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Passées les premières années de vie, le risque de mortalité croît avec l’âge, mais plus ou moins vite. L’entrée dans l’âge adulte est marquée par une augmentation temporaire de ce risque, en particulier pour les garçons. Les origines de cette surmortalité restent encore mal expliquées et sont fortement débattues. Concerne-t-elle tous les jeunes ? Est-elle attribuable à des facteurs biologiques ou sociaux ? Adrien Remund la décrit pour une cohorte de jeunes adultes vivant en Suisse, et s’intéresse plus particulièrement au rôle modérateur ou amplificateur des facteurs socioéconomiques.

1La surmortalité des jeunes adultes est l’une des trois composantes qui caractérisent l’évolution du risque de décéder avec l’âge. Elle prend la forme d’une hausse temporaire (une bosse) des taux de mortalité par âge pendant l’adolescence et/ou le début de l’âge adulte. Elle se situe après la phase de diminution des risques durant l’enfance (ontogenescence ; Levitis, 2011) et avant l’augmentation exponentielle entraînée par la sénescence (Gompertz, 1825). Cette spécificité de la mortalité des jeunes adultes est connue depuis près de 150 ans (Thiele, 1871) et elle est maintenant largement prise en compte dans les modèles et les projections de mortalité, quoique souvent de façon descriptive, pour tenir compte du phénomène plutôt que pour l’analyser.

2Contrairement à de nombreuses études qui s’intéressent à cette surmortalité comme un objet macrodémographique, celle-ci se concentre sur une population particulière et en explore les différences interindividuelles : une cohorte de jeunes nés entre 1975 et 1979 vivant en Suisse et observés de l’adolescence jusqu’au début de l’âge adulte. La figure 1 montre l’évolution de la mortalité par âge pour cette cohorte, caractérisée par une forte hausse entre 14 et 22 ans pour les deux sexes, suivie d’une diminution jusqu’à environ 30 ans, lorsque la courbe de mortalité retrouve à nouveau l’augmentation due à la sénescence. Son ampleur est environ trois fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes.

Figure 1. Taux de mortalité par âge pour les hommes et les femmes des cohortes nées entre 1975 et 1979 et vivant en Suisse en 1990

Taux de mortalité par âge pour les hommes et les femmes des cohortes nées entre 1975 et 1979 et vivant en Suisse en 1990

Figure 1. Taux de mortalité par âge pour les hommes et les femmes des cohortes nées entre 1975 et 1979 et vivant en Suisse en 1990

Source : Swiss National Cohort, calculs de l’auteur.

3Un des aspects théoriques de la surmortalité des jeunes adultes reste cependant mal connu, à savoir dans quelle mesure sa forme reflète un phénomène commun à tous les jeunes adultes, ou l’exacerbation de différences interindividuelles au cours de cette période de la vie. D’une manière générale, ces deux hypothèses complémentaires au niveau agrégé peuvent être respectivement qualifiées d’endogène et d’exogène.

4Les théories endogènes relatives à la mortalité à l’adolescence et au début de l’âge adulte font communément référence à la littérature neuropsychologique qui associe souvent la puberté à une période tumultueuse, décrite par l’expression littéraire Sturm und Drang (Hall, 1904), également interprétée comme une crise liée à la résurgence des conflits œdipiens (Freud, 1968). L’imagerie cérébrale a récemment été utilisée pour mettre au jour des développements neurologiques particuliers du cerveau des adolescents qui pourraient expliquer leurs comportements, notamment en termes de troubles de l’humeur et de prise de risque (Giedd, 2004 ; Giedd et al., 1999 ; Lenroot and Giedd, 2006 ; Spear, 2000 ; Steinberg, 2005). Ces régularités sont cependant accompagnées de grandes variations interindividuelles en termes d’âge à la puberté (Pinyerd et Zipf, 2005) et de niveaux de testostérone (Kelsey et al., 2014), qui influencent l’agressivité et les comportements à risque (Herbert, 2015). Il est donc probable que les changements endogènes observés à la puberté génèrent une augmentation temporaire du risque individuel de décès, bien que lié à des causes différentes selon les individus.

5L’argument exogène s’appuie sur le fait que les jeunes adultes sont confrontés à un certain nombre d’adaptations sociales communément désignées par l’expression « transition vers l’âge adulte ». Ce processus est structuré autour d’événements sociaux – le départ du foyer parental, la fin des études, l’entrée sur le marché du travail, la formation d’une union et la parentalité – susceptibles de varier selon les conditions socioéconomiques [1] (Billari et Liefbroer, 2010 ; Blossfeld et al., 2005). La qualité des ressources sociales à ce moment crucial de la vie détermine la capacité à surmonter les défis posés par l’adaptation à ces nouveaux rôles d’adulte (Thomson et al., 2003). Il est intéressant de noter qu’après un niveau minimal entre 5 et 14 ans (West, 1997), les différentiels de mortalité selon les classes sociales sont plus prononcés au début de l’âge adulte qu’à tout autre moment de la vie (Valkonen, 2006). Des facteurs de risque exogènes relevant notamment, mais pas uniquement, de la classe sociale, pourraient contribuer à l’apparition d’une surmortalité des jeunes adultes au sein des couches vulnérables de la population.

6Les facteurs endogènes et exogènes peuvent influencer le niveau de mortalité, quelle que soit la cause de décès, y compris mais sans s’y limiter, celles souvent qualifiées de causes « externes ». Autrement dit, chaque cause de décès peut être le résultat d’un processus endogène et/ou exogène. C’est pourquoi la mortalité est ici mesurée pour toutes les causes confondues, bien que des mesures alternatives sur des causes de décès particulières soient également réalisées pour aider à interpréter les résultats.

7Des bases de données portant sur des effectifs importants sont nécessaires pour étudier la mortalité à de faibles niveaux, comme c’est le cas parmi les jeunes adultes. Malheureusement, les biomarqueurs endogènes de la vulnérabilité sont difficiles à collecter à une telle échelle. C’est pourquoi les facteurs exogènes sont choisis pour cette analyse et permettent d’observer dans quelle mesure les conditions socioéconomiques contribuent à la surmortalité des jeunes adultes à travers deux questions. Premièrement, les conditions exogènes de la transition vers l’âge adulte contribuent-elles à la surmortalité à ces âges-là, à travers des différentiels de mortalité plus importants qu’à d’autres périodes de la vie ? En estimant l’influence des variables socioéconomiques sur l’évolution des risques de décéder, on peut évaluer la présence d’irrégularités dans les effets par âge de ces variables. Deuxièmement, des conditions exogènes favorables peuvent-elles éliminer partiellement ou totalement cette bosse dans certains sous-groupes de la population ? En estimant la forme du risque de décès dans différentes sous-populations, on peut observer dans quelle mesure elles connaissent toutes une surmortalité des jeunes adultes. Les données étudiées proviennent d’une base unique couvrant tous les décès survenus en Suisse entre 1990 et 2008.

