L’entrée d’acteurs et d’intérêts privés dans le domaine spatial marque l’essor du New Space. Un premier pas vers la privatisation de l’espace ?
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Très médiatisé aujourd’hui, le New Space symboliserait l’avènement d’une société nouvelle, fondée sur des méthodes modernes de production faites à la fois d’intelligence artificielle et de prise de risques, mais aussi sur une conception inédite des enjeux planétaires. Les grands acteurs du New Space comme Elon Musk ou Jeff Bezos ont en commun d’avoir de véritables visions du monde, des projets pour l’humanité qui dépassent le périmètre traditionnel d’un industriel du secteur spatial.
C’est aussi par contraste avec les traditions d’un secteur tourné sur lui-même que le New Space semble avoir attiré l’attention. À la fois les origines et les pratiques de ces nouveaux entrepreneurs tranchent avec les habitudes d’un secteur né il y a soixante ans de l’affrontement bipolaire entre les États-Unis et l’Union soviétique. L’histoire de l’industrie spatiale a d’abord été le lieu de projets militaires ou de programmes gouvernementaux le plus souvent peu sujets à la publicité. L’ambiance de secret qui entourait la dissuasion nucléaire a longtemps imprégné l’ensemble de cette industrie. Les mêmes communautés de spécialistes s’occupaient de missiles balistiques et de lancement spatial, tandis que l’observation de la Terre par satellite avait d’abord pour but de surveiller les arsenaux adverses. La course à la Lune elle-même n’a bénéficié d’une visibilité mondiale inédite que pour affirmer la supériorité américaine sur le système soviétique. Or, contre l’impression de rupture qu’il suscite, l…
Résumé
Auteur

Directeur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/04/2022
- https://doi.org/10.3917/pro.387.0044

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