1La question des indicateurs est très présente dans les débats relatifs à notre modèle de croissance et à ses effets sur l’environnement. Une thèse fréquente veut que ce soit la focalisation sur des indicateurs inadaptés qui explique la mé-croissance dont souffrent nos sociétés. Ceci vaudrait tout particulièrement pour le PIB (ou le PIB/tête) qui s’est peu à peu imposé comme l’étalon principal des comparaisons de niveau de vie et de bien-être à travers le temps et entre les pays. Cette critique du PIB ne doit certes pas être poussée à l’extrême. Quoi qu’il arrive, le PIB gardera son utilité pour le suivi de l’activité économique à court terme : c’est pour cela qu’il avait commencé à être construit dans les années 1940. Par ailleurs, nos choix collectifs découlent d’une mécanique complexe qui ne se réduit pas, loin s’en faut, à la recherche du PIB maximal. Mais la construction d’alternatives au PIB n’en reste pas moins un impératif légitime, et c’est cette question qui a servi de base aux travaux de la commission « Stiglitz », dont le rapport a été rendu en septembre 2009.
2Cette commission n’a pas cherché à fournir des réponses définitives et clés en main, mais plutôt à apporter une contribution au débat, avec sa coloration particulière, tenant au fait qu’elle a été majoritairement composée d’économistes. Son travail a été réparti entre trois sous-groupes. Les deux premiers ont été consacrés à la question de la mesure de la performance économique et du bien être courants, en séparant les aspects les plus facilement mesurables par les instruments usuels de la comptabilité nationale et les aspects plus qualitatifs – plus difficilement réductibles à une approche monétaire. Le troisième sous-groupe est celui qui s’est intéressé aux indicateurs de soutenabilité, c’est-à-dire aux indicateurs permettant d’alerter sur le fait que le niveau de performance économique et sociale n’est pas viable à long terme.
3On précisera d’entrée de jeu que cette question ne se confond pas rigoureusement avec la question environnementale. D’une part parce que la situation de l’environnement a aussi des conséquences pour le bien-être courant, et d’autre part parce que le bien-être des générations futures ne dépend pas que de l’environnement et des ressources naturelles que nous leur laissons. Mais le recouvrement entre les thématiques de l’environnement et de la soutenabilité est néanmoins très large et c’est sur cette question que nous nous concentrons ici.
Cinq familles d’approches
4Tout d’abord, comment définit-on plus précisément la soutenabilité et le développement durable ? La notion n’est pas nouvelle. Dès les années 1970, dans un contexte qui était déjà un contexte de critique du PIB, Nordhaus et Tobin [1974] avaient proposé la construction d’une sustainable measure of economic welfare (SMEW), qui était un produit intérieur net corrigé visant à mesurer le niveau maximum de bien-être pouvant être indéfiniment reproduit d’une année sur l’autre par l’économie américaine. La définition proposée en 1987 par le rapport Brundtland fait écho à cette tentative. Elle a été si souvent reprise qu’il est à peine nécessaire de la rappeler : le développement durable est celui qui répond aux besoins du présent sans compromettre celui des générations futures à satisfaire les leurs. Chaque terme de la définition est important. Il s’agit d’une notion dynamique. Elle compare implicitement un niveau de bien-être courant et des niveaux de bien-être futur. Elle ne se limite pas a priori aux aspects environnementaux : la durabilité du développement suppose évidemment la préservation de l’environnement, mais également de l’ensemble des facteurs de production ou des institutions nécessaires à assurer les besoins des générations futures. C’est l’approche dite des trois piliers, mettant en parallèle les dimensions économique, sociale et environnementale du développement.
5L’initiative de Nordhaus et Tobin et le rapport Brundtland sont les deux principales racines à partir desquelles se sont développées les nombreuses tentatives de quantification de la durabilité du développement. Cette littérature foisonnante est difficile à résumer, mais, au prix de quelques approximations, on peut y identifier cinq grands courants.