I. Les données

8La Swiss National Cohort (SNC) est une base de données reliant quatre sources administratives suisses : les recensements de 1990 et 2000, la statistique du mouvement naturel de la population et la statistique de la population résidante de nationalité étrangère (Spoerri et al., 2010). La SNC offre un suivi exhaustif de la mortalité de toute la population résidente de décembre 1990 à fin 2008, ce qui en fait un ensemble de données statistiquement puissant permettant une analyse détaillée des populations à faible mortalité telles que celle des jeunes adultes.

9L’appariement probabiliste, effectué par les concepteurs de la SNC, a été utilisé pour lier des informations individuelles provenant des quatre sources de données administratives [2] et atteignant un taux d’appariement de 96,2 % entre les certificats de décès et les recensements. Cette technique s’est révélée malheureusement moins efficace pour les cohortes plus jeunes – avec un taux d’appariement minimum de 79,7 % pour la cohorte de naissance de 1975 –, en raison de la grande mobilité des jeunes et de l’instabilité de leurs caractéristiques. En compensation, tous les décès non liés restants ont été attribués aux meilleurs candidats sur la base d’un ensemble limité de caractéristiques, une approche dont on a pu constater qu’elle permettait d’éviter les biais (Schmidlin et al., 2013), tout en préservant la cohérence avec les statistiques agrégées et en conservant la puissance statistique.

10L’échantillon de l’étude comprend toutes les personnes nées entre le 1ᵉʳ janvier 1975 et le 31 décembre 1979 présentes au recensement de 1990. Ces personnes avaient entre 11 et 16 ans en décembre 1990, et entre 29 et 34 ans en décembre 2008 à la fin du suivi. La population initiale à risque comprend 374 833 personnes au recensement de 1990. Parmi elles, 309 283 (82,5 %) sont également présentes dans le recensement de 2000, 2 073 (0,6 %) sont mortes, 6 311 (1,7 %) ont émigré et 57 166 (15,3 %) ont été censurées parce qu’elles n’apparaissent plus ensuite ni dans les recensements, ni dans les registres de décès ou d'émigration [3]. Sur les 309 283 individus restants observés en 2000, 1 432 (0,5 %) décès supplémentaires ont été enregistrés entre 2000 et 2008, ainsi que 2 859 (0,9 %) émigrations. Les 304 992 autres individus ont été supposés présents à la fin du suivi en 2008 (tableau annexe A.1). L’échantillon complet totalise 6 182 011 personnes-années vécues et 3 505 décès.

Tableau 1. Caractéristiques individuelles et parentales des jeunes adultes en Suisse

Caractéristiques individuelles et parentales des jeunes adultes en Suisse

Tableau 1. Caractéristiques individuelles et parentales des jeunes adultes en Suisse

11Les statistiques descriptives des caractéristiques individuelles sont présentées dans le tableau 1. Elles portent sur les variables du recensement de 1990 : sexe, type de ménage en 1990 [4], urbanisation du lieu de domicile, région linguistique et religion (déclarée par les parents). Des renseignements ont également été recueillis sur les parents au moment du recensement de 1990, comme le niveau de diplôme et la catégorie socioprofessionnelle les plus élevés [5], la différence d’âge entre le jeune adulte et son père ou sa mère, ou l’origine migratoire [6]. Lors du recensement de 2000, des informations socioéconomiques supplémentaires ont été collectées concernant le niveau d’études [7] et l’activité professionnelle du jeune adulte. Cette dernière variable est une combinaison du statut sur le marché du travail et de la scolarité actuelle divisée en onze catégories reflétant la diversité des situations au cours des premières étapes de la vie professionnelle [8]. L’une des limites de cette base de données est qu’elle ne fournit aucun indicateur relatif à la petite enfance, ni de mesures médicales directes de la santé qui, selon les études sur les parcours de vie, ont des implications importantes sur la santé ultérieure (Kuh et Shlomo, 2004). Cette restriction illustre l’arbitrage entre la nécessité de collecter de nombreuses variables explicatives et celle de conserver une taille d’échantillon importante.

II. Méthode

12Afin de répondre à la première question –  savoir si les facteurs de risque exogènes contribuent à la surmortalité en générant des différentiels plus importants autour des âges concernés –, une analyse de survie est utilisée. Ces analyses supposent généralement que les différentiels de mortalité sont proportionnels (autrement dit, leur intensité ne varie pas dans le temps) et définissent le temps en termes d’années calendaires plutôt qu’en termes d’années d’âge, ignorant ainsi la dynamique potentielle des facteurs de risque avec l’âge (Thiébaut et Bénichou, 2004). Pour remédier à ce problème, l’âge est considéré ici comme la variable de temps. L’observation est tronquée à gauche avant l’âge atteint au recensement de 1990, et censurée à droite à l’âge de la dernière observation si la personne n’est pas décédée avant. Le temps d’exposition est également divisé en deux phases (1990-2000 et 2000-2008) afin de tenir compte des changements de caractéristiques individuelles entre les deux recensements. L’activité professionnelle et le niveau de scolarité le plus élevé, qui ne sont connus que dans le recensement de 2000, sont fixés pour tous à la catégorie « école obligatoire » avant 2000, afin d’éviter de rendre ces variables « prophétiques » [9] (Therneau et Grambsch, 2000). De même, les effets de ces variables selon l’âge ne sont calculés qu’à partir de l’âge de 20 ans, après lequel ces variables sont disponibles (figure 2). Les interactions entre le niveau d’éducation et la cohorte de naissance sont également testées afin de contrôler que l’effet du niveau de scolarité ne soit pas un artefact de l’âge au recensement. Les observations multiples d’un même individu à chaque recensement sont regroupées pour tenir compte, dans le calcul des variances robustes, de la corrélation entre ces observations.

