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Les enjeux liés à la démocratie sont colossaux et celle-ci est vraiment en danger. À cet égard, il n’existe aucune solution de rechange : ou bien nous vivrons en démocratie, ou bien nous ne vivrons pas une vie politique digne de ce nom (lire encadré p. 66). La lecture de ce dossier conduit à voir que le cœur des crises institutionnelles réside dans la clôture de sphères sur elles-mêmes, laissant dehors ce qu’elles méprisent ou digérant ce qu’elles incluent. Ainsi l’Église catholique, par exemple, se prive-t-elle de l’accès à une partie de ses sources évangéliques dans une attitude d’exclusion à l’égard des femmes.
Mais quant au politique, c’est bien la représentation qui joue un rôle majeur dans cette dérive. L’analyse historique montre que l’élection a, originairement, le double but d’échapper au pouvoir absolu mais aussi de lutter contre la démocratie en constituant une classe dirigeante jouissant de privilèges et d’immunités qui l’amènent rapidement à se couper de sa propre mission. L’équilibre ne peut se maintenir que si des forces antagonistes issues des milieux populaires parviennent à s’intégrer dans le jeu de la démocratie parlementaire, sans perdre leur originalité. Ce fut le cas jusqu’à ce que l’économie néolibérale trouve la faille par le biais (fort efficace) des règles de financement des partis et des campagnes électorales. De même, il suffit de changer apparemment peu de choses aux règles de la représentation syndicale pour que les délégués, sommés de mener à bien des tâches dévorant leur énergie et leur temps, deviennent des professionnels intégrés au fonctionnement de l’entreprise et non plus un contre-pouvoir actif…
Auteur

Professeur de philosophie au Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 24/09/2020
- https://doi.org/10.3917/pro.378.0065

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