CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Le constat n’est pas nouveau : depuis le début des années 1980, le travail à temps partiel s’est progressivement imposé en France comme un des outils privilégiés de la politique de l’emploi et de la gestion des entreprises [5]. De fait, l’essor est spectaculaire : un million et demi d’actifs travaillaient à temps partiel en 1980, ils sont presque quatre millions à l’heure actuelle (Maruani, 2000). Depuis près de vingt-cinq ans maintenant, et suite notamment aux premiers travaux menés par Danièle Kergoat (1984) ou encore par Margaret Maruani et Chantal Nicole (1989), les études sur le sujet se sont progressivement accumulées [6]. Au regard des emplois “typiques”, nous savons donc bien maintenant ce que travailler à temps partiel veut dire : différences de classification et de salaire, trajectoires et carrières divergentes, reconnaissance inégale au sein des collectifs de travail, risque accru de précarité... Ce n’est pas un hasard, par conséquent, si l’occupation des emplois à temps partiel laisse paraître, bien plus qu’ailleurs peut-être, une segmentation sexuée du marché du travail (Alonzo, 2000). En dépit de cette fragmentation continue de la population active, le temps partiel est pourtant toujours considéré comme un levier majeur de la politique de l’emploi.

2Des débats multiples sur “temps de travail et vie familiale” servent de toile de fond à la promotion récurrente du temps partiel. Dans ce cadre, les termes de la discussion sont plus que jamais enfermés dans une alternative de type choisi/contraint : d’un côté les thuriféraires du temps partiel considèrent que celui-ci est le plus souvent le produit d’un libre choix ; de l’autre, l’on estime que les femmes n’ont guère d’autre possibilité, notamment pour pouvoir accéder ou se maintenir sur le marché du travail. Gilbert Cette note pour sa part que “la distinction parmi les salariés entre ceux dont le temps de travail serait “contraint” et ceux dont le temps de travail serait “choisi” est importante, car elle permet d’améliorer la caractérisation du déséquilibre existant sur le marché du travail” (1999, p. 14). Si elle peut être utile pour le macroéconomiste du travail, cette partition semble en revanche bien plus contestable du point de vue microsociologique.

3Choisi/contraint : non seulement cette opposition cristallise des visions du monde social aussi contestables que caricaturales (l’acteur libre versus l’agent déterminé) mais elle ignore surtout le caractère négocié lato sensu des ordres et des mondes sociaux dans lesquels s’inscrivent les politiques d’incitation au temps partiel. Dit autrement, dès lors que l’on observe “par le bas” le recours au temps partiel, les types de pratiques se démultiplient. De manière à étayer cette hypothèse et à proposer une grille de lecture quelque peu différente du temps partiel, on voudrait fournir ici un éclairage fondé sur l’étude empirique d’une organisation (La Poste) qui a cherché à promouvoir cette forme d’emploi au cours de ces dernières années. Pour tenter de mesurer les effets d’une telle politique, une enquête a été menée en 1996 dans deux bureaux de province [7]. Dans les lignes qui suivent, on commencera par préciser quels ont été les cadres et les conditions de la recherche. La seconde section met en relief quelques déterminants du passage et des usages du travail à temps partiel. Après d’autres chercheurs, mais sur un terrain nouveau, l’objectif est ici de confirmer la pertinence des liens entre conditions de travail et temps partiel. Pour rendre raison de la dynamique de cette forme d’emploi, la troisième section suggère une typologie dont, nous semble-t-il, l’intérêt majeur est d’échapper à la simple analyse duale de type choisi/contraint.

I – La poste en mutation : contexte et modalités de l’investigation

1.1 – Nouvelle donne économique et incitation au développement de l’emploi à temps partiel

4Pour bien comprendre les enjeux et les conditions du développement du temps partiel dans le cas de La Poste, il faut rappeler au préalable que cette dernière ne bénéficie plus aujourd’hui du monopole dont elle a pu longtemps jouir. Si elle est toujours en position de domination sur le marché de l’acheminement des lettres, elle est sévèrement concurrencée en revanche sur de nombreux autres compartiments d’activités. Mais La Poste possède plus d’une corde à son arc. Elle fait fonction de banque sociale et elle développe tout en même temps des activités lucratives (ventes de produits financiers) afin de drainer de l’épargne et d’assurer son équilibre comptable. Comme l’indique le rapide énoncé de ses principales activités, La Poste inscrit son action sur des registres divers, pour ne pas dire contradictoires. Forte de presque 300 000 salariés en 1998 (dont 236 000 fonctionnaires), La Poste est prise en tension entre deux logiques que tout oppose : celle du service public d’une part, celle qui gouverne la raison marchande d’autre part (Abélès, 1998).

5C’est dans ce contexte particulier que La Poste a mis en chantier, il y a plusieurs années déjà, une politique de restructuration interne dont l’objectif explicite est l’adaptation à la nouvelle donne du marché. A cette fin, les bureaux de Poste expérimentent une recomposition de la division des tâches. L’objectif étant de favoriser la vente de produits financiers, les agents de guichet sont affectés à temps plein à l’accueil du public. Ils ne font donc plus de tri courrier mais ils sont davantage polyvalents au guichet puisque, en plus des tâches traditionnelles, ils doivent aussi vendre de nouveaux produits et, le cas échéant, guider le public vers les spécialistes de la finance : les “Cofis” (conseillers financiers). Autre conséquence d’une telle réforme : le système de travail en “brigades” (i.e. par équipe) est remis en question au profit d’horaires de travail qui introduisent du “mixte” (travail du matin et d’après-midi avec une pause déjeuner). La “professionnalisation” des agents (spécialisation et classification dans une nouvelle grille de métiers), le recours à des personnels non fonctionnaires et la promotion d’emplois plus flexibles (le temps partiel au premier chef) sont d’autres moyens privilégiés qui visent à gagner en gains de productivité et en adaptabilité.

6Avec pour ambition la maîtrise de sa masse salariale, la direction centrale a ainsi développé au cours des années 1990 une campagne en faveur du temps partiel au sein des bureaux de Poste. Voici en quels termes une délégation régionale a pu tenter de favoriser l’abandon du travail à temps plein : “Les vacances sont souvent pour vous un moment idéal pour vous consacrer pleinement à votre famille et à vos passions, pour découvrir des activités qu’en temps ordinaire vous n’avez pas le loisir de pratiquer. C’est aussi un moment privilégié pour vous décontracter, pour oublier pendant quelques semaines les petits soucis de la vie quotidienne. C’est encore un moment propice pour penser en toute liberté à l’avenir et construire en famille des projets personnels. Bientôt, avec la reprise du travail, vous allez devoir retrouver un rythme un peu plus soutenu et laisser de côté des projets qui vous sont chers. Il est pourtant possible de concilier vie familiale et vie professionnelle tout au long de l’année. Comment ? Grâce au temps partiel qui vous procure une plus grande liberté et vous garantit une meilleure qualité de vie” (Document d’aide au développement du temps partiel, non daté). Le public implicitement ciblé (les femmes) et les justifications privilégiées (la famille) ne détonnent guère avec les politiques françaises de promotion du temps partiel, qu’elles émanent de l’État ou des autres entreprises. De fait, sans que l’on ne puisse parler d’une véritable explosion, le nombre d’emplois à temps partiels s’est sensiblement accru. En 1995, près de 16 000 agents travaillaient à temps partiel à La Poste. En 1998, tous types de temps partiels confondus, le chiffre atteint 23 500 soit, parmi les fonctionnaires, un taux de presque 10%. Ici comme ailleurs, la segmentation de genre est nette : 2,7% des hommes sont concernés contre 20,8% des femmes.

