CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1« Mosaïque », « nébuleuse », « appellation générique » ou « poreuse », « en crise », « en débat », « vulnérable », « espace aux contours flous », plusieurs caractéristiques apparaissent consubstantielles à l’usage du terme « travail social » dans les articles et les ouvrages qui s’intéressent à ses formations et à ses métiers au cours des dernières décennies. Le « travail social », catégorie scientifique et institutionnelle incontournable, parce qu’elle s’est imposée tant du côté des pouvoirs publics que de la littérature sociologique, reste pourtant toujours l’objet de vives controverses quant à sa délimitation. Au-delà des enjeux de définitions et de construction de l’objet, « le travail social » apparaît plus encore comme un espace de lutte et de concurrence entre chercheur.es universitaires et praticien.nes-chercheur.es issu.es du champ professionnel. De quelles légitimités se revendiquent ces différents acteurs et à partir de quels référentiels théoriques, méthodologiques et épistémologiques ?

2En France, les travaux en sciences sociales ont donné lieu à une littérature foisonnante sur le travail social. Depuis l’ouvrage historique de Jeannine Verdès-Leroux sur les assistantes sociales en tant qu’agent.es de contrôle social et d’encadrement des classes populaires (Verdès-Leroux, 1978), ou des travaux fondateurs sur l’émergence du métier d’éducateur.rice (Dubar, 1970 ; Chauvière, 1980 ; Muel-Dreyfus, 1983), les recherches successives sur ces professionnel.les se sont davantage concentrées sur la définition de l’ensemble hétérogène que constituent les «  travailleurs sociaux  » (Ion et Tricart, 1984 et 1985 ; Ion et Ravon, 2012) en s’efforçant de retracer leurs qualifications et leurs compétences. En passant progressivement à un travail social « au singulier » (Ion, 1998), à l’identité « incertaine » (Vilbrod, 2003), de plus en plus affaibli par les mutations de son exercice et ses nouveaux enjeux (Chopart, 2000 ; Chauvière, 2004) et marqué par un déclin de ses institutions (Dubet, 2002), des assertions comme le « travail social a disparu » (Astier, 1998) ou « la fin du travail social » signeraient le passage d’une sociologie du travail social à une sociologie de l’intervention sociale (Bresson, 2006 ; Astier, 2010).

3Il s’agit ainsi dans cette rubrique de porter un regard sur les travaux en sciences humaines et sociales qui se sont intéressés au « travail social », afin de distinguer différents courants. En retraçant les débats des dernières décennies, l’article se propose de revenir sur la manière dont les usages de ce terme et la question du périmètre de ces métiers structurent en partie le champ des recherches académiques et professionnelles. Pour ce faire, cet article cherche à rendre compte de l’emboîtement des processus qui caractérise cet espace : l’émergence d’un champ de recherche spécifique et les luttes qui l’entourent, en les reliant au processus d’universitarisation récent qui reconfigure le paysage tant de la formation que scientifique et à la conséquente question de leur légitimation.

4En distinguant plusieurs utilisations qui, selon les périodes, correspondent à différents courants dans la littérature scientifique et chez les acteurs institutionnels, la première partie de cette rubrique montre la construction et l’imposition progressive de ce terme jusqu’à l’émergence d’un champ de recherche spécifique, la sociologie du travail social, concomitant à la croissance des effectifs dans les professions sociales. La seconde partie aborde la manière dont les travaux sur le « travail social » et l’intervention sociale redéfinissent les thématiques de la production scientifique sur cet objet. Ils rendent aussi saillants les liens existants (et les tensions) entre les enjeux de légitimation d’un champ de formation et de recherches professionnelles (appelé souvent en/dans/sur le travail social) et les enjeux de la recherche académique en sciences sociales. Nous allons voir enfin qu’une ligne de clivage persiste entre des recherches situées et engagées sur les enjeux de professionnalisation du secteur et d’autres recherches qui proposent une lecture du « travail social » dénouée des enjeux internes au champ en en faisant un objet de recherche à part entière.