6Un premier grand courant a été fortement stimulé par le rapport Brundtland et le dispositif de l’agenda 21 mis en place lors du sommet de Rio de 1997 [1]. Il consiste à construire de grands tableaux de bord du développement durable combinant une grande variété d’indices (jusqu’à plus d’une centaine) essayant de couvrir assez systématiquement les trois dimensions économique, sociale et environnementale du développement. Les organismes internationaux et les instituts statistiques ont été particulièrement actifs dans ce domaine.
7Un second courant consiste à tenter de résumer ce foisonnement d’informations hétéroclites par ce qu’on qualifie d’indicateurs composites. Contrairement aux indicateurs de type comptabilité nationale qui tentent de ramener l’ensemble des informations sous-jacentes à une unité monétaire commune, les indicateurs composites se bornent à additionner ces éléments hétérogènes avec des jeux de pondérations plus ou moins arbitraires.
8Un troisième courant est au contraire étroitement lié à la démarche de la comptabilité nationale : il s’agit des tentatives d’élaboration d’un PIB vert. Le PIB vert est un PIB que l’on tente de corriger pour prendre en compte, en termes monétaires, un certain nombre d’atteintes à l’environnement, par exemple en retranchant du PIB les coûts auxquels la collectivité devrait faire face pour maintenir constant l’état de son environnement. Un pays à PIB élevé mais qui abuse de technologies polluantes devrait donc avoir un PIB vert sensiblement plus faible qu’un pays de même PIB apparent mais qui mobilise des technologies moins polluantes.
9Également exprimés en termes monétaires, on trouve un quatrième groupe d’indicateurs qualifiés, selon les auteurs, d’« épargne véritable », d’« épargne ajustée » ou encore de « richesse étendue » [Banque Mondiale, 2006] : dit de manière extrêmement sommaire, l’« épargne véritable » et la « richesse étendue » sont au PIB vert ce que les notions usuelles d’épargne et la comptabilité patrimoniale classiques sont au PIB usuel. Mais ce groupe d’indicateurs va plus loin, puisqu’il se présente comme une tentative de synthèse de l’ensemble des éléments de patrimoine qui affectent positivement ou négativement la soutenabilité : non seulement l’accumulation nette de capital physique et la décumulation de capital naturel, mais aussi – et souvent pour une large part – l’accumulation de capital humain.
10On trouve enfin des indicateurs plus spécifiquement dédiés à la dimension environnementale, exprimés, au moins en apparence, en termes d’unités physiques : le plus populaire d’entre eux est l’empreinte écologique, qui mesure la pression qu’exerce l’activité humaine sur la capacité régénérative de la surface du globe. L’indice est extrêmement bien connu, ou tout au moins le message qu’il porte [Wackernagel et Rees, 1995]. Dans les années 1960, l’humanité ne « consommait » que 60 % de la capacité régénérative de la planète. Nous sommes passés à 125 %, et les pays les plus développés sont les principaux responsables de cette situation. Si le mode de vie des États-Unis était partagé par l’ensemble de la population mondiale, c’est l’équivalent de cinq planètes qui seraient nécessaires pour rendre possible de manière durable ce mode de vie.
Un premier tri
11On le voit, dans ce domaine, le problème n’est pas le manque d’idées, mais bien plutôt le trop plein. Peut-on procéder à un classement raisonné de ces approches, et essayer de dresser une short list d’indicateurs ou d’approches mettant en avant celles qui semblent le mieux aller dans la direction recherchée ?
12Passons rapidement sur les approches par tableaux de bord et par indices composites. Sur la première, le problème n’est pas le principe du tableau de bord en lui-même, mais plutôt la tendance à l’hypertrophie des tableaux de bord existants qui les rend peu maniables et au final peu informatifs. Il faut plutôt les voir comme des entrepôts de données de base sur la question du développement durable. Ils sont à ce titre très utiles mais incapables de porter des messages forts sur la soutenabilité de nos modes de vie.
