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Les rapports entre philosophie et sciences sociales sont le plus souvent abordés dans le cadre d’une réflexion sur les frontières disciplinaires. Elle conduit immanquablement à souligner ce qui distingue les manières philosophiques et sociologiques de produire du savoir. Il semble alors en résulter que la philosophie et la sociologie n’ont pas grand-chose à se dire, même si l’une et l’autre peuvent entrer en discussion concernant la réflexion épistémologique (bien qu’elles la conduisent différemment) et de la théorie sociale (qui n’est cependant centrale ni dans l’une ni dans l’autre) (Renault, 2018). En réfléchissant ainsi à ce qui distingue philosophie et sociologie du point de vue des frontières disciplinaires, on leur attribue légitimement des fonctions différentes mais on risque aussi d’oublier qu’elles poursuivent parfois les mêmes objectifs. L’une et l’autre sont en effet souvent motivées, pas toujours certes, par le souhait de contribuer à la caractérisation et à la résolution des problèmes sociaux et politiques de l’époque, en intervenant dans les débats qui sont suscités par la critique sociale qui prend ces problèmes pour objet. S’il ne fait pas de doute que les sciences sociales peuvent proposer leur contribution à ces débats, en rendant disponibles des résultats empiriques ainsi que des concepts et des hypothèses théoriques, il n’est pas exclu que les méthodes de réflexion philosophique puissent elles aussi apporter une contribution utile. Ici encore, cependant, il semble qu’une stricte division du travail doive s’instaurer puisque la philosophie politique, qui reste la principale forme du discours philosophique sur la société, se conçoit généralement comme une réflexion sur les fondements normatifs de la critique sociale…
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Sophiapol, Université Paris Nanterre, 200 avenue de la République, 92001 Nanterre cedex, France
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/11/2021

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