13En ce qui concerne le modèle, le risque de mortalité selon l’âge µi(x) est défini comme le produit d’un risque de base µ0(x) commun à tous les individus, et d’une vulnérabilité individuelle vi(x) qui varie à la fois avec l’âge x et selon les profils individuels i (équation [1]).

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equation im3

15Cette définition de la vulnérabilité, à la fois individuelle et dynamique, s’appuie sur la notion préexistante de « fragilité » (frailty), qui est individuelle mais constante dans le temps (Vaupel et al., 1979), et de vulnérabilité, variable dans le temps mais commune à tous les individus (Vaupel et al., 1988). Par conséquent, chaque combinaison de facteurs de risque produit un profil de vulnérabilité spécifique lié à l’âge, qui peut agir comme un amortisseur ou un amplificateur du risque sous-jacent de décès.

16La première étape d’estimation est un modèle classique semi-paramétrique de Cox, suite à laquelle les effets spécifiques de l’âge sont estimés en utilisant les résidus de Schoenfeld standardisés (Schoenfeld, 1982). Ces résidus sont définis comme la différence entre la valeur observée d’une variable donnée au moment de la mort d’un individu, et son espérance conditionnelle étant donné les caractéristiques de toutes les personnes encore en vie à ce moment. La courbe de ces résidus selon l’âge peut être interprétée en termes d’effet spécifique à l’âge (Grambsch et Therneau, 1994). Ces courbes sont estimées par lissage non paramétrique (splines) et les intervalles de confiance sont estimés en réalisant 1 000 tirages aléatoires (bootstrap). L’inclusion des variables individuelles dans le modèle conduit à l’extension suivante du modèle de Cox (équation [2]), où µ0(x) est le risque de base, βi(x) sont les coefficients d’âge, et Zi(x) sont les variables individuelles.

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equation im4

18L’évolution de la fonction µi(x) avec l’âge indique pour chaque individu dans quelle mesure les processus exogènes peuvent limiter la phase de surmortalité à partir du risque de base. L’étude de chacun des 374 833 risques individuels étant irréalisable, il est possible de les agréger en un ensemble réduit de sous-populations représentatives qui rendent compte de l’ensemble de la population. Plutôt que d’utiliser les variables explicatives, ces groupes sont créés directement sur la base du score de risque (risk score) individuel du modèle de Cox, ainsi utilisé comme un indicateur multidimensionnel de la vulnérabilité. Le regroupement des individus selon ces scores peut servir de test de proportionnalité pour le niveau de mortalité à tous les niveaux de vulnérabilité. Ce travail est effectué grâce à la technique de partitionnement CLARA, un algorithme de type PAM (partitionnement autour des médoïdes) conçu pour les grands ensembles de données (Kaufman et Rousseeuw, 1990). Cette technique consiste à trouver les individus les plus représentatifs de la population. Les classes sont construites pour chaque sexe en assignant chaque individu au représentant le plus proche, ne laissant ainsi aucun individu de côté. Les classes qui en résultent peuvent être interprétées comme des sous-populations qui partagent une trajectoire similaire de risque de décès par âge. Une fois l’ensemble de la population divisée en souspopulations, les taux de mortalité par âge de chacune d’elles sont estimés par la dérivée première d’une fonction lissée de hasard cumulé de Kaplan-Meier.

III. Résultats et discussion

19Le tableau 2 présente les résultats d’un premier modèle complet contenant toutes les variables disponibles au niveau de l’individu et de ses parents. Dans le second modèle parcimonieux, plusieurs variables et catégories sont abandonnées car leurs effets ne sont pas significativement différents ou en raison d’un problème de multicolinéarité [10].

Tableau 2. Effets multiplicateurs des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Effets multiplicateurs des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Tableau 2. Effets multiplicateurs des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Tableau 2 (suite). Effets multiplicateurs des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Effets multiplicateurs des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Tableau 2 (suite). Effets multiplicateurs des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

20Pour ce second modèle, les effets spécifiques à l’âge sont calculés comme expliqué dans la partie sur la méthode et présentés sur la figure 2. Ils confirment l’existence de forts différentiels de mortalité au cours de la transition vers l’âge adulte et montrent que ceux-ci changent au fil de l’âge. En effet, la majorité des caractéristiques individuelles du modèle affichent une forme en U ou en U inversé avec l’âge. Tous les résultats présentés ici sont compris comme nets des effets des autres variables et indépendamment de la forme du risque de base µ0(x). À titre de comparaison, la figure annexe A.1 montre également les taux bruts de décès par âge (non contrôlés) selon les différentes modalités de chaque variable. Cela permet d’étudier les caractéristiques de la surmortalité propres aux différents sous-groupes.

Figure 2. Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)*

Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Figure 2. Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)*

* Les échelles sont identiques dans toutes les sous-figures, sauf 2b. Les groupes de référence sont indiqués dans le tableau 2.

Figure 2 (suite). Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Figure 2 (suite). Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Figure 2 (suite). Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Figure 2 (suite). Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Figure 2 (suite). Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Figure 2 (suite). Effets spécifiques à l’âge des caractéristiques individuelles sur la mortalité des jeunes adultes en Suisse (rapports de risques relatifs)

Source : Swiss National Cohort, calculs de l’auteur.

21En plus des analyses précédentes qui portent sur la mortalité toutes causes confondues, la figure 3 montre les taux de mortalité par groupe de causes [11]. Dans l’ensemble, les « autres causes » (majoritairement non externes) sont la principale cause de décès (environ 40 % de tous les décès), mais leur intensité varie selon les catégories de personnes. Le taux de mortalité est particulièrement élevé chez les jeunes sans emploi, ne suivant ni études ni formation (NEET), ceux qui vivent dans des institutions, et plus encore parmi les personnes percevant des aides sociales. Les accidents de la circulation, les autres accidents et les suicides, qui représentent chacun environ 20 % des décès en moyenne, montrent moins de disparités sociales. Les suicides sont particulièrement marqués chez les enfants ne vivant pas dans leur famille d’origine, les chômeurs et les bénéficiaires de prestations sociales, mais faibles chez les femmes, en Suisse italienne et parmi les femmes déclarant une autre religion que chrétienne. Les accidents de la circulation sont plus fréquents dans la région italophone et chez les hommes, et moins fréquents chez les personnes inactives.

