Le cerveau du bébé finit de se construire après la naissance, dans la vie aérienne et relationnelle. Notre espèce fait partie des espèces nidicoles, très dépendante de son environnement pendant une longue période après la naissance, et dont le développement du cerveau se poursuit lentement pendant les premières années de la vie de l’enfant. Nos gènes organisent le développement du cerveau, ses étapes, en lançant des fenêtres « sensibles ». Les expériences (notamment relationnelles) orchestrent la transcription génétique dans une organisation adaptative continuelle des systèmes neuraux. C’est la qualité spécifique des expériences relationnelles précoces qui activent des mécanismes épigénétiques clés et régulent l’expression des gènes (à travers des mécanismes comme la méthylation, le changement de chromatine). L’environnement et la génétique vont ainsi sculpter le cerveau pour augmenter les chances de survie.
Ce système ouvert, très riche, reste cependant vulnérable aux perturbations environnementales, et les expériences précoces ont une influence fondamentale sur le développement cognitif et affectif des bébés.
Le bébé est doté d’un certain nombre de capacités à la naissance, dont une aptitude empathique, qui permet à son psychisme d’anticiper en quelque sorte l’existence d’autrui, et de l’appréhender. L’investissement du corps et du visage de l’adulte s’ajustant aux mouvements et aux états internes du bébé produit un sentiment esthétique et une « jubilation », grâce auxquels le bébé perçoit le reflet de sa propre « beauté » potentielle…