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La crise de la représentation politique, constatée et discutée par les commentateurs de tous bords, est probablement aussi vieille que la représentation elle-même, au point que certains la définissent comme une dimension structurelle de nos régimes modernes. Pour autant, cette crise prend des formes spécifiques aujourd’hui, et notamment depuis le virage néolibéral des années 1980, formes qui se déclinent aussi bien dans le champ intellectuel que dans celui des mouvements sociaux. Il s’agit donc d’en démêler les différents registres discursifs afin de comprendre de quoi et de qui l’on parle.
Parmi ceux-ci, la critique sociologique des élites figure en bonne place. Loin d’être nouveau, ce type de critique se fonde sur le ressort aristocratique des régimes représentatifs, induit par le mécanisme électif – mode de sélection des meilleurs, ainsi que le présentaient Montesquieu et James Harrington. Pour autant, les dernières décennies donnent à beaucoup le sentiment d’une « marche arrière de l’Histoire ». Durant les deux siècles qui ont suivi son instauration, le gouvernement représentatif n’a eu de cesse de rapprocher les représentants des représentés : démocratisation du mode de suffrage (censitaire à l’origine), diversification sociale croissante des élus, émergence des partis de masse comme vecteurs d’ascension sociale et politique des classes populaires. Mais, dans le dernier quart du XXe siècle, la mécanique s’est rompue, sinon inversée. Paradoxalement, la mise en spectacle de la fonction représentative, loin de favoriser le rapprochement des élites et du peuple, a donné à voir, sous la lumière crue des projecteurs médiatiques, la distance sociale croissante qui séparait les représentants des représentés…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 24/09/2020
- https://doi.org/10.3917/pro.378.0038

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