Problématique majeure de la santé reproductive, la pratique de l’avortement est un phénomène difficile à quantifier dans plusieurs pays du monde, que ce soit dans les pays avancés ou dans les pays en développement, dans les cadres juridiques restrictifs comme les libéraux [1]. En effet, dans tous les contextes et toutes les situations, les événements hautement stigmatisant, tels que les avortements provoqués, sont susceptibles d’être sous-déclarés, ce qui rend l’évaluation de leur ampleur réelle particulièrement difficile [2].
Selon l’OMS (2013), ces restrictions ne diminuent pas le recours à l’avortement, mais augmentent probablement le nombre de femmes cherchant à avorter par des moyens illégaux et non sécurisés, dans les pires conditions de sécurité, par des personnes incompétentes ayant recours à des méthodes dangereuses et invasives [3]. Il en résulte que, dans les pays en développement dotés des lois restrictives combinées à une offre limitée de services légaux de la pratique de l’avortement, la mesure de son ampleur constitue un enjeu causé par la rareté des données. En effet, les statistiques sanitaires et hospitalières ne sont pas des sources d’informations fiables, car peu d’avortements se pratiquent dans le système officiel de santé, et les avortements sont de ce fait souvent clandestins [1, 4-7].
Durant la période 2015-2019 et à l’échelle mondiale, le taux de grossesses non désirées est de 64 pour 1 000 femmes en âge de reproduction dont 61 % se termine par un avortement, soit 73,3 millions avortements, en augmentation par rapport à la période 1990-1994, et plus encore dans les pays aux lois plus restrictives en la matière [8]…