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« Toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps et ce qu’on doit leur apprendre dès l’enfance. » C’est ainsi que, depuis les origines antiques et jusque dans la modernité démocratique, les femmes ont été assimilées, réduites, assignées à leurs corps. Celui-ci étant naturellement fait pour porter et nourrir les enfants, c’est toute l’existence féminine qui s’est trouvée condensée dans la fonction maternelle, doublée de la fonction sexuelle nécessaire à la procréation.
Ainsi que la position de Rousseau en témoigne, la division sexuée du monde qui assigne les femmes à l’indignité de la condition domestique et réserve aux hommes les privilèges de la sphère sociale et politique, cette division s’est perpétuée par-delà le tournant moderne. Il a fallu attendre les années 1970 pour que les luttes féministes remettent en cause ce schéma patriarcal et en initient la démolition. Le féminisme a donc produit bien plus qu’une égalisation des conditions féminine et masculine, il a profondément bouleversé notre monde commun en permettant sa réorganisation en trois ordres, l’intime-familial, le privé-social et le public-politique, au sein desquels les femmes comme les hommes possèdent la même légitimité et peuvent nourrir les mêmes aspirations.
C’est dans ce contexte inédit de désexualisation des rôles et des fonctions qu’il faut penser les conditions d’un parachèvement du projet féministe…

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Dès l’origine, le corps des femmes a été placé au cœur des combats féministes. Il a toutefois été progressivement désinvesti jusqu’à disparaître comme objet de luttes. Si le mouvement #MeToo a fait l’effet d’une déflagration, c’est parce qu’il a mis au jour ce scandale que les femmes étaient restées des corps à disposition par-delà leur émancipation. Le moment important où nous sommes de réappropriation de la corporéité dans ses dimensions les plus intimes nous impose de relancer le projet d’un féminisme phénoménologique (c’est-à-dire incarné) initié par Simone de Beauvoir.

Camille Froidevaux-Metterie
Philosophe, professeure de science politique, chargée de mission « égalité-diversité » à l’université de Reims Champagne-Ardenne. Elle a récemment publié Seins. En quête d’une libération (Anamosa, 2020), en même temps que la réédition augmentée de La Révolution du féminin (Gallimard, coll. « Folio Essais », 2020).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 30/06/2020
https://doi.org/10.3917/pouv.173.0063
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