Qui sont les travailleurs indépendants ?
Ils représentent aujourd’hui environ 11 % de la population active en France, dans une société majoritairement salariale. Mais le travail indépendant se renouvelle. D’abord numériquement : depuis la création du régime de l’auto-entrepreneur en 2008, la part d’indépendants connaît une nouvelle hausse, après un siècle et demi de baisse quasi continue (Marchand, 1998). Ensuite, par sa composition sociale, avec l’essor de ses fragments les plus précaires. Le travail indépendant est particulièrement disparate en termes de statut, de niveau de qualification et de rémunération. D’un côté, les professions libérales peuvent plus facilement jongler entre travail salarié et indépendance, et sont protégées par des titres de qualifications ; à l’autre bout du spectre, les auto-entrepreneurs disposent d’un revenu mensuel moyen de 470 € quand celui de l’ensemble des non-salariés « classiques » atteint 3 580 € (INSEE, 2020). Malgré un fort taux de renouvellement, leur nombre est assez stable depuis 2011, autour d’un million. Parmi eux, une figure s’est développée massivement, celle des travailleurs des plateformes.
L’auto-entrepreneuriat, en tant que dispositif d’action publique, est l’aboutissement d’une trajectoire initiée à la fin des années 1970 et qui consiste à rompre avec le modèle de la société salariale, pour encourager politiquement la création d’activité. Instituée en 1976 sous Raymond Barre, l’ACCRE (Aide aux chômeurs, créateurs, repreneurs d’entreprises) se présentait alors comme une première réponse, très libérale, à la montée du chômage des cadres, supposés avoir les compétences nécessaires pour créer leur entreprise et de nouveaux emplois…