Figure 3. Taux de mortalité par cause de décès selon les caractéristiques individuelles

Taux de mortalité par cause de décès selon les caractéristiques individuelles

Figure 3. Taux de mortalité par cause de décès selon les caractéristiques individuelles

Source : Swiss National Cohort, calculs de l’auteur.

1. Le sexe

22Les jeunes femmes suisses présentent en moyenne 60 % moins de risques de mourir entre 10 et 35 ans que les jeunes hommes. Cet avantage féminin commence dès l’âge de 10 ans avec un écart de 35 % qui atteint 70 % autour de 22 ans, puis se réduit progressivement (figure 2A). Cela signifie que, même si les jeunes hommes sont toujours désavantagés en termes de mortalité, ils subissent un plus grand handicap dans la première phase de la transition vers l’âge adulte, qui coïncide également avec le plus fort taux de mortalité au niveau agrégé. Il est impossible à ce stade de dire si cette différence entre les hommes et les femmes est due au sexe biologique ou à des rôles de genre socialement construits. Il convient toutefois de noter que ces effets concernent toutes les causes de décès et qu’ils se maintiennent une fois contrôlées toutes les autres dimensions disponibles de la vie sociale.

2. Le contexte familial

23Relativement aux jeunes ayant grandi dans des ménages nucléaires qui connaissent une faible mortalité (figure annexe A.1F), ceux qui ont vécu une partie de leur enfance dans un ménage non nucléaire courent un plus grand risque de décès, quel que soit ce type de ménage. Dans le cas des ménages monoparentaux, les enfants sont exposés à un risque de mortalité moyen 50 % plus élevé que dans les ménages nucléaires. La vulnérabilité atteint un sommet au début de l’âge adulte, diminue avec le temps et finit par disparaître au début de la trentaine (figure 2F). En d’autres termes, les ménages monoparentaux sont une source de vulnérabilité pour les adolescents qui y vivent, mais ils ne laissent pas de stigmates à l’âge adulte. Derrière ce résultat, on peut imaginer différents processus à l’origine d’une vulnérabilité, tels que les conflits, le manque de soutien par le parent absent ou vivant ailleurs et les conditions matérielles défavorables générées par la séparation des parents, ainsi qu’un effet de causalité inverse de la mauvaise santé de l’enfant sur la relation des parents.

24Les autres formes de cohabitation plus atypiques observées au moment du recensement de 1990, qu’il s’agisse de ménages en dehors de la famille d’origine (comme les familles d’accueil) ou d’institutions (comme des hôpitaux et des foyers d’accueil), sont également associés à un effet néfaste sur le risque de décès des jeunes adultes. Leur risque de décès s’accroît en moyenne de 50 % (tableau 2). Cette surmortalité peut être interprétée comme un effet de sélection en raison d’une mauvaise santé nécessitant un séjour dans un établissement de santé, ce qui est confirmé par le haut niveau de la mortalité pour les causes non externes dans ce groupe, même si les taux pour toutes les causes de décès y sont plus élevés que parmi ceux ayant vécu dans un ménage nucléaire (figure 3). L’effet de résider dans une institution a en outre une nette tendance s’atténuer avec l’âge (figure 2F), confortant l’interprétation de l’institution comme marqueur d’un mauvais état de santé. Néanmoins, dans le cas des jeunes ayant vécu en institution, la surmortalité par âge connaît un rebond au début de la vingtaine, ce qui est aussi le cas des jeunes adultes qui vivent dans un ménage en dehors de la famille d’origine (figure 2G). Cela confirme le fait bien documenté selon lequel les jeunes adultes élevés hors de leur famille biologique vivent de manière particulièrement difficile la transition vers l’âge adulte (Barth, 1990 ; Kerman et al., 2002 ; Yaouancq et Duée, 2014). Pour ces jeunes, les suicides sont une cause plus fréquente de décès (figure 3). Une autre caractéristique des familles examinées ici est la différence d’âge entre les jeunes adultes et leurs pères. Le risque de décéder des individus dont le père avait, à leur naissance, entre 20 et 39 ans est, en moyenne, un peu plus faible (figure annexe A.1G). Par comparaison, les enfants de pères plus jeunes ou plus âgés à leur naissance connaissent une hausse respectivement de 30 % et de 20 % de leur risque de décès (tableau 2). Toutes les causes de décès semblent être affectées de la même manière, quel que soit l’âge du père, mais la dynamique de ce facteur de risque diffère entre les individus ayant des pères jeunes et âgés. En effet, le désavantage des enfants de pères plus jeunes semble culminer au début de la vingtaine, suggérant qu’ils luttent pour trouver leur indépendance en tant qu’adultes, alors que les enfants nés de pères plus âgés sont principalement exposés à des risques plus élevés avant 25 ans environ (figure 2H). Cette différence peut être liée à une incapacité des jeunes pères à faire face à leur rôle, aux transferts de capital social ou à d’autres aspects de la relation parent-enfant qui pourraient être influencés par l’âge parental, bien que ces interprétations demeurent hypothétiques.

3. Le gradient professionnel et éducatif

25Un gradient social de mortalité a depuis longtemps été établi : le niveau d’éducation et la profession sont tous deux corrélés au risque de décès (Marmot, 2005). Dans le cas des jeunes adultes qui quittent le système éducatif et la position sociale héritée de leur famille pour se présenter sur le marché du travail et accéder à la classe sociale désirée, l’établissement de ce gradient représente un défi supplémentaire car les marqueurs de classe sociale doivent intégrer ces différentes sources de disparités (famille, scolarité et travail). Le début de l’âge adulte est marqué par une progression rapide des inégalités sociales (West, 1988) qui pourrait être due à la perte de l’influence parentale, à la mobilité sociale rapide des jeunes ou au délai nécessaire avant que l’environnement social se traduise en inégalités de santé effective, en raison du délai de développement des maladies ou de celui de l’adoption de comportements de santé à risque.

