Une femme sur cinq qui accouche en France est une femme migrante. La migration, a fortiori lorsqu’elle est récente et que le couple est isolé, induit une rupture avec les repères antérieurs. Des avis transculturels prodigués par des équipes formées à la clinique transculturelle peuvent être indiqués, le plus souvent en seconde intention, lorsqu’une prise en charge classique n’a pas été suffisante : par exemple, en raison de malentendus culturels, d’errance dans les soins, ou encore de codage culturel de certains symptômes (symptômes dépressifs atypiques, clinique du trauma complexe, etc.). Cependant, la prise en compte de la dimension culturelle peut se faire par tout soignant. Nous souhaitons ici mettre en exergue les dimensions culturelles auxquelles prêter attention en période périnatale.
La période périnatale constitue une des trois grandes phases de vulnérabilité psychique que toute femme enceinte migrante primo-arrivante traverse. La migration induit une rupture brutale avec les repères culturels et familiaux, empêchant les parents de présenter « le monde à petites doses » au bébé, d’autant qu’il s’agit d’un monde dont ils ignorent les codes quand la migration est récente. La mère peut alors se sentir déstabilisée dans la manière de se représenter son enfant, désigné parfois comme étrange et étranger. Selon Moro, le processus de transparence psychique est potentialisé par l’exil : tous ces éléments culturels, que nous pensions appartenir à la génération qui précède, se réactivent et deviennent tout d’un coup importants…