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En France, en l’espace de deux décennies, l’injonction à « faire participer les usagers » a progressivement imprégné les politiques sociales et de santé publique, devenant aujourd’hui une véritable norme d’action publique. À l’instar des dispositifs institutionnels de lutte contre la pauvreté ou de promotion de la santé (Basson & Honda, 2018), qui font des bénéficiaires – en particulier les plus vulnérables – des acteur·rices et citoyen·nes à part entière, les associations jouent un rôle central dans la mise en œuvre de cette nouvelle norme participative (Arnal & Haegel, 2019). La « mission squats » menée par Médecins du Monde (MdM) à Toulouse, sur laquelle porte cet article, s’inscrit spécifiquement dans cette logique, à la fois parce qu’elle vise l’empowerment des habitant·es – très majoritairement migrant·es – de ces lieux et parce qu’elle repose sur la collaboration et la médiation (Duriez, 1997) d’une partie d’entre elles et eux, appelé·es « personnes ressource ». En s’important en France, au courant des années 2000, dans les secteurs du travail social et de la santé (Bacqué & Biewener, 2013 ; Carrel & Rosenberg, 2014), les méthodes dites d’empowerment visent à (re)donner du pouvoir, non plus par l’assistanat, mais par la participation de celles et ceux qui n’en ont pas. Au sein de MdM, cette notion est appréhendée dans sa dimension individuelle (Calvès, 2009 ; Bacqué & Biewener, 2015), comprise comme un état, qui relève d’une capacité d’agir sur sa santé…

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Français

Si comme dans d’autres secteurs, la participation, en santé, des usager·es a progressivement imprégné les politiques publiques et le monde associatif, cette démarche participative est relativement peu analysée sous l’angle des inégalités sociales, et de santé, qu’elle tend à reproduire. En présentant la mobilisation de squatteur·euses – appelé·es « personnes ressource » – au sein de la « mission squats » menée par Médecins du Monde (MdM) à Toulouse, cet article met en évidence le caractère socialement sélectif du recrutement de ces méditeur·rices en santé et analyse les effets inégalitaires d’un dispositif qui vise l’accès aux soins des migrant·es, précaires, vivant en squats, et leur autonomie en matière de santé. En retraçant les trajectoires socio-biographiques de trois « personnes ressource », nous nous intéresserons aux conditions de leur participation auprès de MdM et aux différents modes d’engagement dans ce rôle. Nous interrogerons ensuite le paradoxe que produit cette procédure participative au regard de l’objectif d’autonomie que cette mission vise : entre renforcement et possibilités de reclassement, pour les un·es, et injonctions et normalisation sanitaires, pour les autres.

  • squats
  • inégalités sociales de santé
  • trajectoires
  • ressources
  • dispositif participatif
Sarah Nicaise
Docteure en sociologie, chargée de recherche, CresCo, IFERISS, Université Toulouse 3
Université Paul Sabatier, CRESCO-F2SMH, Pôle Sport, 118 route de Narbonne, 31062 Toulouse cedex 9, France
Philippe Terral
Maître de conférences en sociologie, CresCo, IFERISS, Université Toulouse 3
Université Paul Sabatier, CRESCO EA 7419-F2SMH, Pôle Sport, 118 route de Narbonne, 31062 Toulouse cedex 9, France
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Mis en ligne sur Cairn.info le 13/07/2021
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