CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Le nom du sociologue allemand Georg Simmel mort en 1918, a longtemps été ignoré par ce qui est souvent nommé la sociologie académique. De plus en plus pourtant, il apparaît aujourd’hui comme un penseur incontournable et à bien des égards contemporain. C’est tout particulièrement le cas à la lecture d’un article qu’il consacra à la famille en 1894. Conception ouverte et approche plurielle de la famille ainsi que des individus qui la composent, dimension tragique de l’existence familiale en tant qu’existence sociale, pluralité et mutations des formes familiales, principe d’individualisation et privatisation de la cellule familiale, voire importance du brouillage de la parentalité et de ses représentations, c’est à bien plus d’un titre en effet que Simmel semble constituer une référence de choix pour ceux qui visent à mieux comprendre la famille aujourd’hui.

2 Le sociologue allemand Georg Simmel (1858-1918) a longtemps été considéré comme un essayiste quelque peu « touche à tout », brillant certes, mais bien trop peu adepte des canons de l’analyse scientifique telle qu’elle est pratiquée et reconnue dans les universités, pour que le monde académique lui accorde une place véritable en son sein. Connu pour ses réflexions sur des sujets aussi disparates que la prostitution (1892), le conflit (1903), la pauvreté (1906), la parure (1908), ou bien encore la coquetterie (1909) –et l’incontestable succès des cours publics qu’il assure à l’université de Berlin où il enseigne la philosophie en qualité de Privatdozent à partir de 1884–, Simmel ne connut en effet les honneurs d’une nomination qu’en 1912 à Strasbourg, six ans seulement avant sa mort le 28 septembre 1918. Ainsi que le soulignait à juste titre Raymond Aron dès les premières pages de La Sociologie allemande contemporaine, « les exercices éblouissants » de Simmel dans sa Soziologie lui ont valu « beaucoup d'admirateurs et peu de disciples »[1].

3 Si l’on s’attache au cas plus particulier de la réception de son œuvre en France, il convient pourtant de remarquer qu’il collabora au premier volume de la revue L’Année sociologique en 1896-1897, avec son article « Comment les formes sociales se maintiennent ? » (pp. 71- 109), ou encore que ses écrits sont accessibles aux lecteurs français non germanophones avant ceux de son illustre compatriote Max Weber par exemple. Toutefois, principalement d’ailleurs en raison de la vive opposition théorique qui le sépara bien vite du créateur de L’Année et père fondateur de la sociologie française Emile Durkheim, la pensée de Georg Simmel ne rencontra pas plus la reconnaissance en France qu’en Allemagne, et demeura à bien des égards crépusculaire jusqu’à il y a plus d’une vingtaine d’années. Le fait que, à la différence de la pensée wébérienne, elle ne fut (n’est) que très peu enseignée au sein des universités françaises n’en constitue qu’une illustration parmi bien d’autres.

4 En réalité, il fallut (entre autres) que l’on s’aperçoive combien Georg Simmel avait inspiré les travaux de l’Ecole de Chicago et du courant dit de l’interactionnisme symbolique –ainsi que les efforts soutenus de certains dont Julien Freund, Michel Maffesoli, Serge Moscovici ou Raymond Boudon–, pour que la sociologie des formes dont il est le précurseur connaisse un réel élan d’intérêt [2]. Aussi, ses réflexions épistémologiques de 1894  [3], son analyse de la société en termes de réseaux en 1906  [4], ou encore ses recherches sur l’art (par exemple à propos de Michel Ange et de Rodin, notamment en 1902, 1909 et 1910) [5], entre bien d’autres encore, commencèrent à irriguer et inspirer nombre de recherches sociologiques d’appétences théoriques et empiriques parfois très différentes.

5 Nombreux sont pourtant les textes de cette œuvre polymorphe à demeurer encore mal connus aujourd’hui. C’est le cas d’un article publié en 1894 sous le titre Sur la sociologie de la famille que l’on peut lire dans le recueil intitulé Philosophie de l’amour (pp. 33-58), et dont nous nous proposons de rendre compte ici, à la fois au titre d’une réflexion autour de la sociologie de la famille contemporaine, mais également, et par suite, pour contribuer peut-être à la diffusion de cette œuvre si stimulante qu’est la pensée de Georg Simmel. Bien sûr, pour saisir parfaitement le plein sens et le contenu véritable de ce texte dont, à notre connaissance, on ne trouve pas trace dans la littérature sociologique récente et plus ancienne consacrée à la famille, se pose la nécessité de le resituer précautionneusement dans son contexte originel, celui de la fin du XIXe siècle en Europe. Il faut donc moins s’attacher en le parcourant à quelques positions pouvant paraître grossières aux yeux du spécialiste de la famille, ou, plus généralement, à ceux de l’homme d’aujourd’hui, qu’à l’analyse de la modernité naissante ou à la saisissante lecture de l’avènement de l’individualisme qu’il propose.

