CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 La découverte d’Eva Illouz, croisée au détour d’une émission télévisée, a constitué pour moi un choc, produisant le désir non seulement de lire son ouvrage mais aussi d’en rendre compte. D’emblée, l’auteure énonce : « Parce que nous vivons à une époque où l’idée de responsabilité individuelle règne en maître, la vocation de la sociologie reste essentielle. » (p. 14). Elle désigne ainsi la connivence involontaire qui a pu s’établir entre le discours savant de la psychologie, démontant les mécanismes de construction et d’évolution des liens psychiques et des attachements amoureux, et l’idéologie du néolibéralisme, mettant en avant la responsabilité des individus dans la définition de leur situation. Pour elle, il n’est pas question d’expliquer l’élaboration des sentiments et des liens interindividuels par la seule logique de positionnement personnel de soi par rapport aux autres, comme tendent à nous le présenter les médias et bon nombre d’auteurs se nourrissant aux sources de la psychologie.

2 De même, les souffrances de l’amour ne sont pas seulement des souffrances liées à une pathologie du lien ou un trouble des interactions. « Des enfances dysfonctionnelles ou des psychés insuffisamment conscientes d’elles-mêmes ne sont pas l’explication de ces maux, dont l’origine doit plutôt être trouvée dans l’ensemble des tensions et des contradictions sociales et culturelles qui structurent désormais les moi et les identités modernes. » (ibid.) La thèse est forte, et l’auteure prendra pour la soutenir le temps de visiter l’histoire de la modernité amoureuse jusque dans ses prolongements les plus récents.

3 À l’époque de la chevalerie, le chevalier avait pour idéal de défendre les faibles – dont les femmes – et l’amour apparaissait pour elles comme le garant de leur statut en leur permettant de glorifier leur destin : aimer et prendre soin des autres, qu’ils soient époux, amants ou enfants. En se généralisant par la suite, l’idéal amoureux va marquer le destin de la féminité, et on arrive alors progressivement au règne de l’amour romantique hétérosexuel, qui marque de son empreinte celles qu’elle qualifie comme les « deux plus importantes révolutions culturelles du XXe siècle » : l’individualisation des manières de vivre et sa prise dans l’idéal amoureux, et l’économicisation des rapports sociaux, c’est-à-dire l’emprise des modèles économiques dans la formation du moi et des émotions, que notre société néolibérale portera à son paroxysme.

4 Devenu autonome, le sexe voit sa gestion incorporée au projet de vie individuelle et les formes prises par la société marchande structurent les échanges jusque dans la vie intime. On est passé ainsi d’un régime performatif des émotions, où toutes les démarches et les interactions sont ritualisées, à un nouveau régime d’authenticité émotionnelle, où l’expression valorisée des émotions passe avant la définition du cadre où elles peuvent s’exprimer. Le vécu transcende l’institué en quelque sorte. Les émotions deviennent la motivation de l’engagement, et leur expression partagée procède d’une « révélation de soi », que sollicite la nouvelle organisation de l’imaginaire des relations privées, et plus spécifiquement encore des plus intimes. « Le renforcement des liens affectifs des deux personnes devient le socle de la vie intime. » (p. 71)

5 Reprenant l’image de la « grande transformation » évoquée par Karl Polanyi en 1944 comme processus par lequel le marché capitaliste a « désenchâssé » l’acte économique des cadres moraux et normatifs de la société et a ainsi organisé l’économie en marchés autorégulés, avant de placer la société sous sa domination (le néolibéralisme), l’auteure l’applique à la nouvelle place de l’amour. Pour elle, la « grande transformation » de l’amour se caractérise par trois grands facteurs (p. 74) : une transformation des modes d’évaluation de l’autre qui sont dégagés des normes du groupe et inféodés aux médias de masse ; la tendance à envisager le partenaire en termes psychologiques et sexuels (le sexuel prenant progressivement le dessus) ; et la prépondérance prise par le sexuel sur le marché du mariage (et encore plus de l’échange amoureux). Ce qui reprend d’une autre façon les analyses de Foucault montrant l’autonomisation d’un dispositif de sexualité à partir du dispositif d’alliance qui définissait auparavant l’échange matrimonial.

