Quel chamboulement inouï que celui de la naissance… Le bébé arrive dans notre monde peuplé d’autres personnes et d’objets. D’emblée, il est accueilli par une foule de personnes dans un environnement qu’il ne connaît pas. L’attention est focalisée sur lui au moment de ce passage si crucial. Il fait son entrée dans le monde en canalisant l’attention de tous. Quelle entrée en matière en termes d’attention ! Pour sa survie, il doit être au cœur des préoccupations. Qu’en est-il de son point de vue ? Qu’observe-t-il, et qu’éprouve-t-il ?
La re-connaissance avec la mère est immédiate : le peau-à-peau, l’odeur, la voix sont l’occasion d’une rencontre au parfum de déjà éprouvé. À l’instar d’une sensation de déjà-vu, le bébé retrouve sa mère qu’il découvre. Cette interaction puise sa puissance dans un ajustement de chaque instant de part et d’autre. Fait notable, le bébé se désintéresse du visage de la mère dès lors que l’adéquation n’est plus parfaite. Un film préenregistré de la mère s’adressant à son bébé ne retient pas l’attention de ce dernier comme pouvait le faire un échange en direct, bien que par écrans interposés. Quel affront, cette interaction qui n’en est pas une !
Il faut prendre la mesure des compétences du bébé qui s’expriment à l’occasion de cette expérience : il est donc capable de percevoir que sa mère n’est plus aussi ajustée dans l’attention qu’elle lui porte, et il est également en mesure de détourner son attention. Est-ce en signe de protestation ? Il serait trop audacieux de l’affirmer en tant que tel…