1.2 – Organisation du travail et logique de recours au temps partiel

7C’est afin d’évaluer la portée effective de cette tendance que nous nous sommes intéressés à deux bureaux : dans le premier, le taux de temps partiel est largement supérieur à la moyenne nationale ; dans le second, l’on constate à l’inverse une forte résistance à l’implantation du temps partiel. Les bureaux sélectionnés se situent dans la banlieue immédiate de deux grandes villes de province. L’un (que nous nommerons Poste classique) était encore calé sur l’ancien système d’organisation du travail en brigades ; l’autre (Poste moderne) avait déjà séparé fonction tri et fonction guichet. Dans les deux bureaux, enfin, les agents effectuent les tâches classiques suivantes : collecte, tri et acheminement du courrier vers les particuliers et les entreprises, comptabilité et tenue des caisses, accueil du public et, enfin, offre de services et de produits financiers. Ajoutons que, si l’on veut comprendre comment le temps partiel s’intègre dans cet univers organisationnel, deux fonctions doivent être décrites plus précisément : celle des agents “exécutants” d’une part, celle des facteurs d’autre part.

Encadré 1 – Les caractéristiques de la population étudiée

Nichée au bas d’une barre d’immeubles au sein d’un quartier réputé “difficile”, Poste classique compte 94 agents dont 23 agents “exécutants” et 61 facteurs. 10% des emplois sont à temps partiel. Implantée dans une zone industrielle et commerciale, Poste moderne est un bureau qui a été un des premiers à avoir joué le jeu de la réforme et son architecture en porte la marque : d’un côté, le bâtiment courrier ; de l’autre, un bâtiment rénové dédié à l’accueil du public. Au total, Poste moderne rassemble 71 salariés dont 40 agents spécialisés dans la fonction guichet et seulement deux “temps partiels”. 16 salariés ont été interrogés à Poste classique (dont 12 femmes), 14 à Poste moderne (dont 4 femmes). Les entretiens, d’une durée variant entre une heure et une heure et demi, ont été réalisés sur le lieu de travail mais dans une pièce isolée. Les principaux axes de l’entretien portaient sur la trajectoire biographique, les conditions de travail, le statut d’emploi et le mode de vie. Pour caractériser les deux échantillons, plusieurs éléments méritent d’être soulignés. La composition est d’abord variée : hommes et femmes ; agents de guichet, chefs d’équipe, cadres et quelques facteurs. La plupart des salariés sont mariés, ont des enfants et la moyenne d’âge est d’environ quarante ans. Dans les deux bureaux, les agents titulaires ont par ailleurs un profil “postier” typique du point de vue du parcours professionnel. Rentrés par concours à La Poste, après un BEPC ou un bac (pour les plus jeunes), ils sont passés pour la plupart par Paris pour se former et effectuer leurs premières armes. Tous, ou presque, ont souhaité ensuite revenir dans leur région d’origine où ils se sont ensuite installés. Les salariés sont d’origine sociale modeste : fils et/ou filles d’agriculteurs, d’ouvriers ou d’employés. Pour eux, y compris chez les cadres, le métier de postier n’est jamais présenté comme une vocation et rares sont ceux dont l’ambition première est de grimper dans la hiérarchie organisationnelle. En dépit de revenus modestes, une grande partie des agents interrogés est propriétaire ou en voie d’accession à la propriété. A Poste moderne plus particulièrement, les agents habitent en zone semi-rurale et ils ont tous valorisé le fait d’habiter à la campagne, de disposer d’un pied à terre proche près de la mer… En bref, il s’agit d’une population typiquement urbaine pour laquelle l’implantation locale compte plus que l’investissement dans une carrière professionnelle. Il n’est pas rare enfin que le (la) conjoint(e) de l’agent travaille également à La Poste. Entre autres conséquences, une telle situation autorise une gestion commune des obligations domestiques et parentales. La “brigade inverse” (dans le couple, un des agents travaille le matin et l’autre l’après-midi) est un système qui permet ainsi de s’occuper des enfants à tour de rôle, de se répartir autrement les tâches

8A Poste classique, la plupart des agents “exécutants” remplissent une double tâche. Le matin, ils prennent en charge le tri du courrier qui est arrivé au bureau et qui doit être distribué aux particuliers et aux entreprises (tri cedex). Ils passent ensuite au guichet où ils accueillent le public et assurent les fonctions postales traditionnelles (vente de timbres, affranchissement, gestion des comptes, etc.). Ils sont relayés en milieu de journée par la seconde brigade. En fin de journée, les agents sont à nouveau mobilisés sur une tâche de tri (départ du courrier). A Poste moderne, la réforme a largement bousculé ce schéma classique. Les agents sont désormais spécialisés. L’objectif avoué est d’inciter les agents guichetiers à vendre des produits financiers, et cela en plus des services postaux habituels. L’organisation du travail prend dès lors la forme du “mixte”. Ceci signifie concrètement que l’activité guichet occupe un agent, non plus quatre ou cinq heures dans la journée comme avant, mais huit à neuf heures. La spécialisation est, de ce fait, source de fatigue et de stress. Par ailleurs, grâce à ce nouveau modèle, chaque agent a pu bénéficier d’une diminution du nombre de jours de présence et d’un jour de congé hebdomadaire qui glisse d’une semaine à l’autre. Si le système est bien pensé, il est en revanche particulièrement fragile. Il suffit d’une absence imprévue - ce qui n’est pas rare - pour que l’ensemble de l’organisation soit à revoir. En ce cas, il faut solliciter des agents au pied levé, faire passer des guichetiers des bureaux annexes vers le bureau principal de Poste moderne… Le manque d’effectifs est, dans le discours de tous les acteurs (du guichetier au responsable du bureau) une des raisons centrales aux difficultés à gérer en “volume tendu” cette nouvelle organisation du travail. De là, la raison officielle fournie par la direction pour refuser toute demande de temps partiel.

9Qu’en est-il maintenant de cette même question de l’organisation du travail lorsque l’on examine le cas des facteurs ? Dans les deux bureaux, ces derniers bénéficient indubitablement d’une plus grande autonomie en comparaison des agents “exécutants”. A Poste classique, une fois que les guichetiers ont effectué le tri général du courrier qui arrive le matin à partir de cinq heures et demi, les facteurs récupèrent leurs tournées, trient leurs lettres, préparent leurs “coffres relais” [8] et retirent en “cabine” les paquets et objets spéciaux. Ils partent en tournée entre neuf heures et neuf heures et demi. La tournée achevée, ils viennent “rendre compte” du courrier et des objets qu’ils n’ont pu distribuer. La journée démarre donc à heure fixe et elle se termine une fois les comptes rendus. A Poste moderne, la réforme n’a concerné pour l’essentiel que les facteurs “messagerie”. Jusqu’à présent, ces derniers étaient soumis à un régime de travail identique à celui des autres préposés. Ils travaillent désormais en deux brigades intégrales et ils doivent prendre part de ce fait au tri cedex du matin et au tri départ du soir. Un tel changement n’a pas été bien vécu par les intéressés. Pour ces derniers, l’obligation de trier s’apparente à une atteinte à l’indépendance professionnelle. Aussi les facteurs ont-ils recours à une stratégie classique de résistance qui les conduit, le matin, à refuser de trier les cedex mal adressés. C’est pour cette raison que, en dépit de ses intentions affichées, la direction est finalement bien obligée de mobiliser des agents contractuels à temps partiels extrêmement courts afin de réaliser une tâche importante (le tri cedex) au sein d’un bureau qui dessert une zone d’activité économique. Ces agents contractuels sont tout aussi indispensables le soir pour que le tri départ puisse être, lui aussi, effectué dans les temps.