6 En réalité, c’est même son étonnante et singulière actualité qu’il convient avant toute autre chose d’apprécier, si l’on prend soin de souligner qu’il offre incontestablement plusieurs pistes tout à fait pertinentes pour penser la famille et la société de notre temps. Conception ouverte et approche plurielle de la famille (de l’objet sociologique famille) ainsi que des individus qui la composent, dimension tragique de l’existence familiale en tant qu’existence sociale, pluralité et mutations des formes familiales, principe d’individualisation et privatisation de la cellule familiale, voire importance du brouillage de la parentalité et de ses représentations, c’est par bien plus d’un thème en effet que (le questionnement de) Simmel nous semble profondément contemporain des interrogations que soulèvent nombre de sociologues et autres spécialistes actuels de la famille. C’est donc à travers l’ensemble de ces thèmes –tout en ayant, bien entendu, le souci constant de rendre compte précisément du contenu analytique et argumentatif de Sur la sociologie de la famille–, que les lignes qui suivent se proposent de montrer tout l’intérêt qu’il peut y avoir à lire Georg Simmel aujourd’hui.

? Le tragique de la famille : holisme, interactionnisme et individualisme

7 Georg Simmel considère la famille comme ce qu’il nomme une socialisation. Non pas un fait social, non pas une activité sociale, pas tant même un fait de société au sens où il est courant de l’entendre –c’est-à-dire, stricto sensu, se déroulant dans le cadre (et sous l’égide de) la société–, mais bel et bien une socialisation dont il est possible de distinguer les contenus et les formes, et, ce faisant, de faire l’objet à part entière d’une investigation sociologique entendue comme relevant d’une sociologie des formes. Que signifient concrètement ces termes de socialisation, de contenus et de formes de la socialisation ? De la même manière, en quoi consiste la démarche de la sociologie des formes ? C’est un tel éclaircissement théorique qu’il convient de réaliser en préambule de notre propos.

8 Pour le dire évidemment d’une manière par trop lapidaire, la sociologie des formes s’appuie avant tout sur la critique, et même l’abandon pur et simple, du concept de société. A cette dernière entendue dans sa stabilité et son immuabilité, la perspective proposée par Simmel préfère en effet la mutabilité, le caractère éminemment labile des interactions que tissent (et qui se tissent entre) les individus. Le fait de l’action réciproque –ou, devrait-on dire, de la réciprocité de l’action– est donc tout à fait essentiel pour le sociologue allemand. Tout en ne niant nullement l’existence d’une réalité super-individuelle [6], il considère donc que ce qui fait société est le fait que les individus se trouvent dans des situations d’action réciproque, de réciprocité d’action ; en un mot, qu’ils exercent et subissent réciproquement leurs effets mutuels [7].

9 Qu'elle soit éphémère ou durable, quelles qu’en soient aussi les modalités particulières, c’est bien cette réciprocité d’action qui constitue la trame des liens sociaux et de la vie en société. Ainsi, « il y a société, au sens large, partout où il y a action réciproque de plusieurs individus »[8] ; ce que l’on entend généralement par société ne résidant précisément en rien d’autre que dans la multitude foisonnante de ces actions réciproques. Simmel assoie finalement ce qui passe pour stable –la société– sur ce qui semble être le plus instable, le plus mouvant, l’incessant flux des relations et inter-relations humaines.

10 Cette socialisation, le sociologue peut théoriquement [9]en distinguer, d’une part, les contenus, d’autre part, les formes sous lesquelles elle se manifeste. Ainsi, « tout ce que les individus, le lieu immédiatement concret de toute réalité historique, recèlent comme pulsions, intérêts, buts, tendances, états et mouvements psychiques, pouvant engendrer un effet sur les autres ou recevoir un effet venant des autres –voilà ce que je définis comme le contenu, en quelque sorte comme la matière de la socialisation »[10]. Ces contenus, il y a là une précision d’importance, ne sont cependant pas sociaux originellement, par « nature » pour ainsi dire. Ils doivent effectivement entrer dans la réciprocité pour le devenir. Autrement dit, une pulsion érotique et/ou un intérêt intellectuel à partir desquels se forme un couple ne sont ici sociaux que dès lors qu’ils s’incarnent dans la réciprocité d’action concrète des individus, en d’autres termes dès lors que le couple est formé, et non parce que chaque individu les porte (rait) individuellement au plus profond de lui.

11 Les contenus de la socialisation deviennent donc sociaux lorsqu’ils donnent naissance à la socialisation elle-même, lorsqu’ils « modèlent à partir de la coexistence des individus isolés certaines formes de collectivité et de communauté qui ressortissent au concept général d'action réciproque »[11]. Ce n’est toutefois pas sur eux que devra se porter l’attention de la science sociologique que développe Georg Simmel. Tout au contraire même, il conviendra de prendre pour objet exclusif les formes sous lesquelles se manifeste la socialisation, ce que notre auteur nomme les modes de l’action réciproque, ou, pour le dire encore autrement, la manière dont se matérialise et se déroule concrètement la socialisation. « Si l'on veut donc qu'il y ait une science dont l'objet soit la société et rien d'autre, elle ne voudra pas étudier autre chose que ces actions réciproques, les modes et les formes de la socialisation. Car tout ce qui peut encore se trouver d'autre à l'intérieur de la "société", réalisé par elle et dans son cadre, n'est pas la société en soi, mais seulement un contenu qui se constitue ou qui est constitué par cette forme de coexistence, et qui ne produit évidemment qu'avec elle cette structure concrète que l'on nomme "société" au sens habituel »[12].

