1« Si la zone euro ne survit pas, l’Union européenne ne survivra pas non plus », s’alarmait le 16 novembre le pourtant placide président belge de l’Union européenne, Hermann Van Rompuy. Mais quelle est donc cette menace qui pèse sur l’euro ? Le niveau d’endettement excessif du Vieux Continent, la volatilité des marchés financiers, ou la faiblesse congénitale, dirait-on, de l’Union économique et monétaire ?
2Voilà, au fond, le cœur du débat. Retour aux sources de cette tempête, d’abord : alors qu’est désormais jugé probable un défaut de paiement d’Athènes sur sa dette, Projet a interrogé l’économiste grec Dimitrios Tsomocos sur les voies de salut possible pour la Grèce, et les enjeux que soulève sa situation pour l’Union européenne. Depuis, la panique a gagné l’Irlande, menace les autres économies réputées fragiles et pourrait, à terme, emporter avec elle la zone euro. À chaque soubresaut des marchés financiers, la réaction des responsables politiques européens est quasi unanime : austérité. Sans se rendre compte, comme l’explique Gaël Giraud, que la spirale récessive relève de la prophétie auto-réalisatrice.
3Les responsables européens semblent déterminés à imposer à leurs propres citoyens – et aux pays voisins en difficulté, privés de débouchés – un drastique programme d’ajustement structurel. Le Royaume-Uni a déjà annoncé la suppression de 500000 postes de fonctionnaires. Combien l’Europe sacrifiera-t-elle sur l’autel de la dette ? Et qui en paiera le prix ? A-t-on seulement envisagé sérieusement des alternatives ? L’avertissement de M. Van Rompuy mérite qu’on s’y arrête. Mais, sous la pression des marchés financiers, que les dirigeants de l’Union européenne ne s’y trompent pas : le projet européen ne survivra pas s’il se construit sur la logique du chacun pour soi, ou contre les citoyens.