II – Passer à temps partiel

10A La Poste, le temps partiel a été intégré au nom d’un double impératif : celui de la compression de la masse salariale et de la normalisation des emplois précaires (que l’on souhaitait transformer en temps partiel) d’une part, celui d’une gestion de la flexibilité du travail et de l’emploi d’autre part. A ce stade de la présentation, la question qui se pose alors est de savoir comment les agents vivent effectivement le passage au temps partiel et/ou pourquoi ils ont souhaité opter pour un tel statut.

2.1 – Conditions de travail, statut d’emploi et souci familial

11A Poste classique, le temps partiel prend trois formes principales qui varient selon les fonctions occupées par les agents et la durée du travail négociée : absence d’une journée ou d’une demi-journée dans la semaine et/ou absence pendant les petites vacances scolaires (cas des agents “exécutants”), répartition du temps libéré sur l’ensemble de la semaine (et notamment en fin de journée) et, enfin, formule accordant une semaine entière de vacances pour quatre travaillées (cas, principalement, des facteurs). Très vite, les entretiens réalisés avec les salariés nous ont permis de comprendre que l’importance du temps partiel au sein de ce bureau ne pouvait pas s’analyser comme un indicateur de succès d’une politique d’incitation impulsée depuis le sommet de la pyramide organisationnelle. C’est même exactement du contraire dont nous avons été très vite persuadés. A Poste classique, en effet, si le temps partiel concerne un(e) salarié(e) sur dix, c’est bien davantage par rejet des conditions de travail et d’emploi que par volonté de se créer une seconde vie hors travail. Marie-Paule (postière depuis 1974, “polyvalente” à Poste classique, 39 ans, mariée à un facteur, deux enfants) explique en ces termes ce qui, selon elle, a été l’élément déterminant en faveur du temps partiel : “pour aller au boulot, je ne suis pas toujours motivée mais on y va quand même… C’est surtout pour le tri. J’ai l’impression… Je sais pas… C’est pas intéressant du tout… Alors quand je me mets devant mon casier de tri et que je me mets à penser ça, j’ai l’impression d’être rien, de servir à rien. Ce qui n’est pas le cas pourtant, il faut bien que ce courrier parte mais je n’aime pas… Je préfère le guichet, à cause du contact. En plus, je suis polyvalente et donc je dois remplacer sur des postes de travail qui ne sont pas occupés. Avant de passer à temps partiel, je remplaçais un peu tout le monde et quand je remplaçais des gens qui n’étaient pas là et ce qui était frustrant c’est que j’étais quand même censée faire mon mixte. Et pourquoi ? Ça a créé un climat très malsain… Moi ça me faisait quatre allers et retours dans la journée, bonjour hein… Ça a été une période maudite et si je suis à 60% c’est à cause de ça.”

12Autre cas, celui de Marion (40 ans, mariée à un postier, trois enfants) qui travaille au guichet à Poste moderne et à qui l’on a refusé de passer à temps partiel. Le nouveau modèle d’organisation du travail ne lui convient guère : “j’ai quarante ans et lorsqu’on a travaillé comme cela quinze jours, on est fatigué. Pour récupérer, cela m’oblige à faire la sieste trop longtemps… C’est physiquement fatiguant, pas moralement, moralement, c’est très bien. Après la sieste, je ne me sens pas bien, on est complètement déphasé…”. Marie-Paule et Marion ne sont pas des exceptions. Les autres postières interrogées confirment qu’elles ont sollicité le temps partiel pour les raisons de pénibilité de travail. Le travail en brigade n’est pas étranger aux difficultés ressenties. Les agents imputent volontiers à ce mode d’organisation leurs souffrances physiques (fatigue), les difficultés à trouver le sommeil, le sentiment d’un décalage excessif avec les rythmes d’une journée de travail normale… Il est vrai que la brigade reste souvent plébiscitée parce qu’elle permet d’avoir l’impression de ne “pas passer sa journée entière au boulot”. L’argument revient de façon récurrente : disposer de son matin ou de son aprèsmidi est chose précieuse car, même si ces plages de liberté ne sont pas utilisées exclusivement à la détente et au loisir, elles permettent de se reposer, de concentrer le ménage et les courses en semaine, de gérer à moindre frais la garde des enfants… En revanche, le lever matinal auquel oblige le système de brigade est d’autant plus difficilement vécu que les agents avancent en âge. La brigade oblige également à se coucher tôt, à brider le temps de la vie “hors travail”… Le temps partiel apparaît alors comme un moyen privilégié d’alléger une chape de plomb existentielle. Une telle stratégie semble d’autant plus pertinente que l’investissement dans le travail n’est guère porteur d’espoir de promotion. Rentrées à La Poste il y a de nombreuses années déjà, la plupart des femmes à temps partiel (ou qui auraient souhaité y passer) disent que, désormais, elles “n’ont plus d’ambition”.

13Mais changer de statut ne va pas de soi. Les agents de Poste classique ont pu adopter une formule de temps partiel dans la mesure où leur ménage dispose d’un double revenu. Comme l’ont rapporté de nombreuses salariées, il serait en effet difficile de demander un temps partiel lorsque l’on gagne à peine plus de 5 000 francs par mois et que l’impression dominante est que l’”on a du mal à joindre les deux bouts”. Telle est peut-être la première contradiction du temps partiel : ceux dont la fonction (agents de guichet, facteurs…) permettrait d’imaginer une organisation du travail d’ensemble qui intègre le temps partiel n’ont pas nécessairement les moyens financiers de sacrifier à cette forme de réduction du temps de travail ; ceux qui, à l’inverse, sont plus à l’aise financièrement et qui souhaiteraient parfois avoir accès à un tel statut occupent des postes à responsabilité (cadres, receveurs) qui limitent fortement le recours au temps partiel. Exemple de ce cadre “guichet” : “(mon temps de travail) a commencé à peser… J’ai eu un coup de déprime, j’ai été arrêtée une semaine sous tranquillisant. J’ai réfléchi et je me suis dit que j’étais bête de tout bousiller pour mon boulot et que, bon, je pourrais prendre un temps partiel. Donc on se serait serré un peu la ceinture et j’aurais eu du temps pour moi. Quand j’en ai parlé au mois de juillet, Mlle P. m’a dit qu’il fallait que j’attende que mes collègues qui sont à temps partiel reprennent un peu plus et compensent mes 20% par une reprise avec des horaires un peu plus importants” (Janine, 43 ans, mariée, trois enfants).

14Après les conditions de travail, élément explicatif majeur, le second facteur qui justifie le passage à temps partiel est à inscrire sur le registre domestique. La prise en charge des enfants est une obligation qui est régulièrement évoquée pour rendre raison de l’option “temps partiel”. Argument classique de la rhétorique familialiste, ce point de vue, qui est développé par de nombreuses femmes elles-mêmes, perd vite de sa force explicative lorsque, comme en témoigne à nouveau Marie-Paule, l’on s’aperçoit d’abord que la négociation engage des rapports de genre au sein de la famille et que, d’autre part, la question des conditions de travail surdétermine dans bien des cas le passage à temps partiel.