1. L’essor du terme « travail social » au croisement des pouvoirs publics et de travaux scientifiques

1.1. L’apport des pouvoirs publics dans l’institutionnalisation du terme

5On ne peut comprendre l’émergence d’une sociologie du travail social sans souligner le rôle central de l’administration publique [1] dans l’institutionnalisation de la catégorie « travail social ». Elle a rendu envisageable la perspective d’une unification du secteur social dont les cloisonnements persistaient entre éducation spécialisée, assistance sociale et animation socioculturelle avec une « nébuleuse » de professions hétérogènes et des logiques d’actions disparates. Les formations (initiales et continues) à ces métiers étaient en effet éclatées au sein de différentes écoles professionnelles distribuées de manière hétérogène sur le territoire. L’imposition progressive du terme dans les instances décisionnaires et les textes officiels a marqué selon Jean-Yves Barreyre et Brigitte Bouquet un véritable « coup de force symbolique » (Barreyre et Bouquet, 2006). Si les Nations Unies participent d’une première définition du travail social (social work) en 1959, celle-ci reste longtemps ancrée dans l’espace professionnel. La création en 1970 d’une direction spécifique de l’action sociale au sein du ministère de la Santé puis d’une sous-direction des professions sociales et du travail social marque un acte fondateur pour le devenir de cette catégorie. En 1973, le vaste programme lancé par le 6e Plan participe de cette mise en cohérence des politiques sociales et d’une unification des professions du social avec la proclamation d’une « action sociale globale ». Précisons que cette catégorie administrative est désormais reprise depuis 1982 (et en 2003) par la nomenclature INSEE (43 « Professions intermédiaires de la santé et du travail social »).

6Face à la croissance spectaculaire des effectifs étudiants et professionnels du social qui ont doublé entre 1970 et 1980 en passant à 150 000 [2] (Ion et Tricart, 1984), les Affaires sociales œuvrent également à la redéfinition des filières de formation et répondent à la nécessité d’encadrer ces cursus. Ces formations restent étonnamment, dès leur création, sous la tutelle des Affaires sociales et non sous celle de l’Éducation nationale ou de l’Enseignement supérieur [3]. Cette spécificité française qui consiste à maintenir les écoles en dehors des universités explique pour une part les concurrences vis-à-vis de l’institution universitaire et les clivages encore observables aujourd’hui sur le plan de la production scientifique, ainsi que les questions de légitimation sous-jacentes. En parallèle des cursus professionnels ouverts dès le début du xxe siècle, une partie des écoles dédiées au « travail social », nommées Instituts Régionaux de Travail Social (IRTS) à partir du milieu des années 1970, contribuent largement à structurer le secteur autour d’une double logique : faire perdurer les spécificités professionnelles tout en maintenant une cohérence globale du « travail social ». Enfin, la création du Diplôme Supérieur du Travail Social (DSTS, 1978) sert également à légitimer l’existence du « travail social » en offrant une reconnaissance symbolique par un diplôme unique de niveau « maîtrise » aux professions sociales.

7Comment comprendre les logiques politiques et administratives qui président à l’usage de ce terme par les pouvoirs publics ? L’hypothèse, formulée par Jacques Ion et Jean-Paul Tricart, est que la catégorie « travail social » permet de coordonner et d’articuler des interventions multiples et surtout de « rationaliser un ensemble professionnel composite » (Ion et Tricart, 1984). Elle contribue notamment à unifier les différents métiers autour d’une fonction sociale et à les légitimer autour d’une mission commune de « gestion des problèmes sociaux et de la vie sociale » (Ion et Tricart, 1985). L’émergence dans les années 1970 de cette catégorie administrative entre, par ailleurs, en congruence avec l’arrivée d’une nouvelle génération de professionnel.les qui s’approprie cette appellation. Ion et Tricart les décrivent comme « jeune[s], innovateur[s], parfois contestataire[s], bricoleur[s] ou technicien[s] de la sociabilité » (Ion et Tricart, 1984, p. 118). Cette catégorie est ainsi progressivement adoptée dans l’usage courant en contribuant à structurer un groupe social autour d’une identité commune et d’une « vision partagée du monde social » (ibid.).

1.2. L’apport des travaux scientifiques dans la création d’une sous-spécialisation

8De manière concomitante à l’émergence d’un nouveau champ de pratiques professionnelles, une partie des travaux dans la sociologie du travail social naissante porte l’ambition de caractériser et de rendre visibles les métiers du social, encore relativement méconnus à l’époque. Dans cette perspective, cette sous-spécialisation commence à se construire comme une branche à part de la sociologie du travail. Rappelons que la sociologie du travail, née de la critique du taylorisme, se focalise alors presque entièrement sur le travail industriel et sur le travail ouvrier (Bidet et al., 2000). À ses débuts, il est donc jugé que cette dernière ne propose pas un appareillage théorique suffisant au travail social pour saisir « l’énigme », « la complexité » et « les paradoxes » inhérents à cette activité relationnelle spécifique. Afin d’instaurer une séparation nette, un numéro de la revue Esprit, en écho à celui de 1972, cherche à définir ce travail du social : « alors que les travailleurs du métal, de la banque ou du chemin de fer travaillent dans et pour la société, la matière du travail des “travailleurs sociaux” est la société même » (Donzelot et Roman, 1998, p. 246). Selon ces auteurs, le « travail social » n’est pas envisagé comme un travail productif à proprement parler : il n’est ni quantifiable ni matérialisable contrairement à la production de biens. Enfin, il ne s’appuie pas non plus sur une machine, mais il repose sur les théories du social, de la société et des humains ainsi que sur des valeurs et des principes qui s’y réfèrent. Pourtant, avec l’essor du secteur tertiaire et des métiers de service, les objets de la sociologie du travail se déplacent progressivement vers de nouveaux intérêts en prenant désormais en compte le travail relationnel triangulaire entre employeur, employé et bénéficiaire ou client. Néanmoins, les services sociaux restent éloignés d’une image de prestation de service ou d’une simple interaction entre un prestataire et un bénéficiaire (Demailly, 2008, p. 24). De surcroît, Michel Autès ira même jusqu’à définir le travail social comme « une relation de service sans services » (Autès, 1998), s’appuyant sur un « idéal éducatif » (Dubet, 2002) ou sur un « schéma de réparation » (Goffman, 1968). C’est ainsi que la sociologie du travail social construit la singularité du « travail social » à la fois sur un sens politique et sur le sens subjectif des agents en refusant de le considérer comme un simple service ou comme une activité ordinaire, adressée à un client, mais en montrant qu’il se situe du côté de l’intérêt général.

