Article
En France, les controverses publiques sur la question raciale sont largement circonscrites par une structure d’opposition à propos de la définition de la nation (civique/ethnique), de l’idéologie politique sous-jacente (universalisme/différentialisme), de la distinction du « modèle français » vis-à-vis d’autres pays (Allemagne, États-Unis ou Grande-Bretagne) et de la définition de l’antiracisme (universaliste/communautariste ou identitaire). Cette structure d’opposition, qu’on peut qualifier de « républicaine » et qui relève non seulement du sens commun, surtout politique, mais aussi d’une théorisation académique (Schnapper, 1991, 1994), établit une équivalence entre « discours républicains français » (au pluriel car hétérogènes de manière diachronique et synchronique) et « aveuglement à la race » (ou colorblindness) (Amiraux & Simon, 2006 ; Dhume & Cohen, 2012 ; Fassin, 2006 ; Sabbagh & Peer, 2008).
Pourtant, de multiples travaux de sciences sociales ont battu en brèche la pertinence de cette (fausse) opposition. Par exemple, l’opposition « nation civique française » versus « nation ethnique allemande », mise en évidence par l’histoire des idées politiques (Brubaker, 1997), a été remise en cause par l’histoire du droit de la nationalité, qui a rappelé que les rédacteurs du code prussien de la nationalité s’étaient explicitement inspirés du code civil français pour établir le « droit du sang » (masculin) comme principe exclusif d’acquisition et de transmission de la nationalité (Weil, 2005)…
Plan
Auteur
Université libre de Bruxelles, Institut de sociologie, GERME, CP 124, avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles, Belgique
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/11/2021

Veuillez patienter...