13Les indicateurs composites ont en revanche cette prétention : l’idée de ces indicateurs est de proposer le chiffre unique résumant l’état global de la soutenabilité ou de la durabilité du développement, ce qui leur donne potentiellement le même pouvoir d’attraction que le PIB. Le problème est le caractère en général très arbitraire de leur mode de construction, dont on a du mal à se satisfaire : pour ne donner qu’un exemple extrême, il existe des versions « vertes » de l’indice de développement humain qui combinent cet indice avec des volumes d’émissions de CO2 de manière totalement ad hoc sans qu’on sache quel message peut être retiré de ce type de combinaison.
14L’approche de type PIB vert, en revanche, essaye de conserver la cohérence analytique dont bénéficient les autres indicateurs de la comptabilité nationale et, à première vue, elle semble constituer la réponse naturelle à l’interpellation dont le PIB est l’objet. De fait, si le problème est l’absence de dimension environnementale dans le PIB classique, on se dit qu’il doit suffire de verdir ce PIB pour que la question soit résolue. Mais, depuis que la question a été soulevée, il a été très difficile d’y donner une réponse satisfaisante. Il y a à cela une raison pratique, qui est la difficulté à monétiser les atteintes à l’environnement en des termes commensurables avec les autres composants du PIB. Mais il y a aussi une objection plus fondamentale. À supposer qu’on sache le construire, en quoi le PIB vert répondrait-il à la question de la soutenabilité ? Que cherche à mesurer ce PIB vert ? Il cherche à corriger le PIB d’une valorisation monétaire d’un certain nombre d’atteintes à l’environnement. Si l’on arrive à le construire, on pourra dire que le PIB vert de tel ou tel pays ne représente que x % de son PIB usuel, ou que la croissance de son PIB vert n’est que de y %, inférieure aux z % de croissance de son PIB usuel. L’information est certes intéressante : elle peut contribuer à relativiser la performance de tel ou tel pays. Mais en soi, elle ne répond que très imparfaitement à la question de la soutenabilité au sens de Brundtland. Un PIB vert qui ne représente que 90 % du PIB standard indique-t-il, en soi, qu’un pays est sur une trajectoire non soutenable ? L’indicateur ne permet pas de le dire.
Le véritable enjeu : mesurer la surconsommation des ressources
15Si l’on souhaite une approche de la soutenabilité qui soit compatible avec le cadre conceptuel de la comptabilité nationale, c’est une approche de type épargne ajustée qui semble visiblement plus adaptée. Précisons pourquoi. Comme on l’a déjà indiqué, il y a deux questions qui nous intéressent : il faut d’une part évaluer le bien-être atteint aujourd’hui ; il faut d’autre part poser la question de savoir si ce bien-être est soutenable. Le problème du PIB vert est qu’il mélange les deux idées puisqu’il mesure un flux de revenu courant partiellement corrigé d’une consommation de patrimoine naturel. Si l’on veut vraiment se concentrer sur la question de la soutenabilité, il faut plutôt se centrer sur la dimension patrimoniale. La question de la soutenabilité, c’est la question de savoir si nous laissons suffisamment de ressources aux générations suivantes pour qu’elles disposent d’un ensemble d’opportunités au moins équivalent à celui dont nous avons profité. C’est ce que l’on qualifie aussi d’approche par les stocks ou par le capital.
16Cet angle d’attaque permet de clarifier beaucoup de questions. Prenons l’exemple d’une critique usuelle du PIB qui est le fait qu’il peut être amené à valoriser positivement une catastrophe écologique. Tel sera le cas en effet si les efforts faits pour réparer les conséquences de cette catastrophe se traduisent par un surcroît d’activité. L’approche patrimoniale permet d’éviter cette comptabilité erronée. S’il existe une comptabilité des actifs naturels, la catastrophe écologique doit bien y être enregistrée comme perte. Le surcroît d’activité qu’elle induit parviendra au mieux à annuler cette perte, mais pas à la transformer en un gain.
17Sans trop se hasarder, on peut dire que toutes les approches un tant soit peu systématiques de la soutenabilité peuvent se raccorder à ce cadre analytique. L’approche épargne ajustée le fait de manière évidente. Mais on peut tout aussi bien considérer que l’empreinte écologique relève du même cadre analytique : dans les deux cas, il s’agit d’identifier les situations de non-soutenabilité comme des situations de surconsommation de notre patrimoine global ou de telle ou telle composante cruciale de notre patrimoine. La short list d’indicateurs phares du développement durable devrait se centrer sur des indicateurs de ce type.