12 Il serait inutile de développer plus avant ces quelques considérations théoriques. Nulle précision supplémentaire n’est en effet nécessaire pour s’apercevoir qu’avec la perspective simmelienne, il est possible de concilier la figure de l’individu acteur, constructeur à la fois de la société et du libre-arbitre personnel qu’il garde toujours vis-à-vis d’elle, et l’image de l’individu agent, bien plus agi qu’agissant, passif qu’actif, devant le tout social qui le dépasse. Plus loin même, ces deux configurations ne peuvent aller l’une sans l’autre, puisque, précise notre auteur, les formes de la socialisation se détachent inexorablement de la vie et des contenus qui leur ont donné naissance, jusqu’à suivre leur propre dynamique et (même) s’opposer à la logique de la vie. Les modes de l'interaction, et c’est bien en cela que réside (que se manifeste) la dimension tragique de la vie sociale, suivent donc des règles d'une façon relativement indépendante des fondements originels du contact entre les individus. Telle est d’ailleurs la raison pour laquelle un contenu peut prendre plusieurs formes et, symétriquement, une forme peut correspondre à différents contenus.

13 Ainsi, si l’on prend à nouveau l’exemple du couple mentionné plus haut, il faut remarquer que la pulsion érotique ou l’attrait intellectuel à partir desquels deux individus ont formé la socialisation couple, peuvent « ne plus rien avoir de commun » avec la forme sous laquelle cette socialisation s’est progressivement manifestée et développée, par exemple la concurrence, la domination ou l’imitation. On trouve donc bien ici une conception de l’individu comme pleinement acteur de son existence, en quelque sorte « décideur » de ses choix de vie, et, dans le même temps, infiniment dépassé par ces mêmes choix, tout au moins par la tournure collective et sociale qu’ils sont amenés à prendre. Voilà comment, dirait peut-être Georg Simmel, deux individus qui ressentent toujours un sentiment d’amour mutuel peuvent tout de même finir par se quitter.

14 Pour en revenir précisément au sujet qui nous réunit ici, remarquons donc que Simmel offre, au moins théoriquement, l’opportunité de penser la famille simultanément comme un tout abstrait et (quasi) transcendant, un organe autonome et immuable qui façonne et contraint les individus, et comme un ensemble labile, stricto sensu un processus perpétuellement en train de se faire et de se défaire, de se construire et de se déconstruire, celui de la multitude des interactions qu’entretiennent les différents parents ; l’unité n’étant pas autre chose que l’action réciproque d’éléments. Perspective à bien des égards contemporaine et pertinente, indiscutablement ouverte et respectueuse de la complexité du réel, la famille ne pouvant (plus) être réduite –pour le dire peut-être quelque peu rapidement– ni à une institution ni à une simple et stricte addition d’individus. C’est bien dans cette direction que sont orientés des travaux comme ceux de François de Singly, soulignant notamment comment le processus d’individuation (d’individualisation) entendu comme caractéristique de la société contemporaine, inscrit toujours plus l’individu dans des tissus de relations avec les autres, et, en premier lieu, avec les autres de la famille, toujours créatrice de lien social [13].

? Le principe relativiste : pluralité et mutations des formes familiales

15 Avec Georg Simmel, la famille est donc objet sociologique dès 1894. Certes, l’on sait qu’Emile Durkheim professe son cours d’introduction à la sociologie de la famille à la Faculté des lettres de Bordeaux à partir de 1888, considérant la famille comme « le groupe qui est le plus simple de tous et dont l’histoire est la plus ancienne »[14], et proposant comme méthode de « constituer tout d’abord les principaux types familiaux, les décrire, les ranger en genres et en espèces, chercher enfin autant que possible les causes qui ont déterminé leur apparition et surtout leur survie »[15]. On sait également qu’un autre « oublié » de l’histoire de la discipline sociologique, mais Français celui-là, Gabriel Tarde, affirme en 1890 qu’il y a « deux germes distincts des sociétés, la famille et la foule ; et, suivant qu’elle aura eu principalement l’une ou l’autre source, […] une nation revêtira des caractères profondément distincts […] dans un cas comme dans l’autre, la société est née d’une suggestion, non d’un contrat. Un contrat est la rencontre de plusieurs volontés nées indépendamment les unes des autres, et qui se sont trouvées d’accord : pure hypothèse. Une suggestion est la production de volontés qui naissent d’accord avec la volonté supérieure d’où elles procèdent ; tel est le fait social primitif. Toute foule, comme toute famille, a un chef et lui obéit ponctuellement »[16].

16 Il n’en demeure pas moins que l’auteur de Soziologie semble bien être le seul ici à proposer, non seulement un programme de recherche sociologique concernant la famille elle-même – autrement dit de s’intéresser à la famille pour elle-même [17]–, mais également de la prendre en charge, non à partir d’une perspective monolithique, mais suivant une double dimension bien plus respectueuse, semble-t-il, de la complexité de sa réalité : à la fois celle d’une (quasi) abstraction et celle d’un ensemble d’éléments en relations et inter-relations ; la famille résidant autant dans l’une que dans l’autre. Reste bien entendu au spécialiste de l’histoire de la prise en charge de l’objet par la discipline sociologique, la charge de déterminer l’ordre des priorités en la matière ; tout au moins si la question se révèle d’intérêt.