15Comment ça a commencé votre temps partiel ?

16J’ai commencé mon temps partiel à 90% en prenant mes samedis, parce que le samedi matin j’avais le problème de nourrice. Avec mon mari qui est facteur, fallait à tout prix qu’y en ait un des deux qui le fasse parce qu’on travaillait dans la même brigade ou alors il fallait pas travailler dans la même brigade, et c’était pas trop notre point de vue. J’ai commencé comme ça, on m’avait accepté un samedi sur deux. Mon mari n’a pas pris le temps partiel parce que, à l’époque, on n’avait pas le droit au temps partiel : s’il prenait un temps partiel, on lui aurait enlevé sa tournée. Après, quand j’ai eu mon deuxième enfant, ma fille avait cinq ans et j’ai demandé le 80% pour avoir un mercredi sur deux, je l’ai eu sans problème. Et puis j’ai eu certains petits accrochages avec Mr B. et Mr T., donc ça a commencé avec le mixte. On m’a sucré mon mercredi déjà, sans raison, enfin sans raison… y manquait du personnel mais on me l’enlevait sans me prévenir du jour au lendemain…

17Ça a posé problème ?

18Oui, y a eu beaucoup d’accrochages, je suis tombée en dépression, ce qui a été très mal perçu par Mr B. et Mr T. qui ont cru à de la dissimulation de toute façon. Donc j’ai été arrêtée deux mois, ça fait trois ans maintenant. J’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre, voyez rien que d’en parler ça me… et puis, à ce moment là, j’ai décidé…, déjà je voulais même plus retourner travailler mais j’ai bien été soutenue par la famille, pas trop au travail. Au travail, je serais pas revenue, c’était pareil…”.

19Parce que le souci familial reste une préoccupation dévolue au genre féminin, le temps partiel se décline sur ce mode. Mais le temps partiel se négocie avant tout dans une logique d’adéquation avec les impératifs de l’organisation. Aussi le résultat est-il loin de toujours satisfaire les agents concernés. Pourtant la logique du ressentiment finit par l’emporter. Les agents s’adaptent à l’emploi du temps qui résulte du compromis négocié avec leur supérieur hiérarchique. Ils accommodent leurs charges domestiques, leur vie familiale, leurs loisirs… au modèle proposé et, hormis les cadres et les temps partiels extrêmement courts, rares sont ceux qui souhaitent faire machine arrière. Parce qu’il illustre au mieux les limites de la thèse de la conciliation “travail-famille”, le cas le plus spectaculaire est peut-être celui de Carole, factrice “ménage” (38 ans, mariée, deux enfants) qui, “usée par son travail”, a demandé un temps partiel afin de pouvoir libérer son mercredi. Après refus de la direction, l’arrangement final repose sur la formule: “une semaine de congé pour quatre de travail”. Carole en profite alors pour déconnecter son rythme des pulsations familiales et pour récupérer physiquement (“dormir, dormir, dormir…”). Cette situation inattendue est aussi l’occasion pour elle de s’inventer un bout de vie à soi, de faire du sport et d’investir dans la vie associative. Parce que bousculer son temps de travail c’est, tout en même temps, reconfigurer une partie de son mode de vie, on comprend dans ces conditions qu’il ne soit pas toujours aisé, pour un travailleur à temps partiel, de faire marche arrière et de revenir à temps plein.

2.2 – Les contradictions et les implications de la flexibilité

20Objet de négociations individuelles souvent mal vécues par les intéressé(e)s, le temps partiel peut donc aussi engager vers des trajectoires et des conditions de vie nouvelles et imprévisibles. Le temps partiel n’en a pas moins des conséquences communes assez vite repérables pour les différents agents concernés. Les agents “guichet” à temps partiels à Poste classique expliquent par exemple que, s’il leur permet de ne plus avoir le sentiment de “passer tout son temps au boulot”, le nouveau statut a renforcé tout à la fois l’invisibilité (“que tu sois là ou pas, les collègues font pas toujours la différence”) et la pression au travail. A Poste classique toujours, l’organisation du travail est telle, nous l’avons vu, que les agents qui ont tenu le guichet une partie de la journée finissent cette dernière en triant le courrier de départ. Le collectif est composé de salariés à temps plein et de quelques agents à temps partiel qui quittent chaque soir un peu plus tôt que les autres (un quart d’heure ou une demi-heure selon les cas). Or, dans la mesure où la direction fait constamment pression sur les salariés pour que le tri soit achevé avant la fin de la journée, il n’est pas rare que les agents à temps plein sollicitent “amicalement” leurs collègues à temps partiel afin qu’ils fassent fi de leurs horaires et les aident à assumer jusqu’au bout la charge de travail restante. Au sein de collectifs qui considèrent le tri du soir comme un moment privilégié (en triant, on peut se parler, échanger des informations, blaguer…, toutes formes de communication que n’autorise pas aussi aisément le travail au guichet), il est difficile, disent les salariés à temps partiel concernés, de refuser d’épauler ses collègues au nom, simplement, d’un statut un peu particulier. Le constat vaut aussi pour les cadres. Dans le travail, la présence à temps partiel est difficilement vécue tant du point de vue de l’organisation du travail que des pressions subies plus ou moins fortement. Ainsi Géraldine (53 ans, mariée), responsable des ressources humaines à Poste classique, explique que “du fait du temps partiel, on est plus dépendant. On dispose de moins de temps. On essaie de déléguer au maximum. Au début, j’avais tendance à ne traiter que l’urgence. On a tendance à speeder, à travailler sur le temps du déjeuner. Depuis le mois de septembre, mes collègues prennent une heure et demi pour manger, cela tient au fait qu’ils doivent allonger leur temps de présence pour couvrir les horaires de bureau. Moi, je trouve cela très long. Je reste souvent au bureau durant ce temps pour traiter des dossiers mais je pars pas plus tôt le soir”.

21A Poste moderne, les emplois à temps extrêmement partiel (deux ou quatre heures de travail par jour) sont occupés par des agents contractuels non fonctionnaires – les “Acos” dans le jargon postal – qui servent avant tout de vecteurs d’ajustements dans un système où l’on cherche à éviter toute forme de redondance dans les “positions” de travail. La situation de ces Acos est d’abord paradoxale car, en dépit du rôle déterminant qu’ils occupent dans le bureau (tri cedex), leur présence apparaît plus que discrète. Aux yeux des agents à temps plein en effet, et en raison d’horaires de travail courts et décalés, ces Acos sont plus invisibles encore que des temps partiels traditionnels. La situation des Acos – deux femmes - est par ailleurs anachronique au sens strict du terme : la première d’entre-elles vient travailler chaque jour de six heures à huit heures du matin ; la seconde couvre la même plage horaire et elle revient également deux heures en fin de journée. Toutes deux sont employées au tri mais, en cas de besoin, elles peuvent être sollicitées pour intervenir au guichet. Non seulement c’est à elles que l’on s’adresse en priorité (il leur est difficile de refuser) mais les délais de prévenance sont parfois plutôt courts. “Après huit heures, s’ils ont besoin de moi, je continue le guichet… Je suis prévenue quelques jours à l’avance. Par exemple, ils me disent dans deux semaines on aura besoin de vous pendant un mois, voilà. Mais c’est déjà arrivé, on me demande : demain, on a besoin de vous, est-ce que vous pouvez venir ? Etant donné que j’ai pas beaucoup de travail, j’ai toujours accepté ça. Ça peut être imprévu car s’il y a quelqu’un de malade et c’est pas prévu, ça fait un guichet de fermé, il n’y a plus que trois guichets. Et s’il y a beaucoup de monde, ils vont vraiment être coincés. Je comprends très bien ça. Je vais pas refuser. Et si j’ai rien à faire, y a aucun problème. Ca m’arrive aussi de faire du guichet l’après-midi. Y a pas de règle. C’est quand ils ont besoin de moi. On est des pions, quand on a besoin de nous, on nous met là, c’est tout…Le mois dernier, en septembre, j’ai été prévenue l’été que je ferais plus : je venais tous les matins, et un jour sur deux je revenais l’après-midi. C’était encore plus difficile car quand il faut revenir à une heure et finir à six heures. C’est dur à tenir. J’ai fait comme ça tout le mois de septembre et après on m’a dit, oh ben on vous prolonge encore de trois semaines. Ça a été dit quelques jours avant que je termine, quoi” (Jeanne, 22 ans).

