CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1La relation entre la déviance sociale et le déficit d’autorégulation du comportement a été démontrée par de nombreuses études en psychologie sociale et en criminologie développe-mentale. L’échec de l’individu à s’adapter aux exigences du groupe social auquel il appartient s’exprime souvent par des comportements que l’on qualifie de déviants et qui traduisent en fait une certaine transgression des normes sociales entre, d’un côté, les processus conventionnels de socialisation du sujet et, de l’autre, les exigences d’une société en perpétuelle transformation.

2À l’adolescence, l’émergence des conduites transgressives apparaît souvent comme un marqueur de la précocité d’initiation aux conduites sociales déviantes. Cet engagement précoce dans une forme de dérive comportementale constitue le prédicteur d’une implication ultérieure plus aggravée dans la déviance [1]. Ainsi, différentes études en psychologie sociale appliquée au développement observent une forte corrélation entre les manifestations d’inadaptation sociale chez les jeunes et une certaine difficulté dans leurs capacités à autoréguler et à contrôler leur comportement [2].

3De ce fait, comprendre et expliquer les comportements déviants des jeunes, objectif majeur de la présente étude, constitue une tâche complexe car les facteurs impliqués sont multiples et changeants. Ceci nécessite, forcément, une approche multidimensionnelle intégrant, outre les facteurs psychologiques, les facteurs d’ordre contextuel.

4Le concept l’autorégulation des comportements consiste en une modification du comportement afin d’atteindre un but, se conformer aux normes sociales, ou encore maintenir un niveau d’acceptation sociale [3]. La socialisation de l’autorégulation à l’adolescence dépend aussi bien des caractéristiques individuelles de l’adolescent que des pratiques parentales et du climat émotionnel général de la famille dans laquelle il évolue [4].

5Cependant, l’autorégulation demeure un processus multifactoriel assez complexe qui rend souvent difficile d’identifier de manière précise les causes de son échec [5]. La distinction la plus fondamentale opérée au niveau de l’échec de l’autorégulation traduit ou bien une sous-régulation, une incapacité à exercer une maîtrise de soi ou encore une dysrégulation qui est l’exercice d’un contrôle de contre-production ne permettant pas l’atteinte d’un but espéré [6]. Généralement, l’autorégulation comportementale se trouve entravée chez l’adolescent lorsque les normes sociales sont ambiguës, pas assez claires ou encore contradictoires [7].

6Il est ainsi intéressant de se focaliser sur cette phase particulière du développement pour étudier la relation entre la déviance sociale et l’autorégulation des comportements dans sa complexité et dans ses liens possibles avec le contexte familial. La présente étude tente d’apporter un éclairage sur l’aggravation de la déviance [8] chez les jeunes et leurs propres difficultés à autoréguler leurs comportements en se focalisant sur le climat familial dans cette relation.

7En Tunisie, la qualité du climat familial résulte souvent des changements sociaux subis par les familles au niveau de leur structure et du mode de relation sociale et intrafamiliale [9].

8Les pratiques violentes sont répandues dans les ménages tunisiens [10] et se trouvent légitimées dans la famille lorsqu’elles sont exercées par les parents et plus particulièrement les mères [11]. Dans les milieux socio-économiques défavorisés, la violence physique intrafamiliale est souvent banalisée, même si elle est pratiquée avec des intensités variées [12]. Or, la violence affecte la qualité de vie des sujets au niveau des relations sociales et du bien-être psychologique [13].

9Dans ce schéma, les pratiques parentales semblent constituer des facteurs intermédiaires entre les capacités personnelles des jeunes et les expressions comportementales déviantes [14], précisément à travers les normes culturelles qu’elles véhiculent envers leurs enfants pour leur permettre de s’adapter à leur environnement économique et social [15]. Néanmoins, nous assistons depuis quelques années en Tunisie à l’émergence de l’éducation extra-familiale qui, contrairement au modèle traditionnel de socialisation familiale [16], bouscule les jeunes dans leurs repères et leurs valeurs.

Méthode

Participants et procédure

10L’échantillon est composé de 112 jeunes en difficulté pris en charge par un Centre de réhabilitation sociale situé dans le Grand-Tunis. Ils sont âgés de 14 à 18 ans (M = 16.27 ; E.T = 1.34) et sont à 70 % des garçons contre 30 % de filles. Ces jeunes adolescents sont pris en charge pour des comportements transgressifs suite à leur décrochage scolaire (e.g., vol, conduites violentes). Ils subissent une précarité sociale et évoluent dans des structures familiales généralement dysfonctionnelles. Après accord de la direction de l’établissement et le consentement des parents et des adolescents, l’administration des différentes échelles s’est déroulée dans les locaux du centre, dans le cadre d’entretiens individuels lors de leur admission, avant qu’ils bénéficient d’une prise en charge de la part du centre.

