Observer les phénomènes de gentrification des quartiers centraux populaires permet de comprendre comment des espaces initialement peu valorisés deviennent attractifs, et pour qui. Les différences de rythmes, de formes et d’acteurs de la gentrification entre les Pentes de la Croix-Rousse à Lyon et le Bas-Montreuil en région parisienne invitent à démêler les effets des transformations sociales et urbaines globales d’un côté, des contextes locaux spécifiques de l’autre, et à souligner le rôle moteur des enjeux sociaux attachés à la résidence.
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La gentrification désigne les processus par lesquels des quartiers centraux initialement peuplés de classes populaires, peu valorisés dans les représentations collectives dominantes et sur le marché immobilier, attirent des ménages de plus en plus dotés économiquement et socialement et, au gré de leur arrivée, se transforment. Elle permet d’interroger ce que de nombreux professionnels et média appellent l’attractivité, et de mettre en lumière son implicite normatif : est dit attractif un espace qui attire des classes moyennes et supérieures, populations jugées désirables. On parlera ici plutôt de logiques du choix résidentiel et de mécanismes de valorisation des espaces urbains pour éclairer les facteurs de cette transformation des quartiers populaires.
Parmi la riche littérature consacrée à la gentrification, on peut identifier deux types de logiques explicatives. D’un côté, des facteurs structurels et exogènes aux quartiers eux-mêmes : transformations sociales des grandes métropoles, mutations de la géographie économique et logiques de réinvestissement public et privé ; de l’autre, une logique endogène et contextuelle qui fait du changement social et urbain son propre moteur, l’installation d’habitants au profil socio-économique un peu plus élevé que les précédents rendant le quartier attirant pour de nouveaux habitants toujours plus nombreux et mieux dotés (Lees, Slater & Wyly, 2008).
À partir de l’étude des Pentes de la Croix-Rousse à Lyon et du quartier du Bas-Montreuil en banlieue parisienne entre 1975 et 2005 (Collet, 2015), on montrera comment s’articulent logiques endogènes et exogènes, facteurs contextuels et structurels, dans les dynamiques de gentrification…
Résumé
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Auteur
Chercheuse au laboratoire SAGE, membre junior de l’Institut Universitaire de France et chercheuse associée à l’Ined (unité LIST)
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/01/2022
- https://doi.org/10.3917/rce.028.0189

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