9Face à des professions peu stabilisées et aux contours flous, ce sont aussi les enjeux de définition et de compréhension de l’activité qui ont occupé une part importante des efforts théoriques. De nombreux travaux proposent de faire la socio-histoire de la constitution des professions « canoniques » du travail social (Brams et Courtecuisse, 1972 ; Guerrand et Rupp, 1978 ; Chauvière, 1979 et 1980 ; Muel-Dreyfus, 1983). Pour mettre en lumière les aspects de l’activité les plus intangibles et les plus difficiles à saisir, plusieurs ouvrages se dotent d’outils conceptuels à même de décrire les ressorts symboliques, éthiques, moraux ou politiques aux fondements de ce travail. Le « travail social » serait, dans cette perspective, composé d’un ensemble de pratiques et de registres d’action qui lui seraient propres (Autès, 2004) [4]. C’est surtout au cœur des tensions suscitées par les « paradoxes » de ses missions et de sa position que le travail social trouve les ressorts de son efficience et le moteur de son action. Un chapitre du « Repères » Les travailleurs sociaux[5] est également consacré aux savoirs et savoir-faire spécifiques et transversaux aux métiers historiques du social. Jean-Yves Dartiguenave met, quant à lui, en évidence les invariants anthropologiques qui le fondent. Ils résideraient dans son action « clinique » à rapporter aux contextes sociopolitiques de sa mise en œuvre (Dartiguenave, 2010, p. 14). Ainsi, la « relation d’aide » se présenterait comme singulière par nature, hétérogène par rapport aux autres relations du monde social et dotée d’une spécificité propre. Ces derniers travaux participent donc de l’émergence d’un objet dont la particularité est qu’il demeure insaisissable par nature.

10Parallèlement, des travaux sur le rôle politique du « travail social » contribuent à la légitimation du terme par la large diffusion dont ils ont fait l’objet à une époque de vive concurrence intellectuelle (Domenach et Donzelot, 1972 ; Donzelot, 1977 ; Beyssaguet et al., 1976 ; Lascoumes, 1977 ; Meyer, 1977 ; Verdes-Leroux, 1978). Dans ces travaux, l’intérêt de mobiliser la catégorie large de « travail social », plus que l’approche par profession, se comprend par les réflexions portées par la période de 1968 autour des enjeux politiques et de pouvoirs dans l’organisation sociale et par un intérêt renouvelé pour les problèmes sociaux et les marges. Dans ce cadre, le « travail social » recouvre « un ensemble de techniques, intermédiaires entre l’intervention publique et la charité privée, assurant le contrôle et la surveillance des classes populaires » (Castel, 1995). Il est ainsi envisagé comme un large outil de contrôle des classes laborieuses ou « dangereuses » qui permet d’éviter l’écueil d’une analyse parcellaire dans un champ encore éclaté et hétérogène. Ces recherches concentrent leurs problématiques sur le contrôle social et l’étude des normes familiales. Or, la progressive délégitimation du marxisme et des travaux foucaldiens dans l’espace intellectuel, au profit de nouvelles problématiques liées à l’exclusion et l’insertion (Mauger, 2001), participe d’une remise en cause progressive des travaux sur le contrôle social jusqu’à une époque récente, allant jusqu’à une marginalisation des recherches se concentrant sur la normalisation familiale (Darmon, 1999). Si le « contrôle social » est longtemps discrédité, comme le souligne Robert Castel à la fin des années 1980 [6], cette notion revient dans plusieurs travaux sociologiques récents (Cardi, 2007 ; Bodin, 2012).