17 Car en effet, c’est surtout l’originalité du point de vue du sociologue allemand qui est à relever ici. Dans un temps où la famille est avant tout envisagée comme un pôle de stabilité par lequel la reproduction de la société est assurée, Simmel va mettre en évidence la pluralité et l’aspect profondément labile des formes qu’elle peut revêtir. Pour saisir clairement la force de l’argumentation du sociologue allemand en la matière, ainsi que toute la pertinence et l’originalité de sa perspective, il convient d’en revenir au texte même qui nous occupe ici.

18 La première partie de Sur la sociologie de la famille est consacrée à la critique de l’idée selon laquelle existerait un état de nature originel par lequel passerait toute société. Cet état de nature consisterait en une liberté absolue des relations entre hommes et femmes. Accepter une telle hypothèse nous dit notre auteur, « vouloir construire à tout prix, sous la diversité des phénomènes historiques, un même commencement préhistorique », ce serait effectivement montrer « une docilité erronée envers la pulsion unitaire de notre pensée »[18]. Ceci d’autant plus que les « recherches et analyses sociopsychologiques les plus récentes dans le domaine de l’histoire de la famille »[19]ont montré que l’argument essentiel plaidant en faveur d’un tel point de vue (à savoir la fréquence du matriarcat chez « les peuples naturels ») la filiation en ligne maternelle ne pouvant résulter ici que de l’ignorance du père, donc d’une promiscuité complète des rapports entre hommes et femmes), était obsolète [20].

19 Au-delà des théories évolutionnistes, c’est bien entendu les reconstitutions incertaines « d’états antérieurs à partir des plus tardifs » [21]que Georg Simmel égratigne également au passage. Prenant l’exemple de deux raisonnements parallèles au sujet de la jalousie et de ses effets (pp. 38-39) –dont l’un parviendrait à la conclusion d’un état de nature originel prenant la forme d’une complète liberté des relations entre hommes et femmes, et l’autre à celle d’un état de nature au contraire parfaitement réglé (le premier envisageant la promiscuité comme une absence de jalousie permettant l’émergence d’une vie sociale, le second considérant que la jalousie aurait précisément condamné toute étincelle de vie collective en l’absence de règles) –Simmel souligne en effet le caractère éminemment douteux de tels raisonnements. En réalité, pour lui, s’il faut qu’un tel état existe, « alors la monogamie n’est aucunement moins attestée que l’absence de règle »[22].

20 Ce qui est particulièrement intéressant ici, c’est que, au nom du principe relativiste qui parcourt son œuvre de part en part, au nom de cette critique de la substance une et indivisible en vertu de laquelle, nous l’avons vu, il substitua à la société statique (Gesellschaft) la socialisation dont le terme allemand de Vergesellschaftung exprime le dynamisme, Georg Simmel semble vouloir reconnaître d’emblée la pluralité, tout autant d’ailleurs que les mutations, des formes familiales. Plus loin même, il en affirme le caractère tout à fait indépassable ; et ceci quels que soient l’état d’origine –autrement dit la forme originelle– et (le sens de) l’évolution en question. Ainsi, non seulement pose-t-il péremptoirement l’évidente diversité et l’inévitable labilité de la famille, mais se dispense-t-il également de tout jugement (de valeur) à cet endroit.

21 La pensée de Georg Simmel se trouve indéniablement là en résonance avec notre époque, où sociologues et autres penseurs de la famille contemporaine visent à envisager et à nommer celle-ci dans un sens suffisamment large pour pouvoir y inclure ses multiples (et toujours « plus multiples ») manifestations : famille recomposée, monoparentale, homoparentale, etc., et éviter, ainsi, de l’appréhender bien prématurément en termes de crise par exemple. Il suffit d’ailleurs de se reporter aux titres d’ouvrages (récents) relevant (pourtant) de projets et/ou de domaines parfois bien différents, pour se convaincre de tout l’à propos de la démarche de Simmel en la matière. Ainsi, à titre d’exemples, Les « nouvelles familles » en France : l’état de l’enfance sous la direction de Gabriel Languouët [23], La famille dans tous ses états de Caroline Eliacheff [24]ou encore Familles, Permanence et métamorphoses coordonné par Jean-François Dortier [25], chacun de ces travaux abondent de façon évidente dans le sens du point de vue développé par Simmel.

? Individualisation, autonomie et privatisation de la famille

22 C’est en un double sens que l’intérêt et la contemporanéité du texte de Georg Simmel ont pu jusqu’ici être mis en avant. D’une part, par le truchement de la distinction entre contenus et formes de la socialisation, ce dernier propose une conception ouverte (et tragique) de la famille, considérée autant comme une entité transcendante (ou quasi transcendante) dont l’aspect essentiel est celui de sa contribution au maintien de la reproduction biologique et sociale de la société, qu’en tant qu’ensemble de relations tissées par les individus (relations qui finissent par échapper à ces derniers et, parfois, à leurs raisons d’être originelles) à travers lequel, par exemple, il est possible de saisir le soutien identitaire fort qui serait aujourd’hui dispensé aux individus à l’intérieur de la sphère familiale. D’autre part, au nom du principe relativiste stricto sensu, le sociologue allemand « milite » en quelque sorte pour la reconnaissance de la pluralité et du caractère éminemment mouvant des formes familiales ; pluralité nullement considérée comme le signe (quasi pathologique) d’une quelconque crise de la famille par exemple, nous l’avons dit.

