Nous allons nous intéresser, par la présentation de divers tableaux cliniques, à l’observation des mouvements fœtaux et à l’attention que peuvent y porter les « devenant parents ». Ces tableaux, situés sur un continuum entre des situations normales, ou pourrait-on dire « paranormales », et des situations plus psychopathologiques, nous dévoilent les enjeux psychiques singuliers, liés aux sensations cénesthésiques fœtales à l’aube de la parentalité.
Généralement, les premiers mouvements du fœtus in utero sont très attendus par les parents, et plus particulièrement les mères. C’est en effet rassurant de savoir que son bébé va bien et signe sa vie en bougeant. De ce fait, elles y portent une attention particulière, voire parfois dans un certain excès. Nous aurons l’occasion de développer ce point à partir de vignettes cliniques. Sur le plan psychique, les mouvements fœtaux représentent un moment clé dans le parcours de la grossesse. D’abord, le début de grossesse est caractérisé par une expérience de fusion avec l’enfant. Puis, peu à peu, plusieurs facteurs feront advenir ce fœtus à la réalité de la mère, dont l’apparition des mouvements du fœtus. Les premiers mouvements se font généralement sentir aux alentours du quatrième mois de grossesse, et la mère ressent intérieurement la présence physique de l’enfant. Comme l’affirmait M. Soulé en 1982, c’est à travers ces mouvements fœtaux que l’enfant apparaît progressivement dans le psychisme maternel. Ces sensations cénesthésiques obligent la femme à se rendre compte qu’il y a un enfant à l’intérieur de son corps avec ses caractéristiques propres…