Afin d’énoncer les propos de la science de l’inconscient, la rhétorique de la psychopathologie implique chez Freud des renvois ponctuels, mais réitérés, à la science des minéraux. Toutefois, cette rencontre imagée entre champs disciplinaires ne va pas de soi. Elle convoque une enquête concernant la source de ce savoir minéralogique. Nous la plaçons sous l’enseignement de Gustav Tschermak, légendaire minéralogiste et ancien professeur à l’Université de Vienne.
L’objectif de ce texte est de revisiter les références minéralogiques dans la psychopathologie de Freud. Pour en saisir la portée, nous établissons quelques convergences entre l’enseignement tschermakien et certaines conceptions du père de la psychanalyse. Une telle reconstitution épistémique s’avère d’autant plus pertinente que les articles récents portant sur le concept psychanalytique de structure n’en font toujours pas référence (Bercherie, 2015) ou bien considèrent ce concept comme un simple acquis à soutenir (Lippi, 2014), à contredire (Feys, 2017) ou à remanier (Réglé, 2018).
Notre démarche ici est tout autre. Nous proposons d’abord une localisation de la référence minéralogique dans le texte freudien. Ensuite, la présentation de Gustav Tschermak et son rapport à Freud. Puis, nous montrerons l’éclaircissement que les textes tschermakiens apportent aux enjeux freudiens de la pathogénie, la nosographie et la nosologie. En restituant en l’occasion la « dialectique serrée de l’image et de la lettre » (Assoun, 2009, p…