Outils

• Mesure de la déviance sociale

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  • Le Questionnaire des conduites déviantes : Nous avons construit un questionnaire de mesure des conduites déviantes en nous inspirant du questionnaire de la délinquance auto-révélée [17]. Ce questionnaire comprend 12 items qui évaluent trois types de conduites déviantes ayant eu lieu durant les six derniers mois en fonction du niveau d’aggravation de la déviance. Pour l’objet de l’actuelle recherche, nous nous limitons à l’utilisation de la version qualitative du questionnaire qui mesure l’évolution de la déviance à partir de stades d’aggravation, comme préconisée par certains auteurs [18].

12Les trois stades représentant les différents degrés de déviance sont :

13

  • Le stade d’apparition (stade 1) : il est caractérisé par les conflits avec l’autorité (i.e., parents/ enseignants) par l’usage d’agression verbale.
  • Le stade d’exploration (stade 2) : ce stade comprend en plus l’agression interpersonnelle (les agressions verbales et les bagarres), le vol et la consommation de cannabis et d’alcool.
  • Le stade d’explosion (stade 3), dans lequel apparaissent des conduites déviantes plus graves dont principalement, les bagarres à main armée, les vols organisés en bande, la consommation de drogues et le trafic de drogues et/ou d’armes.

• Mesure de l’autorégulation comportementale

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  • L’échelle « The self control scale » [19] permet d’évaluer les aptitudes qu’un individu a à contrôler ses impulsions, à agir et à modifier ses habitudes et sa discipline et qui se mesurent au niveau comportemental en référence aux normes sociales auxquelles il se trouve exposé. Cette échelle a été adaptée [20] auprès de la même population dans une étude antérieure [21]. Elle présente des qualités psychométriques satisfaisantes. L’indice de fiabilité (Alpha de Cronback) est d’une valeur de .71 et l’analyse factorielle confirmatoire explique 46,13 % de la variance totale.

• Étude du climat familial à travers la mesure de la violence familiale perçue

15Nous avons utilisé un questionnaire conçu dans le cadre d’un travail de recherche-action [22]. Il comprend dix items mesurant la violence intrafamiliale physique perçue par les adolescents durant les six derniers mois. Dans sa version originale, le questionnaire permet d’une part, de mesurer la présence ou l’absence de la violence perçue et, d’autre part, d’évaluer l’intensité par laquelle est perçue la violence exercée par les parents. Il s’agit d’un outil de mesure qualitatif qui permet, dans l’actuelle étude, de mesurer la perception des jeunes de la qualité du climat familial.

Résultats

Lien entre déviance des jeunes et déficits d’autorégulation comportementale

16Dans un premier temps, nous avons cherché à déterminer s’il y’aurait une corrélation entre, d’un côté, les conduites déviantes, à travers les stades d’aggravation tels que déterminés par Le Blanc en 1996 (stades d’apparition, d’exploration et d’explosion) et, de l’autre, le niveau d’autorégulation comportementale tel que révélé par les scores à l’échelle d’auto-contrôle.

17L’analyse ANOVA a révélé un lien significatif entre les stades d’aggravation de la déviance et les scores de l’autorégulation comportementale equation im1.

18Les résultats des analyses démontrent l’existence d’une corrélation significativement négative entre les capacités d’autorégulation et la fréquence de la déviance equation im2. Ce qui signifie que la fréquence des actes déviants chez les jeunes adolescents est souvent liée à de faibles capacités d’autorégulation comportementale. La figure 1 exprime bien le sens négatif de cette relation.

19C’est ainsi qu’une différence significative a été établie au niveau des capacités d’autorégulation comportementale entre les trois groupes. Les sujets se trouvant en phase 2 d’exploration de la déviance equation im3 et ceux identifiés en stade 3 d’explosion equation im4 ont plus de difficulté à autoréguler leurs comportements que les sujets se trouvant en stade 1 d’apparition de la déviance equation im5. Toutes les différences sont significatives au seuil equation im6 .

Figure 1

Distribution des scores à l’échelle d’autorégulation comportementale selon les stades d’aggravation de la déviance

Distribution des scores à l’échelle d’autorégulation comportementale selon les stades d’aggravation de la déviance

Distribution des scores à l’échelle d’autorégulation comportementale selon les stades d’aggravation de la déviance

Rôle du climat intrafamilial violent dans le lien entre les stades d’aggravation de la déviance et le déficit de l’autorégulation comportementale des jeunes

20Dans cette partie, nous essayons de vérifier si la relation entre la déviance sociale et les déficits d’autorégulation comportementale, maintes fois confirmée par la recherche scientifique et vérifiée par nous même dans cette étude, est tributaire d’autres variables contextuelles telle que le contexte familial dans lequel évoluent ces jeunes. En effet, nous considérons que cette relation n’agit pas de manière absolue indépendamment du contexte, mais qu’elle interagit avec la qualité du climat intrafamilial vécu par les jeunes.

