1Fruit d’un colloque international à Tours en 2013, cet ouvrage rassemble les contributions de nombreux spécialistes du champ de la vieillesse (sociologues, sociodémographes, gérontologues, médecins, ergothérapeutes, architectes…) autour de la question du « vieillir chez soi ». Dans un contexte où le maintien à domicile est promu, en France comme en Europe, pour faire face au vieillissement de la population, cet ouvrage traite plus particulièrement des logements intermédiaires. Il s’agit d’ensembles immobiliers composés de logements privés, dotés généralement d’espaces communs et de divers services individuels ou collectifs, qui permettent une forme de maintien à domicile spécifique. Peu connus, ces habitats, qui supposent une mobilité résidentielle, sont présentés comme une alternative au logement ordinaire (adapté ou non) et à l’établissement gérontologique pour les personnes en situation de perte d’autonomie.
2L’ouvrage est structuré en deux parties, composées respectivement de six et cinq chapitres, qui mêlent des approches variées (sociohistorique, enquêtes de terrain qualitatives et quantitatives, exploitation de grandes enquêtes d’instituts publics). La première partie aborde la production de logements intermédiaires (allant des logements-foyers aux différentes formes de résidences-services) et leurs transformations. L’exploration des différentes formes d’habitats permet d’en dresser les caractéristiques et les spécificités, ainsi que la façon dont ils ont évolué au cours du temps, en lien avec les transformations des solidarités familiales et des politiques publiques. Cette première partie est également l’occasion d’exposer le point de vue des responsables et des résidents sur ces logements. Ce faisant, elle offre un panorama assez complet de ce type d’habitats et des formes de rénovation en cours pour en améliorer la qualité, tout en montrant leur développement inégal sur le territoire national français.
3La seconde partie déplace le regard en traitant la question du vieillir à domicile sans mobilité résidentielle et ses limites. Plusieurs chapitres reviennent sur les expériences variées du maintien en logement ordinaire, en lien notamment avec les formes du soutien familial. La capacité à aménager l’espace de vie, la présence des proches-aidants ou l’isolement des personnes âgées, les ressources économiques dont ces dernières disposent, la distance géographique avec la famille, sont autant d’éléments qui influent sur le fait de rester à son domicile ou, au contraire, de s’installer dans un logement intermédiaire. Ce choix est également lié à la structuration du secteur marqué par l’apparition des prestataires privés lucratifs qui s’engagent sur ce marché, en France comme à l’étranger (le cas de la Suisse fait l’objet d’un chapitre spécifique).
4L’ouvrage présente un intérêt majeur : faire connaître ce type de logements intermédiaires, assez peu valorisés dans le champ des politiques publiques, mais qui permettent aux personnes âgées de vivre dans un logement individuel qui sécurise et garantit en même temps un certain environnement social. La question du bien vieillir permet d’envisager les divers enjeux (individuel, politique et social) de ce genre de logements, en France et dans divers pays d’Europe, et de tirer ainsi des enseignements utiles pour améliorer les modes d’habitats et donc les modes de vie des personnes âgées.