CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Que sont devenus les agriculteurs et les agricultrices dans la société française ? Cette question mérite l'attention des sciences sociales tant le secteur agricole a connu des évolutions majeures ces cinquante dernières années. D'abord, sur le plan démographique, le nombre d'exploitations agricoles ­ aujourd'hui environ 500 000 ­ a été divisé par quatre depuis les années 1950. Les agriculteurs ne représentent plus qu'une frange marginale de la population active : 2 % des emplois en France, y compris dans les espaces ruraux, où les 6 % d'agriculteurs et agricultrices pèsent bien peu par rapport aux 32 % d'ouvrier-e-s et autant d'employé-e-s [1].

2 Des années 1960 aux années 1980, des travaux sociologiques importants ont rendu compte de ce déclin démographique, déjà largement amorcé, en l'associant à d'autres processus de longue durée : la disparition des « sociétés paysannes » en tant qu'entités culturelles autonomes, du fait de la pénétration du capitalisme dans l'agriculture (Mendras, 1992 [1967] ; Servolin, 1972 ; Jollivet, 1974) ; le déclassement social de la petite paysannerie qui engendre une crise économique et symbolique des « stratégies familiales de reproduction » (Bourdieu, 2002 [1962-1989] ; Champagne, 2002 [1975-1987]) [2]. Au-delà de leurs différences, ces deux ensembles de travaux ont en commun de ne pas avoir été réellement prolongés, au moins dans un premier temps, comme si l'effondrement démographique épuisait l'analyse. De surcroît, en devenant des classiques de la sociologie générale ­ plusieurs publications ont été rééditées dans les années 1990 et 2000 ­, ces textes ont également pu contribuer à occulter les évolutions plus récentes [3], et ce d'autant plus qu'on assistait au même moment à une mise en sommeil des enquêtes cherchant à situer les agriculteurs dans la société française.

3 En effet, au cours des années 1980 et 1990, les sociologues ayant mené des recherches dans les mondes ruraux se sont surtout intéressés à d'autres objets. Dans la lignée bourdieusienne, certains d'entre eux se sont consacrés aux classes populaires rurales (et principalement aux groupes ouvriers) jusqu'alors peu étudiées en tant que telles (Weber, 2001 [1989] ; Renahy, 2005). D'autres se sont intéressés à la construction sociale des marchés agricoles (Garcia-Parpet, 1986 ; Laferté, 2006 ; Stanziani, 2005), participant à l'essor de la nouvelle sociologie économique qui a trouvé dans les marchés agro-alimentaires un objet privilégié d'investigation (Vatin, 1996 ; Sociologie du travail, 2003 ; Terrains & Travaux, 2005). De son côté, la sociologie rurale d'inspiration mendrasienne, prenant acte de « la fin des paysans », s'est déplacée vers la thématique de l'environnement (Mathieu & Jollivet, 1989 ; Études rurales, 1996 ; Billaud, 2002). Elle s'est aussi logiquement redéployée hors des frontières nationales pour étudier l'évolution des « sociétés paysannes » ­ caractérisées selon Mendras par le maintien d'une « relative autonomie » de la paysannerie à l'égard de la « société englobante » (Mendras, 1992, p. 17-22) ­, et en particulier dans des pays ayant connu de profonds bouleversements économiques (par exemple, Sabourin, 2007 au sujet du Brésil ; Maurel, Halamska & Lamarche, 2003 en Pologne). Plus récemment, elle s'est inscrite dans la problématique de la globalisation afin de décrire différentes figures des « mondes agricoles » partout dans le monde, regroupés autour des pôles de la famille, de la firme et de la subsistance (Hervieu & Purseigle, 2009). Qualifiant l'agriculture française de « mondes éclatés », Bertrand Hervieu et François Purseigle décrivent la co-existence en France de ces différents pôles. Les exploitations agricoles françaises apparaissent ainsi à plusieurs endroits de leur typologie : dans les catégories « agriculture familiale diversifiée, pluriactive et territoriale », « agriculture familiale spécialisée et standardisée », « agriculture familiale sociétaire », mais aussi « agriculture de firme par délégation » ou encore « agriculture paupérisée » (Hervieu & Purseigle, 2013, p. 236 et suivantes).

4 Cette sociologie des « mondes agricoles dans la globalisation » est de fait la plus complémentaire avec la nôtre même si elle ne la recoupe pas. D'abord, l'ambition de ce dossier est plus circonscrite puisque nous sommes centrés uniquement sur la France. Ensuite, Bertrand Hervieu et François Purseigle s'inscrivent dans l'histoire du passage d'une « sociologie des collectivités » (en référence à la sociologie rurale d'hier) à une « sociologie des agriculteurs » (Hervieu, Purseigle, 2013, p. 104). Nous serions tentés de préciser qu'ils proposent finalement une sociologie du secteur agricole, dans la mesure où les agriculteurs sont principalement saisis sur la scène des organisations professionnelles, des filières, des marchés et de l'organisation du travail dans les exploitations. Cette approche, si elle constitue une étape indispensable de l'analyse, doit être prolongée sur d'autres scènes sociales pour saisir la place des agriculteurs dans la société française contemporaine. De plus, elle comporte le risque que la sociologie de l'agriculture constitue le pré carré de spécialistes dont les travaux dialoguent peu avec la sociologie générale.