11Tous ces travaux ont porté l’ambition de dévoiler le sens subjectif et politique de cette fabrique du social et, à leur manière, ils ont concouru à délimiter et consolider l’espace scientifique d’un territoire professionnel. En tant qu’objet d’étude, le « travail social » s’est ainsi constitué de manière distincte d’autres univers du travail (l’éducation, la santé et le paramédical, le monde associatif et le bénévolat, etc.), renforçant parfois la représentation de son autonomie irréductible à l’égard du secteur privé marchand et d’autres professions du public. Le cloisonnement des champs disciplinaires en sciences sociales a sans doute contribué à accentuer cette tendance. Comme nous le verrons dans la suite de cette rubrique, cette vision englobante du « travail social » est progressivement remise en cause dans les recherches scientifiques plus récentes, ce qui contribue à rendre plus saillante une ligne de clivage entre des travaux dont les perspectives de recherche sont situées ou engagées dans des enjeux de professionnalisation du champ et d’autres travaux qui se détachent d’une conception réifiante de ce groupe professionnel en le resituant en tant que pratique professionnelle ordinaire.

2. Un déclin de la catégorie « travail social » ? Des nouveaux enjeux scientifiques et professionnels

12Face au nouveau contexte socio-économique des années 1990, marqué par l’augmentation du chômage, la précarisation, les problèmes d’insertion des jeunes en difficulté et l’essor de la thématique de l’exclusion, il semble possible de dégager d’autres modalités de discours sur « le travail social » portées par le champ scientifique. Le numéro emblématique de la revue Esprit de 1998 (« Du contrôle à la gestion ») est souvent cité pour illustrer ce tournant autour des questionnements qu’il soulève sur l’impuissance des missions de travail social pour répondre à cette « nouvelle question sociale » et résoudre les problèmes sociaux posés par la crise économique. D’un efficace outil de contrôle social, craint et dénoncé pour son potentiel de nuisance politique (Domenach et Donzelot, 1972), le « travail social » serait devenu dérisoirement impuissant pour répondre à l’expansion de la misère du monde et des « inutiles du marché du travail » (Castel, 1995 et 1998). Les changements dans les politiques publiques et la remise en cause de l’État social auraient amené (comme si ce changement était linéaire) à une transformation du « travail social », en diluant cet espace dans un ensemble plus vaste d’intervention sociale. Si ces travaux sur les limites ou la crise du « travail social » réactualisent cette interrogation récurrente autour de ses flous intrinsèques apparus dès le début de son usage, ils révèlent surtout une nouvelle ligne de partage entre trois partis pris scientifiques à la frontière entre légitimité universitaire et revendication professionnelle : réfuter la catégorie « travail social », la défendre ou la contourner. C’est dans l’emboîtement de ces trois univers qu’il faut comprendre le déclin progressif de cette catégorie.

2.1. Le « travail social » : une catégorie scientifique obsolète ?

13Tout d’abord, parmi les axes de recherche récurrents, on retrouve des études qui élaborent une cartographie des frontières du « travail social » en faisant le constat de leur extension (Ion et Tricart, 1998 ; Bouquet et Jovelin, 2005). L’inefficacité des « métiers canoniques » aurait généré l’arrivée des « nouveaux » métiers (les médiateur.rices sociaux.ales, les professionnel.les de l’insertion et de la ville, les femmes relais). En outre, cette expansion n’est pas simplement horizontale, mais concerne aussi un allongement des chaînes hiérarchiques et de la division du travail au sein d’un espace plus large. Une des enquêtes collectives les plus marquantes (Chopart, 2000) [7], financée par le programme de la MiRe (Mission recherche-expérimentation du ministère des Affaires sociales [8]) et coordonnée par Jean-Noël Chopart, propose notamment le terme d’« intervention sociale » pour mieux rendre compte de ce nouveau paysage du secteur social sous l’impulsion d’une reconfiguration des politiques sociales (les politiques d’insertion, les politiques de la ville…). Cette étude identifie notamment deux marchés : les emplois de la « qualification » (le travail social historique) et les emplois régis par la « compétence » (les autres métiers).

14Malgré tout, la centralité de l’étude des processus de professionnalisation des métiers historiques persiste (Morand, 1992 ; Garcette, 1996 ; Verba, 2014). À la croisée entre espace académique et professionnel, la position particulière des chercheur.es qui travaillent sur ces thématiques mérite toutefois d’être soulignée parce qu’ils et elles sont souvent intégré.es à des centres de recherches rattachés aux écoles professionnelles de travail social ou indépendants (Jaeger, 2012) [9], ou encore à des départements et des laboratoires de sciences de l’éducation (plus rarement en sociologie). L’absence d’une communauté professionnelle d’enseignant.es chercheur.es en travail social (plutôt incarnée par la catégorie des « formateur.rices ») favorise les déplacements entre les institutions universitaires et l’espace du travail social. Alors que se posent en substance des enjeux de reconnaissance et de qualification, c’est aussi sur le versant plus défensif que plusieurs travaux analysent (et dénoncent) le détricotage des professions canoniques par leur déqualification (Chauvière et Tronche, 2002), leur identité incertaine (Vilbrod, 2003), leur dilution (Vrancken, 2010), leur déprofessionnalisation (Aballéa, 2014) ou leur désegmentation (Molina, 2015).