23 C’est toujours suivant ce même horizon théorique de ce que l’on pourrait nommer avec Lilyane Deroche-Gurcel un relativisme non sceptique [26], que Georg Simmel oriente la suite de son exploration analytique de la famille. Et à nouveau, celle-ci va laisser transparaître des éléments de réflexion bien utiles à la pensée contemporaine. En la matière, il décentre l’analyse de la relation père-mère à la relation mère-enfant. Selon lui, « le noyau fixe » autour duquel la famille se développe n’est effectivement pas la relation entre l’homme et la femme, mais celle entre la mère et l’enfant. « Telle est la relation partout la même, pour l’essentiel, tandis que la relation entre les époux est susceptible de mutations à l’infini »[27]. Ainsi, « l’enfant appartient à la mère, et au père uniquement dans la mesure où la mère lui appartient »[28]. Soulevant un ordre de questionnement auquel, entre autres, la parentalité moderne et ses représentations contemporaines (en particulier à travers les nouvelles techniques de reproduction) ne sont probablement point étrangères, Simmel peut donc affirmer avec force que, en réalité, ce qui caractérise véritablement « les formes premières de la famille » n’est pas du tout l’anonymat du père, mais bel et bien « l’indifférence quant à son identité au sens physiologique »[29]. Ce faisant, ramenant le propos à la société occidentale de son temps, il constate que c’est une bien longue évolution que la notion de père a dû parcourir, « avant que son sens originaire, qui incluait seulement la possession de l’enfant au moyen de la possession de la mère, ne soit devenu celui d’une relation directe et individuelle entre le procréateur et l’enfant » [30]. Afin de mieux comprendre cette évolution, Simmel souligne alors le lien manifeste qu’elle doit entretenir selon lui avec le propre cheminement de la notion de propriété privée. En effet, il estime que ce n’est que dès lors que l’homme accéda à une possession personnelle, acquise et défendue « par la lutte et le travail », qu’il souhaita la laisser à un héritier de son propre sang. Autrement dit, « l’héritage des biens est la notion à partir de laquelle grandit et se renforça celle d’une transmission du sang. La paternité ne prit pas trop d’importance aussi longtemps qu’elle n’entraîna point de conséquences notables en matière de propriété »[31]. Ainsi, comme l’indique Claudine Attias-Donfut reprenant la Philosophie de l’argent (1900) [32], descendance et possession représentent l’une et l’autre une véritable « expansion du moi » pour Simmel [33]. On saisit alors sans difficulté également, soulignons-le au passage avec ce dernier, que c’est bien à partir du surgissement de cet intérêt qu’apparaît la nécessité, d’abord d’une fidélité conjugale féminine, puis (par reflet d’une certaine manière) d’une fidélité conjugale masculine. Aussi, supposant bien entendu là que fidélité et amour ne peuvent aller l’un sans l’autre, voire qu’ils ne font qu’un –et mettant à nouveau en œuvre la perspective du tragique de l’existence sociale à travers la logique de la séparation des formes de la socialisation et de leur substrat qu’est la vie–, Simmel remarque que « le facteur génétique de la fidélité conjugale nous suggère le fait que l’amour individuel n’avait à l’origine rien à faire avec le mariage, mais qu’à l’inverse les conditions et contenus particuliers du mariage découlèrent de causes à part, très extérieures assez souvent, et firent naître l’amour à leur tour comme un rapport de cœur individuel »[34].

24 C’est à partir de cette analyse de l’évolution de la notion de père, et en la poursuivant finalement, que Georg Simmel parvient au cœur même de sa sociologie de la famille. Car, ainsi qu’il le formule très limpidement, « ce qui pour l’espèce était une cause est pour l’individu un effet, et vice versa. L’entrée en vigueur du mariage monogamique, tel qu’il découlait de circonstances économiques et sociales, mena en général au sentiment spécifique d’amour et de fidélité pour la vie, et maintenant inversement, la naissance d’un tel sentiment est le motif pour nouer mariage »[35]. Bien entendu, on voit là un possible éclairage du report de l’entrée dans le mariage caractéristique de notre époque –qui constitue (déjà) en tant que tel une trace significative de la privatisation de la cellule familiale et, plus généralement, de l’objectif d’autonomie et d’épanouissement individuel qui serait assigné aux individus de notre époque–, ainsi que de la « déconnexion » des mœurs familiales vis-à-vis des institutions qui les régissaient. Mais Simmel va plus loin, et l’essentiel n’est pas là.

25 De la même manière en effet, soutient-il que « c’est par un pareil renversement que se développe la relation des parents à leur descendance »[36]. Effectivement, peut-on dire avec le fondateur de la sociologie des formes que le principal but social d’un mariage est ici la meilleure assistance fournie à la descendance. Selon lui, le mariage crée une division du travail entre homme et femme qui profite essentiellement aux enfants. Le mariage implique ainsi, à la longue pour ainsi dire, « une supériorité directe du groupe vis-à-vis d’un autre ignorant le mariage, et dans lequel la nouvelle génération reste toujours abandonnée aux forces isolées de la mère, ou à une assistance communiste, dépourvue de tout intérêt personnel »[37]. Or, ce qu’il convient de nommer avec Simmel l’efficacité sociale du mariage, le fait qu’il soit, dès l’origine, orienté vers les enfants, fait de lui un effet de la procréation de la descendance. « Aussi, de même que l’amour fut la conséquence du mariage, jusqu’à ce que le mariage devienne une conséquence de l’amour, de même l’amour est-il encore une conséquence de la procréation de la nouvelle génération, jusqu’à ce que s’installe l’état de choses inverse que l’on connaît aujourd’hui »[38].

