La vie psychique est complexe et le « monde comme volonté et comme représentation » d’Arthur Schopenhauer (1814) est en fait infiltré par nos positions inconscientes les plus profondes. Qu’on le sache ou non, qu’on l’admette ou non, qu’on le regrette ou non, il en est ainsi.
De ce fait, ne vouloir tabler que sur l’objectif et le raisonnable équivaut à une certaine amputation de notre vision de la vie psychique. La modernité ne se définit pas par l’évacuation de la subjectivité, évacuation qui ne pourrait aboutir qu’au scientisme. En matière d’observation du vivant, la véritable modernité cherche au contraire à prendre en compte conjointement l’objectivité et la subjectivité, et c’est à cette condition-là seulement que nous pouvons, notamment, nous occuper des enfants, dans une perspective qui ne soit pas illusoire et réductrice.
Le concept de parentalité positive peut sans doute être utile s’il n’est pas un moyen de faire l’économie de la dynamique fantasmatique parentale inconsciente, inévitablement centrée par l’ambivalence.
Plusieurs points doivent ici être rappelés.
– Si l’amour se transforme si facilement en haine dans la vie de tous les jours – chacun le sait bien –, c’est qu’il n’y a pas de relation qui ne soit un mixte d’amour et de haine, même si le mot haine est souvent un peu fort et que celui d’hostilité suffirait sans doute dans la plupart des cas. Pour autant, le concept d’ambivalence ne renvoie pas seulement à cette possible alternance des sentiments en fait banale, mais à leur simultanéité, qui est parfois plus difficile à accepter et même à vivre…