CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Les générations de retraités actuelles ont été témoins des grands changements urbains qui ont marqué le xxe siècle : croissance de la proche banlieue des années de l’entre-deux-guerres (Bastié, 1964 ; Fourcaut, 2000), crise du logement après-guerre, rénovation urbaine de Paris (Coing, 1966), expérimentation d’un habitat de type nouveau représenté par le grand ensemble (Clerc, 1967 ; Chamboredon & Lemaire, 1970), développement de l’accession à la propriété avec les premiers lotissements à l’origine du processus périurbain (Raymond et al., 1966). Leurs trajectoires résidentielles se sont déroulées dans un contexte immobilier particulièrement avantageux lors des Trente Glorieuses, qui a permis un élargissement de l’offre de logement, avec le passage d’un « non-choix », où la majorité des ménages était locataire dans le parc privé, à un éventail plus large des possibles, aussi bien en termes de statut (location privée, location HLM, accession sociale, propriété), que de localisation (Bonvalet, 2010). Ces générations ont aussi bénéficié d’une amélioration sans précédent des conditions de logement (Merlin, 2005 ; Bonvalet & Arbonville, 2006 ; Bonvalet, 2007) et de la diffusion de la propriété – notamment grâce au développement du crédit comme en témoigne l’évolution du taux de propriétaires parmi les personnes âgées de plus de 65 ans qui est passé de 63 % en 1984 à 75 % en 2013 (Laferrère et al., 2017). Autres mutations traversées par ces générations, la famille. En soixante ans, celle-ci s’est radicalement métamorphosée…

Français

Cet article retrace les parcours résidentiels des 58 retraités nés entre 1927 et 1952 interrogés dans le cadre de l’enquête Amare et les resitue dans le temps long pour les envisager en tenant compte des différentes trajectoires (familiales, sociales, professionnelles) qui composent la vie des individus – l’idée directrice étant que ces dernières constituent une même histoire personnelle (Girard, 1964 ; Grafmeyer, 2010). Prendre en compte l’ensemble des sphères de vie tout en analysant leur intrication est un moyen de saisir l’intelligibilité des trajectoires, d’en appréhender les logiques, de découvrir des effets de « contamination » d’une sphère à l’autre (Bidart, 2006), mais aussi d’observer les « bifurcations biographiques » (Grossetti et al., 2009) qui impliquent des arbitrages, des réaménagements. La mobilité sera alors appréhendée comme « la capacité des êtres sociaux au cours de leur existence à redéfinir le sens des situations auxquelles ils se trouvent confrontés et les enjeux qui leur importent » (Grafmeyer, 1994).
Après avoir décrit les trajectoires résidentielles des enquêtés dans leur ensemble, nous examinerons comment celles-ci, traversées par le processus de désinstitutionalisation de manière différente selon le genre et la génération, se sont écartées du modèle de parcours logement mis en place depuis les années 1960.

Mots-clés

  • mobilité résidentielle
  • parcours de vie
  • famille
  • générations
  • retraite
Céline Clément
Université Paris-Nanterre, Cresppa – GTM (UMR 7217)
Catherine Bonvalet
Ined
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Mis en ligne sur Cairn.info le 25/10/2021
https://doi.org/10.3917/rs1.086.0048
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