21En distinguant les sujets selon leur climat familial perçu comme violent ou non violent, nous relevons les constats suivants :

Figure 2

Distribution des capacités d’autorégulation comportementale en fonction de l’intersection des variables stades de déviance et climat familial

Distribution des capacités d’autorégulation comportementale en fonction de l’intersection des variables stades de déviance et climat familial

Distribution des capacités d’autorégulation comportementale en fonction de l’intersection des variables stades de déviance et climat familial

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  • Nous observons que quelle que soit la situation sociale, marquée ou pas de violence, il existe un lien net entre le niveau d’autorégulation et le stade d’aggravation de la déviance. Selon nos résultats, il existe un lien significatif entre le type de climat familial perçu et les stades d’aggravation de la déviance equation im9.
  • Dans le même temps, nous observons que chez les sujets exprimant une violence familiale dans leur milieu, le niveau général d’autorégulation est plus faible comparé aux sujets déclarants ne pas subir de violence familiale (figure 2). Cette différence est observable particulièrement au début du processus d’aggravation (i.e., stades d’apparition et d’exploration). Cela veut dire que, chez les jeunes, le climat familial agit en tant que régulateur de cette relation entre déviance et capacités à autoréguler ses comportements, sauf quand la déviance atteint son plus haut niveau. À ce stade, la situation semble échapper aussi bien au sujet qu’à sa famille.
  • C’est ainsi que les plus faibles capacités d’autorégulation comportementale sont observées chez des sujets se trouvant en stade d’explosion et vivant dans un climat familial de type violent equation im10 comparés aux sujets situés dans le stade d’exploration sans violence familiale perçue equation im11 et à ceux se trouvant en phase d’apparition de la déviance avec violence familiale perçue equation im12. Lorsque le climat familial est marqué par la violence, on observe que les sujets se trouvant en stade d’exploration et d’explosion ont une autorégulation comportementale nettement plus déficitaire que les sujets chez qui la déviance est en cours d’apparition equation im13.

23Autrement dit, le climat familial, à travers la violence intrafamiliale perçue, agit comme un facteur aggravant et affaiblissant significativement les capacités d’autorégulation des jeunes de leurs comportements. Dans un climat familial perçu comme violent, les sujets ont beaucoup plus de difficultés à réguler leurs comportements et à gérer leurs mécanismes internes de régulation.

Discussion et conclusion

24Les premiers résultats de cette étude corroborent les travaux démontrant les faibles capacités d’autorégulation comportementale chez les adolescents jeunes face à la difficulté à intérioriser les normes sociales [23]. En effet, plus les jeunes transgressent les règles légales et les normes du système sociétal et plus ils expriment leurs difficultés à autoréguler leurs comportements de manière efficace [24]. Nous avons ainsi observé qu’une conduite déviante de plus en plus aggravée va de pair avec des déficits au niveau des capacités à l’autorégulation de ses propres comportements.

25Dans le contexte tunisien, les jeunes décrocheurs défavorisés, sans occupation éducative ou professionnelle, passent souvent des heures à errer dans les ruelles de leurs quartiers sous l’influence de leurs pairs délinquants [25]. Une situation susceptible d’engendrer une réaction sociale négative de la part de l’entourage, qui reconnait explicitement ces sujets en tant que déviants, ce qui les stigmatise [26], voire les catégorise comme des outsisders[27].

26Dans ce contexte, l’association à un groupe de pairs semble offrir plusieurs fonctions sociales pour les jeunes déviants. Certains jeunes peuvent s’auto-octroyer une mission de délégation de son groupe, afin de colmater des fractures vécues collectivement et qui sont, à l’origine, ancrées dans une représentation maltraitée ou fragile du jeune aux prises avec des activités transgressives [28]. Pour d’autres adolescents, non accomplis, les comportements déviants ont pour vocation de prouver une loyauté au groupe de référence, telle une nouvelle forme de cohésion avec leur environnement social [29]. Cette piste de réflexion nous parait prometteuse pour analyser la socialisation par les pairs chez ces jeunes tunisiens défavorisés qui ont souvent tendance à s’adonner à diverses conduites transgressives par besoins d’acceptation sociale [30].

27Par ailleurs, selon nos résultats, les jeunes participants gardent de meilleures capacités d’autorégulation comportementale quand ils sont dans les premières phases du processus de la déviance, à savoir les stades d’apparition et d’exploration, avant d’atteindre le stade d’explosion de la déviance. Théoriquement, les personnes sujettes à l’exclusion sociale réagissent soit par une altération, soit par une amélioration de leurs habiletés d’autorégulation [31]. Dans cette conception, l’autorégulation est un processus de changement de quelque chose sur soi-même, souvent pour rester en adéquation avec son environnement social et l’effort à déployer par le sujet pour s’autoréguler devient ainsi indispensable. Si quelque chose sur soi a provoqué le rejet, alors il serait judicieux de changer cet aspect sur soi afin d’éviter le rejet auprès d’autres partenaires potentiels, même si le changement ne s’inscrit pas dans les standards comportementaux. Pour les jeunes tunisiens, la dégradation des capacités d’autorégulation comportementale semble refléter un sentiment d’exclusion sociale [32] de plus en plus manifeste dans le regard stigmatisant d’autrui [33]. Si, en apparence, le déficit d’autorégulation et le sentiment d’exclusion sociale laissent entrevoir qu’ils peuvent agir en boucle, d’autres processus peuvent expliquer cette spirale. D’ailleurs, les défaillances de l’autorégulation sont souvent engendrés par des contextes sociaux très variés [34].