26L’hypothèse d’une influence décroissante de l’origine sociale, que d’autres études ont soutenue (Pensola et Valkonen, 2002 ; Remes et al., 2010), n’est pas systématiquement confirmée ici. Le désavantage des jeunes adultes dont les parents étaient sans emploi (+ 70 %), occupaient des emplois non rémunérés (+ 30 %) ou d’autres formes d’emploi (+ 35 %) (tableau 2) est conforme aux attentes, mais il ne se dissipe pas avec le temps (figure 2C). Il s’accroît même parfois à la fin de l’adolescence, ou continue à exercer un effet jusqu’à des âges plus avancés. De plus, en ce qui concerne les autres catégories de professions parentales, les enfants de parents occupant des professions intermédiaires ou libérales, ou travaillant à leur compte, souffrent étonnamment d’une plus grande mortalité que ceux des travailleurs non qualifiés a priori plus défavorisés. Les autres ne diffèrent pas significativement. Contre toute attente, en Suisse, la surmortalité des jeunes adultes est particulièrement accentuée chez les personnes issues de milieux économiques supposés plutôt favorisés, peut-être à cause d’un manque de soutien parental lié à un déséquilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale de leurs parents et aux horaires de travail étendus. En effet, les enfants issus de catégories professionnelles supérieures, à l’exception des enfants de dirigeants (avant 30 ans), affichent tous une plus forte surmortalité entre 20 et 29 ans (figure 2C). La figure 3 suggère que cette mortalité plus élevée des enfants de cols blancs va de pair avec une plus grande part de suicides, tandis que pour les groupes plus défavorisés, toutes les causes sont affectées. Cette conclusion ne vaut toutefois qu’après introduction des variables de contrôle. En effet, les taux bruts de mortalité observés pour les groupes les plus privilégiés sont inférieurs ou très proches des enfants de travailleurs non qualifiés (figure annexe A.1D). Autrement dit, les jeunes adultes issus de milieux privilégiés bénéficient d’autres caractéristiques protectrices.

27Le gradient des jeunes adultes en termes de niveau de scolarité, en revanche, pointe dans la direction attendue (tableau 2). Par comparaison aux jeunes qui n’ont que le niveau de scolarité obligatoire (16 ans), ceux qui ont terminé leurs études secondaires ont un risque inférieur de 30 % en moyenne, et ceux qui vont à l’université ou dans une autre institution d’enseignement supérieur bénéficient d’un avantage supplémentaire de 20 % [12]. Cette différence semble être principalement due aux risques accrus d’accidents de la route pour les personnes qui n’ont connu qu’une scolarité obligatoire (figure 3), ce qui confirme les résultats d’autres pays comme la Suède, où les 18-30 ans de faible niveau d’études (scolarité obligatoire) présentent un risque deux fois plus important d’accident de la route et un risque cinq fois plus grand d’être blessé ou tué (Hasselberg et al., 2005). L’effet selon l’âge du niveau de scolarité des jeunes adultes (figure 2D) affiche un écart croissant après 25 ans. Les jeunes adultes ayant le niveau d’instruction le plus faible semblent donc connaître une sélection négative de plus en plus forte avec l’âge. Il se pourrait aussi que le gradient éducatif ne s’exprime entièrement qu’après une phase au cours de laquelle les inégalités s’accumulent.

4. L’exclusion socioéconomique

28Le gradient social, aussi fort soit-il, ne concerne que la majorité de la population intégrée dans le système éducatif et professionnel. Ceux qui sont en quelque sorte laissés pour compte et exclus d’abord du système éducatif, puis du marché du travail, subissent à leur tour des risques de mortalité plus élevés. Dans le contexte d’un marché du travail polarisé, la transition vers l’âge adulte représente une phase plus critique de la vie qu’auparavant (Esping-Andersen, 2009), et les conséquences d’une exclusion du système éducatif à ce stade sont probablement plus importantes (Blossfeld et al., 2005).

29L’exclusion socioéconomique commence au cours des années de scolarisation et s’étend ensuite à l’emploi et à la santé. La première étape de ce processus commence lorsque les jeunes quittent le système éducatif sans obtenir de diplôme utile ni entrer sur le marché du travail. Ce groupe de jeunes déscolarisés, sans formation ni emploi, les « NEETs » [13] (ILO, 2013), sont exposés à une surmortalité de 70 % par rapport à ceux qui occupent un emploi (tableau 2). L’effet de l’âge n’est pas clair, comme en témoignent les larges intervalles de confiance (figure 2B), et bien que toutes les causes – à l’exception des accidents de la circulation – soient concernées, c’est particulièrement le cas pour les autres causes de décès (figure 3). Ce phénomène pourrait suggérer un éventuel contre-mécanisme poussant les jeunes en mauvaise santé et qui présentent des risques plus élevés de décès, à abandonner l’école et le travail.

30Le chômage peut être conçu comme une deuxième étape du processus d’exclusion socioéconomique. De fait, les jeunes adultes sans emploi souffrent en moyenne d’un risque deux fois plus important de décès que leurs homologues employés. L’effet du chômage selon l’âge prend clairement une forme de bosse et atteint son sommet autour de 25 ans (figure 2B). Le moment le plus néfaste du chômage coïncide ainsi avec le sommet de la courbe. Ici aussi, toutes les causes, à l’exception des accidents de la route, affichent des niveaux plus élevés, ce qui suggère la présence d’effets de sélection par la santé ainsi qu’un effet néfaste du chômage (figure 3).

31La troisième et la plus forte étape de l’exclusion socioéconomique correspond au fait de percevoir des prestations sociales. Elle est associée à une multiplication moyenne par six du risque de décès par rapport aux jeunes adultes qui sont en emploi (tableau 2). Probablement plus encore que pour les catégories précédentes, cela peut être en partie dû à un effet de sélection lié au fait que les jeunes qui souffrent de graves problèmes de santé sont plus susceptibles de recevoir des pensions d’invalidité. La figure 3 illustre cette interprétation en montrant des niveaux très élevés pour les autres causes de décès, y compris des causes liées à une invalidité de longue durée, même si la surmortalité concerne toutes les causes sauf les accidents de la route. L’effet selon l’âge de la variable relative à la perception de prestations sociales n’est pas constant (figure 2B). Toutefois, il est difficile d’en tirer des conclusions en raison d’intervalles de confiance extrêmement larges. Les estimations médianes suggèrent que ce groupe de jeunes pourrait connaître une amplification de leur désavantage entre 20 et 30 ans, avant de retomber au niveau initial, montrant ainsi une surmortalité tardive.

