En France, la pratique du coït interrompu a été très peu interrogée par les travaux portant sur la contraception. Or, près de la moitié des individus y ont déjà eu recours au cours de leur vie. Cet article vise à renseigner les modalités de l’utilisation contemporaine du coït interrompu – ou retrait – et à interroger la manière dont cette pratique sortant de la norme médicale s’insère dans des normes intimes (de genre et sexuelles, en particulier) qu’elle peut recomposer. Il s’appuie sur un corpus de 54 entretiens sur la vie contraceptive et sexuelle, ainsi que sur les enquêtes Fecond 2010 et 2013 (Inserm/Ined). L’article montre que le recours au retrait peut résulter soit d’une impossibilité d’avoir recours à une contraception médicale, soit d’un choix visant à éviter une telle contraception, par exemple suite à des effets secondaires imputés aux hormones de synthèse. Il peut également être plébiscité pour permettre une meilleure répartition du travail contraceptif au sein du couple. Lorsque la méthode est utilisée, l’article met en évidence que, lorsque la méthode est utilisée, elle implique une technique sexuelle qui peut être considérée comme constitutive de la masculinité, mais aussi qu’elle s’insère dans un « script sexuel » qu’elle vient perturber. C’est finalement le fait de réussir à obtenir du plaisir avec cette méthode qui explique la persistance ou non de son utilisation. Ainsi, l’article met en lumière la nécessité de dépasser une analyse qui serait seulement médicale de cette pratique, au profit d’une attention aux normes intimes qui l’entourent et qu’elle met en jeu pour les individus.
Mots clés
- retrait
- contraception
- genre
- sexualité
- normes