CAIRN.INFO : Matières à réflexion

« Si le scrutin de juin aboutissait à l’élection d’un nombre conséquent de députés lfi ou rn, les oppositions resteraient avant tout tributaires du système semi-présidentiel de la Ve République et de son Parlement vassalisé, où elles ne sont que forces d’interpellation à la tribune de l’Hémicycle. » Cet extrait du journal Le Monde, paru le 27 avril 2022, soit au lendemain de l’élection présidentielle, illustre la persistance de la catégorie « semi-présidentielle » pour qualifier un régime politique qui échappe aux typologies classiques, notamment eu égard à la place en son sein du président de la République.
Employé en 1959 par le journaliste Hubert Beuve-Méry pour rendre compte de la spécificité de la Constitution de la Ve République, nouvellement adoptée le 4 octobre 1958, le mot est surtout systématisé par Maurice Duverger. Les facteurs de son succès sont connus. On peut notamment citer la double qualité de l’auteur, juriste et pionnier de la science politique, ce qui lui permet de bâtir des ponts entre les deux disciplines, qu’il s’attelle aux partis politiques ou, précisément, aux régimes politiques. La catégorie s’est en outre avérée elle-même attractive, en ce qu’elle cherche à saisir le fonctionnement d’institutions associant le principe parlementaire de la responsabilité du gouvernement devant le Parlement et la position centrale du président, élu au suffrage universel direct. Au-delà, la catégorie bénéficie d’un écho conséquent à l’étranger, en raison tant du nombre de pays attribuant une place spécifique au président, des efforts entrepris par Duverge…

Français

Poser un « regard critique » sur la « catégorie » du semi-présidentialisme n’a rien de spécialement original. Le constat de sa persistance n’en suscite pas moins un étonnement, apte à interroger les constitutionnalistes, plus encore lorsqu’ils enrichissent leur regard critique d’une dimension comparée. La contribution proposée intègre une perspective franco-allemande pour porter un triple regard critique, visant successivement : la catégorie elle-même, laquelle échoue à s’imposer pour dépasser la distinction binaire qui oppose régimes parlementaires et présidentiels ; la problématique plus large des catégories constitutionnelles ; et, enfin, la Ve République, objet privilégié des études françaises sur le semi-présidentialisme.

Aurore Gaillet
Aurore Gaillet, professeure de droit public à l’université Toulouse 1 Capitole, membre de l’irdeic, membre junior de l’Institut universitaire de France. Elle a dernièrement publié La Cour constitutionnelle fédérale allemande. Reconstruire une démocratie par le droit (1945-1961) (La Mémoire du droit, 2021).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 19/01/2023
https://doi.org/10.3917/pouv.184.0007
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