32Rassemblés, ces trois marqueurs de l’exclusion socioéconomique peuvent être considérés comme les étapes successives d’un processus général de marginalisation. En effet, l’absence d’une formation qualifiante conduit souvent à un chômage qui, à terme, peut se traduire par un accès aux minima sociaux. La sélection par la santé joue également un rôle en contraignant les jeunes adultes en moins bonne santé, qui sont déjà confrontés à des risques élevés de décès, à quitter le système éducatif et professionnel, et à percevoir des allocations sociales. L’accumulation de ces facteurs de risque peut être à l’origine d’une sous-population qui accumule progressivement des désavantages et devient de plus en plus marginalisée (Dannefer, 2003 ; Mackenbach, 2012).

5. L’environnement géoculturel

33Quelques caractéristiques individuelles présentent peu de modifications de leurs différentiels de mortalité en fonction de l’âge, mais les effets observés pourraient être liés au temps. Parmi celles-ci, l’impact de l’origine nationale est le plus prononcé (figure 2G). Les jeunes adultes qui ont des racines dans d’autres pays que la Suisse sont confrontés à un risque accru de décès de 17 % à 20 % en moyenne pour les personnes originaires d’Europe et d’ex-Yougoslavie, et de plus de 50 % pour les personnes d’origine extra-européenne. Pour toutes ces origines, le rapport de risque par âge décroît de manière presque linéaire, ce qui pourrait être un effet du temps écoulé depuis la migration plutôt que de l’âge, les deux dimensions étant indiscernables dans les données utilisées. Dans le cas de la Suisse au moins, les immigrés commencent par un désavantage en matière de mortalité et convergent ensuite vers les natifs. Ce processus peut mener à terme les natifs à une position moins favorable, toutes choses étant égales par ailleurs. Ce paradoxe s’explique par un avantage des migrants sur les natifs se trouvant dans des positions vulnérables (Zufferey, 2016). Lorsqu’on regarde les taux bruts de mortalité, le groupe des jeunes Suisses garde un avantage sur les autres groupes (sauf ceux qui viennent des Balkans) qui est dû à sa composition plus favorable pour d’autres caractéristiques (figure annexe A.1J).

34Deux autres caractéristiques géographiques ont des effets significatifs sur les différentiels de mortalité durant la transition vers l’âge adulte, sans toutefois contribuer à leur phase de surmortalité. Premièrement, les jeunes adultes qui vivent dans une municipalité rurale, voire périurbaine, ont une mortalité légèrement plus élevée que leurs homologues urbains (figure 2.I). Cela confirme les résultats d’une étude comparable menée en Suède (Hjern et Bremberg, 2002) et peut s’expliquer par un recours plus fréquent à la conduite automobile et un risque plus élevé d’accidents mortels en dehors des agglomérations urbaines (Zwerling et al., 2005). La figure 3 confirme cette interprétation dans la mesure où le risque d’accidents de la circulation est plus élevé en milieu rural. Cet effet résidentiel disparaît progressivement à mesure que les jeunes adultes vieillissent, peut-être à cause de la mobilité vers les centres urbains après le recensement, et donc non documentée dans cette étude. Ensuite, les habitants de Suisse italienne subissent un risque de décès inférieur de 20 % par rapport au reste du pays qui n’apparaît qu’après 20 ans (figure 2E). Cet avantage semble être lié à un risque plus faible de suicide et des « autres causes » de décès (figure 3), ce qui est cohérent avec le fait que la mortalité par suicide est plus faible en Italie qu’en Suisse (Liu, 2009).

6. L’accumulation des risques accroît la surmortalité

35Cette analyse globale des facteurs de risque de mortalité au niveau culturel, spatial, social et économique montre que la majorité d’entre eux présentent un pic d’intensité entre 20 et 30 ans. En d’autres termes, les effets exogènes contribuent à la surmortalité des jeunes adultes indépendamment du risque endogène de décès. Le taux de mortalité le plus élevé observé pour l’ensemble de la population se situe à 21,6 ans pour les hommes et à 18,9 ans pour les femmes (figure 1). Or, cet âge correspond approximativement à celui de l’intensité maximale des différentiels de mortalité par âge. En effet, pour les 26 caractéristiques présentant une forme convexe ou concave, l’extremum moyen se situe à 22,9 ans, ou 23,1 ans après pondération du nombre de personnes dans chaque catégorie [14]. Au niveau agrégé, ce pic pourrait donc être au moins en partie produit par le fait que les conditions socioéconomiques négatives entourant la transition vers l’âge adulte ont un effet particulièrement préjudiciable entre 20 et 25 ans.

36Bien que presque toutes les variables présentent une mortalité plus élevée à ces âges (figure annexe A.1), cela ne signifie pas que ce soit le cas pour tous les profils individuels. La réponse à cette question nécessiterait d’observer comment les effets nets s’agrègent au niveau des profils individuels. En particulier, les facteurs de risque défavorables ont tendance à s’accumuler sur les mêmes personnes, générant de forts différentiels de mortalité entre les individus ou une augmentation temporaire du risque de décès au début de l’âge adulte, pour certains d’entre eux uniquement.

37L’étude de chaque risque individuel n’étant pas possible, ils sont regroupés en trois sous-populations pour chaque sexe (partie II). Les tableaux annexes A.3 et A.4 présentent la composition de chaque sous-population pour les hommes et les femmes. Les résultats sont de fait semblables pour les deux sexes. Globalement, la composition de ces groupes reflète tous les gradients identifiés précédemment, mais certaines particularités méritent d’être soulignées dans la mesure où elles montrent comment les facteurs de risque ont tendance à s’accumuler.

38Le groupe 1, auquel appartiennent les deux tiers (69 %) des jeunes de la cohorte, regroupe tous les profils qui, malgré leur diversité, ne sont généralement pas ou peu en situation de vulnérabilité. Le groupe 2, qui représente environ le quart (28 %) de la cohorte, est composé de jeunes adultes présentant des facteurs de risque modérés, générés par leur niveau d’éducation et/ou un milieu familial défavorisé. Le groupe 3, qui représente 4 % des hommes et 3 % des femmes, reflète la situation des personnes en état de vulnérabilité aiguë, en raison de problèmes de santé ou de milieux familiaux extrêmement défavorisés. Toutes les personnes percevant des prestations sociales appartiennent au groupe 3, mais elles en représentent à peine 10 %. Le reste de ce groupe a souvent grandi dans des institutions ou des familles monoparentales (80 % des cas), sans un père corésident (âge inconnu du père dans 70 % des cas, catégorie professionnelle parentale inconnue ou non classée dans 40 % des cas), et avec des racines extra-européennes (40 %). Les deux autres groupes diffèrent principalement par la proportion de personnes ayant terminé leurs études secondaires (environ 75 % dans le groupe 1 contre 44 % dans le groupe 2) ou arrêté leur scolarité à l’âge obligatoire (environ 15 % dans le groupe 1 contre 47 % dans le groupe 2). Le groupe 2 contient également plus de personnes issues de familles monoparentales et pour lesquelles l’âge du père est inconnu (dans les deux cas, environ 25 % contre 1 % dans le groupe 1).