26 Ce qu’il convient de remarquer ici, à nouveau en filigrane de ce qui affleure à la surface de l’analyse, c’est bien que ces deux inversions caractéristiques de la modernité soulignées par Simmel révèlent on ne peut plus clairement le fait que « l’évolution historique, partant de l’intérêt social et de la norme sociale[39], mène de plus en plus vers l’intérêt pour l’individu érigé en critère »[40]. Le mariage et l’assistance à la nouvelle génération en tant qu’intérêts sociaux, ont effectivement perdu l’affrontement qui les opposait respectivement à l’intérêt individuel de l’amour et à l’affaire personnelle du mariage (entendue comme devenue une question d’amour) ; aux stades antérieurs, les facteurs les premiers nommés étant « la cause des derniers, tandis qu’aux stades ultérieurs, la relation de causalité s’inverse »[41].

27 Une nouvelle fois, la prose de Georg Simmel, qui relève finalement une croissance tout à fait continue du processus d’individualisation [42] –depuis la descendance en tant qu’expansion du moi (à l’image de la propriété), jusqu’au mariage et à l’amour comme véritable recherche d’une réalisation personnelle–, la prose de Georg Simmel disions-nous donc, semble à bien des égards pressentir une dimension contemporaine de la famille. Cette dimension est bien entendu celle de la recherche et de la valorisation de l’autonomie et de l’épanouissement mutuels, tout autant qu’individuels, des différents parents (et en particulier des enfants bien sûr) [43].

28 Simmel conclut alors son texte par une illustration pratique –en quelque sorte une analyse empirique– du mouvement tragique de l’existence familiale et sociale incarné dans la double inversion dont il vient de décrypter les modalités. Cette illustration concerne la place de la femme au sein de la famille. Et malgré quelques jugements et autres positions pouvant paraître « datés », le sociologue allemand va encore une fois proposer une réflexion qui ne se révèlera pas inutile pour nous. Tout au contraire même. Effectivement, monétarisation du monde et valorisation de la femme vont illustrer le phénomène de la privatisation de la famille ; phénomène particulièrement observé et analysé de nos jours.

29 Selon lui en effet, préfigurant déjà certaines des analyses contenues dans cet ouvrage majeur qu’est la Philosophie de l’argent, parce que les hommes déboursaient une importante somme d’argent pour obtenir une femme, ils cherchaient à faire travailler cette dernière le plus possible afin de lui faire « rembourser » le prix de son achat. Par ailleurs, possédant entièrement ce que j’ai acquis par mon propre argent, « plus absolument que toute possession qui me soit échue par une libre volonté », les femmes étaient d’autant plus traitées indignement (pareille acquisition comportant moins d’obligations, imposant moins d’égards »[44]). A fortiori d’ailleurs, que, de toutes les valeurs qu’a élaborées la vie pratique, l’argent est incontestablement la plus impersonnelle selon notre auteur.

30 Certes. Mais, nous dit-il, ce n’est là « que le côté extérieur de la forme donnée au mariage par le processus d’achat ». Car l’on fait « des sacrifices pour ce qu’on aime bien, mais inversement aussi on aime bien ce pour quoi on fait des sacrifices ». En d’autres termes, il est vraisemblable « que l’achat des femmes, qui d’un côté les déclassait d’abord, a justement dû les relever de l’autre dans l’estime des hommes »[45]. Confirmant au passage que le mariage se trouvait bien à l’origine de l’amour, tout autant que le caractère par bien des aspects cynique du tragique social qui dépasse infiniment les individus, Simmel estime qu’il se peut même que ce moment sociologique ne soit pas si éloigné de la famille moderne.

31 A la position relativement confortable de la femme au sein de celle-ci répond en effet, « étant donné le devoir d’entretien chez l’homme », un sacrifice de ce dernier bien plus important en proportion que le prix d’achat des femmes « au sein des peuples encore grossiers ». Du fait même que le devoir de sacrifice matériel est ici « réparti sur l’ensemble de l’existence », et, surtout, parce qu’il « bénéficie à la femme elle-même et non pas comme auparavant à sa famille –la transition étant fournie en l’occurrence par les époques ultérieures où les parents laissaient l’argent de l’achat en guise de dot à la jeune fille elle-même– se trouvent justement conservés les aspects du sacrifice propres à augmenter la valeur de ce qu’on gagne par lui ». Si donc, indéniablement, l’on aime ce pour quoi l’on fait des sacrifices, on l’aime d’autant plus, pourrait-on dire, que les dividendes de ces sacrifices (en quelque sorte) nous reviennent. Ainsi, « le sacrifice consenti pour acquérir la femme, et qui à l’origine exprimait et accroissait son oppression, et sa chosification, contenait ainsi déjà le moment psychologique dont le développement achevé conduisit à un changement d’évaluation direct de sa position »[46].