6 Sous la triple influence de la montée du consumérisme, de la légitimation de la sexualité par la psychologie, et du féminisme, l’identité de genre des hommes – et plus encore des femmes – s’est transformée pour devenir une identité sexuelle, régie par un ensemble de codes corporels et linguistiques et cherchant à susciter le désir sexuel de l’autre. À l’intersection entre Freud, la société de consommation et la maîtrise libératrice de la procréation, le désir est placé au coeur de la subjectivité, et « la sexualité devient une sorte de métaphore généralisée du désir » (p. 76). Ainsi, la culture de la consommation parvint à se débarrasser des normes sexuelles traditionnelles (qu’institutionnalisait le mariage), en s’appuyant sur une libération de la sexualité liée à la maîtrise nouvelle de la procréation et sur l’autorité d’experts issus des rangs de la psychanalyse ou de la psychologie. Du coup, « une satisfaction sexuelle orgasmique et un plaisir mutuel devenaient des actes moraux de revendication d’autonomie et d’égalité. Le plaisir sexuel devint le moyen d’affirmer l’accès des femmes à une pleine égalité avec les hommes » (p. 80). Évolution qui correspond à l’effacement du lien autrefois majeur entre sexualité et reproduction, à la perte de la fonction qu’avait le mariage de garantir la filiation paternelle et de définir l’espace du sexe légitime. Ce qui a pour effet de diversifier les choix amoureux en même temps que se diversifient les critères de classement : milieu social, apparence physique, rapport à la culture médiatique, niveau d’étude, sex-appeal...

7 La sexualité peut désormais être un but en soi, détaché de toute visée conjugale, voire amoureuse. L’échantillon de partenaires potentiels s’élargit considérablement, à l’image de ce que propose le site de rencontres généraliste qui, exemplairement, fait appel à des procédures de sélection et de choix empruntant à une gestion managériale des flux. « L’habitus amoureux a ainsi pour caractéristique d’agir à la fois économiquement et émotionnellement. » (p. 92) De la sorte, nous dit Eva Illouz, dans une de ses thèses les plus discutées : « Le triomphe de l’amour et de la liberté sexuelle signa l’entrée de l’économie dans la machine du désir. » (p. 101)

8 Une tension s’instaure alors entre l’exclusivité et le désir de s’engager. Si l’engagement suppose l’exclusivité, et qu’on ne peut envisager des formes d’engagement moins conventionnelles ou multiples, l’engagement devient difficile. Les contrats conjugaux se font alors à court terme, et l’engagement durable – et a fortiori le mariage – est repoussé. On passe alors dans une polygamie – ou polyandrie – échelonnée dans le temps, faisant se succéder les expériences, et garantissant paradoxalement l’autonomie sous l’égide de la revendication fusionnelle à l’exclusivité...

9 En d’autres termes, l’engagement dépend des modalités d’institutionnalisation de la liberté ; c’est une « structure d’opportunité » qui va à son tour affecter le processus d’attachement. L’affectif intime est formaté par les règles sociales, et l’évolution de celles-ci préside à l’instauration de paradoxes relationnels caractéristiques de l’individualisation contemporaine, comme celui que dans « Le dialogue familial, un idéal précaire », j’épingle comme « paradoxe de l’individualisme relationnel ».

10 De fait, si la stratégie d’union exclusiviste demeure inégalement répartie selon le genre, et se trouve plus pressante chez le genre féminin, c’est, nous rappelle l’auteure, lié à la forte proportion de femmes qui continuent à inscrire « la recherche d’un partenaire dans la construction et la perception de leur rôle procréatif » (p. 129). Sans pour autant que l’on puisse se limiter à une vision individuellement déterministe, mais plutôt en positionnant cette logique dans une perspective culturelle globale. Toujours est-il que compte tenu des conséquences de la généralisation du contrôle de la procréation et du décalage produit sur les âges d’engendrement, l’urgence procréative après 30 ans se fait durement sentir pour les femmes... Découle de cet ensemble de faits que la question du choix devient centrale.

11 Dans une société où l’idéal conjugal demeure toujours aussi prégnant, voire s’affirme d’autant plus qu’il reste un des derniers lieux de certitude, le choix du partenaire devient aussi crucial que délicat. Il met, en effet, en confrontation la nouvelle démarche de rationalisation introspective du choix, soupesant l’adéquation de l’autre aux « besoins, émotions et préférences en matière de modes de vie », avec l’ancienne centralité de l’affectivité dans la démarche amoureuse. Or, malgré la force de cette nouvelle démarche « managériale » en amour, les recherches montrent, dit-elle, que « la dimension affective de l’engagement est en définitive la plus forte, parce que l’engagement ne peut être un choix rationnel » (p. 163). Ce qui est lourd de conséquences : d’abord, le renforcement de la valeur d’exclusivité amoureuse et conjointement l’accentuation de la difficulté à s’engager ; ensuite, la montée de l’ambivalence et de l’incertitude, induites par le fonctionnement même des institutions ; enfin, l’exacerbation des contradictions de la conjugalité moderne, avec les multiples effets que l’on connaît, en termes de séparations, déchirements, isolement ou recherche frénétique de partenaires, place des enfants, recompositions, couples non-cohabitants et solutions alternatives... tout ce que Robert Castel a judicieusement désigné comme « montée des incertitudes ».