39La forme du risque de décès par âge pour chacun de ces groupes suggère que la surmortalité des jeunes adultes n’affecte pas tous les jeunes Suisses (figure 4). Chez les hommes comme chez les femmes, pour la sous-population la moins vulnérable (groupe 1), le risque de décès augmente très lentement au début de l’adolescence et progresse régulièrement, montrant peu ou pas de signe d’écart par rapport à la hausse générale de la mortalité associée au vieillissement. Cela montre que la surmortalité des jeunes n’est pas inévitable et que, dans des conditions favorables, les ressources socioéconomiques peuvent avoir un effet protecteur durant la transition vers l’âge adulte.

Figure 4. Force de mortalité dans les sous-populations de jeunes adultes en Suisse, 1990-2008

Force de mortalité dans les sous-populations de jeunes adultes en Suisse, 1990-2008

Figure 4. Force de mortalité dans les sous-populations de jeunes adultes en Suisse, 1990-2008

Source : Swiss National Cohort, calculs de l’auteur.

40Le groupe intermédiaire (groupe 2) affiche une phase de surmortalité similaire à celle de la population totale, mais plus prononcée. À l’approche de la trentaine, ce groupe connaît une réduction du risque de décès et rejoint le groupe le plus protégé. Pour ces personnes qui ne possèdent pas les ressources adéquates, la transition vers l’âge adulte représente un défi qui se traduit par un impact temporaire mais fort sur leur risque de décès.

41Les jeunes adultes les plus vulnérables (groupe 3) suivent une trajectoire totalement différente. Chez les hommes, les individus montrent d’abord une tendance croissante équivalente aux autres sous-populations à un niveau toutefois plus élevé, mais qui ne converge jamais. Chez les femmes, la trajectoire est constamment à un niveau beaucoup plus élevé, malgré une diminution à l’approche de la trentaine, et ne rejoint pas non plus les autres sous-populations.

42Cette analyse de la surmortalité à travers différentes sous-populations de jeunes adultes en Suisse suggère que ce n’est pas un phénomène inévitable dans une population donnée. Dans ce cas, elle s’applique à environ un quart des jeunes adultes. Le niveau de mortalité des jeunes adultes, auquel des facteurs endogènes peuvent contribuer ou non, peut donc être entièrement compensé par un environnement favorable.

Conclusion

43La surmortalité des jeunes adultes reste à ce jour mal comprise, bien moins que la sénescence ou la mortalité infantile. Plusieurs hypothèses non testées alimentent le débat, notamment sur l’universalité de ce phénomène. L’hypothèse endogène suppose qu’il trouve son origine dans le développement neuropsychologique, lié à la transition vers la maturité. À l’opposé, l’hypothèse exogène soutient que l’environnement socioéconomique peut infliger une certaine pression aux adolescents. Cette étude sur les jeunes adultes en Suisse a été conçue pour tester spécifiquement la validité de l’argument exogène.

44Après avoir examiné la forme des différentiels de mortalité selon l’âge, il ressort que la vulnérabilité exogène contribue à exacerber le risque de décès de certains groupes sociaux au cours de la transition vers l’âge adulte. Réciproquement, les ressources sociales agissent comme une protection contre le stress endogène ou exogène généré par le passage à l’âge adulte, expliquant l’absence de surmortalité chez certaines sous-populations. En outre, l’exclusion sociale extrême renforce ce risque et persiste au-delà du début de l’âge adulte.

45Cette analyse de la surmortalité des jeunes adultes en Suisse est un premier pas vers une meilleure compréhension des facteurs qui la façonnent. Elle ne clôt pas le débat entre les partisans des interprétations endogènes et exogènes, et même si elle confirme l’importance de l’acquis, elle n’exclut pas une origine innée complémentaire. Ces conclusions fournissent un terrain fertile pour les débats à venir.

Remerciements : Je tiens à remercier chaleureusement Michel Oris, Jamaica Corker et les relecteurs anonymes pour leurs précieux commentaires sur les versions précédentes de cet article. Cette recherche a bénéficié du soutien financier du Fonds national suisse de la recherche scientifique (bourse Early Postdoc. Mobility et NCCR LIVES IP 213) et d’une bourse Small Nested Project de la Swiss National Cohort (SNC).

Annexes

Tableau A1. Évolution de la population à risque

Évolution de la population à risque

Tableau A1. Évolution de la population à risque

Tableau A2. Classification des causes de décès

Classification des causes de décès

Tableau A2. Classification des causes de décès

Tableau A3. Caractéristiques individuelles et parentales des hommes par classe

Caractéristiques individuelles et parentales des hommes par classe

Tableau A3. Caractéristiques individuelles et parentales des hommes par classe

Tableau A4. Caractéristiques individuelles et parentales des femmes par classe

Caractéristiques individuelles et parentales des femmes par classe

Tableau A4. Caractéristiques individuelles et parentales des femmes par classe

Figure A1. Taux de mortalité par âge des jeunes adultes selon les caractéristiques individuelles en Suisse

Taux de mortalité par âge des jeunes adultes selon les caractéristiques individuelles en Suisse

Figure A1. Taux de mortalité par âge des jeunes adultes selon les caractéristiques individuelles en Suisse

Figure A1 (suite). Taux de mortalité par âge des jeunes adultes selon les caractéristiques individuelles en Suisse

Taux de mortalité par âge des jeunes adultes selon les caractéristiques individuelles en Suisse

Figure A1 (suite). Taux de mortalité par âge des jeunes adultes selon les caractéristiques individuelles en Suisse

Figure A1 (suite). Taux de mortalité par âge des jeunes adultes selon les caractéristiques individuelles en Suisse

Taux de mortalité par âge des jeunes adultes selon les caractéristiques individuelles en Suisse

Figure A1 (suite). Taux de mortalité par âge des jeunes adultes selon les caractéristiques individuelles en Suisse

Source : Swiss National Cohort, calculs de l’auteur.

