologie et du métabolisme. Les découvertes de l’équipe australienne se fondent notamment sur la dissection de cadavres « frais » et la microdissection des tissus exportés, ainsi qu’à travers les techniques de l’imagerie par résonance magnétique nucléaire (irm), la reconstruction de la section anatomique en trois dimensions (3d), l’histologie et enfin l’étude histologique et chimique immunitaire. Ces recherches montrent que le clitoris peut mesurer entre 6-8 cm et qu’il a un rapport actif avec l’urètre dans les rapports sexuels.
20À partir de ces découvertes, d’autres chercheur-se-s s’investissent dans l’étude anatomique du clitoris, lequel est désormais envisagé dans sa complexité grâce aux nouvelles technologies médicales [Foldès et Buisson, 2009]. Des études urologiques [Wimpissinger et al., 2007], gynécologiques et obstétricales [Pauls et al., 2006] visent à mesurer son fonctionnement, alors que d’autres se focalisent tout particulièrement sur le rôle que cet organe exerce dans le plaisir sexuel [4]. À l’intérieur de la communauté scientifique médicale, la représentation du sexe féminin change. Ces deux premières publications [O’Connell et al., 1998 et 2005] ouvrent une critique des savoirs médicaux disponibles : elles contestent à la fois le savoir qui est mis au jour et les conditions de production du savoir lui-même, qui vise à reproduire et maintenir des rapports de pouvoir.
21Les découvertes de l’urologue australienne, Hélène O’Connell et son équipe, signent dans ce sens un tournant dans l’histoire médicale. Le sexe féminin n’est plus représenté, tant visuellement que dans le discours, comme une absence ou une cavité. Au contraire, la participation active du clitoris montre une correspondance directe avec le fonctionnement et la forme du pénis. Mais si ces résultats constituent initialement un matériel d’étude destiné à une communauté restreinte de scientifiques, les images du clitoris sont diffusées dans un documentaire [5] dont la production vise un large public, et les écrits non scientifiques prolifèrent [6]. Ces savoirs qui circulent dans un espace public et médiatisé atteignent aussi les femmes excisées : elles y sont confrontées et réélaborent leur histoire personnelle au travers de ces nouvelles représentations, écrites et visuelles, du sexe féminin.
Le déplacement des modèles de genre : la sexualité en contexte de migration
22C’est souvent dans le cadre des relations affectives et sexuelles dans des couples biculturels que l’excision apparaît le plus directement comme une forme de handicap. La mutilation sexuelle est conçue, dans les discours des femmes concernées, comme une restriction fonctionnelle majeure de leur capacité d’action dans leur vie sexuelle. Dans cette configuration, les femmes ne se sentent pas légitimes à avoir du plaisir sexuel. L’absence de ce dernier est portée au compte de la mutilation, de leur corps défaillant. À ce titre, la plupart des femmes concernées rapportent l’expérience douloureuse de la « sentence » formulée par le partenaire – sans que ce dernier en prenne toujours la mesure – : « Tu n’es pas comme les autres filles que j’ai connues. »
23Les opinions des partenaires masculins ont dans tous les cas un impact important sur l’opinion que les femmes se font d’elles-mêmes (corps et sexe) et de leur capacité sexuelle (aptitude au plaisir). Dans ce sens, les partenaires peuvent contribuer à fragiliser une identité féminine déjà troublée car « déviante » de la norme à laquelle ces femmes se réfèrent. Si ces femmes portent préalablement un regard dévalorisant sur elles-mêmes, les commentaires du partenaire confirment cette « anormalité ». Nafi, 20 ans, migrante originaire de Sénégal de l’ethnie Peul, est arrivée en France à l’âge de 5 ans. Sa grand-mère l’excise juste avant de partir en France où elle vient pour rejoindre ses parents. Nafi a des souvenirs de ce moment, ayant été attirée chez l’exciseuse par un cousin avec l’excuse de faire un tour dans le village. Elle dit avoir vécu son excision comme une forme de trahison, par le fait d’avoir été « piégée » et attirée par un mensonge. Entièrement scolarisée en France, où elle obtient un bac de secrétariat, Nafi est menacée plus tard par un mariage arrangé par la famille avec un homme africain. Nafi quitte le foyer familial alors qu’elle est encore mineure et porte plainte contre ses parents. Elle est alors placée dans un foyer social sous la tutelle d’une assistante sociale, mais ne bénéficie pas d’un permis de séjour valable, ni par conséquent d’une couverture sociale. Nafi est dans un couple mixte depuis 5 ans, son partenaire est français d’origine antillaise. La dépendance totale (sur le plan économique et sur le plan juridique) a un impact direct en termes d’assujettissement émotionnel et de subordination sexuelle.
