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Comment, dans votre trajectoire de chercheuse, avez-vous été amenée à vous intéresser au rationnement ?
J'ai entendu parler du rationnement pour la première fois en 2004, lors d’une conférence d’Yves Cochet où il évoquait les réflexions que menait à ce moment-là le gouvernement britannique sur une carbon card, c’est-à-dire un système de quotas individuels de carbone (Szuba, 2014). Un tel système de rationnement, disait-il, pourrait devenir envisageable si, face à l’épuisement des ressources et au réchauffement climatique, nous ne parvenions pas à limiter notre consommation par des mesures plus classiques et plus indolores (Cochet, 2005).
L’idée de limites écologiques, de l’épuisement des ressources, était très présente au moment du premier choc pétrolier (1973), juste après le rapport Meadows (1972). Elle a connu une nouvelle résonance au début de la décennie 2000 avec les inquiétudes autour d’un pic pétrolier. Puis en 2009, lorsque l’équipe de Johan Rockström théorise les planetary boundaries ou limites planétaires : en agissant, en ayant des activités économiques, sociales, on modifie nécessairement l'environnement, mais il faut se garder de dépasser un certain nombre de seuils dangereux. Le titre original de l’article, « A safe operating space for humanity » (2009), renvoie à la marge de manœuvre sûre pour l’humanité qui se situe entre l’absence d’impact sur l’environnement (ce qui en fait n’est pas possible) et le seuil de dégradation qui représente un danger.
Dans un paradigme où l’on prend vraiment au sérieux le fait que les ressources écologiques sont limitées, la question est de savoir comment une société peut s’organiser pour vivre à l'intérieur de ces limites…
Auteurs
Chercheure au Ceraps (Université de Lille)
Membre de l'Institut Momentum
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/11/2020
- https://doi.org/10.3917/rce.026.0226

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