12 L’individu contemporain se trouve ainsi soumis à un conflit de normativité qui le dépasse, enjoint le fait qu’il se trouve à la réalisation de soi dans le rapport à l’autre (conjoint, mais aussi enfants, positionnés en partenaires) dans un « régime d’authenticité »« l’ambivalence n’est pas intrinsèque à la psyché, mais est une propriété des institutions qui organisent nos vies (...) [et] sont souvent responsables du fait que nous voulons des biens contradictoires ; l’amour et l’autonomie [le couple duo dirait Irène Théry], l’attention et l’indépendance » (p. 164).

13 De ce fait, l’individu ne peut véritablement s’engager puisque, personnalité évolutive se nourrissant des autres, il ne peut prévoir ce qu’il sera demain, « demander que l’on s’engage sur les émotions que l’on éprouvera à l’avenir devient illégitime, car perçu comme une menace pour la liberté » (p. 223) ; s’il le fait quand même, il aura toutes les chances d’être désillusionné, car « nous sommes mal armés pour nous engager dans ce que Gilbert appelle la “prévision affective’’ en raison d’erreurs systématiques de pensée comme la tendance à surestimer l’intensité ou la force des sentiments éprouvés » (p. 156). Si le vécu « subjugue » la raison, c’est peut-être que nous avons besoin, psychologiquement et socialement, de croire en la toute-puissance de l’éprouvé, ce que ne désavoueraient pas Vincent de Gaulejac et les approches de sociologie clinique...

14 L’incertitude contemporaine est donc la conséquence de la diffusion des nouvelles normes de la deuxième phase de la modernité, au tournant des années 1970 : liberté, autonomie, raison, égalité, affectivité, sociabilité... tout cela présidant à l’impératif de réalisation de soi et à la place centrale prise par l’identité comme lieu de négociation et de régulation des injonctions et des opportunités qu’offre une société néolibérale. L’individu s’en trouve sur-responsabilisé, pris dans une logique où « les interactions sociales sont un vecteur principal d’accroissement de la valeur du moi » (combien de SMS par jour chez les ados ?) et où « le désencastrement de l’amour par rapport aux cadres sociaux [...] a fait qu’il est devenu le théâtre de négociation de la valeur personnelle » (p. 191). D’où l’importance de « la peur du rejet » et la fascination pour ceux qui semblent défier de tels impératifs, d’autant plus contraignants qu’ils sont incorporés. L’auteure y voit l’occasion d’une mise en tension entre les approches psychologiques et sociologiques de l’individu, les explications psychologiques encourageant l’auto-incrimination en incitant à chercher dans son histoire personnelle les raisons de son mal-être, alors que « pour les sociologues, la dépendance est le résultat inévitable de notre situation d’acteur (et n’est donc pas une condition pathologique) » (p. 241).

15 Comme l’ont montré Max Weber, puis Marcel Gauchet, une société désenchantée s’appuie sur la science comme principe de légitimité et pose des règles de conduite abstraites, érigées en nouvelles normes sous l’égide d’un discours qui allie les savoirs et le droit, comme l’a analysé Jacques Commaille au sujet de la régulation juridique de la famille. « Un certain nombre de forces culturelles très puissantes – la science, le contractualisme politique et les technologies du choix – ont ainsi façonné le sentiment et l’expérience de l’amour, ont contribué à leur rationalisation et, de cette façon, à un changement profond dans la manière dont ils sont vécus par le sujet. » (p. 261)

16 D’où le développement du sentiment d’incertitude et la montée de l’attitude qui y répond : l’ironie. La fusion amoureuse n’est plus de mise, elle est trop dangereuse, le dialogue et la négociation deviennent le support d’une régulation identitaire qui préserve l’autonomie des deux partenaires et amène au règne du couple duo. Cela à l’intersection des normes, savantes, véhiculées par la psychologie introspective, confrontées à celles, néolibérales, de la médiatisation du monde, et à celles, citoyennes, de la démocratisation du privé. Sous la triple influence du rationalisme scientifique, de l’égalitarisme politique et de l’individualisme marchand, l’idéologie de l’amour se trouve déconstruite et reconfigurée. La relation sexuelle devient « un objet autoréflexif d’examen et de contrôle », d’autant plus facilement qu’advient le règne des technologies numériques, et qu’avec l’entrée dans le XXIe siècle s’élabore la rencontre par Internet assisté, et qu’à partir de 2002, on assiste au boom des sites de rencontre. Si le niveau d’attentes à l’égard du partenaire a augmenté en même temps qu’il s’est psychologisé, l’utilisation du site va permettre la rationalisation de la recherche en problématisant et intellectualisant la rencontre possible avant même toute participation du sensible. L’esprit de calcul s’impose et « de nombreuses personnes interrogées déclarent que l’offre est si vaste qu’elles n’entrent en contact qu’avec des personnes correspondant très précisément à leurs diverses aspirations » (p. 291). Le partenaire est insidieusement devenu objet de consommation et c’est vers l’enfant que l’idéal d’inconditionnalité (et indissolubilité) du lien a été transféré.

