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La Chine vient d’intégrer le groupe consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies chargé d’enquêter sur des violations spécifiques comme les libertés de religion et d’expression. N’est-ce pas inimaginable ?Marie Holzman – Oui et non. Inimaginable vu la façon dont ces libertés sont traitées en Chine, ne serait-ce qu’au regard de la situation des Tibétains ou des Ouïgours du Xinjiang qui ont été les cobayes de la surveillance numérique déployée depuis dans toute la Chine. Devenus minoritaires chez eux, ils ont été transformés en citoyens de seconde zone. Inimaginable aussi si l’on se réfère à l’isolement de la Chine de l’après Tiananmen. Je me souviens, au début des années 1990, des chantiers de Pékin à l’arrêt, de la commémoration annuelle du massacre à travers le monde et du respect des droits de l’homme exigé par Bill Clinton pour définir les échanges commerciaux. À l’époque, nous, défenseurs des droits humains, faisions le siège du Conseil à Genève pour présenter nos doléances. Mais c’était un monde où les intérêts économiques ne primaient pas encore sur tout. Depuis, les partisans de l’ouverture au marché chinois et de la délocalisation des industries vers la production à bas coût de la Chine l’ont emporté. L’admission de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 a marqué le début de la fin. Pékin a noué des alliances avec des pays autoritaires et a réussi à neutraliser les votes hostiles dans les institutions internationales, dont le Conseil des droits de l’homme…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 24/09/2020
- https://doi.org/10.3917/pro.378.0076

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