32 Incontestablement, ce sont la privatisation de la famille et (toujours) l’individualisme, ainsi que leurs effets, que Simmel met ici en lumière avec force. Quelles qu’en soient les formes et manifestations particulières –qu’il s’agisse, par exemple, d’un « individualisme égoïste » ou d’un « individualisme altruiste » (la suite de la proposition « on aime ce pour quoi on fait des sacrifices » étant à l’évidence pour Simmel, « on fait des sacrifices pour ce que l’on aime »), ce sont bien ces thématiques éminemment caractéristiques de la famille contemporaine selon la communauté des sociologues spécialistes en ce domaine, que l’on peut clairement distinguer là. Certes, il convient de faire le tri entre ce qui relève de l’inscription du raisonnement dans son temps et ce qui, précisément, traverse le temps au sein du propos simmelien ; de la même manière qu’il peut paraître difficile d’envisager que l’émancipation de la femme puisse se trouver expliquée, voire déterminée [47], par la dimension tragique de l’existence sociale ainsi que le montre ce que nous avons nommé l’analyse empirique concluant le Sur la sociologie de la famille. Il n’en reste pas moins cependant que réside dans ces lignes une nouvelle illustration, non seulement de la pénétrante perspicacité, mais également de toute l’actualité de la pensée de Georg Simmel aujourd’hui.

? Ouverture

33 L’art subtil de la digression de Simmel, celui-là même qui le fit accuser de dilettantisme et mettre au ban de la vie académique une large partie de son existence, apparaît finalement (et fait apparaître) ici comme une étonnante acuité d’esprit. Son souci du détail, qui, au premier abord, peut être entendu comme une attirance frivole pour la conjecture, l’ouverture de sa pensée –il suffit de comparer, ainsi que nous l’avons fait, sa manière d’appréhender la famille à celle d’Emile Durkheim, ou même à celle de Gabriel Tarde pour s’en convaincre–, qui a pu (peut) présenter pour certains les apparences d’un manque de rigueur évident, ou bien encore la conviction chez lui de la fondamentale inanité (puisque relativité indépassable) de toute proposition finale assurée d’elle-même, conviction qui peut donner la sensation de l’absence préjudiciable de résultat (de résolution diraient les musiciens) dans chacune de ses analyses et autres démonstrations, tous ces éléments font de la sociologie de la famille de Georg Simmel une pensée singulièrement actuelle et pour le moins roborative.

34 Bien sûr, il est possible, si on le désire, d’insister sur ce que l’on pourrait nommer les nombreux « archaïsmes » qui, à l’évidence, parcourent le texte dont nous venons de rendre compte. Ainsi, pour prendre un cas tout à fait exemplaire et qui a été plus particulièrement mis en relief ici, il paraît indispensable de compléter la lecture de Sur la sociologie de la famille par la prise en compte des apports et autres avancées significatives directement issus des travaux ou des revendications des féministes. En effet, certaines positions tenues par Simmel au sujet des relations et des inégalités entre les sexes paraissent pour le moins sujettes à caution. Celui qui souhaite extraire tout l’intérêt de cette sociologie si singulière ne peut (ne doit pas) faire l’économie de la mise en perspective critique en la matière.

35 Cela ne modifie cependant en rien le constat général posé ici. Comment, d’ailleurs, faire le reproche de tels « archaïsmes » à Simmel, mort il y aura bientôt cent ans. Il est au contraire de notre propre ressort de dépoussiérer de la manière la plus idoine possible ses propositions. Cela n’est de toute façon que bien peu de choses au vu des « quasi prophéties » qu’il nous a léguées, et l’on n’a pas fini, selon nous, de constater et de mesurer, aussi bien du point de vue des travaux théoriques que de celui des réflexions (plus) pratiques, les effets stimulants de la digression simmelienne.