Notes

  • [1]
    L’allongement de cette transition au cours des dernières décennies n’est pas incompatible avec le déplacement du sommet de la bosse vers des âges de plus en plus jeunes (Goldstein, 2011), car elle s’élargit et affecte des personnes plus âgées dans le même temps (Kostaki, 1992).
  • [2]
    Les variables utilisées pour l’appariement sont le sexe, la date de naissance, l’état civil, le lieu de naissance, la nationalité, la langue, la religion et la profession. Dans le cas où aucune correspondance ne peut être faite dans la même commune, d’autres candidats sont recherchés à des niveaux d’agrégation territoriale supérieurs (Bopp et al., 2009). Un test de sensibilité a été réalisé en réestimant les modèles sans les décès initialement non liés, et des coefficients similaires ont été trouvés.
  • [3]
    Ce sont des citoyens suisses dont l’émigration entre 1990 et 2000 n’a pas été enregistrée (pour un tiers), et des personnes qui n’ont pu être reliées à un enregistrement du recensement de 2000 (pour les deux tiers). Ces 57 166 personnes sont censurées au moment du recensement de 2000. La plupart des émigrations ayant lieu lorsque les individus ont une vingtaine d’années, nous sous-estimons probablement légèrement les taux de mortalité chez les plus jeunes et les surestimons dans les âges observés les plus élevés.
  • [4]
    Les ménages non familiaux correspondent aux cas où les jeunes partagent un logement avec d’autres personnes que leurs parents (par exemple des colocataires ou des familles d’accueil). Les institutions correspondent à toutes sortes de logements collectifs (par exemple les hôpitaux, les internats). Les autres ménages, exceptés nucléaires et monoparentaux, sont composés surtout de couples sans enfant, ainsi que de quelques personnes seules et d’adultes vivant avec leurs parents.
  • [5]
    Les catégories socioprofessionnelles sont basées sur la typologie développée par Joye et Schuler (1995), elle-même inspirée par Wright (1985), combinant le niveau d’éducation et les compétences d’organisation, ce qui se traduit par une forte corrélation entre l’éducation et les catégories socioprofessionnelles. La catégorie socioprofessionnelle, ainsi que le chômage, n’enregistre que la catégorie la plus élevée des deux parents.
  • [6]
    Quatre variables ont été utilisées pour définir l’origine : nationalité en 1990, lieu de naissance, lieu de naissance de la mère et lieu de naissance du père. En cas d’origines étrangères multiples, l’ordre de priorité choisi est le suivant : Balkans> Reste du monde> Union européenne> Suisse. Les personnes venant des Balkans, qui font souvent l’objet de préjugés négatifs (Baumann 2012), sont traitées séparément.
  • [7]
    La scolarité obligatoire correspond en Suisse à la fin du collège, généralement à l’âge de 16 ans. La mesure de la scolarité actuelle différencie en outre les élèves du lycée (secondaire) des écoles professionnelles supérieures et de l’enseignement supérieur (universités, écoles polytechniques fédérales et hautes écoles spécialisées).
  • [8]
    Les bénéficiaires de prestations sociales constituent une catégorie particulière qui comprend les personnes recevant une aide sociale ou une assurance invalidité. Les données ne peuvent malheureusement pas distinguer ces deux groupes.
  • [9]
    Si nous avions utilisé pour la période 1990-2000 une modalité particulière du type « trop jeune », alors cette dernière aurait prédit le fait que la personne n’était plus observée après 2000. Le fait d’utiliser une catégorie présente après 2000 (« école obligatoire »), et qui reflète le probable réel état des individus en 1990, nous permet d’éviter ce biais.
  • [10]
    Dans la mesure où les liens parentaux sont déduits de la cohabitation, le statut du parent non cohabitant est par définition inconnu dans les ménages monoparentaux.
  • [11]
    Voir le regroupement des causes de décès utilisé dans le tableau annexe A.2.
  • [12]
    Notons ici que les interactions avec les cohortes de naissance ne sont pas significatives, excluant ainsi un effet confondant de l’âge au recensement.
  • [13]
    Not in Education, Employment or Training.
  • [14]
    La pondération est réalisée en multipliant la position du pic dans chaque catégorie par le nombre de personnes dans ces catégories, puis en prenant la somme de ces termes divisée par l’effectif total.
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Le début de l’âge adulte est souvent caractérisé par une phase de surmortalité. On ignore encore si cette augmentation momentanée du risque de décès est le produit de forces biologiques ou contextuelles, ni si cette menace concerne uniformément tous les individus d’une même cohorte. Grâce à un ensemble de données unique incluant tous les individus vivant en Suisse nés entre 1975 et 1979, des taux différentiels de mortalité par âge de 10 à 34 ans sont calculés. Certains facteurs de risque agissent avec une intensité variable qui suit une évolution similaire à la forme du risque général. Ces résultats suggèrent que les facteurs socioéconomiques de mortalité expliquent au moins en partie la surmortalité des jeunes adultes. La division de la cohorte en plusieurs sous-populations représentant différents niveaux de vulnérabilité montre que si une minorité de jeunes Suisses connaissent cet excès temporaire de mortalité, ce n’est pas le cas pour tous les groupes d’individus. Dans l’ensemble, les résultats indiquent qu’un contexte social favorable compense le stress associé à la transition vers l’âge adulte et permet d’éviter la phase de risque accru de décès durant cette période de la vie.

Mots-clés

  • surmortalité des jeunes adultes
  • transition vers l’âge adulte
  • vulnérabilité
  • modèle de Cox
  • taux différentiels de mortalité
  • Suisse

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Adrien Remund
Université de Genève, Ined et Université de Groningen
Correspondance : Adrien Remund, Université de Genève, Institut de démographie et de socioéconomie, Pôle de recherche national LIVES-Surmonter la vulnérabilité : Perspective du parcours de vie, 40 bd du Pont-d’Arve, 1211 Genève 4, Suisse, tél : (+41) 22 379 89 23
Traduit par
Camille Richou
Mis en ligne sur Cairn.info le 21/12/2018
https://doi.org/10.3917/popu.1803.0467
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