Depuis 2014, j’assure la présidence de l’Association européenne de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent (aepea), tâche à laquelle j’accorde la plus grande importance, et à laquelle je consacre donc beaucoup de temps et d’énergie. C’est en effet une manière pour moi de me battre pour tenter de faire prévaloir, dans le champ des troubles mentaux, un modèle polyfactoriel qui tienne compte à la fois des déterminants internes (endogènes) et des déterminants externes (exogènes) du développement psychique et de ses troubles.
La vision des troubles mentaux en général – en particulier, ceux de l’enfant et de l’adolescent – se trouve en effet écartelée aujourd’hui entre deux pôles diamétralement opposés : ces troubles sont considérés comme de nature soit purement endogène et quasi neurologique, soit de nature purement exogène, d’origine traumatique ou réactionnelle, et de ce fait la pédopsychiatrie se voit aujourd’hui menacée d’un clivage entre une composante biologique (ou neurobiologique) et une composante sociale (éventuellement médico-sociale). Le défi de la psychopathologie (dans toutes ses composantes) est à l’inverse de tenter de nouer, d’intriquer, de tresser ensemble les déterminants internes et les déterminants externes de ces différents troubles, afin de travailler à leur interface et de pouvoir ainsi aboutir à un diagnostic structural et à une stratégie thérapeutique spécifiques pour chaque patient.
Aujourd’hui un médecin peut, hélas, terminer ses études de médecine sans avoir même entendu le terme de « psychopathologie », sauf s’il se destine à la psychiatrie ou à la pédopsychiatrie… et encore, je n’en suis pas absolument certain …