5 Tentons de soulever un paradoxe. Alors que le nombre de postes au sein de l'Institut national de la recherche agronomique et des établissements supérieurs de l'enseignement agricole reste important, tout comme le nombre de revues spécialisées sur l'agriculture en sciences sociales [4], la sociologie des agriculteurs est aujourd'hui peu visible, très rarement enseignée dans les universités, et faiblement intégrée aux espaces de discussion consacrés aux autres groupes sociaux. Comme si l'organisation même de la recherche et de la connaissance sociologique venait entériner la production politique et institutionnelle d'une séparation sociale des agriculteurs. L'État fournit d'ailleurs un effort particulier pour suivre la production et la population agricoles par un appareillage statistique spécifique : le recensement agricole, les données de la Mutualité sociale agricole (MSA), la base du Réseau d'information comptable agricole (RICA). Ainsi, la diminution drastique du nombre des exploitations agricoles, encore divisé par deux entre les recensements de 1988 et 2010, la croissance spectaculaire de leur productivité, l'extension des surfaces cultivées, la spécialisation des productions au sein des régions et des exploitations, les transformations des processus de production (mécanisation, usages de la génétique et de la chimie organique, informatisation, etc.), l'accroissement des formes juridiques sociétaires aux dépens des exploitations individuelles sont des évolutions très bien documentées [5]. En revanche, lorsqu'on s'intéresse aux agriculteurs et aux agricultrices eux-mêmes, on s'aperçoit que leur origine sociale, leur formation scolaire, leur trajectoire professionnelle, leurs revenus et leurs patrimoines, leur mode d'habitat, et plus généralement leurs modes de vie, leurs pratiques sociales, politiques et culturelles sont bien moins connus que les caractéristiques technico-économiques de leurs exploitations.

6 Ce numéro se propose donc de décloisonner l'agriculture doublement : académiquement, en choisissant sciemment les colonnes d'une revue généraliste de sciences sociales pour s'adresser à un public plus large que les spécialistes ; scientifiquement, en donnant à voir l'hétérogénéité des positions sociales agricoles et en réinscrivant cette diversité dans les configurations sociales au sein desquelles s'actualisent ces différenciations internes. Ce numéro s'inscrit ainsi dans la continuité d'un ensemble de recherches menées par une nouvelle génération de sociologues depuis le début des années 2000, et qui ont déjà donné lieu à plusieurs publications collectives (voir notamment Revue d'études en agriculture et environnement, 2008 ; Hervieu et al. (dir.), 2010 ; Terrains et travaux, 2012). Cet espace scientifique, sans être univoque, présente la particularité de réunir des chercheurs qui, pour la grande majorité d'entre eux, n'ont pas été spécifiquement formés aux études rurales et qui se sont initialement intéressés aux agriculteurs depuis leur domaine de spécialité (principalement la sociologie politique, la sociologie de la famille, la sociologie économique, la sociologie du travail, mais aussi l'anthropologie politique ou l'histoire politique et sociale contemporaine). C'est dans ce contexte qu'ont eu lieu les rencontres à l'origine de cette publication [6]. Il s'agissait de contribuer à l'analyse du positionnement social des agriculteurs dans la société française tout en mobilisant les méthodes et les outils conceptuels habituellement utilisés pour l'étude des autres groupes sociaux. Notre démarche commune peut être définie par un triple parti pris. En premier lieu, alors que les discours des porte-parole syndicaux et les mises en images les plus courantes tendent à présenter l'agriculture comme un secteur socialement homogène et/ou perpétuellement en crise, le travail sociologique doit rendre compte de ses fragmentations internes, en distinguant différents groupes sociaux agricoles et en cherchant à les rapprocher des classes sociales et fractions de classe qui partagent les mêmes caractéristiques. En second lieu, afin d'échapper aux typologies et aux représentations statiques qu'elles produisent inévitablement, il s'agit d'inscrire ces clivages dans une histoire sociale, seule à même de restituer les processus de formation des différences significatives. Enfin, ces recherches visent à rompre avec les schèmes d'analyse ­ autre manifestation du particularisme agricole ­ qui ont longtemps durci les frontières entre les agriculteurs et les membres des autres groupes sociaux, et donc à situer les agriculteurs dans les multiples espaces d'interactions qui participent à leurs socialisations.

Saisir la diversité des groupes sociaux agricoles

7Composée à deux tiers d'hommes et à un tiers de femmes, la population des actifs agricoles regroupe des statuts professionnels bien différents. En 2010, le recensement agricole dénombre ainsi 603 900 chefs d'exploitation et co-exploitants (trois quarts d'hommes), 207 500 aides familiaux (pour moitié des femmes) et 155 000 salariés agricoles (trois quarts d'hommes à nouveau). Aujourd'hui comme hier, situer les agriculteurs et les agricultrices dans des hiérarchies socio-économiques ne va pas sans difficulté, d'abord parce qu'une grande partie d'entre eux sont des indépendants et échappent de ce fait à la plupart des études sur la stratification sociale (Chauvel, 2001) [7]. Selon l'expression de Claude Grignon, le « paysan est inclassable », à la fois chef d'entreprise, propriétaire de ses moyens de production, et ouvrier exerçant une activité productive :

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« Les “jeunes agriculteurs”, les “nouveaux paysans” qui ont su se lancer à temps dans l'élevage industriel seraient des bourgeois s'ils ne vivaient à la fois comme des bourgeois et comme des ouvriers agricoles ou même comme des sous-prolétaires. Ils participent à des séminaires, à des sessions de formation, manient des idées comme s'ils étaient des cadres ou des “managers”, mais ils n'encadrent, au moins pour la production, qu'eux-mêmes et leur famille ; ils font de la gestion et de la prospective, manient de l'argent comme des chefs d'entreprise, mais “se débrouillent”, au moins tant que durent les débuts difficiles, font “tous les métiers”, de la soudure à la comptabilité, après leur journée de “cultivateur” font du “travail au noir légal”, terrassent comme un man uvre, construisent eux-mêmes les nouveaux bâtiments, passent des bottes et du bleu du valet de ferme à la blouse du technicien ou au complet du “responsable.” » (Grignon, 1975, p. 83).

