9 juin 2016, à Nice : « Une serveuse giflée pour avoir servi de l’alcool pendant le Ramadan » . Elle raconte : « J’étais toute seule dans le bar quand deux passants ont fait irruption. Ils ont pointé du doigt les bouteilles d’alcool qui se trouvaient derrière le comptoir, puis l’un d’entre eux m’a dit en arabe : « Tu devrais avoir honte de servir de l’alcool en période de Ramadan ». Puis, il a ajouté : « Si j’étais Dieu, je t’aurais pendue ». « Tu n’es pas Dieu pour me juger », lui répond sans ambages la jeune femme, qui reçoit en échange des insultes.
Ayant fait mine de partir, l’homme en question est revenu sur ses pas pour l’agresser alors violemment en la frappant au visage. Rangé par nos médias au rang de « fait divers », ce passage à l’acte inouï s’apparente plutôt à un symptôme de notre époque où le rapport au semblable se trouve endommagé par un radicalisme identitaire dénué de toute dialectique.
C’est le signifiant de la honte qui est brandi ici comme justification de l’acte agressif.
C’est ce même signifiant qui a été utilisé par le seul « survivant » des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, déclarant : « Je n’ai pas honte de ce que je suis » .
Il ne s’agit pas là de faire l’analyse de ces deux sujets, que nous n’avons pas rencontrés, mais de tenter de saisir ce que recouvre cet affect de honte dans le contexte de notre lien social postmoderne, terreau fécond à diverses formes de radicalismes chez les êtres parlants.
Le radicalisme dont il est question nous semble devoir être lu dans son rapport au père et son déclin, d’une part, et à partir du problème de la honte et de la haine de soi, d’autre part…