« Une fois, il m’a dit : “De toute façon, t’es…” enfin c’est un truc qui m’a beaucoup beaucoup blessée, je me souviendrai toute ma vie parce qu’il m’a dit un mot très fort en me disant : “De toute façon tu n’es pas une femme.” C’est un truc qui m’a beaucoup touchée. C’est un truc que je garde pour moi et parfois, quand j’ai envie de le quitter, je me dis : “Il a dit que je ne suis pas une femme” mais après je me dis : “Si je le quitte, est-ce que je trouverai quelqu’un d’autre qui fera attention, qui sera là, qui pourra rester des jours, des mois, sans faire l’amour ?” »
25Nafi ne ressent pas une pulsion sexuelle qui entraînerait un désir de « faire l’amour », ce qui est problématique pour elle et difficilement acceptable pour un homme. Elle estime que l’excision lui a enlevé cette partie de « féminité » qui lui permettrait de ressentir le désir et de prendre les devants avec son partenaire. En considérant le manque d’initiative sexuelle comme un manque de féminité, Nafi – comme d’autres femmes interrogées – montre l’existence d’un nouveau modèle de féminité contemporaine : affranchie, indépendante et sexuellement entreprenante.
26Dans les situations où il s’agit d’un couple où les deux partenaires ont été socialisés dans une société où se pratique l’excision, celle-ci devient un élément de confusion dans les rapports de genre, en raison du déplacement de cette pratique dans le contexte migratoire. Si, dans le pays d’origine, l’excision fait sens parce qu’elle s’inscrit dans un univers spécifique de hiérarchisation matérielle et symbolique des sexes, dans le contexte migratoire, ce référent culturel est mis en discussion, et devient un sujet de reformulation des relations entre femme et homme [Signe, 2004]. L’excision passe du statut d’élément fondamental de l’assignation du genre aux enfants-filles à celui de pratique délinquante, puisque condamné pénalement. Ces situations sont particulièrement explicites dans les couples qui ont donné naissance à des petites filles et qui se posent la question d’exciser ou pas leur fille.
27Salimata, 24 ans, née à Créteil (Paris) de parents maliens de l’ethnie Bambara, est mariée, selon la tradition, avec un Malien et mère d’un enfant de dix-huit mois. Elle a un niveau bac secrétariat et travaille comme standardiste, elle est en attente de l’opération. Elle réalise « n’être pas normale » à l’âge de 17 ans, à la suite de son premier rapport sexuel. Cette prise de conscience a lieu lors d’échanges de confidences en matière sexuelle avec des amies : « Elles expliquaient vraiment l’effet et à l’intérieur de moi, je me disais : “mais comment ça se fait que moi je ne ressens pas ça ? Il y a quelque chose de bizarre en moi, quelque chose qui ne va pas”. » Elle construit sa sexualité en dehors du plaisir, ce qui la rend extrêmement insatisfaite. Elle aimerait « retrouver ce quelque chose auquel je n’ai pas accès de tout ! Des nouvelles sensations, des nouvelles choses… ». Salimata désire changer l’« histoire » qu’elle connaît, ce qui veut dire changer le rôle dans son couple et devenir celle qui « donne du plaisir » à son partenaire.
« C’est vrai que quelquefois juste avant d’avoir des rapports sexuels, je me dis à l’intérieur de moi “de toute façon ça sert à rien de commencer, parce que je sais déjà comment ça va finir…”. Je me dis ça sert à rien d’aller plus loin, c’est comme si je connaissais déjà l’histoire… je la connais déjà et j’aurais envie que ça se passe autrement quoi. Je me sens coupable parce que j’ai l’impression de ne pas participer. J’ai l’impression de ne pas assez faire pour que lui puisse avoir son plaisir aussi. C’est pour ça que je me sens coupable. »
29Salimata, à travers son expérience, montre l’existence d’une autre caractéristique qui aujourd’hui participe à définir l’ensemble des normes structurant la sexualité féminine. Cette dernière pour être considérée « normale » se doit d’être relationnelle et réciproque. La norme de réciprocité, observée dans les tendances des comportements sexuels de la population majoritaire [Bajos et Bozon, 2008], exige indirectement un engagement sexuel du couple. Les deux partenaires sont censés participer activement pour le bon déroulement des rapports et une égalité de plaisir. La norme de l’orgasme simultané perd son importance en faveur d’une dimension plus individuelle structurant le plaisir de deux partenaires [Bozon, 2004]. Les femmes donc ne peuvent plus se contenter d’être des spectatrices passives du seul plaisir masculin. Elles sont censées y contribuer à travers une participation active pendant l’acte sexuel. Dès lors, les femmes excisées se disent désemparées, voire désavantagées dans la dynamique de la sexualité et doivent élaborer des manières pour contourner ce « défaut ».