28Les jeunes délinquants partagent souvent des valeurs sociales qui leur sont propres, mais en marge des normes formelles tunisiennes [35]. Partant de ce fait, il paraît incontournable d’évoquer la place du groupe de pairs dans le développement de ces processus autorégulateurs et de situer leurs règles de fonctionnement pour la socialisation des jeunes.

29Lorsqu’ils se trouvent en stade d’apparition de la déviance, les jeunes participants à l’étude paraissent se livrer aux règles de leur groupe de référence composé des jeunes de leurs quartiers aussi décrocheurs et souvent délinquants. L’orientation accrue envers les pairs en début de l’adolescence est consécutive à la recherche des adolescents de développer leur autonomie en dehors des parents. Cependant, cette quête de l’autonomie n’est pas remplacée par une indépendance, mais par la dépendance envers les pairs [36].

30De par cette forme de socialisation, les jeunes déviants de notre étude semblent devenir insensibles à l’intro-punition [37] et participent, même indirectement, à l’amollissement des mécanismes de dissuasion sociale, comme d’autres jeunes délinquants [38]. Ceci pourrait expliquer l’échec de l’autorégulation comportementale à partir de deux mécanismes fondamentaux, à savoir la sous-régulation, comme incapacité à exercer une maîtrise de soi et la dysrégulation, en tant qu’exercice d’un contrôle de contre-production ne permettant pas l’atteinte d’une norme conventionnelle [39].

31Ainsi, les jeunes se trouvant en phase d’apparition de la déviance manquent de discipline, possiblement en raison de leur situation de décrochage scolaire précoce engendrée par un système éducatif tunisien dysfonctionnel [40]. Durant cette période, ils se trouvent sous l’emprise du fonctionnement de leur groupe de pairs délinquants, et adoptent des conduites de plus en plus transgressives. En se socialisant dans un tel contexte éducatif extra-familial, très connu en Tunisie [41], les jeunes intensifient leurs activités transgressives, manifestent plus de faiblesse dans l’autodiscipline et une incapacité à résister à la tentation et atteignent, par conséquent, le stade d’exploration de la déviance. Dans cette configuration, les comportements déviants des jeunes trouvent bien leur origine dans une forme défaillante de la mise en place des mécanismes d’autorégulation, surtout en dehors du cercle d’amis et du groupe de référence, lorsqu’ils sont amenés à fréquenter d’autres partenaires relationnels [42]. Une pensée qui s’articule avec les travaux associant un faible degré d’autorégulation à la prédominance des déterminants externes [43]. Cependant, nous relevons, dans le même temps, la complexité des liens entre déviance et déficit de l’autorégulation dans sa dynamique interne. Même si elle est confirmée, cette relation est loin d’être linéaire et statique. En effet, nos résultats vont plus dans le sens d’un lien évolutif variant en fonction de la qualité du milieu familial offerte aux jeunes.

32Notre étude démontre ainsi que l’exposition à la violence familiale constitue, à ce titre, un facteur aggravant qui ne fait que maintenir les jeunes dans le cercle de la déviance, voire l’aggraver, et de la difficulté à contrôler leurs actes et comportements. D’après nos données, les jeunes vivant dans un climat familial marqué par la violence ont plus de difficultés à mobiliser leurs capacités d’autorégulation. Cette violence intrafamiliale, perçue par les jeunes, porte principalement sur des formes physiques de la violence. À ce niveau, la question de l’intériorisation des normes devient propice à l’analyse de la déviance en fonction des phases d’aggravation et du type de climat familial puisque l’autorégulation n’est au final qu’une démarche d’ajustement à des normes de référence [44].

33Les familles tunisiennes défavorisées et peu instruites ont très peu de connaissances de l’aspect développemental lié à l’adolescence. Ainsi, cette catégorie de familles recourt souvent à la violence comme mode de punition éducatif, surtout lorsque leurs enfants s’engagent dans des conduites socialement « inappropriées » et que leur sentiment d’efficacité parentale fait défaut [45]. En même temps, les familles tunisiennes deviennent de plus en plus tolérantes aux formes de socialisation dans la rue.