9 L'ambiguïté du statut des propriétaires-exploitants dans les rapports de production mais aussi la diversité des situations socio-économiques selon les régions, les types de production, les caractéristiques des exploitations constituent autant d'obstacles à la définition a priori d'une position particulière des agriculteurs sur une échelle socio-économique. Les concepteurs de la nomenclature des Professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) de 1982 étaient bien conscients du problème posé par le fait de placer « le gros agrarien de la Beauce et le petit paysan de la Corrèze » dans la même catégorie. Ils ont rencontré de solides résistances des représentants de « la profession » au moment de la refonte de la nomenclature : « la représentation du groupe était si solide qu'elle mettait en échec tout critère de différenciation interne » (Desrosières, 1977, p. 113). Au final, la stratification des agriculteurs dans la nomenclature des PCS ne décrit que partiellement cette diversité sociale : les ouvriers agricoles ont été ventilés dans la PCS des ouvriers (6) [8], tandis que les propriétaires-exploitants sont regroupés dans la PCS 1, en trois catégories selon la taille économique de l'exploitation (avec une échelle d'équivalent hectare de blé pour comparer les productions entre elles). Au même moment s'imposait dans la statistique agricole la catégorie des « exploitations professionnelles » (définie à partir de seuils en termes de surface, d'activité économique, d'unité de travail), qui avait bien moins une visée de connaissance que de sélection ­ par l'État et les dirigeants de « la profession » ­ des exploitants pouvant légitimement percevoir les subventions publiques (Rémy, 1990).

10 Toutefois, le contexte idéologique a sensiblement évolué depuis le début des années 1980, dans la mesure où les représentations unifiantes de « la profession », imposées par les syndicats majoritaires, la FNSEA et le CNJA [9], et légitimées par le pouvoir politique dans les années 1960 et 1970, ont par la suite été fragilisées par l'affirmation d'une double opposition syndicale, à gauche et à droite de l'échiquier politique, portée par la Confédération paysanne (Morena, 2011 ; Roullaud 2013) et la Coordination rurale (Purseigle, 2010). De plus, parallèlement à ces luttes entre syndicats « généralistes », cette période se caractérise par la critique multiforme du modèle de « développement » construit et incarné par les dirigeants des organisations dominantes pendant les décennies d'après-guerre (Maresca, 1983), et par la multiplication des définitions de « l'excellence professionnelle », avec notamment l'institutionnalisation de l'agriculture biologique (Leroux, 2011) et des appellations d'origine contrôlée (Rogers, 2013). Ainsi, l'érosion du pouvoir de représentation (Bruneau, 2013) dont ont longtemps bénéficié les organisations dominantes a probablement contribué à lever une partie des obstacles qui faisaient écran aux perceptions des clivages traversant cet espace social.

Capital économique... et autres espèces de capital

11En premier lieu, certains indicateurs semblent attester d'un faible niveau de vie des agriculteurs. La catégorie socio-professionnelle dans son ensemble serait ainsi la plus touchée par la pauvreté, comme le montrent en 2004 les données de l'INSEE sur le taux de pauvreté, selon lesquelles 31 % des agriculteurs disposeraient d'un revenu inférieur de 60 % au revenu médian (contre 16 % des artisans-commerçants, 15 % des ouvriers et 14 % des employés) [10]. Pourtant, parallèlement, la taille des exploitations et le patrimoine des agriculteurs ne cessent de croître. Les agriculteurs sont aujourd'hui, parmi les professions indépendantes, ceux qui détiennent les plus gros patrimoines professionnels, même s'ils sont également lourdement endettés (Bessière, de Paoli, Gouraud et Roger, 2012). Derrière ces statistiques apparemment contradictoires sur la position économique des agriculteurs, on devine, de fait, la diversité des groupes sociaux rangés sous la même catégorie socio-professionnelle.

12 Certes, cette hétérogénéité économique peut être rapportée aux écarts entre régions et types de production, surfaces et capacités de production des exploitations ; mais aujourd'hui elle est aussi fortement façonnée par les mécanismes de valorisation des produits sur des marchés de plus en plus segmentés. En effet, l'agriculture française s'est depuis longtemps inscrite dans une architecture de marchés nationaux et internationaux (Aymard, 1983 ; Béaur, 2000) dont le contrôle politique n'a cessé de se renforcer, au niveau national et européen (Fouilleux, 2003). Les évolutions de ces marchés tendent à différencier les situations économiques des catégories de producteurs comme le montrent les travaux récents portant sur les viticulteurs propriétaires de grands crus (Garcia-Parpet, 2009), les grands céréaliers (Laferté, 2013), les maraîchers (de Raymond, 2007) ou les éleveurs (Chandivert, 2010). Concrètement, certaines catégories de producteurs s'enrichissent en tirant profit des évolutions politiques et marchandes tandis que d'autres se paupérisent et luttent pour ne pas disparaître. Ces écarts de condition sont aussi liés au fait que la structure des opportunités marchandes qui s'offrent aux agriculteurs varie considérablement selon leur position socio-économique, puisque l'activité de production peut être fortement encadrée par les contrats très stricts de l'industrie agro-alimentaire (Lorvellec, 1998) ou au contraire orientée vers des circuits courts de commercialisation (vente directe, AMAP, tourisme à la ferme, ateliers de transformation, etc.) qui permettent une meilleure valorisation (sur les maraîchers biologiques, Samak, 2014).

