Article
Cet article se propose d’illustrer à partir d’une trajectoire de recherche particulière, à la fois individuelle et personnelle, la manière dont le travail de terrain tout à la fois appelle et interpelle les catégories de l’analyse. Je m’inscris pour ce faire dans un registre spécifique, hybride – et à ce titre toujours risqué – qui cherche à articuler un retour réflexif sur un cheminement de recherche sur un objet, ici le bénévolat, à une réflexion épistémologique plus large et à vocation collective, sur la manière dont les rapports sociaux traversent non pas seulement nos terrains d’analyse mais aussi nos catégories. Tout en s’appuyant sur plusieurs enquêtes menées seule ou avec des collègues, en France et/ou aux États-Unis, mon propos ne visera donc pas tant à présenter des résultats de recherche sur le bénévolat qu’à exposer les étapes empiriques d’un itinéraire théorique qui commence avec la sociologie de l’engagement et débouche sur une notion, celle d’exploitation. Je montrerai ainsi comment mes enquêtes sur l’engagement bénévole m’ont conduite à développer une sociologie du travail bénévole puis, en analysant les usages de ce travail, invisible comme travail, à formuler des interrogations en termes de travail gratuit et d’exploitation. Je montrerai ensuite comment les analyses féministes du travail domestique m’ont fourni un cadre d’analyse permettant, sinon de résoudre à tout le moins de traiter ces questions empiriques, de les rendre recevables, tout en (ré)ouvrant de nouvelles interrogations plus théoriques, voire épistémologiques, sur la concurrence des figures de l’exploitation qui s’offraient au sociologue et, plus largement, sur le genre de cette catégorie d’analyse et d’autres qui lui sont connexes…
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IDHES-Nanterre, 200 avenue de la République, 92001 Nanterre cedex, France
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/11/2021

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