22Le cas des Acos, et celui de Jeanne en particulier, permet de mettre en évidence la force des tensions qui informent rapport au travail et rapport à l’emploi. Jeanne effectue des tâches dont les conditions ne lui paraissent guère satisfaisantes tant sur le plan physique, intellectuel que social (peu de contacts avec les autres agents de La Poste). Pour autant, ainsi qu’elle le rapportera au cours de l’entretien (voir encadré 2), elle tient à cet emploi, même à temps très partiel. Elle espère en effet pouvoir décrocher une titularisation, quitte à refuser dans l’immédiat des offres plus intéressantes en terme de temps de travail et de salaire mais offres plus risquées encore du point de vue du statut dans l’emploi. Ce que laisse à voir enfin la situation de Jeanne c’est le poids de l’articulation entre travail, emploi et mode de vie. Comme nous allons le suggérer maintenant, il importe en effet d’intégrer la dimension “hors travail” dans l’analyse pour bien comprendre les “mondes vécus” du temps partiel.

III – Négociations du statut d’emploi, conditions de travail et modes de vie

23On peut maintenant s’en convaincre assez aisément : à La Poste, comme ailleurs, le temps partiel n’est jamais complètement choisi (peut-on évoquer un choix lorsque la décision s’opère à ce point par défaut ?) ni entièrement contraint (il existe toujours des marges de négociation). Comment tenter alors de rendre raison de l’articulation problématique entre statut d’emploi, conditions de travail et mode de vie ? Afin de fournir une alternative à la partition contraint/choisi, nous avons opté ici pour des catégories d’analyse directement empruntées à la sociologie de l’action collective. Pour restituer de façon inductive les logiques d’action et de négociation en jeu dans le cas du travail à temps partiel, nous avons retenu plus exactement les catégories d’Albert O. Hirschman (1972), catégories revisitées ensuite par Guy Bajoit (1988). Le schéma suivant résume simplement la problématique en question.

24Commençons, pour mieux la laisser de côté, par la “prise de parole”. Cette façon d’agir et de réagir est la plus fréquente chez les facteurs, groupe qui constitue à La Poste une véritable communauté de métier. Ce mode d’action se décline de deux manières : protestation syndicale et militantisme actif d’une part, résistance plus sourde et informelle d’autre part. Il est en revanche absent chez les salariés à temps partiel qui, lorsqu’ils souhaitent négocier ou exprimer leurs désaccords, sont renvoyés à des relations de face à face avec leur supérieur hiérarchique. Ce sont ces relations qui nous intéressent maintenant au premier chef.

Schéma 1

Les catégories “hirschmaniennes” de l’action

Schéma 1

Les catégories “hirschmaniennes” de l’action

Source : G. Bajoit (1988, p. 326)

3.1 – Une loyauté sous pression

25Soit donc, en premier lieu, le cas de la loyauté. Ici, en dépit de mécontentements possibles, les projets de l’organisation convergent plutôt bien avec ceux des agents concernés et la stratégie développée face au changement est dès lors celle de la loyauté. Dans le cas des salariés sous contrats à durée indéterminée (CDI), ce type de profil correspond parfaitement aux cadres de haut niveau (les deux responsables des bureaux en question) et de certains cadres intermédiaires dont la carrière professionnelle n’est pas entravée par un refus de mobilité géographique. Les effets de frustration sont alors d’autant plus faibles que le rapport au travail est vécu positivement.

26Mais la loyauté n’est pas le propre des agents sous CDI et à statut relativement élevé. Elle concerne également les Acos. Stimulées par la possibilité de travailler un minimum (au moins deux heures par jour) et prisonnières d’un statut de non-titulaire, elles s’investissent véritablement dans leur travail et leur compétence ne fait aucun doute aux yeux de leurs collègues comme à ceux de la hiérarchie. Cette loyauté contrainte a néanmoins des limites. Elle dépend moins d’abord d’une identification forte à La Poste que de l’espoir d’une augmentation et d’une stabilisation des horaires de travail. Des revenus faibles et un décalage avec les rythmes sociaux dominants sont autant de paramètres qui expliquent ensuite que ces personnes ne puissent jouir d’un temps de non travail qui leur est imposé contre leur gré. Le temps hors travail est souvent vide ou, au mieux, rempli d’occupations peu valorisantes et peu valorisées (souvent ménagères) et soutenues par l’attente. On attend que ceux qui ont un travail “normal” soient disponibles : à midi pour déjeuner avec son conjoint, le soir pour discuter et sortir avec ses parents et amis… (encadré 2).