13 Cette variété de trajectoires économiques est observable au sein d'une même région de production et d'un même statut d'emploi (propriétaires-exploitants), comme l'a montré Céline Bessière pour les viticulteurs de Cognac. Ces derniers, « loin de constituer un groupe social homogène, [...] ont des positions sociales très contrastées : certains vivent dans des châteaux et de grands domaines, d'autres dans de petites fermes où le style de vie est proche de la condition ouvrière, en passant par un dégradé de situations socioéconomiques intermédiaires. » (Bessière, 2011, p.110). Or, la division de l'espace viticole local ne repose pas uniquement sur les caractéristiques socio-économiques des exploitations. Les groupes sociaux viticoles se distinguent également par le type d'habitat, la composition du patrimoine économique (dont les revenus tirés de la production viticole ne peuvent constituer qu'une dimension à côté d'un patrimoine immobilier et financier), les trajectoires scolaires, les ressources culturelles ou les réseaux de relations sociales et professionnelles.

14De fait, comme l'écrivait Patrick Champagne au milieu des années 1980, « si (...) le capital économique reste un facteur important pour définir, à l'intérieur du milieu agricole, les diverses catégories qui le composent et, du même coup, leurs probabilités de se maintenir et de se reproduire, (...) ce capital ne prend tout son sens que par rapport aux autres espèces de capital détenues par les individus ou les groupes » (Champagne, 1987, p. 56-57). Ainsi, et contrairement à ce qu'indique la nomenclature des PCS utilisée par l'INSEE depuis 1982, les principes de division internes à l'espace social agricole ne sont pas réductibles à la dimension économique des exploitations, mais sont le produit de clivages multiples, qui peuvent concerner aussi bien les pratiques « strictement » professionnelles (modes de production et de commercialisation, fréquence et ampleur des investissements, stratégies d'agrandissement etc.), que les rapports entre famille et exploitation, les pratiques de consommation et les modes de vie (temps de travail, loisirs, vacances etc.), les rapports aux savoirs et aux institutions scolaires ou les types de relations entretenues avec d'autres groupes sociaux. Cette liste n'est pas exhaustive, mais elle suffit à faire apparaître la pluralité des ressources et des distinctions mobilisables dans l'espace social agricole.

15 En ne considérant que l'inégale distribution du capital économique, on se priverait notamment des moyens de comprendre les mécanismes qui sont au principe des oppositions politiques et syndicales dans cet univers professionnel [11]. Par exemple, expliquer l'engagement à la Confédération paysanne par la seule référence aux types d'exploitation de ces agriculteurs « de gauche » ­ des éleveurs installés sur des petites et moyennes exploitations pour la plupart d'entre eux ­ occulterait une caractéristique essentielle des trajectoires sociales et des processus de politisation de ces militants, à savoir une socialisation dans les fractions culturellement dominantes pour les enfants d'agriculteurs (largement majoritaires au sein du syndicat), qui a conduit, dès la fin des années 1960 pour les membres de la première génération, à l'adoption d'un ensemble de pratiques sociales et professionnelles distinctives et à la formation d'un tropisme à l'égard des salariés des secteurs de l'éducation, de la santé ou du travail social (Bruneau, 2006).

16 Si la réduction des positions des agriculteurs à leurs ressources économiques a pu limiter la compréhension des distinctions internes à cet espace social, il faut également souligner que les chercheurs en sciences sociales ont le plus souvent étudié ses fractions les plus vulnérables, les plus concernées par la crise de reproduction, en délaissant l'étude des groupes ayant tiré profit des politiques agricoles mises en  uvre depuis l'après-guerre. C'est précisément à l'un de ces groupes, les céréaliers du Châtillonnais, en Bourgogne, qu'est consacré l'article de Gilles Laferté dans ce numéro. Ce travail permet d'attirer l'attention sur une trajectoire collective déterminée par un enrichissement relativement récent, accentué par la réforme de la Politique agricole commune (PAC) de 1992, et dont le caractère spectaculaire est généralement tu ou euphémisé dans l'espace public. Mais là encore, au-delà du seul capital économique, ces mobilités ascendantes s'accompagnent d'une évolution des normes de comportement et des modes de vie, qui incite l'auteur à interroger la nature de cet embourgeoisement et à souligner l'ambivalence du processus. Certes, les grands céréaliers du Châtillonnais constituent une nouvelle fraction de la bourgeoisie locale dans un espace social à forte composante populaire, mais leurs pratiques (économiques, culturelles, sociales) ne sont pas identiques à celles des bourgeoisies urbaines. Cet exemple, comme d'autres travaux récents, montre tout l'intérêt d'une approche dynamique et diachronique de l'espace social agricole, prenant en compte les effets à long terme de certaines transformations sociales et culturelles.

Évolutions structurelles et nouvelles logiques de différenciation

17Depuis une quarantaine d'années, les trajectoires des agriculteurs, et donc aussi leurs expériences socialisatrices, ont été structurellement modifiées par quelques évolutions décisives, relatives aux parcours scolaires, aux modes d'accès au métier et aux relations conjugales. Certains processus ne sont pas toujours bien connus, probablement parce qu'ils n'entrent pas en adéquation avec la figure, encore très prégnante dans l'imaginaire collectif, du « petit paysan traditionnel » maintenu à l'écart des évolutions affectant le reste de la société.

Certification scolaire des compétences professionnelles et transmission familiale du capital économique.