34Or, suite aux importantes transformations sociales qu’a connues la Tunisie, ces dernières années, nous assistons à l’éclosion de l’individualisme au sein des familles nucléaires, et qui se manifeste, entre autres, par des formes de démission parentale [46] et ce, contrairement aux modèles classiques de l’éducation parentale, façonnés par l’assistance et sous la supervision de la famille élargie. Le rôle de la famille tunisienne était fondateur, elle était le seul fédérateur des valeurs sociales, ce qui n’est plus le cas dans les structures familiales modernes actuelles. Aujourd’hui, les jeunes tunisiens se socialisent dans un contexte socioculturel bousculé dans ses repères et ses valeurs [47].

35À ce niveau, à notre sens, l’intérêt de se pencher sur le paradigme de la régulation parentale explique, en partie, l’échec dans l’édifice de l’autorégulation chez les enfants. La famille tunisienne actuelle proclame des normes ambiguës, pas assez claires ou encore contradictoires, ce qui entrave l’instauration des capacités d’autorégulation chez leurs enfants [48]. Dans ce paysage paradoxal, les expériences négatives de la socialisation familiale conduisent directement à des problèmes d’adaptation sociale et ont un impact indirect sur les habiletés d’autorégulation des jeunes [49] ayant vécu des expériences de violence intrafamiliale.

36Ainsi, la famille devient fédératrice d’images parentales non sécurisantes et contribue à la fragilisation identitaire et affective du jeune, qui tenter de cherche d’autres modes de conformisme aux normes sociales [50]. Lorsque le cadre familial, supposé offrir à ces jeunes un positionnement clair par rapport aux normes, s’avère défectueux apparaissent des formes de dysrégulation plus complexes en stade d’explosion de la déviance, comparativement à ceux en phase d’apparition et d’exploration de la déviance.

37Un constat nous oriente vers ce qu’on suggère de qualifier comme formes de « régulation éducative parentale paradoxale », observée au sein des familles tunisiennes perçues comme violentes. Si la notion de régulation parentale fait écho au climat émotionnel de la famille et au rôle parental exercé [51], elle se diversifie dans notre étude selon le degré d’implication de la famille dans ses rôles d’encadrement et de contrôle. Nous pensons que lorsque les jeunes décrochent de l’école, les familles tolèrent leur présence dans la rue et leur fréquentation de leurs pairs. Les jeunes sont ainsi confiés à la culture du quartier et commencent à s’adonner à des actes de déviance (i.e., stade d’apparition). Cette initiation des jeunes à la déviance est souvent inaperçue de la part de ces familles désengagées de leur rôle parental [52]. L’absence d’encadrement du jeune de la part de la famille et la faiblesse des règles, ne peut qu’amener le jeune en besoin d’appartenance sociale à continuer à partager avec ses pairs les moments d’engagement dans des activités déviantes un intensité plus accrue (i.e., stade d’exploration).

38Une fois le jeune dépasse un certain seuil de transgression des normes (i.e., stade d’explosion de la déviance), non explicité au préalable par la famille, cette dernière recourt à la violence pour le punir, puisqu’elle ne dispose d’aucun autre moyen de contrôle adapté à l’encadrement éducatif du jeune [53]. Nous considérons ce mode de régulation parental comme étant « paradoxal » pour deux raisons. La première est en lien avec l’attitude parentale permissive renvoyée au jeune lors de la fréquentation des acteurs de la rue, sans fixation d’un cadre comportemental normatif clair. Le deuxième traduit le recours de la famille à un mode coercitif interdisant la déviance et vécu parallèlement comme une forme de violence intrafamiliale de la part du jeune.

39Face à cette situation paradoxale, les déficits d’autorégulation des conduites déviantes chez les jeunes de notre étude semblent prendre racine dans la difficulté à intérioriser les normes et les valeurs, la responsabilité personnelle, la pression des pairs et la manière de considérer le devenir des conduites sociales transgressives [54]. Comme indiqué dans d’autres travaux, l’observation des autres membres de la famille, les pratiques parentales et le climat émotionnel général de la famille impacte les habiletés d’autorégulation des enfants [55].

40D’après nos résultats, l’étude de l’expérience familiale fournit un élément supplémentaire permettant de mieux expliquer la dynamique de la déviance des jeunes comme démontré dans certaines études sociologiques [56], tout en abordant les processus d’autorégulation. Cet élément reste, il faut le dire, peu intégré dans les modèles psychologiques explicatifs de la déviance sociale des jeunes, malgré l’intérêt accordé au processus de régulation familiale dans de rares travaux [57].

41Tout compte fait, si cette étude nous éclaire sur l’activation des conduites déviantes à partir de l’analyse du type de climat familial et des phases d’aggravation, il serait imprudent de prétendre se prononcer sur le devenir de cette jeune population et la catégoriser dans une typologie rigide de la déviance. D’autant plus que la majorité des modèles de l’autorégulation ont été conçus auprès des adultes, pour ensuite être appliqués aux adolescents [58], ce qui laisse entrevoir des doutes et des incohérences dans leur mise en application, notamment pour cerner la genèse de leurs déficits chez une jeune population déviante et exposée à la violence intrafamiliale. La prévention des formes de violence intrafamiliale demeure, à nos jours, un des plus grands défis pour les acteurs de l’action sociale en Tunisie [59].