Encadré 2 - Travailler deux heures par jour

Jeanne, 22 ans, est Aco à Poste classique. Célibataire, fille d’immigrés russes, elle vit chez ses parents, dans un immeuble à proximité immédiate du bureau de poste. Elle a abandonné ses études au niveau du bac. Selon les termes de son contrat, elle travaille chaque jour ouvrable de six heures à huit heures du matin.
Vous ne vous sentez pas déphasée avec ces horaires ?
C’est sûr qu’en finissant à huit heures du matin, là où tout le monde commence à travailler, c’est un peu compliqué. Moi, je parle pas des gens qui sont là parce qu’on travaille tous du matin, ou presque. Mais moi, j’ai des amis à l’extérieur : les gens commencent à huit heures et moi j’ai fini à huit heures. Moi, j’ai toute ma journée de libre quand je suis pas au guichet alors que tous les autres travaillent. Donc moi je suis toute seule, j’attends. C’est un peu compliqué…
Pourquoi ?
Eh ben, une journée normale commence à huit heures, neuf heures. Elle finit à dix-huit heures. Alors que moi si je commence à six heures et finit à huit heures, j’ai toute ma journée de libre. Qu’est-ce que je fais ? Ben, je dors. Je rentre à huit heures si j’ai rien à faire, je dors. Je dors une heure ou deux, je sais pas, si je suis vraiment fatiguée j’arrive à dormir trois heures mais ça c’est rare, c’est quand vraiment il faut que je récupère. Après je me lève, bon il y a toujours quelque chose à faire dans la maison. Il y a des courses à faire, il y a le chien, il y a toujours quelque chose. Des fois je ne dors pas le matin quand j’ai des choses à faire et puis je ne dors pas l’après-midi. Des fois il arrive que je ne dorme pas mais au bout de deux, trois jours, ça commence à être très difficile, très, très difficile… déjà pour se lever. Vous vous imaginez, vous vous levez à cinq heures moins le quart…
Vous faites du travail domestique…
Oui, oui…. à la maison, j’aide ma maman parce qu’elle a des petits problèmes de santé en ce moment. Donc le ménage : la serpillière, la poussière, le rangement, il y a des choses à faire… Il y a le chien à sortir trois fois par jour, à manger midi et soir mais c’est elle qui s’en occupe car elle veut pas que je fasse tout non plus.
Mais vous n’avez pas de temps pour les autres activités comme la piscine… ?
Bien sûr que j’ai le temps mais je le fais pas forcément.
Alors vous êtes souvent à la maison….
En fait, pas vraiment, en ce moment je suis pas souvent à la maison parce que j’ai une vie privée qui est un petit peu, comment je pourrais dire, disons que je suis pas souvent à la maison. La journée je suis à la maison mais le soir il arrive souvent que je parte. Ma mère fait à manger, et c’est obligatoirement elle qui le fait comme je suis pas là. Le chien j’essaie de sortir avant de partir mais… le peu de temps que je passe à la maison… je dis le peu de temps mais jusqu’avant six heures du soir, je suis à la maison. Et ben tout ce que j’arrive à faire : ménage, rangement, tout ça… je fais les courses aussi.
Qui voyez-vous sinon pendant la journée ?
J’ai qu’une seule amie, elle travaille avec l’oncle de son futur mari. Je vais la voir pendant qu’elle travaille, elle travaille dans une boîte d’intérim… donc y a des intérimaires qui viennent mais en gros elle est toujours toute seule donc je viens la voir, je reste avec elle. Mais c’est la seule personne que je peux aller voir dans la journée, sinon les autres travaillent, c’est pas évident. Mais je vais pas la voir trop souvent non plus, faut pas…
Vous prenez du temps pour chercher un autre travail, éventuellement ?
Je cherche pour d’autres activités, j’ai déjà eu des contacts, j’attends des réponses de certaines personnes, d’autres que j’ai refusées moi-même parce que ça me convenait pas, parce qu’il fallait que je démissionne d’ici et que je n’étais pas du tout sûre de garder l’autre travail parce que c’est tout nouveau. J’attends, et je devrais avoir des réponses. Si je trouve quelque chose à mi-temps, je démissionne de La Poste, je prends tout de suite et je cherche plus rien. Parce que moi je ne cours pas après l’argent, j’ai pas besoin d’avoir un temps plein, de faire des heures sup…., non, non, le strict minimum suffira. Pour les autres boulots, j’ai pas été à l’ANPE, je cherche comme ça dans le journal. J’ai vu récemment dans le journal, c’était pour une place de VRP, j’ai eu un contact, c’était une entreprise qui venait juste d’ouvrir. Moi je dirais que c’était pas quelque chose de stable. Alors, y m’ont proposé une voiture, 20 000 francs par mois. Alors ça m’a semblé un petit peu, hein, bizarre. Trop beau. Et donc moi-même j’ai refusé parce qu’ils m’ont dit : vous démissionnez tout de suite. Alors ça me posait problème parce qu’ils disaient vous démissionnez tout de suite et moi je vous donne trois mois de préavis. Alors si au bout de trois mois, je ne leur conviens pas, je ne fais pas le chiffre d’affaires qu’ils veulent, je me retrouve avec quoi, avec rien. Je me méfie un peu.
On peut revenir sur ce que vous faites pendant la journée ?
Pendant la journée, à la maison, je préfère lire plutôt que regarder la télé. Je commence à voir les gens après six heures, plus en ce moment qu’avant. Un jour sur deux ça m’arrive. Je vais dans un club (à T., à un quart d’heure en voiture) où tout le monde se retrouve. J’ai connu ce club par l’intermédiaire de personnes qui sont ici, des copines. Donc j’ai connu pas mal de monde, je vais les voir, ça se passe bien. C’est un club sportif : c’est du tennis, du foot, du basket… il y a tout. Je ne fais rien, pour l’instant, j’essaie de m’y mettre mais pas encore. Donc je vois des personnes, on se retrouve tous le soir donc c’est très bien, on regarde la télé le soir, on discute mais les gens viennent d’abord jouer au tennis. Il y a beaucoup de monde, ils sont nombreux, de sept à soixante dix sept ans, alors on fait des sorties de temps en temps le samedi et le dimanche. Ce club, il n’y a qu’une personne du bureau de poste qui y va. Les autres, ils ont leurs petites activités ailleurs et c’est très bien.
Et le soir, vous sortez souvent alors, au club… ?
Etant donné que je le connais pas depuis longtemps ce club, je… on a fait une sortie, on était douze. On est sorti à X, au restaurant, cinéma, voilà ce genre de chose. On est rentré à trois heures, quatre heures du matin. Mais les soirées qui se font dans le club, j’y ai encore jamais assisté à ce genre de soirée. Moi, en semaine, je rentre pas tard, vers vingt et une heures, vingt deux heures, pas plus. Faut pas exagérer : je me lève tôt, mon père se lève tôt et moi une fois que je rentre après dix heures si mes parents sont couchés et j’ai un chien très pénible qui commence à aboyer, qui réveille tout l’immeuble alors faut vraiment pas que je fasse de bruit… Pour me lever à cinq heures moins le quart, il faut après que je me couche à dix heures et demi grand maximum. Ça me suffit pas. Dans les jours qui suivent… Il m’arrive de me coucher à huit heures du soir, hein… surtout en été quand il fait encore jour. C’est rageant, je sais, mais moi je me connais, je sais que je vais pas tenir le coup, il m’arrive d’avoir des vertiges, de tomber dans les pommes… alors j’aime pas du tout cet état là et j’essaie de me coucher.

3.2 – Entre défection et apathie

27A la différence des Acos, le temps partiel des autres agents fonctionnaires ne ressemble en rien à une forme de loyauté intéressée envers La Poste. En raison de conditions de travail jugées éprouvantes, c’est même exactement de l’inverse dont il s’agit. Pour autant, les agents n’envisagent pas la démission et cela pour des raisons plus qu’évidentes : conjoncture sur le marché du travail, faible niveau de formation initiale et transférabilité difficile de la qualification, ancrage local important… Dans l’immense majorité des cas, le passage à temps partiel est présenté par les salariés comme l’unique solution possible afin de faire face à un dilemme insoluble. Les conditions de travail sont mal vécues et les perspectives de mobilité professionnelles sont inexistantes. S’engouffrer dans l’ascenseur de la promotion sociale n’est certes pas impossible mais il oblige alors à être mobile géographiquement, lourd sacrifice auquel il est difficile de consentir pour des salariés qui, dès leur entrée à La Poste, n’avaient souvent qu’une volonté : revenir au pays. Comment, dans ces conditions, envisager un nouveau départ alors que l’on a réussi à revenir parmi les siens, à devenir propriétaire, que les enfants ont grandi et que les réseaux d’amitiés sont maintenant bien stabilisés ? Si elle est bien connue maintenant, cette contradiction n’en continue pas moins de tarauder de nombreuses vies.

