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On accuse souvent les activités humaines de l’ère industrielle d’être responsables des dégradations environnementales en cours. Or vous soulignez que cette manière de voir occulte les rapports de domination à l’œuvre depuis des siècles. L’imaginaire occidental de la crise écologique effacerait-il le fait colonial ?
Je suis loin d’être le premier à mettre en évidence le lien entre les inégalités sociales et les dégradations environnementales : c’est l’objet de l’écologie sociale, de l’écologie politique, de l’écoféminisme… Mais l’angle que je propose, lier ces questions au legs raciste, reste peu travaillé (sauf par les mouvements de justice environnementale).
Destruction de la nature et oppression sociale ont toujours été liées. Pourtant, dans l’appel à l’urgence climatique, on continue de voir des slogans dépourvus de pensée sociale. Cela permet à d’autres de s’approprier l’injonction environnementale et d’y donner une réponse technocratique : résoudre la pollution et le manque de ressources par la géo-ingénierie ou le marché carbone…Vous faites remonter l’origine de la crise environnementale au XVe siècle, à l’époque de la colonisation…
Il y a eu plusieurs accélérations des dégradations environnementales (XIXe et XXe siècles en particulier), mais la crise écologique commence plus tôt que cela. Elle vient d’un certain mode d’habiter la Terre, une manière de se penser sur Terre en ayant la légitimité de se l’approprier pour le profit de quelques-uns. En partant des Caraïbes, je fais commencer cet « habiter colonial » à la fin du X…
Auteurs

© Bénédicte Roscot
Docteur en science politique
Cité par
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 03/04/2020
- https://doi.org/10.3917/pro.375.0052

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