CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Ouvrons d’emblée notre propos en définissant le sens que nous donnons au terme de « toxicomanie ». De nos jours, ce terme est considéré comme désuet. Il est plus courant de parler d’addiction ou de dépendance, qui répondent au consensus scientifique actuel d’une nosographie moderne. Toutefois, nous avons fait le choix de conserver l’appellation de toxicomanie renvoyant, étymologiquement, à la « manie de l’intoxication ». Indépendamment de la substance psychoactive consommée et de son caractère licite ou illicite, nous nous intéressons ici au rapport passionnel du sujet à la drogue. De ce fait, dans cet article, le terme de toxicomanie sera employé d’une manière générale, nous permettant de nous référer à toute problématique addictive.
Dès lors, posons le contexte de l’association problématique entre toxicomanie et maternité. La toxicomanie, que nous entendons comme la consommation passionnelle de substances, licites ou illicites, est un problème majeur de santé publique. Quelques chiffres nous permettent de planter le décor et de justifier l’ampleur du phénomène addictif chez les femmes et plus particulièrement chez les femmes enceintes. En France, les diverses données fournies par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OFDT), dont l’étude de Beck et al. (2017) montre que, malgré la prédominance masculine de consommation de produits licites et illicites, le nombre de femmes toxicodépendantes n’est pas insignifiant et tend même à converger vers celui des hommes…

Français

L’intrication entre toxicomanie et maternité est complexe et touche à de nombreux domaines : pénal, social, médical, sociétal, politique et moral. Cet affrontement entre toxicomanie et maternité vient bouleverser l’image idéalisée de la maternité. Les femmes toxicomanes font souvent l’objet de représentations négatives et stigmatisantes qui viennent déteindre sur leur prise en charge, mettant à mal l’accès à leur parentalité. La clinique de la toxicomanie féminine a permis d’ouvrir un nouveau champ de réflexion pour comprendre la spécificité des conduites toxicomaniaques dans cette population. La grossesse, à travers les intenses bouleversements psychiques qu’elle induit, représente une période favorable pour débuter ou renforcer une prise en charge déjà existante. Cet article se veut être un point sur l’évolution de l’accompagnement proposé aux femmes toxicomanes en situation de maternité, ainsi que le rôle fondamental des professionnels auprès d’elles.

  • maternité
  • grossesse
  • toxicomanie
  • prise en charge
  • représentations sociétales
Angela Laera
Psychologue clinicienne au Familljen-Center (Luxembourg),
Doctorante en psychologie à l’Université de Paris,
Laboratoire PCPP (EA 4056)
Robert Lamborelle
Psychologue Service de parentalité,
Jugend an Drogenhëllef, 93 rue d’Anvers, 1130 Luxembourg
Sylvain Missonnier
Professeur de psychologie clinique de la périnatalité à l’Université de Paris,
Directeur du laboratoire PCPP (EA 4056),
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Mis en ligne sur Cairn.info le 22/04/2021
https://doi.org/10.3917/psyt.271.0199
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