28Le temps partiel est à ce titre un retrait, une défection, une forme de fuite face à une situation au travail faite d’usure physique, d’ennui et d’absence de perspectives professionnelles nouvelles. Dans ce cadre, plusieurs agents ont délibérément opté pour un temps partiel en référence à un projet positif. Mais ces agents sont plutôt rares car une telle stratégie suppose en effet de pouvoir bénéficier d’un mode de vie où le hors travail est déjà largement structurant des pratiques et de l’identité. Ici, la fuite par le temps partiel ne crée pas en soi les conditions d’une vie entièrement nouvelle mais elle facilite et amplifie avant tout des pratiques déjà préexistantes. Seul homme à temps partiel sur l’ensemble des agents des deux bureaux enquêtés, Thierry (29 ans, célibataire, secrétaire du bureau d’ordre) présente un tel profil. Ses plages de temps libre sont consacrées au retour au foyer familial d’origine (une centaine de kilomètres de la ville où se situe Poste classique) où il passe de nombreuses heures à pêcher avec ses frères. Cet investissement hors du travail est tel qu’il envisage d’ailleurs de renoncer à louer un studio pour bénéficier uniquement d’une chambre en foyer et économiser ainsi de nombreux frais fixes.

29Comment vous avez fait pour avoir un temps partiel ?

30J’en ai parlé avec Mlle P., moi mon temps partiel, c’est plus une semaine toutes les quatre semaines, un 80%… pour me consacrer à mon loisir favori, la pêche. Et c’est vrai qu’il y a peut-être une lassitude du travail. Il y a le manque de moyens, le stress… Il y a cinq, six ans, ça me serait pas venu à l’idée. Mais c’est vrai que ça serait peut-être plus pour une qualité de vie meilleure que pour autre chose.

31Et question revenu ?

32Le revenu ? c’est pas ce qui compte le plus. J’ai fait le calcul la semaine dernière. Oh, faut pas faire de folie… J’ai bien essayé de tout compter et déjà au niveau des impôts, j’en paie moins. Je paie 3 000 francs d’impôt en moins. Pour le revenu, là, j’étais à 110 000 francs, je tombe à 80 000, 90 000 francs. C’est pas un problème, enfin si, parce que sinon ça fait longtemps que j’en aurais pris un temps partiel sinon. Si j’ai pris le temps partiel, il y a d’autres choses qui vont avec. Par exemple, là j’ai un appartement, je pense que je le laisserai mon appartement… Sur X, y a des trucs PTT qu’on peut louer au mois et qui sont moins chers. Là quand j’ai pris mon appartement, c’était pour être tranquille et tout, bon, c’est vrai qu’avec une semaine toutes les cinq semaines, il y a pas lieu d’avoir un appartement sur X”.

33En absence de projet alternatif à la vie de travail, et tel est le cas le plus courant, défection et apathie vont de pair. Le temps partiel constitue alors une forme hybride où la volonté de fuite le dispute à une absence d’implication active dans des activités extra-professionnelles. Le passage à temps partiel s’explique ici aussi, et plus encore que précédemment, par un intérêt au travail plus que limité, par une faible identification au collectif salarié et, enfin, par un fort sentiment d’usure physique et nerveuse. Ce type de travail à temps partiel constitue presque un cas pathologique du précédent dans la mesure où l’apathie professionnelle redouble une division traditionnelle des tâches domestiques, un investissement associatif presqu’inexistant, un réseau de relations amicales restreint… Il en va ainsi par exemple avec Guylaine (34 ans, mariée, un enfant) qui travaille à temps partiel à Poste classique où elle est titulaire d’une position de travail à la cabine financière. Pour elle, le passage à temps partiel n’a guère eu d’influence sur la vie hors travail.

34Et vos loisirs ?

35J’ai pas de loisirs mais je reste souvent chez moi parce que j’aime pas trop sortir. Je fais mon ménage, je prépare le dîner pour mon mari, je passe l’aspirateur, je range le lave-vaisselle (rire)… Je rentre vers midi moins le quart, souvent avant je vais faire les courses vers onze heures et demi aux M. (…)

36Et le soir, vous ne sortez pas ?

37Le matin, je me lève à cinq heures mais ce qu’y a, c’est que le soir je suis couchée à huit heures, comme les poules (rires) parce que j’arrive pas à dormir l’après-midi. Je regarde pas la télé le soir, un petit peu l’après-midi… si, à midi en mangeant aussi. Mon mari rentre à cinq heures, cinq heures et quart. Il regarde un petit peu plus la télé le soir, mais il se couche pas trop tard, une demi-heure après moi. (…) On sort pas tellement, on sort, souvent on va au restaurant le week-end, que tous les trois, ou on va chez mes parents. Sinon on sort pas tellement avec des amis.

38Et pour les vacances ?

39Dans l’année, on prend une semaine, mes parents ont une maison dans les Landes, alors on y va. Et on prend quatre semaines l’été, on part pareil en Limousin chez mes parents une semaine, ensuite quand on va chez mes beaux-parents dans les Landes, on part quinze jours, en remontant on s’arrête en Corrèze puis on revient, ça nous coupe le chemin. Autrement, tous les deux ans, on part comme cette année à l’île d’Oléron mais sans réserver… on va à Paris aussi de temps en temps. Mon mari y fait de la course à pied, mais tout seul, pas dans un club, c’est tout… avant il faisait du judo mais il a arrêté. Maintenant mon fils fait du karaté alors il l’emmène.

40Donc le temps partiel, ça n’a pas changé grand-chose pour les loisirs… ?

41Ben non, pas vraiment…

42Il faut ajouter que, pour la grande majorité des salariés à temps partiel interrogés, on ne mélange pas travail et hors travail. Autrement dit, les contacts avec des collègues de travail sont plutôt rares hors de l’univers professionnel. Si l’on s’arrange bien pour prendre ses pauses avec certains collègues plutôt qu’avec d’autres, s’il y a bien des pots de temps en temps, etc., la vie de bureau est une chose, le hors travail en est une autre. A l’heure où s’établissent les premiers bilans sur les 35 heures, un tel constat ne manque pas d’intérêt. De cette investigation sur le temps partiel à La Poste, il apparaît en effet que le principe des vases communicants ne peut guère s’appliquer simplement aux temps sociaux : il ne suffit pas de “vider” un peu de travail pour que, de façon immédiate et mécanique, les temps s’équilibrent et que la vie hors travail soit vécue, dans ses dimensions multiples, sur le mode de l’épanouissement personnel.

43Parce qu’elle a été conduite sur un terrain organisationnel aux traits bien spécifiques, l’investigation dont il est vient d’être rendu compte ne peut prétendre déboucher sur des conclusions à portée générale. Retenons simplement que dans les deux bureaux qui nous ont intéressés, c’est, dans la grande majorité des cas, en réaction à des conditions de travail jugées insupportables et à des perspectives de mobilité professionnelles réduites à néant que les agents optent pour le temps partiel : ce statut permet de se maintenir dans l’emploi tout en autorisant un écart avec un monde jugé éprouvant et peu porteur de promesses. De là une conclusion qui conforte les résultats d’autres recherches dédiées au temps partiel (notamment celle consacrée par Nathalie Cattanéo au cas des infirmières), conclusion en vertu de laquelle le travail à temps partiel n’est pas seulement la cause de conditions de travail et de carrières différenciées entre hommes et femmes mais il peut aussi en être la conséquence.

