Comment les migrations affectent-elles les rémunérations des agents : ceux qui migrent, ceux qui accueillent, ceux qui restent dans leur pays d’origine ?
Sachant que les migrations économiques sont motivées principalement par des écarts de salaires, elles consistent à transférer du facteur travail de pays où il est abondant et donc relativement mal rémunéré vers des pays où il est relativement rare et où les salaires sont supérieurs. On s’attend alors à ce que l’accroissement de l’offre de travail consécutive à l’immigration induise dans le pays d’accueil une baisse des salaires, et inversement dans le pays d’émigration. Pour autant, les études empiriques sur l’immigration montent des résultats plutôt nuancés. Notamment, les effets de l’immigration sur les salaires ou l’emploi des travailleurs natifs demeurent limités, de l’ordre de quelques points de pourcentage en moyenne. Ceci s’explique par le fait que le travail n’est pas un bien homogène, qu’il existe des complémentarités entre travailleurs peu et hautement qualifiés tout comme entre travailleurs immigrés et natifs, ou par l’existence de rigidités sur le marché du travail (Borjas, 2003 ; Ottaviano et Peri, 2012 ; Edo et Rapoport, 2019). Néanmoins, les effets négatifs sont plus importants pour les travailleurs natifs lorsqu’ils sont directement en concurrence avec les immigrés, ce qui est plutôt le cas pour les travailleurs non-qualifiés. La question des effets de l’immigration sur les inégalités au sein d’un pays est donc une question importante…
L’entretien rappelle que l’essentiel des inégalités globales contemporaines découle d’inégalités entre nations. En conséquence, une plus grande ouverture aux migrations serait le moyen le plus immédiat pour réduire l’inégalité globale. Faut-il pour autant rechercher une ouverture totale ou partielle des frontières ? Et comment procéder concrètement ? Nous proposons des pistes de réflexion sur ces questions en référence à la notion de justice globale dans ses différentes acceptions.