42Miser sur les processus personnels et contextuels peut contribuer à améliorer, un tant soit peu, les habiletés d’autorégulation comportementale des jeunes et les compétences de régulation parentale de leurs familles. La promotion d’un tel dispositif doit conforter les besoins des jeunes et de leurs familles, en formalisant de manière claire et structurée le type d’intervention à leur offrir.

Notes

  • [1]
    Lana D. HARRISON, Joseph GFROERER, “The Intersection of Drug Use and Criminal Behavior : Results from the National Household Survey on Drug Abuse”, Crime and Delinquency, n° 38, 1992, pp. 422-443.
  • [2]
    Roy F. BAUMEISTER, Kathleen D. VOHS, Diane M. Tice, The strength model of self-control”, Current Directions in Psychological Science, n° 16, 2007, pp. 351-355.
  • [3]
    June Price TANGNEY, Roy F. BAUMEISTER, Angie Luzio BOONE, « High Self-Control Predicts Good Adjustment, Less Pathology, Better Grades, and Interpersonal Success », Journal of Personality, 2004, pp. 271-324.
  • [4]
    Amanda Sheffield MORRIS, Jennifer S. SILK, Laurence STEINBERG, Sonya MYERS, Lara Rachel ROBINSON, “The role of the family context in the development of emotion regulation”, Social Development, n° 16, 2007, pp. 361-388.
  • [5]
    Roy F. BAUMEISTER, Todd F. HEATHERTON, « Self-regulation failure : An overview », Psychological Inquiry, n° 7, 1996, pp. 1-15.
  • [6]
    Charles S. CARVER, Michael F. SCHEIER, Attention and self-regulation : a control-theory approach to human behavior, Springer-Verlag, 1981.
  • [7]
    Roy F. BAUMEISTER, Andrew J. VONASCH, « Uses of self-regulation to facilitate and restrain addictive behavior », Addictive Behaviors, n° 44, 2015, pp. 3-8.
  • [8]
    Marc LE BLANC, « Un paradigme développemental pour la criminologie : développement et autorégulation de la conduite déviante », Criminologie, n° 43 (2), 2010, pp. 401-428.
  • [9]
    Lilia BEN SALEM, Familles et changements sociaux en Tunisie, Tunis, Centre de publication universitaire, 2009.
  • [10]
    Ministère du développement et de la coopération internationale, Institut national des statistiques, Unicef, Enquête par grappes à indicateurs multiples 2011-2012 : Suivi de la situation des enfants et des femmes (MICS 4), 2009.
  • [11]
    Dorra BENALAYA, « La légitimation de la violence selon le genre et le contexte en Tunisie », Déviance et Société, n° 2 (40), 2016, pp. 187-200.
  • [12]
    Sihem MATHLOUTHI, N. HAMMOUDA KHOUAJA, W. DRIDI, D. BALLOUM, « Violence familiale physique et perception de compétence parentale : Recherche-action auprès de parents d’adolescents déscolarisés », Handicap de la prévention à l’inclusion, n° 36, 2017, pp. 113-128.
  • [13]
    Slah Eddine BEN FADHEL, « Violence et qualité de vie : étude de l’effet du genre dans un contexte tunisien », Pratiques psychologiques, n° 16, 2010, pp. 287-301.
  • [14]
    Alfred BLUMSTEIN, David P. FARRINGTON, Soumyo MOITRA, “Delinquency Careers : Innocents, Desisters, and Persisters”, in M. TONRY, N. MORRIS (ed.), Crime and Justice : An Annual Review of Research, Chicago : University of Chicago Press, 1985, pp. 187-219.
  • [15]
    Ali HAMAMI, « Éducation et cohésion en Tunisie », African Sociological Review, n° 16 (2), 2012.
  • [16]
    Nous assistons depuis quelques années, en Tunisie, à un renforcement de l’individualisme souvent lié à une démission des parents et à une augmentation des divorces. Cf. Ibid.
  • [17]
    Marc LE BLANC, art. cit.
  • [18]
    Ibid.
  • [19]
    June Price TANGNEY et al., art. cit.
  • [20]
    Méthode proposée par Robert J. VALLERAND, « Vers une méthodologie de validation transculturelle de questionnaires psychologiques : Implications pour la recherche en langue française », Psychologie canadienne, n° 30, 1989, pp. 662-680.
  • [21]
    Slah Eddine BEN FADHEL, Sihem MATHLOUTHI, « Deviant behavior and self-control in adolescence : A study in Tunisia context », International Journal of Academic Research and Reflection, vol. 9, n° 1.
  • [22]
    Sihem MATHLOUTHI et al., 2017, art. cit.
  • [23]
    Kroutilova NOVÁKOVÁ, Radana Soña VÁVROVÁ, « Self regulation of behaviourin the contet of pear Pressure and Risk Behaviour », Procedia social and behavioral sciences, n° 171, 2015.
  • [24]
    Roy F. BAUMEISTER, C. N. DE WALL, N. J. CIAROCCO, J. M. TWENGE, « Social Eclusion Impairs Self-Regulation », Journal of Personality and Social Psychology, n° 88 (4), 2005, pp. 589-604.
  • [25]