18Alors même qu'ils formaient encore le groupe social le moins diplômé au début des années 1950 (Jégouzo, Brangeon, 1976), les enfants d'agriculteurs sont ensuite entrés dans la compétition scolaire, non seulement pour quitter l'agriculture, dès les années 1960 et 1970 (Champagne, 2002), mais aussi pour devenir agriculteurs. Alors qu'en 1975, 8 agriculteurs âgés de moins de 30 ans sur 10 avaient un diplôme inférieur ou égal au certificat d'études, en 2010 les trois quarts des chefs d'exploitation et co-exploitants de moins de 40 ans ont un niveau d'études équivalent ou supérieur au baccalauréat. Le mouvement de généralisation scolaire des années 1980-1990, caractérisé par l'ouverture aux classes populaires de l'accès au lycée et à l'enseignement supérieur, a donc concerné les enfants d'agriculteurs au même titre que ceux des autres catégories socio-professionnelles. Les instances professionnelles agricoles ont aussi pesé dans ce sens dès les années 1970, en liant politique d'installation et politique de formation (Maresca, 1988), et depuis 1992 un diplôme de niveau baccalauréat est requis pour bénéficier des aides de l'État à l'installation (dotation jeune agriculteur, prêts bonifiés, exonérations de cotisations sociales, etc.). Les familles agricoles intègrent l'allongement de la scolarité des enfants dans leur stratégie de transmission ; elles poussent ainsi leurs enfants à faire des études secondaires et supérieures afin de s'assurer que la reprise de l'exploitation soit bel et bien librement consentie par l'un d'entre eux (et non une simple reprise par défaut) (Bessière, 2010). Les parents agriculteurs considèrent également que l'acquisition de compétences techniques, et surtout comptables, gestionnaires, juridiques et commerciales est désormais indispensable pour conserver la maîtrise de leur production, face aux nombreuses prescriptions des experts qu'ils côtoient au quotidien (Alarcon, 2008).

19Pourtant, de façon assez paradoxale, cette reconnaissance du diplôme comme voie d'accès à la profession ne s'est pas traduite par une réelle diversification sociale des jeunes installés. L'entrée dans le métier se fait toujours principalement par la famille. Devenir agriculteur, c'est encore aujourd'hui hériter d'un patrimoine, d'un métier, d'un ethos entrepreneurial, au sein de familles agricoles (Bessière, 2010 ; Jacques-Jouvenot, 1997), même si les parcours professionnels pré-installatoires se diversifient et passent de plus en plus par une période de salariat, souvent dans le secteur agricole d'ailleurs (coopératives, mutuelles, etc.). En 2010, 9 agriculteurs sur 10 occupent la même position professionnelle que leur père et 84 % des actifs du secteur travaillent uniquement entre apparentés. Les exploitations qui ne sont pas reprises dans la famille sont très souvent achetées ou louées par d'autres enfants d'agriculteurs (Jacques-Jouvenot, Gillet, 2001) [12]. Les exploitations agricoles ne cessent de s'agrandir [13], parce qu'un même jeune exploitant, souvent fils d'agriculteur, ne se contente pas de reprendre l'exploitation de ses parents mais également celle de l'un ou plusieurs de ses voisins sans repreneur qui partent à la retraite. Même l'avènement des sociétés agricoles, dont le nombre a fortement augmenté depuis le début des années 1990 [14], n'a pas signé la disparition des entreprises familiales, bien au contraire. Créées à l'origine pour augmenter la taille des exploitations en réunissant plusieurs agriculteurs au sein d'une même entreprise, elles ont surtout contribué à faciliter le processus de la reprise en permettant la coexistence des générations sur une même exploitation (GAEC père-fils, EARL parents-fils) [15].

20De fait, la concentration et la transmission du capital économique au sein des familles agricoles réduisent les possibilités d'accès au métier pour les prétendants dont les parents exercent une autre profession, et il n'est d'ailleurs pas surprenant de constater qu'ils « choisissent » en général des productions et/ou des systèmes d'exploitation qui permettent de limiter l'apport initial en capital économique. C'est justement le cas des deux maraîchers en agriculture biologique qu'étudie Jean-Baptiste Paranthoën dans ce numéro. Sans être représentatifs de l'ensemble des maraîchers biologiques, tant cet espace professionnel est lui aussi caractérisé par une forte diversité sociale (Samak, 2014), ces deux jeunes agriculteurs, issus de « la petite bourgeoisie » parisienne, installés sur la même exploitation, constituent une bonne illustration d'un mode d'entrée dans le métier reposant sur d'autres ressources. En effet, plutôt que de s'arrêter sur « l'échec scolaire » antérieur à cette mobilité sociale, l'auteur décrit les différentes étapes qui rendent possible leur installation, comme la conversion du baccalauréat en titres scolaires agricoles pour l'obtention des aides publiques, ou les affinités culturelles et les mécanismes de reconnaissance sociale qui déterminent à la fois leur intégration à l'espace local et le choix de la vente directe comme mode de commercialisation. Pour autant, comme le montre l'enquête ethnographique, les deux jeunes maraîchers n'adoptent pas les mêmes pratiques, de même que leur rôle et leur place sur l'exploitation sont nettement différenciés. Ces observations permettent de rappeler que les petits décalages entre trajectoires sociales peuvent encadrer les modes d'appropriation du statut d'exploitant agricole.

Les transformations des rapports entre famille et exploitation

21Cependant, ce n'est pas parce que la forme de l'exploitation familiale perdure, qu'il n'y a pas de changements profonds dans son fonctionnement. Le phénomène le plus marquant est l'érosion du modèle de l'agriculture comme un métier de couple, modèle qui ne concerne plus qu'un quart des exploitations aujourd'hui (Dufour, Giraud, 2012). Cette érosion est transversale à tous les groupes sociaux agricoles mais prend des formes différentes selon les positions sociales.