Notes

  • [1]
    Raymond ARON, La sociologie allemande contemporaine, Paris, Presses universitaires de France, 1966, p. 7.
  • [2]
    Au sujet de l’influence de Simmel sur les plus illustres représentants de l’interactionnisme symbolique, on pourra se reporter à l’ouvrage qu’Howard Becker consacra en 1963 à la déviance, Outsiders (Howard S. BECKER, Outsiders. Etudes de sociologie de la déviance, Paris, Editions Métailié, 247 pages, 1985). Sa manière (tout à fait novatrice à l’époque) d’envisager la déviance, non comme une substance dont la quintessence se trouverait dans les individus eux-mêmes, mais comme le résultat de l’ensemble des relations qu’entretiennent toutes les parties impliquées de près ou de loin dans les faits de déviance, constitue en effet (sous forme de mise en perspective empirique) un héritage typique de la pensée simmelienne.
  • [3]
    Georg SIMMEL, « Le problème de la sociologie », Sociologie, Paris, Presses universitaires de France, pp. 39-62, 1999.
  • [4]
    Georg SIMMEL, « Le secret et la société secrète », Sociologie, Paris, Presses universitaires de France, pp. 347-405, 1999.
  • [5]
    Georg SIMMEL, Michel-Ange et Rodin, Paris, Rivages/Poche, Coll. « Petite Bibliothèque », 105 p., 1990.
  • [6]
    Car le tout n’est effectivement pas strictement égal à la somme des parties selon lui.
  • [7]
    Ainsi, on notera que le vocable de socialisation chez Simmel recouvre une signification bien différente de celle que pouvait lui attribuer Emile Durkheim par exemple (et qui demeure encore d’ailleurs l’acception la plus fréquemment usitée en sociologie), c’est-à-dire celle de l’intériorisation des normes et des valeurs du groupe par l’individu. De manière plus générale, c’est bien sûr la polysémie particulièrement prononcée de ce terme qu’il faut souligner ; polysémie notamment fonction des disciplines qui se sont emparées du mot (sociologie et psychologie en particulier), mais dont le cœur se manifeste avant tout ici dans la difficulté même à traduire le mot allemand Vergesellschaftung et l’idée de dynamisme qu’il porte en lui.
  • [8]
    Georg SIMMEL, « Le problème de la sociologie », Sociologie, Paris, Presses universitaires de France, 1999, p. 43.
  • [9]
    Mais tout à fait légitimement ainsi que le souligne Simmel. Voir à cet égard « Le problème de la sociologie », ibid., pp. 45-46.
  • [10]
    Ibidem, pp. 43-44.
  • [11]
    Ibidem, p. 44.
  • [12]
    Ibidem, pp. 44-45.
  • [13]
    Voir par exemple François de SINGLY, Les uns avec les autres. Quand l’individualisme crée du lien, Paris, Armand Colin, 268 p., 2003. Ouvrage dans lequel Simmel est, d’ailleurs, régulièrement cité. On pourra également se reporter aux deux tomes publiés sous la direction de François de Singly : Famille et individualisation. Être soi parmi les autres, Paris, L’Harmattan, 199 p., 2001, et Famille et individualisation. Être soi d’un âge à l’autre, Paris, L’Harmattan, 223 p., 2001.
  • [14]
    Emile DURKHEIM, Textes. Fonctions sociales et institutions, Paris, Editions de Minuit, 1975, p. 11.
  • [15]
    Ibid., p. 15.
  • [16]
    Gabriel TARDE, La philosophie pénale, Paris, Cujas, 1972, pp. 326-327.
  • [17]
    Ne dit-il pas que, pour la sociologie, « l’histoire de la famille offre un matériau d’une importance particulière » (Georg SIMMEL, « Sur la sociologie de la famille », Philosophie de l’amour, Paris, Rivages/Poche, 1988, p. 34) ? Lorsque l’on sait que la sociologie de la famille demeura longtemps un domaine considéré comme mineur et marginal dans la discipline, on ne peut rien trouver là d’anodin.
  • [18]
    Georg SIMMEL, « Sur la sociologie de la famille », ibid., p. 46.
  • [19]
    Ibid., p. 35.
  • [20]
    Ainsi, « on a tout récemment découvert que, chez plusieurs groupes de peuples, ce sont justement les fractions au bas de l’échelle qui adoptent le patriarcat, et connaissent la descendance et l’héritage en ligne paternelle, tandis que les plus évoluées ont la succession en ligne maternelle, qui a dû se fixer au degré le plus bas pour ensuite s’en éloigner » (Georg SIMMEL, « Sur la sociologie de la famille », Ibidem, pp. 36-37).
  • [21]
    Ibidem, p. 37.
  • [22]
    Ibidem, p. 44.
  • [23]
    Gabriel LANGOUËT (sous la direction de), Les « nouvelles familles » en France : l’état de l’enfance, Paris, Hachette, 222 p., 1998.
  • [24]
    Caroline ELIACHEFF, La famille dans tous ses états, Paris, Albin Michel, 244 p., 2004.
  • [25]
    Jean-François DORTIER (coordonné par), Familles, Permanence et métamorphoses, Paris, Editions Sciences Humaines, 312 p., 2002.
  • [26]
    Lilyane DEROCHE-GURCEL, Simmel et la modernité, Paris, Presses universitaires de France, 336 p., 1997.
  • [27]
    Georg SIMMEL, « Sur la sociologie de la famille », op. cit., p. 46.
  • [28]
    Ibid., p. 47.
  • [29]
    Ibidem., p. 47.
  • [30]
    Ibidem., p. 48.
  • [31]
    Ibidem., pp. 48-49.
  • [32]
    Georg SIMMEL, Philosophie de l’argent, Paris, Presses universitaires de France, 662 p., 1987.
  • [33]
    Claudine ATTIAS-DONFUT, « Des générations solidaires », Familles – Permanences et métamorphoses, op. cit.
  • [34]
    Georg SIMMEL, « Sur la sociologie de la famille », op. cit., pp. 49-50.
  • [35]
    Ibid., .p. 51.
  • [36]
    Ibidem., p. 51.
  • [37]
    Ibidem., p. 53.
  • [38]
    Ibidem., p. 54.
  • [39]
    En d’autres termes, d’un état visant à assurer la paix sociale et l’harmonie collective en quelque sorte.
  • [40]
    Ibidem., p. 54.
  • [41]
    Ibidem., pp. 53-54.
  • [42]
    Individualisation que l’on pourrait qualifier, en faisant toujours référence explicite à la pensée simmelienne, d’individualisation qualitative.
  • [43]
    On pourra, à cet égard, se reporter à l’ouvrage de Vincenzo CICCHELLI, La construction de l’autonomie. Parents et jeunes adultes face aux études, Paris, Presses universitaires de France, 228 p., 2001.
  • [44]
    Ibidem., p. 55.
  • [45]
    Ibidem., pp. 55-58.
  • [46]
    Ibidem., p. 58.
  • [47]
    A tout le moins en partie.
Vincent Rubio
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2011
https://doi.org/10.3917/rf.003.0137
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