17 Ce qui renvoie, nous dit l’auteure, à la place prise par les médias dans le développement de l’imagination, depuis le cinéma jusqu’aux TIC. Si bien que « le sentiment irrésistible de singularité absolue qui était jadis la condition du sentiment amoureux a changé, laissant l’individu noyé dans la masse des partenaires potentiels et interchangeables » (p. 367).

18 On le voit, le constat est lui-même assez désenchanté, mettant en avant, par le biais de l’analyse de la souffrance amoureuse, à quel point le positionnement amoureux est soumis aujourd’hui à des paradoxes : régulation plus aisée des ruptures et des séparations à une époque où l’autonomie des personnes oeuvre à leur détachement, mais difficulté à atteindre, avant même de la vivre, l’expérience de la passion, et difficulté à résister aux doutes et incertitudes liés au sentiment amoureux. En définitive, conclut l’auteure, ce livre constitue « une approbation – sans illusion – de la modernité amoureuse. Il reconnaît la nécessité des valeurs de liberté, de raison, d’égalité et d’autonomie, tout en faisant l’inventaire des immenses difficultés créées par cette matrice culturelle de la modernité » (p. 381).

19 Le propos est fort mais peut susciter quelques commentaires tendant à le relativiser, sans pour autant contester sa force. L’une des difficultés d’Eva Illouz est d’arriver à tenir compte de la complexité de la dynamique évolutive de la modernité, et de rendre compte des effets de la confrontation des modèles qui se succèdent sur les positionnements individuels. Si le modèle nouveau s’oppose à l’ancien et participe à sa déconstruction, qu’en est-il des stratégies de recomposition suivies par les individus pour réorganiser leur champ de références, en empruntant des éléments à des modèles apparemment antinomiques ? Pour exemple, toutes les rencontres amoureuses ne se font pas par internet, et l’individu contemporain peut gérer simultanément des façons d’être et de faire qui participent de référentiels plus ou moins anciens et fortement divergents... Le survol historique de très grandes périodes, et de façon privilégiée par l’étude de textes littéraires à dominante anglo-saxonne, tend d’une part à proposer une lecture simplifiée du réel, d’autre part à négliger les effets des confrontations de modèles engendrant une telle complexité, enfin à proposer une analyse qui s’applique mieux à un contexte anglo-saxon (où le poids de la religion et la différenciation des sexes sont plus forts) que français. Du coup, les conflits de référence vécus par les individus, leurs inhibitions et détournements que cela provoque, ne sont pas vraiment abordés. Ce qui limite sans doute la portée du texte mais ne saurait masquer toute son importance.

Gérard Neyrand
Sociologue, est professeur à l’Université de Toulouse-Paul Sabatier, membre du laboratoire PRISSMH-SOI, responsable de l’axe Socialisation. Il est aussi responsable du laboratoire associatif Cimerss. Il a abordé à de multiples reprises les effets des mutations sociales sur la sphère privée et sur les familles, tant au niveau du couple et des rapports de genre, de la parentalité et de la petite enfance, de l’adolescence et de la jeunesse, des relations interculturelles et des processus de précarisation, ainsi que des positionnements de la société civile, de la vie associative et des institutions à cet égard. Depuis une dizaine d’années, il met plus particulièrement en relief les liens étroits entre les fonctionnements privés et la dimension politique. À dominante sociologique, ses derniers travaux se situent dans une perspective pluridisciplinaire : Corps sexué de l’enfant et normes sociales. La normativité corporelle en société néolibérale (avec Sahra MEKBOUL), Érès, 2014 ; Père, mère, des fonctions incertaines. Les parents changent, les normes restent ? (avec Michel TORT, Marie-Dominique WILPERT), Érès, 2013 ; Soutenir et contrôler les parents. Le dispositif de parentalité, Érès, 2011 ; Le dialogue familial, un idéal précaire, Érès, 2009 ; Les mariages forcés. Conflits culturels et réponses sociales (avec Abdelhafid HAMMOUCHE, Sarah MEKBOUL), La Découverte, 2008. Il a récemment dirigé Revue Dialogue : Le couple sous contrainte, n° 187, 2010.
Mis en ligne sur Cairn.info le 23/12/2016
https://doi.org/10.3917/rf.013.0125
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Union nationale des associations familiales © Union nationale des associations familiales. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...