30Parmi les stratégies élaborées, certaines femmes acceptent d’avoir des rapports sexuels même si elles n’en ont pas envie par « peur qu’il aille voir ailleurs ». D’autres simulent le plaisir sexuel ou l’orgasme pour ne pas décevoir leur partenaire. Presque la totalité laisse au partenaire le rôle décisionnel, c’est donc le conjoint masculin qui établit les temporalités des rencontres et des rapports sexuels, mais aussi les pratiques. Elles perçoivent leur excision comme un « défaut » qui ne leur permet pas de négocier leur sexualité comme elles le voudraient. Pour certaines, la dissimulation de leur excision, ainsi que la simulation du plaisir sexuel, s’imposent comme stratégies de maintien de la relation de couple. Les femmes en demande de réparation clitoridienne veulent précisément quitter ce modèle de rapport de genre inégalitaire, car souvent insatisfaisant aussi pour les partenaires masculins : « Il me dit que je ne demande jamais de lui, c’est toujours lui qui vient. » Ces femmes refusent ce rôle et veulent renverser cette dynamique. La réparation clitoridienne est pour elles le moyen de mettre en discussion et d’abandonner un modèle de genre inégalitaire acquis par la génération précédente des femmes et concrétisé par l’excision.
Biopolitique sexuelle et normalisation
31La normalisation sexuelle évoque l’idée d’une conformité des comportements sexuels notamment envers les modèles dominants à travers un assujettissement [Foucault, 2008]. Les femmes qui s’engagent dans un parcours de réparation, se mettent dans ce sens, en quête de référents culturels véhiculés par des discours savants (médecine) ou des discours vulgarisés (médias) et recherchés dans des espaces institutionnels (l’hôpital) ou dans des contextes informels (Internet). La mise en avant du corps biologique contribue à construire une représentation de la sexualité féminine située dans un corps doté d’une telle quantité de terminaisons nerveuses qu’il est particulièrement réceptif aux stimulations. À partir d’un corps équipé d’un dispositif biologique si puissant, le plaisir sexuel devient certain, voire obligatoire. La situation inverse se définit médicalement comme « dysfonctionnelle » et demande une correction thérapeutique ou chirurgicale. L’injonction à jouir d’une sexualité dont le plaisir est exalté, constitue une norme contemporaine. Les femmes excisées – si elles échouent à vivre ce genre d’expériences – expliquent cet échec par leur excision. La majorité des femmes interrogées est venue consulter pour réparer leur sexualité. Ces femmes, d’une part se confrontent à ce modèle spécifique de sexualité féminine ultra performante, d’autre part vivent une ou plusieurs expériences d’échec et enfin expliquent cet échec par le fait qu’elles ont été excisées.
32Faraa a 33 ans, elle est née au Burkina Faso, originaire de l’ethnie Mossi. Elle est arrivée en France à 26 ans et laisse au pays son ex-mari et un enfant. Elle suit une formation pour obtenir un certificat d’aptitude professionnelle secrétariat et trouve ensuite un emploi comme assistante maternelle dans une crèche (puéricultrice). Elle s’est installée à Toulouse avec un homme africain originaire du Zaïre, avec qui elle est en couple depuis 7 ans et a eu deux enfants. Elle a été excisée à l’âge de 7 ans et garde des souvenirs précis de son excision. Son partenaire n’a pas été socialisé dans une culture où l’on pratique l’excision, mais se montre « très compréhensif », dit-elle, et l’appuie dans sa démarche de réparation. Elle entreprend ce projet « à distance » et fait les aller retour entre Paris et Toulouse. À cause de la distance, elle bénéficie d’un parcours médical d’une durée écourtée et est opérée rapidement. Faraa montre comment la chirurgie déclenche un processus de légitimation au plaisir, qui est entendu comme une possibilité active de « se laisser aller ». Cette nouvelle capacité relève à la fois des conditions matérielles apportées par la réparation physique et d’un nouveau regard qu’elle porte désormais sur sa sexualité et ses potentialités.
