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Au sein de la littérature psychanalytique et psychiatrique, la maladie de Daniel Paul Schreber a fait couler beaucoup d’encre.
Le premier mot concernant sa propre maladie revenant de droit à l’auteur des Mémoires qui affirmait clairement être un « névropathe » (Nervenkrank) et non un malade mental (Geisteskrank) , le dossier médical de la première admission de Schreber à l’asile de Sonnenberg  du 8 décembre 1884 diagnostique une « Hypocondrie grave » (Baumeyer, 1956 (1979), p. 172) et évoque une « tentative de suicide » le 30/01/1885 (Weber, 1903 (1975), p. 419). Lors de la seconde admission (1893-1894), Schreber souffre d’hallucinations visuelles, auditives et olfactives. Il fait encore des tentatives de suicide et évoque sa peur d’agressions indécentes puisqu’il « se croit » une jeune fille. Le dossier de l’admission à l’asile de Sonnenstein (1894-1902) avance dubitativement le diagnostic de « paranoïa » (Baumeyer, 1956 (1979), p. 174) le docteur Weber écrit, dans son Expertise médico-légale jointe aux Mémoires, que la maladie de Schreber, à considérer dans la phase initiale comme un « délire hallucinatoire », « se dégagea et cristallisa [en] un tableau de paranoïa de plus en plus caractérisé ». On note que parallèlement à un délire bien organisé qui inclut aussi de « fausses perceptions », « la présence d’esprit et l’orientation restent inaltérées, la logique est conservée, […] les réactions affectives exagérées sont absentes, l’intelligence et la mémoire n’ont pas eu à subir d’altération sensible » (Weber, 1903 (1975), p…

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Français

Dans le Séminaire III consacré à l’étude des psychoses, Lacan dit de Schreber qu’il est certes un écrivain, mais pas un poète. Le délire de Schreber et, par extension, la psychose, sont essentiellement caractérisés par un manque de métaphore. Dans notre contribution, nous examinerons d’abord la littérature psychanalytique et psychiatrique concernant le diagnostic de la psychose de Schreber, puis nous analyserons la thèse de la forclusion du signifiant Nom-du-Père comme cause de la psychose. Pour comprendre la fonction métaphorique du signifiant, nous examinons ensuite la nature linguistique de la métaphore, sur la base des théories d’Aristote et de U. Eco. La métaphore est un instrument de connaissance cognitive et additive : par la métaphore, nous atteignons une nouvelle connaissance, et la métaphore apporte la connaissance en dessinant par le langage une nouvelle caractéristique du fonctionnement de la réalité. Une fois que la première métaphore, celle paternelle, est absente, c’est la métaphore comme fonction de connaissance additive qui manque. Par conséquent, aucune autre métaphore ne sera possible, puisque le sujet n’a pas rencontré la possibilité pour une nouvelle signification d’apparaître, celle-ci apportée par le travail du métaphorique. Nous proposons enfin quelques considérations conclusives sur le langage psychotique, ainsi qu’une nouvelle articulation entre métaphore, doute et certitude délirante.

  • psychose
  • métaphore
  • D. P. Schreber
  • J. Lacan
  • U. Eco
Português

A psicose e a metáfora

No Seminário III dedicado ao estudo da psicose, Lacan diz de Schreber que ele é de fato um escritor, mas não um poeta. A ilusão de Schreber e, por extensão, a psicose, são essencialmente caracterizadas por uma falta de metáfora. Nessa contribuição, primeiro examinaremos a literatura psicanalítica e psiquiátrica relativa ao diagnóstico da psicose de Schreber e depois analisaremos a tese da forclusão do significante Nome-do-pai como causa de psicose. Para entender a função metafórica do significante, examinamos então a natureza lingüística da metáfora, com base nas teorias de Aristóteles e U. Eco. A metáfora é um instrumento de conhecimento cognitivo e aditivo: através dela alcançamos novos conhecimentos, e a metáfora traz o conhecimento desenhando, pela linguagem, uma nova característica do funcionamento da realidade. Se a primeira metáfora, a paterna, está ausente, é a metáfora como função do conhecimento aditivo que fica faltando. Por conseguinte, nenhuma outra metáfora será possível, já que o sujeito não encontrou a possibilidade de um novo significado, trazido pelo trabalho da metáfora, aparecer. Finalmente, propomos algumas considerações finais sobre a linguagem psicótica, bem como uma nova articulação entre metáfora, dúvida e certeza delirante.

  • psicose
  • metáfora
  • D. P. Schreber
  • J. Lacan
  • U. Eco
Filippo Dellanoce
Psychanalyste. Docteur en Psychanalyse et Psychopathologie (Université de Paris). Chercheur associé au laboratoire LIRCES – UCA Nice.
Université Côte d’Azur (UCA) Campus Carlone – 98 boulevard Edouard-Herriot – 06209 Nice Cedex 3 – France
Houria Abdelouahed
Psychanalyste. Professeur des Université, Université Paris 13.
Université Paris 13 99 avenue Jean-Baptiste-Clément – 93430 Villetaneuse – France
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Mis en ligne sur Cairn.info le 25/08/2022
https://doi.org/10.3917/rep2.033.0043
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