    Sihem MATHLOUTHI, Nizar FARES, Abdelmajid NACEUR, Wafa DRIDI, Naima HAMOUDA, « Décrochage scolaire et conduites déviantes en contexte tunisien : le cas d’une population d’adolescents défavorisés », Psychologie & Éducation, n° 1, 2019, pp 23-39.
  • [26]
    Laurent MUCCHIELLI, « La déviance, entre normes, transgressions et stigmatisation », Sciences humaines, n° 99, 1999, pp. 20-25.
  • [27]
    Howard S. BECKER, Outsiders, Études de sociologie de la déviance, 1963.
  • [28]
    Jean-Pierre POURTOIS, Blessure d’enfant. La maltraitance : théorie, pratique et intervention, Deboeck, 2000.
  • [29]
    Yves TIRODE, Stéphane BOURCET, Adolescents violents. Clinique et prévention, Dunod, 2000.
  • [30]
    Sihem MATHLOUTHIN, Nizar FARES, Marwa TALBI, « Cannabis et migration irrégulière chez de jeunes tunisiens en difficulté : entre besoin d’appartenance sociale et quête du bonheur », Psychotropes, n° 1 (25), 2019, pp. 75-90.
  • [31]
    Roy F. BAUMEISTER et al., 2005, art. cit.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Laurent MUCCHIELI, 1999, op. cit.
  • [34]
    Roy F. BAUMEISTER, Todd F. HEATHERTON, 1996, art. cit.
  • [35]
    Mustapha NASRAOUI, “Rapports entre délinquance et valeurs vécues : quelques illustrations dans la société tunisienne », Les Cahiers internationaux de psychologie sociale, n° 1 (89-90), 2011, pp. 107-125.
  • [36]
    Laurence STEINBERG, « Autonomy, conflict, and harmony in the family relationship », in Shirley FELDMAN, Glen R. ELLIOTT (ed.), At the threshold : The developing adolescent, Cambridge, MA, Harvard University Press, 1990, pp. 255-276.
  • [37]
    Mohamed BEN HAMIDA, La dislocation familiale comme facteur de délinquance des mineurs et le rôle des moyens de contrôle social, Thèse de doctorat, Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, 2003. Traduction de l’arabe par les auteurs.
  • [38]
    Mustapha NASRAOUI, 2011, art. cit.
  • [39]
    Charles S. CARVER, Michael F. SCHEIER, On the self-regulation of behavior, Cambridge University Press, 1998.
  • [40]
    Khaled BOUGHZOU, « L’abandon scolaire en Tunisie : État des lieux, caractéristiques et perspectives », L’éducation en débats : analyse comparée, n° 7, 2016, pp. 47-58.
  • [41]
    Ali HAMAMI, 2012, art. cit.
  • [42]
    Eli J. FINKEL, W. Keith CAMPBEL, « Self-control and accommodation in close relationships : an interdependence analysis », Journal of Personality and Social Psychology, n° 81 (2), 2001, pp. 263-277.
  • [43]
    Kroutilova NOVÁKOVÁ, Radana Soña VÁVROVÁ, 2015, art. cit.
  • [44]
    Charles S. CARVER, Michael F. SCHEIER, 1998, art. cit.
  • [45]
    Sihem MATHLOUTHI et al., 2017, art. cit.
  • [46]
    Ali HAMAMI, 2012, art. cit.
  • [47]
    Ghosn EL MERSNI, « Les formes d’intégration sociale des jeunes en milieu urbain : Le cas de la Médina de Tunis », Éditions universitaire européennes, 2018, pp. 290-291.
  • [48]
    Roy F. BAUMEISTER, Andrew J. VONASCH, 2015, art. cit.
  • [49]
    Amanda Sheffield MORRIS et al., 2007, art. cit.
  • [50]
    Ogma HATTA, Soedje AGBEMELE, Kokou MESSAH, Houyem BOUKASSOULA, Lode Gaena B. KPASSAGOU, Nesrine FATHI, Riad Ben REJEB, « Configurations familiales et souffrance psychique chez les Tunisiens usagers de la Buprénorphine haut dosage », Perspectives Psy, n° 1 (55), 2016, pp. 18-26.
  • [51]
    Kristin MOILANEN, 2007, art. cit.
  • [52]
    Kristel TARDIF-GRENIER, Isabelle ARCHAMBAULT, Michel JANOSZ, « Les pratiques parentales, le désengagement scolaire des amis et le rendement scolaire chez les élèves du secondaire nés à Haïti et fréquentant une école en milieu défavorisé », Revue de psychoéducation, n° 40 (2), 2011, pp. 261-282.
  • [53]
    Sihem MATHLOUTHI et al., 2017, art. cit.
  • [54]
    Kroutilova NOVÁKOVÁ, Radana Soña VÁVROVÁ, 2015, art. cit.
  • [55]
    Amanda Sheffield MORRIS, 2007, art. cit.
  • [56]
    Laurent MUCCHIELLI, « Le contrôle parental au risque de la délinquance juvénile », Société - Recherches et prévisions, n° 63, 2001, pp. 245-260.
  • [57]
    Kristin L. MOILANEN, 2007, art. cit.
  • [58]
    Paulo DIAS, José A. GARCIA DEL CASTILLO, « Self-regulation and Tobacco Use : Contributes of the Confirmatory Factor Analysis of the Portuguese Version of the Short Self-Regulation Questionnaire », Procedia - Social and Behavioral Sciences, n° 159, 2014, pp. 370-374.
  • [59]
    Sihem MATHLOUTHI, Stéphane RULLAC, « Facteurs favorisant la désistance chez les jeunes tunisiens déviants : Analyse diachronique et synchronique d’une intervention interdisciplinaire », Revue AIFRIS : Écrire le Social, n° 1 (2), 2020, pp. 72-94.
Français