« C’est vrai que dans la tête on se dit : “Le plaisir, on ne peut pas l’avoir.” On essaye de se contenter de ce qu’on a et de vivre avec, quoi ! Mais là maintenant [après la chirurgie], on sent qu’il y a eu des changements et on se laisse aller pour beaucoup plus de choses, dans des délires, dans des trucs qu’on ne faisait pas avant. On se dit qu’il y a ça [le clitoris] qui est là et on vit plus ! »
34Les femmes interviewées considèrent l’excision comme la raison principale empêchant leur épanouissement. Bien que d’autres facteurs puissent rendre insatisfaisante leur vie sexuelle, comme pour beaucoup des femmes non excisées, elles accordent beaucoup de pouvoir à l’excision. Sans minimiser le caractère physiologique de la réduction engendrée par la mutilation, il faut noter cette exacerbation de l’attention portée sur l’excision. La prise en charge globale des femmes demandant une reconstruction chirurgicale du clitoris, permet de mettre en évidence la biopolitique associée à ce parcours de réparation. La normalisation physique (donc esthétique) et physiologique (donc fonctionnelle) permettrait une normalisation sociale : « Faire comme toutes les autres femmes. »
35Les femmes accordent une importance particulière à l’aspect visuel de l’opération et se réfèrent généralement à l’apparence physique d’un appareil génital non mutilé. L’évocation du désir de normalité dans sa dimension physique s’exprime, pour certaines, en mettant l’accent sur la dimension « esthétique » du corps intact. Le changement tangible et visible, la trace corporelle, la preuve esthétique servent à concrétiser ce projet – initialement abstrait – de reconstruction de soi. L’importance du « côté visible » de cette démarche semble contenir la matérialité d’un changement plus profond (identitaire ou symbolique pour l’équipe pluridisciplinaire en charge de ces parcours de réparation). La chirurgie, bien qu’elle se fonde sur une restauration aussi fonctionnelle, acquiert sa propriété réparatrice en remettant un clitoris dans sa position initiale. Au-delà de recouvrer des sensations, ces femmes veulent surtout « que ça se voie ».
Ode : « Pour moi, l’important est qu’il soit visible. Le fait de le voir c’est déjà beaucoup. Dans ma tête ça allait être encore plus gros… » [Ode, 30 ans, migrante, experte comptable]
MV : Et au niveau esthétique vous vous attendez à quoi ?
N’Deye : « Mais avoir un sexe comme les autres. Dans la norme quoi ! Je ne sais pas un clitoris qui ressort, parce que le mien sera sous la peau. J’aurais voulu que le clitoris soit visible. » [N’Deye, 23 ans, fille de migrants, étudiante]
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38La réparation clitoridienne est une politique sociale qui prend pour cible des femmes originaires de l’ancien empire colonial de la France. Ces dernières désirent devenir « comme les autres femmes », acquérir et se voir reconnaître l’égalité avec les femmes de la population majoritaire. Vouloir devenir une femme normale, égale aux autres femmes vivant en France, illustre la volonté des femmes excisées de s’intégrer dans la société où elles vivent, qui est pour certaines, un pays d’immigration, pour d’autres leur terre natale. Le déplacement provoqué par la migration, qu’elle soit de première ou deuxième génération, engendre des effets de déplacement dans l’attribution des significations d’un même objet. L’excision, avant la migration – ou avant la prise de conscience de sa valeur –, avait un impact mitigé sur la vie des femmes. Elle acquiert une autre ampleur lorsqu’une possibilité d’en réparer les effets s’offre. Ce qui, avant ou ailleurs, était considéré comme un rituel traditionnel de socialisation de genre (destiné aux filles), l’est, après et ici, comme une défectuosité du corps, un manque et une défaillance importante à laquelle il faut remédier.
39La construction sociohistorique des « mutilations sexuelles » provoque non seulement un changement de perception sociale et politique du phénomène (en faveur d’une reconnaissance du crime), mais aussi un changement plus subjectif du rapport au corps des femmes excisées. Avec l’intégration des représentations dominantes et au travers la circulation (médiatique) des savoirs (médicaux), les femmes excisées issues de migrations d’Afrique subsaharienne revisitent leur propre corps et leur sexualité à la lumière des significations sociales attribuées. Il s’agit là d’une forme d’assujettissement aux normes dominantes, qui passe par une biopolitique de réparation du corps biologique et social.
Notes
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[1]
Pour approfondir l’aspect de la « performance » et les « capacités sexuelles » dans le cadre de la réparation clitoridienne des femmes excisées, lire l’article de Michela Villani et Armelle Andro [2010].
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[2]
Avant l’intervention chirurgicale, quatre consultations sont obligatoires avec différents spécialistes (sage-femme, gynécologue, sexologue, psychologue), impliquant un travail actif – demandé à la patiente – de réélaboration de l’expérience traumatique à travers sa mise en récit.
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[3]
Au sens large : les représentations de la sexualité se médiatisent à travers les discours (articles, reportages) et les images (cinéma, photographie).
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[4]
Voir Odile Buisson et al. [2010], Jaap Van Netten et al. [2008], Giovanni Luca Gravina et al. [2008].
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[5]
Le clitoris, ce cher inconnu, (52 min), 2005, Documentaire de Michèle Dominici, réalisé par Variety Moszinski et Stephen Firmin, en coproduction Cats & Dogs Films, Sylicone et Arte France.
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[6]
Pour en citer quelques-uns : Maïa Mezaurette et Damien Mascret [2008], RosemondePujol [2007] et Jean-Claude Piquard [2012].