15Enfin, il est frappant de constater qu’une importante production scientifique propose un usage en creux du terme « travail social » soit pour caractériser ce qu’il n’est plus, « un travail social en négatif », comme en miroir avec « l’individu en négatif » décrit par Castel (Castel, 1995), soit pour remettre en cause sa dimension sociale puisqu’il serait devenu un travail « au singulier » (Ion, 1998). Ces chroniques de la destruction du secteur s’attachent à saisir les dysfonctionnements aux différents niveaux : institutionnels et sectoriels (Dubet, 2002), et professionnels (Chauvière, 2011), des pratiques ou des valeurs (Ion, 2005 ; Castel, 2005). La manière d’aborder la crise porte ainsi à la fois sur les perspectives politiques, le devenir de l’État social ou les formes de renouvellement du contrôle social. Le « travail social » est également abordé sous l’angle organisationnel qui, à force de rationalisation, de coupes budgétaires, d’individualisation et de mise en concurrence, assimile progressivement les codes du nouveau management public (NPM ; Bellot et al., 2014). Crise de structure et des métiers, crise de l’État social, elle est aussi une « crise de sens » qui traverse les professionnels et qui fait enfin résonance avec la littérature sur le malaise des travailleurs sociaux (Aballéa, 1996) et leur épuisement (Ravon, 2009). Ce registre permet autant d’évoquer le travail social comme une unité que de déployer une analyse générale sur le sens du déplacement politique de son action, participant, malgré tout, à en gommer les différences internes. Ce registre de crise fait particulièrement écho aux préoccupations du secteur lui-même comme en témoignent la presse spécialisée et les rapports institutionnels. On pourrait alors se demander comment cette récurrence des grands récits sur le « travail social », construits généralement en deux temps en retraçant « un âge d’or » puis en proposant les chroniques d’une crise protéiforme et généralisée, contribue malgré tout à structurer encore le champ autour d’un registre commun, le récit d’une perte. Jacques Ion et Bertrand Ravon évoquent même la nouvelle fonction « balise de secours » du terme de « travail social » (Ion et Ravon, 2012). La catégorie d’« intervention sociale », reprise par de nombreux travaux (Astier, 2010 ; Bresson et al., 2015), contribue donc à restructurer une partie des recherches sur cet objet en imposant un débat sur la validité scientifique du «  travail social  ».

2.2. Le retour du « travail social » et le renouveau des objets

16Pour autant, la catégorie « travail social » n’est pas près de disparaître, le contexte institutionnel récent entérinant le projet d’une vaste refondation des métiers du social à l’issue des États généraux du travail social (EGTS) de 2015. Cette large consultation remet sur le devant de la scène l’importance de « développer des coopérations équilibrées avec l’université » pour notamment « coproduire de la recherche ou des formations doctorales » [10]. Le développement de la recherche comprend de forts enjeux de reconnaissance et de valorisation du travail social à la fois en tant qu’espace disciplinaire autonome (des sciences de l’éducation et de la sociologie) et pour les établissements de formation au sein de l’enseignement supérieur. À l’issue de ces EGTS, une définition du « travail social » est pour la première fois inscrite dans le code de l’action sociale et des familles (article D142-1-1). La réforme de 2018 des diplômes du travail social [11] concrétise cette perspective de collaboration avec les universités par le passage des diplômes au niveau licence et l’intégration au système LMD (Licence-Master-Doctorat) en réaffirmant, par la volonté « d’un socle commun » de connaissance, une unité autour du « travail social ». Depuis quelques années, plusieurs instituts de formation en travail social ont, en effet, ouvert des centres et des groupes de recherche (PREFAS ; GIS), en large partie indépendants des financements de l’Enseignement supérieur, participant ainsi à produire un large spectre de travaux sur les professionnel.les, les usager.ères et leurs pratiques.

