1 Des travaux récents ont documenté une forte incidence de la morbidité sévère et de la mortalité, en lien avec l’infection à COVID-19, chez les personnes immigrées ou appartenant à des minorités ethno-raciales aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Suède, au Brésil, en Espagne et en Afrique du Sud. En particulier, les populations « racisées », pour emprunter un terme venant des sciences sociales, ont un moindre accès aux tests de dépistage, des taux de maladie sévère due au COVID-19 et de mortalité plus élevés et des séquelles plus importantes lorsqu’elles survivent à l’infection. Cependant, à l’exception notable de la Grande-Bretagne, les pays européens ne déclarent pas en routine de statistiques COVID-19 selon le statut migratoire ou la catégorie ethno-raciale (i.e. le pays de naissance, la nationalité ou l’appartenance à un groupe minoritaire). La situation de la France est à ce titre exemplaire.
2 En France, les personnes immigrées représentent 10 % de la population et les descendants d’immigrés 12 %. Par rapport à la population non-immigrée, les personnes nées à l’étranger ont en moyenne eu des taux de mortalité toutes causes deux fois plus élevés entre mars et avril 2020, dont une partie est due au COVID-19. Cependant, l’ampleur exacte de ces disparités peut être estimée seulement si le statut migratoire et l’origine ethno-raciale sont recueillis dans des données populationnelles mesurant la morbidité et l’accès aux soins en population. Ces données, ainsi qu’un contexte général de discussion au sujet des discriminations liées à l’appartenance ethno-raciale des personnes, a donné lieu à une discussion publique renouvelée sur les risques et bénéfices des « statistiques ethniques » et la nécessité de collecter plus systématiquement des données ethno-raciales dans le domaine de la santé. Cette présentation abordera les connaissances actuelles dans le domaine, ainsi que les indicateurs pouvant être utilisés et leur signification précise.