Il y a un demi-siècle, en octobre 1971 exactement, Jacques Lacan publiait Lituraterre, texte contenant quelques lignes sur les Japonais, leur langue et la psychanalyse, et faisait de nouveau référence aux Japonais dans son séminaire sur le Sinthome, le 16 mars 1976. Plus précisément, le Japonais serait inanalysable et les Japonais parleraient chinois dans leur propre langue. Or, aucune contradiction n’a été apportée, ni dans l’ouvrage intitulé Lacan et la chose japonaise (Miller et al., 1988) ni dans d’autres sources publiées après sa parution. Aujourd’hui, ils sont des milliers, habitant cette langue, qui ont fait l’expérience d’une psychanalyse, certains étant devenus psychanalystes eux-mêmes. Cependant, l’existence de psychanalystes et analysants nippons, y compris lacaniens, ne semble pas suffire à démentir formellement que les Japonais n’auraient pas besoin d’analyse ou seraient inanalysables. En tant que psychanalyste étranger travaillant au Japon, en langue japonaise, je souhaiterais apporter un éclairage nouveau sur cette question particulièrement complexe.
D’abord revenons à une citation originale dans le séminaire Le Sinthome :
Un catholique est inanalysable […] Là-dessus, quelqu’un m’a fait remarquer que j’avais dit la même chose des Japonais. C’est Jacques-Alain Miller, bien sûr, qui n’a pas perdu cette occasion. Enfin, je le maintiens. Ce n’est pas pour la même raison. (Lacan, 2005, p. 126)
Jacques-Alain Miller nuancera ce propos douze ans plus tard, en avançant que « rien n’empêche un Japonais de faire une analyse dans une autre langue » (Miller, 1988, p…