17Au-delà des enjeux institutionnels propres au champ social ainsi que des financements d’appel d’offre qui incitent fortement à adopter des « méthodologies originales » et à reconnaître les « expertises usagères » en s’attachant à donner la parole aux usager.ères, la recherche collaborative ou recherche-action a également connu un fort développement dans les travaux en « travail social » (Rullac, 2018). Ce type de recherche répond à l’émergence et à la diffusion des approches collectives et participatives dans cet espace : les thématiques sur la participation, le développement du pouvoir d’agir individuel et collectif, le développement social (Avenel et Bourque, 2017) et l’empowerment deviennent centrales dans nombre de recherches, comme en témoigne le dernier numéro de la Revue française des affaires sociales (Avenel et Duvoux, 2020). Tout en favorisant la récolte des données originales, ces recherches se veulent porteuses de transformations sociales au sein des institutions et contribuent à légitimer et valoriser les chercheur.es qui jonglent entre espace professionnel et monde académique en sciences humaines et sociales bien qu’ils y soient souvent marginalisé.es. En effet, une partie des acteurs et des réseaux de recherche qui s’y développent participent des revendications politico-institutionnelles, dans le but de fonder une « recherche en travail social » et une discipline à part entière (Dartiguenave, 2010 ; Rullac, 2011 ; AFFUTS, 2013). Au cours des années 2010 notamment, les tenants de ce positionnement se distinguent progressivement d’une « recherche sur le travail social » (Rullac, 2014). Pour eux, il existerait un paradigme scientifique propre s’appuyant sur l’histoire épistémologique des savoirs en « travail social », même s’il existe des voies médianes, comme l’illustre un numéro de la revue Pensée plurielle sur ces enjeux (Gaspar et Foucart, 2012). En plaidant pour une recherche scientifique autonome des autres disciplines universitaires, ils incitent notamment les intervenant.es à écrire sur leurs propres pratiques et non les chercheur.es à les prendre pour objet d’étude (Duchamp et al., 1989) afin de poser les bases de la reconnaissance d’une discipline. Dans cette perspective, il faut souligner que le secteur s’est doté depuis quelques décennies de ses propres revues (Vie sociale, Empan, Le Sociographe, Forum…), puis d’une Chaire au CNAM qui permet de poursuivre des parcours de doctorat avec une option « travail social » (en sciences de l’éducation ou en sociologie).

18Tout en restant attaché aux préoccupations propres au champ du social, le potentiel novateur de ces perspectives méthodologiques contribue à déplacer les débats sur de nouveaux enjeux et horizons de recherche. Soucieuses de fournir un travail empirique engagé, ces approches ont l’ambition d’être productrices de connaissances, au plus près des préoccupations des acteurs, et porteuses d’effets au sein des institutions du secteur. Mais comment éviter l’écueil d’un cloisonnement et d’un morcellement dans la production scientifique sur cet objet si les résultats et les publications restent des rapports diffusés uniquement dans le cadre du secteur ou dans des revues spécialisées ? Comment le regard sur le « travail social » peut-il échapper à une vision interne à l’espace professionnel ? Nous allons voir qu’une partie des travaux sur le « travail social » issus, cette fois-ci, du monde académique et principalement menés par des chercheur.es extérieur.es au champ, alimentent d’autres perspectives. Pourtant, là encore, la diffusion de la production scientifique peine à sortir de l’espace purement universitaire et à instaurer un échange avec le milieu professionnel.

2.3. Au-delà des débats sur le « travail social » : observer des pratiques et des rapports sociaux

19Avec les changements au sein du marché du travail et l’essor du tertiaire, de nombreux travaux en sciences sociales s’intéressent au « travail social » à partir de problématisations plus transversales tout en recontextualisant les enjeux du secteur au-delà de son périmètre. En contournant les débats sur l’efficacité, l’existence ou l’identité du travail social, ces recherches portent des interrogations sur la division du travail, les emplois et les organisations du social. Elles prennent le « travail social » comme un objet et un terrain parmi d’autres, afin d’étudier les rapports sociaux internes à cet espace ou encore la structuration du travail administratif au quotidien dans le cadre d’une sociologie des agents de l’État et du travail salarié auprès du public. Elles renouvellent ainsi les connaissances sur ce secteur en les réinscrivant dans des débats scientifiques plus larges qui permettent une comparaison avec d’autres secteurs dans les transformations – personnelles, professionnelles, organisationnelles – qui les affectent.

20Ces travaux abordent moins le « travail social » en tant que champ professionnel que de manière extensive en se concentrant par exemple sur les politiques sociales et leur mise en œuvre. En mettant la focale sur l’usage de l’assistance (Paugam, 1991 et 1995), les politiques d’insertion (Duvoux, 2009), la réception des aides financières (Avenel, 2002), la déconstruction de l’idéal assistantiel et les processus d’individualisation des politiques sociales (Astier et Duvoux, 2006 ; Lima, 2013), ils appréhendent les effets des orientations politiques du point de vue des bénéficiaires. D’autres recherches explorent le « travail social » au guichet, en s’intéressant à l’interaction humaine entre professionnel.le et usager.ère dans la relation d’assistance (Moulière et al., 1999), en avançant une « sociologie cognitive du travail » (Weller, 1999) ou une « ethnographie critique de l’action publique » (Dubois, 1999). Dans le sillage de ces travaux, les recherches académiques se focalisent sur les rapports sociaux de sexe, de classe et de génération qui structurent les relations et les pratiques professionnelles (Bodin, 2008 ; Serre, 2009 ; Gaspar, 2012) et permettent, plus globalement, de réactualiser la question des rapports de domination dans la réalité du travail (social).