22Manifestation la plus spectaculaire de la crise de reproduction de la paysannerie (Bourdieu, 2002 [1962]), l'augmentation du célibat des agriculteurs se poursuit puisqu'il concerne environ un quart des exploitations, mais il importe de souligner qu'il se concentre désormais tout en bas de la hiérarchie socio-professionnelle. Dans les années 2000, les agriculteurs entrent globalement plus difficilement sur le marché conjugal que les autres catégories socio-professionnelles. Cependant, les écarts sont très importants entre les hommes [16] agriculteurs sur de petites exploitations, particulièrement dans le secteur laitier (le plus intensif en main d' uvre familiale), qui sont parmi les plus nombreux en France à n'avoir jamais connu d'expérience de vie en couple, et les agriculteurs sur de grandes exploitations qui connaissent aussi peu de difficultés pour entrer sur le marché conjugal et pour rester en couple que les classes moyennes et supérieures (Jégouzo, 1991 ; Giraud, 2012).

23D'autre part, longtemps décrits comme les plus homogames, les hommes agriculteurs se mettent aujourd'hui de moins en moins en couple avec des filles d'agriculteurs (Giraud, Rémy, 2008). Cette croissance de l'hétérogamie depuis les années 1990 est indissociable du prolongement général des scolarités, de la diversification des parcours professionnels pré-installatoires et des transformations des sociabilités juvéniles que ces processus ont entraînées (Bruneau, 2010). Elle peut également être l'indice d'un accroissement de la valeur sociale globale des agriculteurs sur le marché conjugal, provoqué par la disparition des plus petites exploitations et l'agrandissement considérable de celles qui se maintiennent. De plus, les transformations des processus de production ne supposent plus nécessairement une coopération entre conjoints et participent à l'ouverture des possibles conjugaux. En effet, les épouses d'agriculteurs ne sont plus nécessairement aides familiales (Barthez, 1982 ; Lagrave, 1987), mais occupent de plus en plus souvent des emplois salariés à l'extérieur de l'exploitation, souvent dans des emplois fortement féminisés du secteur tertiaire en milieu rural. Au début des années 2000, c'était le cas de deux tiers des conjointes dans les ménages d'agriculteurs âgés de moins de 40 ans (Rattin, 2002). Mais là encore, ces transformations des pratiques conjugales varient beaucoup selon les groupes sociaux agricoles. Tandis que dans les secteurs les moins spécialisés (polyculture-élevage), certaines tâches comme la traite ­ contraignantes en termes d'horaire et difficiles à salarier ­ supposent toujours une forte participation féminine, d'autres exploitations peuvent plus facilement se passer de la main-d' uvre conjugale car leur orientation productive (céréaliculture, élevages porcins et de volailles, viticulture) et leur dimension économique permettent le recrutement de salariés ou ne nécessitent que le travail d'une seule personne (Giraud, Rémy, 2008).

24Il est indispensable de tenir compte des compagnes d'agriculteur ­ qu'elles soient elles-mêmes agricultrices ou non ­ de leur emploi et de leurs ressources pour mieux saisir les positions sociales des agriculteurs dans la société française. On sait, par exemple, que les femmes agricultrices, notamment celles qui sont les plus diplômées, ou qui ont eu des trajectoires professionnelles en dehors de l'agriculture, jouent un rôle déterminant dans la mise en place de formes innovantes de commercialisation des productions agricoles et viticoles (ateliers de vente directe, tourisme à la ferme, etc.) (Giraud, 2001). Quant à celles qui sont salariées en dehors de l'exploitation, elles occupent pour la plupart d'entre elles des emplois peu rémunérateurs et ont des progressions de carrière peu favorables (contrats à durée déterminée, temps partiel, chômage, alternance entre périodes d'emploi, congés maternité ou parentaux), mais on observe néanmoins une variété de positions salariées depuis des postes d'employées peu qualifiées (aides à domicile, aides soignantes, caissières etc.) jusqu'à des professions intermédiaires pour les plus diplômées d'entre elles (infirmières, institutrices, etc.). Elles introduisent au sein des familles agricoles de nouvelles pratiques issues du salariat, notamment en termes d'usage du temps (week-end, congés, vacances) et de séparation des espaces domestique et professionnel. Mais il ne faudrait pas non plus conclure qu'elles ne participent plus à l'exploitation. La coopération financière peut se substituer à la coopération économique, puisqu'elles contribuent souvent aux charges fixes du foyer en étant directement sollicitées en tant que caution ou co-empruntrices par les banques pour des emprunts concernant l'exploitation. En outre, une partie d'entre elles continuent de participer au travail agricole, en sus de leur activité salariée, et c'est souvent le cas des plus fragiles sur le marché du travail salarié (Bessière, 2010).

25Dans la continuité de ces réflexions, l'article de Céline Bessière et Sibylle Gollac saisit les transformations des pratiques familiales des agriculteurs non pas dans les exploitations, mais au tribunal de grande instance, au cours d'une enquête sociologique plus vaste sur le traitement judiciaire des séparations conjugales (Collectif Onze, 2013). Partant du postulat que les agriculteurs et leurs compagnes ne sont pas à l'abri de la fragilisation croissante des rapports conjugaux, elles étudient les implications spécifiques des divorces pour les agriculteurs, liées notamment au caractère familial des entreprises. Elles examinent ainsi les modalités selon lesquelles les exploitations agricoles résistent (ou non) au divorce. Or, les dossiers judiciaires de divorce témoignent de l'existence de groupes sociaux d'agriculteurs inégalement dotés en capitaux économiques, culturels et sociaux, au sein desquels les séparations conjugales n'ont pas les mêmes conséquences. L'article met également en lumière la persistance de la non-reconnaissance, ici par l'institution judiciaire, de la contribution économique (productive ou aujourd'hui plus souvent financière) des femmes dans les exploitations agricoles. Ainsi, la perpétuation de la domination masculine, selon des modalités renouvelées, participe plus largement à la reproduction des inégalités des positions socio-économiques des exploitants agricoles.