Mais peut-on tout monétiser ?
18Ceci dit, une fois identifié ce trait commun, force est de reconnaître que de nombreux points de divergences subsistent. Le plus crucial d’entre eux est de savoir si cette surconsommation peut être elle-même mesurée par un indicateur unique et si cet indicateur peut être monétaire. Les tenants de l’épargne nette ajustée répondent positivement à cette question, mais ils sont fortement contestés et avec des arguments en partie légitimes. La mise en œuvre pratique du concept d’épargne ajustée conduit en effet à des conclusions qui, en l’état, laissent insatisfait ou sceptique [Gadrey et Jany-Catrice, 2008], et plus spécifiquement pour ce qui concerne le volet environnemental.
19Précisons les choses en rentrant un peu plus dans le détail de l’indice. Le point de départ est le concept standard d’épargne de la comptabilité nationale, corrigé de la dépréciation du capital physique. Pour un pays donné, on rajoute tout d’abord l’accumulation de capital humain, qu’elle soit approximée par les dépenses d’éducation ou évaluée par des méthodes plus élaborées. Puis on retranche la valeur monétaire des prélèvements sur les ressources naturelles épuisables. On retranche enfin une valorisation monétaire des émissions de gaz à effet de serre.
20Pour un pays développé type, les deux premiers postes jouent un rôle tout à fait prédominant, et notamment le poste accumulation de capital humain. Ces pays sont capables de consacrer des efforts importants à l’éducation d’une manière que l’indice valorise très positivement. Le poste extraction de ressources épuisables joue peu : ces pays sont importateurs de ces ressources. C’est par le biais de leur balance commerciale qu’est déjà prise en compte cette consommation de capital naturel. Dans la logique de l’indice, ce sont les pays exportateurs qui s’appauvrissent en exploitant leur sous-sol, sauf lorsqu’ils font l’effort de réinvestir une part suffisante de cette rente dans d’autres types de capitaux susceptibles de leur assurer, demain, des revenus au moins équivalents. Ce point est en partie discutable, mais on ne le développera pas davantage ici. Le point qui nous intéresse le plus est le rôle joué par les émissions de polluants et notamment de gaz à effet de serre. Avec des valorisations du CO2 à environ 20 dollars la tonne, l’indice ne fait pas plus que corriger à la marge l’épargne nette ajustée, y compris pour les plus gros émetteurs tels que les États-Unis et la Chine [Arrow et al., 2008] et ceci reste vrai même lorsqu’on réévalue fortement à la hausse ces émissions. L’indicateur ne fait jouer qu’un rôle très marginal aux émissions de gaz à effet de serre et aux menaces que le réchauffement climatique fait peser sur la soutenabilité du niveau de vie.
21Est-il possible de rectifier l’indice dans une direction qui donnera des messages plus attendus ? Tout le problème est de légitimer une valeur monétaire bien plus élevée pour ces émissions de CO2, et éventuellement de minorer symétriquement la valorisation d’autres formes d’accumulation – capital physique notamment – au titre de leurs effets externes négatifs non captés dans les valorisations courantes. Sur le papier, la façon dont on pourrait procéder est connue [Arrow et al., 2003]. Comme on le fait à chaque fois que les prix de marchés sont inexistants ou biaisés, il faut les remplacer par ce que les comptables nationaux qualifient de prix imputés ou prix fictifs. Comment faudrait-il faire ? Pour chaque actif naturel ou non naturel que nous consommons ou accumulons, il faut recalculer un prix imputé fondé sur une projection complète des conséquences de cette accumulation ou désaccumulation pour la séquence future de niveau de vie ou de bien-être. La démarche à suivre est donc connue, mais elle est clairement plus facile à énoncer qu’à mettre en œuvre. Elle ne nécessite rien d’autre qu’un exercice de prospective éco-environnementale complet, traduit en termes de projections de bien-être collectif, et résumé in fine par un indice de soutenabilité unique. Ceci ne relève plus de l’activité statistique normale, et, à vrai dire, l’indice que les statisticiens pourraient essayer d’en dériver n’apporte pas grand-chose par rapport à l’examen complet des résultats de ce type d’exercice de projection : si l’on dispose de tels exercices, il suffit en effet d’en examiner directement les résultats pour savoir si l’on est ou non sur une trajectoire soutenable.