21Dans le sillage de ces recherches, plusieurs études se penchent sur les travailleur.euses sociaux.ales en tant que professionnel.les de l’action publique, que ce soit dans le cadre de la prise en charge du chômage (Zunigo, 2013), du traitement des demandes d’asile (Spire, 2008), du droit au logement (Weil, 2017) et de la rénovation urbaine (Habouzit, 2017) ou de la justice familiale (Minoc, 2017). Globalement, ces recherches donnent aussi l’occasion de se distancier d’une analyse du métier centrée sur les publics avec lesquels les professionnel.les interagissent, en investiguant l’exercice quotidien du métier en fonction des trajectoires professionnelles des agent.es et de la dimension cognitive de leur travail. Certaines études commencent alors à intégrer une perspective intersectionnelle dans le travail social, en étudiant notamment la reproduction de normes de genre dans les formations (Olivier, 2018) et dans les différents secteurs de l’action sociale (Martin, 2001 ; Cardi, 2007 ; Lahieyte, 2018 ; Loison-Leruste et Perrier, 2019) ou interrogent, en collaboration avec les travailleur.euses sociaux.ales et dans une perspective internationale et féministe [12], les traitements différenciés (re)producteurs de discriminations de genre dans le secteur. Ces travaux cherchent notamment à inscrire cette activité professionnelle relationnelle (et les professionnel.les qui la pratiquent) dans des dynamiques sociales plus larges. Ne se situant pas (ou peu) sur les enjeux de reconnaissance professionnelle, ces études renouvellent les approches en sociologie du travail social. Sans viser l’exhaustivité des recherches en sciences sociales, il est important de citer les travaux qui concentrent également leur attention sur une partie de ces professionnel.les du social, qu’il s’agisse des animateur.rices et des agent.es opérant dans le monde socio-culturel (Lebon, 2009 ; Camus et Lebon, 2015), des éducateur.rices du secteur de la protection judiciaire de la jeunesse (Sallée, 2016) ou dans d’autres espaces du social, en les abordant sous des angles encore peu explorés : leurs conditions de travail (Charles, 2019), la fabrication de normes dès le moment de la formation (Iori, 2018), les frontières de l’activité relationnelle (Arnal, 2016) ou la temporalité de la relation d’assistance (Gardella, 2017).

22Tout en s’inscrivant dans une sociologie du travail social et dans des perspectives épistémologiques et méthodologiques internes au champ académique, ces recherches demeurent largement invisibilisées dans l’espace professionnel (que ce soit au niveau des enseignements en école ou dans les évènements internes à la recherche sur le travail social) malgré quelques tentatives marginales lors de colloques qui tentent d’opérer des circulations et des échanges [13]. Pour autant, elles permettent de se détacher d’une analyse « identitaire » du travail social au profit d’une définition de ses pratiques concrètes, de ses conditions de travail et d’emploi, afin de réinsérer la compréhension de cet univers social dans des dynamiques socio-économiques et politiques plus larges.

Conclusion

23Cet article fait le bilan des évolutions de la production scientifique autour du « travail social » en la resituant dans le contexte d’émergence d’un champ de pratiques professionnelles et, parallèlement, dans le processus de constitution de formations en travail social en dehors de l’université. Ainsi, nous avons pu voir que l’administration publique comme les premières recherches sur cette thématique ont largement concouru à la structuration du champ et à la reconnaissance de son existence. Or, les fragilisations qui affectent le « travail social » à partir des années 1980 ont eu plutôt tendance à morceler un paysage de recherches empruntant différentes directions tant du point de vue théorique, méthodologique qu’épistémologique. D’une part, face aux recherches sur les nouveaux métiers de l’intervention sociale vouées à dépasser et déconstruire la catégorie « travail social » rendue inopérante, la chronique du déclin du « travail social » a mobilisé de nombreux.ses chercheur.es réhabilitant ainsi le terme à travers le récit d’un âge d’or révolu. D’autre part, la recherche devient elle-même un support au service du « travail social », avec le développement des recherches collaboratives ou de recherche-action, par exemple, largement encouragées par les pouvoirs publics et les institutions sociales et médico-sociales, visant à produire des effets et des savoirs pour renforcer la proximité avec les acteurs du champ. Enfin, un certain nombre de chercheur.es académiques contournent les enjeux politiques propres au « travail social » pour en comprendre les logiques à partir de perspectives plus transversales s’inscrivant ainsi davantage dans des débats internes au monde académique.