Inscrire les groupes sociaux agricoles dans leurs espaces d'interaction

26Comme on le perçoit aisément, les différentes fractions de l'espace social agricole ont été très inégalement « touchées », selon des intensités et des temporalités variables, par ces évolutions de longue durée affectant l'entrée dans le métier, la famille, le travail et les exploitations. Il faudrait pouvoir saisir précisément les moments et les processus par lesquels de nouvelles conduites se sont imposées dans certains secteurs, mais aussi les résistances, les évitements ou les incompréhensions auxquels elles ont pu donner lieu. Cependant, outre le fait que cette entreprise supposerait un vaste programme de recherche, cette histoire sociale des différenciations internes resterait peu satisfaisante si elle continuait de penser « le monde agricole » comme séparé des autres groupes sociaux par des frontières étanches [17]. Non seulement les agriculteurs nouent des relations avec les salariés des structures d'encadrement de « la profession » ­ comme les comptables des centres de gestion, les contrôleurs sanitaires, et les techniciens et conseillers des banques, des chambres d'agriculture, des coopératives et entreprises agroalimentaires (Rémy, Brives, Lémery, 2006) ­, mais d'autres interactions les confrontent régulièrement à d'autres univers sociaux. On a déjà évoqué le cas des compagnes occupant un emploi salarié en dehors de l'exploitation, et il suffit de penser aux relations de voisinage ou aux sociabilités construites dans le cadre des loisirs, des engagements associatifs (les parents d'élèves par exemple) et de l'exercice des responsabilités politiques locales [18] pour prendre la mesure des limites d'une analyse autonomisant les pratiques sociales et culturelles des agriculteurs.

27On comprend alors que pour être totalement heuristique une sociologie des agriculteurs ne peut être dissociée d'une sociologie des espaces sociaux localisés dans lesquels prennent place ces interactions (Laferté, 2014). Si l'on sait aujourd'hui que les mondes ruraux sont caractérisés par une forte représentation numérique des classes populaires, relativement plus importante que dans les espaces urbains (Mischi, 2013), les configurations sociales n'y sont pas pour autant homogènes (Politix, 2008). Or, alors que les articles de Gilles Laferté et de Jean-Baptiste Paranthoën, dans ce numéro, nous donnent à voir des agriculteurs s'intégrant aux petites bourgeoisies et bourgeoisies locales, l'article de Julian Mischi déplace le regard vers un autre type de configuration et permet de rappeler que certaines fractions de l'espace social agricole restent structurellement liées aux groupes ouvriers. A partir d'une enquête sur un atelier SNCF situé dans un bourg rural, l'auteur s'intéresse aux cheminots dont les parents étaient agriculteurs. Mais, à la différence des travaux ayant étudié des sorties de l'agriculture qui s'accompagnaient d'une mise à distance de la campagne, l'analyse porte ici principalement sur des ouvriers ruraux qui n'ont pas quitté l'espace local d'origine. L'approche ethnographique permet de mettre l'accent sur le caractère composite de leurs socialisations, dans la mesure où ces cheminots « paysans » se distinguent notamment des autres ouvriers par le maintien de pratiques, hors-travail, qui renvoient généralement aux activités agricoles. De plus, les jeux de réputation au sein de l'atelier véhiculent l'idée d'une nette différence de comportements entre les cheminots d'ascendance ouvrière et ceux d'ascendance agricole, et ne sont pas sans effet sur la manière dont ces derniers construisent leur appartenance ouvrière. Par conséquent, si cet article illustre la porosité des frontières entre groupes sociaux, beaucoup moins rigides que ne le laissent supposer les divisions en catégories socio-professionnelles, il incite également à étudier les logiques, qui, dans certains contextes, conduisent les acteurs à les rétablir, ponctuellement ou non. D'une manière plus générale, le travail de Julian Mischi montre tout l'intérêt d'une enquête consacrée aux marges de l'espace social agricole, et répond donc lui aussi au principal objectif de ce numéro : donner à voir la diversité des positions sociales des agriculteurs, tout en observant ces différenciations sur des scènes multiples.