Une solution hybride
22Ainsi, même si la notion d’épargne véritable a des bonnes propriétés théoriques, calculer la « véritable épargne véritable » reste un exercice qui a peu de chances d’aboutir concrètement. Que faire face à cette difficulté ? C’est ici que la logique « tableau de bord » refait naturellement surface, mais sous un format plus ramassé et plus structuré que les grands tableaux de bord du développement durable par lesquels nous avons démarré notre revue. Cette logique de mini-tableau de bord fondée sur une approche par les stocks émerge d’ailleurs des travaux d’autres groupes récents consacrés à l’examen de la même thématique [UNECE/OCDE/Eurostat, 2008].
23La démarche est grosso modo la suivante. On commence par se mettre d’accord sur le fait que la soutenabilité dépend de l’accumulation ou du maintien d’un certain nombre d’actifs naturels ou produits par l’homme. Certains sont des actifs pour lesquels on dispose de valorisations monétaires, certes imparfaites, mais utilisables en première analyse : ce sont ceux qui sont pris en compte par les versions standard de l’épargne nette ajustée. Donner une place à cette comptabilisation monétaire au sein d’un mini tableau de bord de la soutenabilité est totalement légitime. Elle permet de repérer des situations de non soutenabilité qu’on peut qualifier d’économique, par exemple dans le cas d’un pays qui sous-investit dans l’éducation ou qui n’essaye pas de compenser la consommation de ses ressources fossiles par des placements dans d’autres formes d’actifs pouvant, à terme, lui procurer des revenus de substitution.
24Mais, à côté de cela, force est d’admettre que la soutenabilité purement environnementale reste difficile à capter dans les mêmes termes. La monétisation n’est pas hors d’atteinte, mais c’est un exercice complexe et qui, in fine, peut introduire davantage de brouillage que de clarté.
25Une épargne ajustée centrée sur la soutenabilité économique doit donc être complétée par des indicateurs plus spécifiquement environnementaux, mais par quoi donc exactement ? L’empreinte écologique est un candidat naturel pour un tel couplage, puisqu’on a indiqué qu’elle rentrait aussi dans cette logique d’analyse de la surconsommation des ressources. L’analyse détaillée de cet indicateur montre toutefois qu’il n’est pas sans problème, loin s’en faut. Ce n’est pas un indicateur physique à proprement parler, puisqu’il agrège lui aussi différentes formes d’actifs naturels selon des règles comptables qui ont fait l’objet de nombreuses critiques (voir sur ce point Le Clézio [2009]). En réalité, lorsqu’on démonte soigneusement l’indice, on constate que l’essentiel du message qu’il véhicule n’est rien d’autre que le message d’un décalage croissant entre émissions de gaz à effet de serre et capacité des puits de carbone naturels à absorber ces émissions. Dès lors, il est à la fois plus direct et plus rigoureux de proposer une mesure directe de ces émissions de gaz à effet de serre et du degré auquel elles dépassent les seuils critiques en deçà desquels on considère souhaitable de les contenir. La notion d’empreinte carbone répond par exemple à ce type de besoin. Il faut ensuite compléter cet indicateur centré sur le changement climatique par des indicateurs spécifiques à d’autres types de capitaux naturels tels que les ressources en eau, la biodiversité, etc. Les économistes doivent s’intéresser, et de près, à la question de ces indicateurs, mais ils ne sont pas les mieux placés pour définir leur contenu exact. La balle retourne donc aux experts des autres disciplines et au débat public.
Notes
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[1]
L’agenda 21 est un plan d’action pour le xxie siècle contenant 40 chapitres, qui décrit les secteurs où le développement durable doit s’appliquer dans le cadre des collectivités territoriales.