24La montée progressive de ces clivages doit ainsi être appréhendée à l’aune de l’imbrication des luttes institutionnelles, professionnelles et académiques, internes et externes à cet espace, entre reconnaissance d’une catégorie d’enseignant.es-chercheur.es dédié.es à cet objet ou d’un champ de recherche autonome. Si des espaces de dialogue tentent timidement de se construire en mettant en avant la diversité des modèles de recherches, l’article montre la pertinence à recontextualiser ces controverses. Elles doivent alors être réinscrites à la fois dans les évolutions qui ont touché le champ du travail social et sa formation et dans les dynamiques propres à l’enseignement supérieur et à la recherche (ESR) où la diminution des postes ferme de plus en plus les portes à une nouvelle génération de chercheur.es. Dans la continuité de ces interrogations, il serait intéressant d’articuler les trajectoires socio-professionnelles de différents acteurs qui ont publié et travaillé dans cet espace, avec leurs prises de position, leurs évolutions au fil des années et l’angle d’analyse privilégié, afin de mieux comprendre le lien entre histoires personnelles et histoire collective d’une catégorie sociale.

Notes

  • [1]
    On entend par là le personnel (surtout les hauts fonctionnaires) du ministère des Solidarités et de la Santé et du Haut-Commissariat au Plan.
  • [2]
    Sources : ministère des Affaires sociales et des Solidarités nationales (annuaires des statistiques sanitaires et sociales) ; revue Santé publiée par la Société française de santé publique, statistiques et commentaires.
  • [3]
    La circulaire du 12 juin 2019 est censée changer la situation, en donnant la tutelle de ces formations à l’Enseignement supérieur et en attestant par-là la progressive universitarisation des formations initiales en travail social.
  • [4]
    Il en dégage trois : les pratiques symboliques, le rapport à l’éthique et la situation d’expérience (Autès, 2004).
  • [5]
    On y retrouve les activités d’investigation, de dépannage, la tenue de permanence, l’organisation d’activité, l’action de concertation organisée, le temps d’autoréflexion sur la pratique. Depuis la première édition de 1984, ce « Repères » produit sept rééditions, quatre jusqu’à la fin des années 1990 par Jacques Ion et Jean-Paul Tricart, et trois, après le décès de ce dernier, avec Bertrand Ravon.
  • [6]
    « La notion de contrôle social semble affectée aujourd’hui d’un discrédit tel que la plupart des “chercheurs” ne sauraient pas l’employer sans rougir et sans s’en démarquer » (Castel, 1989, p. 182).
  • [7]
    Si on la retrouve citée dans la plupart des ouvrages sur le travail social, la disparition prématurée de son auteur en 2003 contribue à constituer cette enquête en tant que référence du secteur.
  • [8]
    Cette instance de pouvoir (relatif) peut être définie à l’instar d’un « lieu neutre » où les chercheur.es sur le travail social entrent en contact et qui contribue à produire un discours objectif aconflictuel, à l’œuvre dans les publications du champ (Bourdieu et Boltanski, 1976, p. 116-117). Cette mission intègrera la future DREES, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.
  • [9]
    Le CRIV (Centre de recherche interdisciplinaire de Vaucresson) ou le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) entre autres.
  • [10]
    Rapport « Formation initiale et formation continue », 2015, p. 35, disponible à cette adresse : <https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/formation_intitiale_formation_continue.pdf>.
  • [11]
    On considère ici les diplômes d’État de niveau III : éducateur spécialisé, assistant de service social, éducateur de jeunes enfants, éducateur technique spécialisé et conseiller en économie sociale et familiale.
  • [12]
    Le numéro 32 de la revue Nouvelles Questions Féministes de 2013 dédié au « Travail Social » s’inscrit dans cette perspective.
  • [13]
    Les différentes éditions du Colloque international francophone féministe « Genre et travail social » ou le colloque « L’intervention sociale dans une perspective de genre » en 2016, ouvrent dans ce sens.
Français

Le « travail social », catégorie scientifique et institutionnelle incontournable, reste encore aujourd’hui l’objet de vives controverses quant à sa délimitation. Il s’agit dans cette rubrique de porter un regard général sur les travaux en sciences humaines et sociales sur le « travail social », afin de distinguer différents courants, leurs positionnements épistémologiques et leurs concurrences. En retraçant les débats des dernières décennies, on verra comment les multiples usages de ce terme et la question du périmètre des professions sociales structurent le champ des recherches académiques et professionnelles et comment elles contribuent en retour à construire l’objet « travail social ».

  • université
  • services sociaux
  • sciences sociales
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Ruggero Iori
CY Cergy Paris Université, laboratoire ÉMA (École, Mutations, Apprentissage)
Charlène Charles
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Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 22/11/2021
https://doi.org/10.4000/rechercheformation.6963
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