44Au démarrage de cette recherche, nous ne préjugions pas fortement des résultats qu’il nous a été donné de mettre en évidence. Il convient ici de dire l’étonnement qu’a posteriori une telle enquête a pu susciter. Tout d’abord, plus que dans de nombreux autres secteurs d’activité, c’est la souffrance plus ou moins refoulée par de nombreux interlocuteurs qui nous a frappés. Jamais au long des entretiens que nous avons eu l’occasion de mener, nous n’avons rencontré autant de salariés qui aient exprimé aussi fortement leurs malaises existentiels. Certes, le constat ne vaut pas, loin s’en faut, pour l’ensemble des salariés interrogés. C’est précisément pour éviter une conclusion trop simple et trop massive que nous avons eu recours ici au raisonnement typologique. Mais le lien entre conditions de vie et statut d’emploi nous a paru suffisamment solide pour conclure dans ce cas précis, et par delà la rhétorique de l’articulation “travail-famille”, à l’existence d’une relation forte et ambivalente entre rapport au travail (le travail-souffrance qui ne débouche sur aucune reconnaissance sociale) et rapport à l’emploi (le temps partiel comme défection et apathie et, tout en même temps, comme moyen de garder un pied sur le marché du travail).

Notes

  • [1]
    Anmerkung der Übersetzung : im Original : “En poste à temps partiel”
  • [2]
    Anmerkung der Übersetzung : im Original : “La Poste
  • [3]
    Anmerkung der Übersetzung : im Original in Anführungszeichen
  • [4]
    Anmerkung der Übersetzung : im Original in Anführungszeichen
  • [5]
    Je remercie Gilbert Lefèvre pour ses remarques, critiques et suggestions stimulantes.
  • [6]
    Pour une mise en perspective de ces travaux sur le temps partiel, cf. T. Angeloff (1999).
  • [7]
    Grâce à l’aide de la Mission Recherche de La Poste (N. Barrière, F. Bruston), les enquêtes ont été réalisées par C. Granié, G. Lefèvre et l’auteur du présent article.
  • [8]
    Ces coffres sont situés sur le parcours de distribution des facteurs “ménages” (ceux qui portent le courrier aux particuliers). Pour ne pas avoir à porter en permanence l’ensemble des lettres et colis, les facteurs “ménage” récupèrent les paquets de courrier à distribuer dans ces coffres au fur et à mesure qu’ils avancent dans leur tournée. Ce sont les facteurs “messagerie” qui ont pour charge de remplir ces “coffres relais”.
Français

Pour s’adapter à la nouvelle donne économique qui s’impose à elle, La Poste a adopté depuis plusieurs années une série de mesures dont l’un des objectifs consiste à favoriser la professionnalisation du travail et la flexibilité de l’emploi. Le temps partiel a fait l’objet à ce titre d’une campagne de promotion interne. Fondé sur les résultats d’une enquête menée au sein de deux bureaux de poste de province, cet article met en évidence le fait que, loin de répondre à une logique de la conciliation « travail-famille », l’emploi à temps partiel est avant tout adopté par des salariées qui jugent leurs conditions de travail difficiles à supporter et pour lesquelles les perspectives de mobilité professionnelles sont réduites à néant. Pour dépasser par ailleurs l’opposition «choisi/contraint», il est proposé de typer les formes d’emploi à temps partiel observées à l’aide des catégories hirschmaniennes de l’action collective.

Español

En puesto, a tiempo parcial

Para adaptarse a la nueva situación económica que se impone a ella, la administración de correos ha adoptado, desde hace algunos años, una serie de medidas, uno de cuyos objetivos consiste en favorecer la profesionalización del trabajo y la flexibilidad del empleo. A este propósito, se hizo una campaña de promoción interna sobre el tiempo parcial. Fundado en los resultados de una enquesta realizada en dos oficinas de servicio postal de provincia, este artículo pone en evidencia el hecho de que, lejos de responder a una lógica de conciliación : “trabajo, familia”, el empleo a tiempo parcial es adoptado, sobre todo, por los asalariados que juzgan las condiciones de trabajo difíciles a aguantar ; por lo cual, y en consecuencia, las perspectivas de mobilidad se reducen a cero. Por otra parte, para superar la oposición : “elección - obligación”, es propuesta la caracterización de formas de empleo a tiempo parcial, gracias a la observación y con ayuda de categorias Hirschmanianas de colectiva acción.

Deutsch

Teilzeitarbeit bei der Post [1]

Die Post [2] hat seit einigen Jahren eine Reihe von Maßnahmen zur Förderung von Teilzeitarbeit ergriffen, die teilweise auf der Professionalisierung von Arbeit und der Flexibilisierung von Erwerbsarbeit beruhen, um sich den neuen wirtschaftlichen Gegebenheiten anzupassen, denen sie ausgesetzt ist. In diesem Sinne wurde für Teilzeitarbeit durch eine interne Kampagne geworben. Anhand der Ergebnisse einer Untersuchung in zwei Postbüros außerhalb von Paris zeigt dieser Artikel, daß Teilzeitarbeit nicht etwa auf einer Logik der Vereinbarkeit von „Erwerbstätigkeit-Familienarbeit” [3] beruht, sondern daß insbesondere die Arbeitnehmer teilzeitarbeiten, die ihre Arbeitsbedingungen als schwer zu ertragen betrachten und denen ein beruflicher Aufstieg aussichtslos erscheint. Im Übrigen, um den Gegensatz zwischen „gewählter/erzwungener” [4] Teilzeitarbeit zu überwinden, wird eine Typologie der verschiedenen Formen von Teilzeitarbeit nach den Hirschmanschen Kategorien von Gemeinschaftsaktion vorgeschlagen.

Bibliographie

  • Abélès Marc (1998), Du public au marchand – Antinomie ou compatibilité ?, Paris, Collection de la Mission de la Recherche de La Poste.
  • Alonzo Philippe (2000), Femmes et salariat – L’inégalité dans l’indifférence, Paris, L’Harmattan, coll. Logiques sociales.
  • Angeloff Tania (1999), Le travail à temps partiel : question de temps ou redéfinition des représentations et du statut du travail des femmes ?, thèse de sociologie, Paris VIII, décembre.
  • En ligneBajoit Guy (1988), “Exit, voice, loyalty … and apathy”, Revue française de sociologie, XXIX-2, pp. 325-345.
  • Cattanéo Nathalie (1997), “Le travail à temps partiel : entre rêve et cauchemar”, Les cahiers du MAGE, n° 2, pp. 71-80.
  • Cette Gilbert (1999), Le temps partiel en France, Paris, La documentation française.
  • Hirshman Albert O. (1970), Exit, Voice and Loyalty. Response to decline in Firms, Organizations and States, Cambridge, Mass., Harvard University Press.
  • Kergoat Danièle (1984), Les femmes et le travail à temps partiel, Paris, Ministère du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, document Travail et Emploi, La Documentation Française.
  • Maruani Margaret, Nicole-Drancourt Chantal (1989), La flexibilité à temps partiel. Conditions d’emploi dans le commerce, Paris, La documentation française.
  • Maruani Margaret (2000), Travail et emploi des femmes, Paris, La découverte, coll. Repères, 2000.
Michel Lallement
Michel Lallement est professeur de sociologie au CNAM à Paris. Il s’est spécialisé sur les questions de travail, d’emploi et de relations professionnelles et il a souvent privilégié dans ses recherches une approche comparative. Récemment, il a publié Les gouvernances de l’emploi (Desclée de Brouwer, 1999), Histoire des idées sociologiques (Nathan, 2nde éd. 2000), Working Time Changes (co-éd. avec J. O’Reilly et I. Cebrian, E. Elgar, 2000) et, avec C. Gadéa, “Les rationalisations du temps” in G. de Terssac, D.G. Tremblay (dir), Où va le temps de travail ? (Octares, 2000).
Adresse professionnelle : CNAM - Sociologie du travail, de l’emploi et des organisations - 2, rue Conté - 75003 Paris.
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 24/06/2014
https://doi.org/10.3917/tgs.004.0135
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