La présente étude tente d’apporter un éclairage sur la déviance chez les jeunes et leurs propres difficultés à autoréguler leurs comportements en se focalisant sur le rôle du climat familial dans cette relation, notamment dans un contexte socioculturel tunisien qui légitime souvent le recours à la violence intrafamiliale.
L’objectif de ce travail est d’examiner d’une part, les liens entre les déficits de l’autorégulation comportementale et les stades d’aggravation de la déviance (i.e., apparition, exploration et explosion) dans lesquels se trouvent les jeunes et, d’autre part, l’effet du climat familial violent perçu sur l’interaction entre les capacités d’autorégulation comportementale et les stades d’aggravation de la déviance.
Les principaux résultats démontrent un déficit plus important dans l’autorégulation comportementale chez le groupe se trouvant en stade d’exploration (stade 2) et d’explosion (stade 3), comparativement au groupe identifié en stade d’apparition (stade 1). Ce lien est expliqué par un effet différencié de la violence intrafamiliale perçue et ce, en fonction des stades d’aggravation de la déviance. La socialisation des jeunes tunisiens dans la rue, le désengagement familial et la dysrégulation éducative parentale, constituent autant de facteurs déterminant dans les déficits de l’autorégulation comportementale chez les jeunes tunisiens déviants.

Sihem Mathlouthi
docteur en psychologie (Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis) et membre de l’unité de recherche « Ecotidi » (UR 16ES10-Institut supérieur de l’éducation et de la formation continue). Elle a exercé pendant vingt ans en tant que psychologue praticienne spécialisée dans l’intervention psycho-sociale auprès des enfants, des jeunes et des familles en difficulté et/ou situation d’exclusion sociale, au sein des structures relevant de ministère des Affaires sociales tunisien. Ses principaux travaux de recherche, relevant des champs de la psychologie sociale appliquée et de la psychocriminologie, s’articulent autour des processus de socialisation, des violences plurielles et de la déviance chez les jeunes.
Slah Eddine Ben Fadhel
professeur des Universités en psychologie à l’Université de Tunis. Il est actuellement détaché à l’Université du Qatar où il enseigne la psychologie du développement au département des sciences psychologiques. Il a obtenu son doctorat en psychologie du développement à l’Université de Toulouse en 1996. Ses intérêts de recherche portent sur le développement cognitif, les processus de socialisation et la psychologie de l’apprentissage.
Mohamed Ghosn El Mersni
docteur en sociologie (Université des sciences humaines et sociales de Tunis) et membre de l’école de formation doctorale au Lares (laboratoire des recherches sociales et économiques à Rennes), enseignant chercheur à l’Université de Tunis, et membre de l’unité de recherche : « État, Culture et Mutations des Sociétés » (Ecumus). Sa thèse sur les parcours des jeunes dans la médina de Tunis de a été publiée en 2019 : Formes d’intégration sociale des jeunes en milieu urbain : le cas de la Médina de Tunis (Éditions universitaires européennes). Ses travaux s’inscrivent à l’intersection des champs de la jeunesse, de l’urbain et de la culture. Parmi ses publications récentes se trouve : « Le quotidien d’une catégorie des jeunes dans la médina de Tunis », Cérès (la revue tunisienne des sciences sociales, 2018). Il s’est consacré à la réalisation des études et des enquêtes en collectifs : « Le logement, miroir et vecteur de discriminations à l’égard des femmes », Cérès, Éd. 2020. Il poursuit ses recherches auprès des femmes vulnérables, dont les mères célibataires et les femmes enceintes isolées.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 30/06/2021
https://doi.org/10.3917/rf.018.0072
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