Notes

  • [1]
    INSEE-RP 2008 (1/4) exploitation complémentaire, CESAER Dijon 2013 (traitement Abdoul Diallo).
  • [2]
    Cette présentation laisse sciemment de côté des pans entiers des études rurales ­ notamment en histoire, en ethnologie et en géographie ­ pourtant centrées sur l'étude de la paysannerie en France et qui ont connu leur âge d'or au milieu des années 1970 (Rogers, 1995 ; Debroux, 2009), pour se concentrer sur la sociologie qui a plus explicitement posé le problème du positionnement des agriculteurs dans la société française.
  • [3]
    Le recueil d'articles de P. Champagne, L'Héritage refusé, publié en 2002 aux éditions du Seuil et qui rassemblait six articles initialement publiés entre 1975 et 1987, avait pour sous-titre “La crise de la reproduction de la paysannerie française 1950-2000”, comme si l'analyse pouvait s'appliquer, par simple extension, aux quinze années suivantes.
  • [4]
    Études rurales, Ruralia, Histoire et sociétés rurales, Économie rurale, Cahiers d'économie et de sociologie rurales devenue la Revue d'études en agriculture et environnement.
  • [5]
    Voir les publications sur le site de l'Agreste (qui rassemble les publications statistiques du ministère de l'Agriculture) ou encore Hervieu et Purseigle, 2013, p. 137 et suivantes pour une présentation synthétique des données du recensement agricole de 2010. Remarquons également que les données statistiques brutes restent peu accessibles aux chercheurs en dehors des institutions spécialisées.
  • [6]
    Ce numéro rassemble une partie des contributions présentées dans le cadre de deux journées d'études « Les agriculteurs dans la société française » qui se sont tenues à Dijon en janvier 2011 et septembre 2012, en collaboration avec le CESAER (INRA). Les autres contributions, pour une majeure partie d'entre elles, ont été publiées dans le numéro spécial de Politix, « Représenter les agriculteurs » (Politix, 2013). Ont participé à ces journées d'études : Mélanie Atrux, Céline Bessière et Sibylle Gollac, Ivan Bruneau, Arnauld Chandivert, Ivan Chupin et Pierre Mayance, Sabrina Dahache, Marie-France Garcia-Parpet, Christophe Giraud et Jacques Rémy, Alexandre Hobeika, Gilles Laferté, Edouard Lynch, Julian Mischi, Jean-Baptiste Paranthoën, Juliette Rogers, Elise Roullaud, Madlyne Samak.
  • [7]
    Construite à partir des années 1950, la nomenclature des catégories socioprofessionnelles de l'INSEE a été développée par et pour une société salariale. Classés dans des catégories qui leur sont dédiées, les indépendants (contrairement aux salariés) ne sont pas inscrits dans des classifications professionnelles hiérarchisées. Il faut dire que des critères usuels comme le revenu, la position dans l'organisation du travail ou les qualifications ne permettent pas de hiérarchiser les indépendants entre eux de façon satisfaisante (Zarca, 1986 sur les artisans ; Bruno et Zalc, 2003 sur les commerçants).
  • [8]
    Il sera peu question des ouvriers agricoles dans ce numéro. Cette population, longtemps négligée par les études rurales (Hubscher et Farcy, 1996), mériterait cependant davantage d'investigations sociologiques. En effet, les effectifs des travailleurs salariés de l'agriculture sont restés stables ces vingt dernières années (et ont donc sensiblement crû en proportion). En 2010, selon le recensement de l'agriculture, 17 % du travail agricole était réalisé par des salariés permanents et 10 % par des saisonniers. Cette proportion varie considérablement selon les types de production : elle est bien plus élevée dans les secteurs du maraîchage-horticulture, de la viticulture et de l'arboriculture. Des travaux récents, émanant de la sociologie des migrations, du travail et de la santé, sont consacrés aux conditions d'emploi et de travail des plus précaires d'entre eux, les salariés saisonniers étrangers dans les productions intensives de fruits et légumes (Études rurales, 2008).
  • [9]
    La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles et le Centre national des jeunes agriculteurs.
  • [10]
    Il faut rester très prudent dans l'interprétation de ces données tant on sait les difficultés des statistiques à saisir les revenus et les niveaux de vie des agriculteurs, du fait des variations des revenus d'activité d'une période à l'autre, de l'absence de contrôle des déclarations par un tiers-employeur, ainsi que des pratiques de « domestication de l'administration fiscale » (Spire, 2011). Pour un exemple de sous-déclaration importante des revenus d'un viticulteur d'un grand cru, voir Bessière, Gollac dans ce numéro.
  • [11]
    On se priverait également des moyens de comprendre les souffrances sociales des agriculteurs. Par exemple, si le sur-suicide des agriculteurs touche particulièrement les franges les plus fragiles économiquement (éleveurs, petites exploitations), ces drames ne s'y réduisent nullement et surviennent également dans de grandes exploitations rentables (voir notamment les articles de D. Jacques-Jouvenot et N. Deffontaines dans Études rurales, 2014).
  • [12]
    Ainsi, selon l'enquête Structure 2005 du ministère de l'Agriculture, entre 2003 et 2005, parmi les 15 % d'agriculteurs qui se sont installés sur une exploitation sans aucun lien de parenté avec leur prédécesseur, environ la moitié avaient des parents eux-mêmes agriculteurs.
  • [13]
    La « surface moyenne » des exploitations a doublé entre les recensements agricoles de 1988 et 2010.
  • [14]
    Un tiers des exploitations, surtout les plus grandes, sont désormais organisées sous la forme de sociétés civiles agricoles, et il s'agit principalement de groupements agricoles d'exploitation en commun (GAEC) et d'exploitations agricoles à responsabilité limitée (EARL).
  • [15]
    En 2010, seulement 5,5 % d'entre elles réunissaient des associés dépourvus de liens de parenté (Olivier-Salvagnac et Legagneux, 2012).
  • [16]
    Dans la mesure où une majorité d'agricultrices entrent dans le métier par la conjugalité, elles sont mécaniquement moins touchées par le célibat.
  • [17]
    On retrouve ici l'un des risques inhérents à toute sociologie spécialisée, bien mis en évidence par Claude Grignon et Florence Weber au début des années 1990 (Grignon, Weber, 1993).
  • [18]
    Même si la proportion d'agriculteurs parmi les élus municipaux a baissé depuis la fin des années 1970, ils continuent d'être fortement surreprésentés sur les scènes politiques locales (voir par exemple Koebel, 2012).

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Céline Bessière
Université Paris-Dauphine
IRISSO et CMH
celine.bessiere@dauphine.fr
Ivan Bruneau
Université Lyon 2. Laboratoire Triangle
ivan.bruneau@univ-lyon2.fr
Gilles Laferté
Département SAE2. INRA-CESAER, Dijon
gilles.laferte@dijon.inra.fr
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Mis en ligne sur Cairn.info le 29/01/2015
https://doi.org/10.3917/soco.096.0005
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