Avant l’époque moderne, les dangers étaient imputables à la nature, aux dieux, aux démons. Le concept du risque, en revanche, est un concept moderne. Contrairement aux dangers d’autrefois, il présuppose des décisions humaines, des acteurs individuels. En parlant de risque, on vise la colonisation du futur, le contrôle de l’incontrôlable. Le terme « risque » est une tentative de rendre prévisibles et contrôlables les effets imprévisibles de nos décisions sociétales. [...]
La différenciation établie entre danger et risque doit être complétée par la différenciation entre des risques calculables de la première époque moderne organisée en Etats-nations et les insécurités et risques de deuxième ordre de la seconde époque moderne dominée par la mondialisation. Ceci découle du processus historique de radicalisation de l’époque moderne. [...]
Notre propos ne revient ni à dire que l’époque de la société industrielle a moins connu de risques, ni à affirmer que la société du risque ait tout simplement remplacé la société industrielle. C’est plutôt la différenciation entre risques quantifiables et insécurité non quantifiable, entre risque et conscience du risque qui en vient à s’estomper. [...] Dans la société du risque globalisé, il s’agit en conséquence de l’obsession de simuler le contrôle de l’incontrôlable à tous les niveaux dans la politique, dans le droit, dans la science, dans l’économie, dans la vie quotidienne.
Article
Auteur
Ulrich Beck
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2010
- https://doi.org/10.3917/pro.293.0004
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