1 Les travaux actuels portants sur les réformes de la protection sociale tendent à mettre au second plan la dimension de la construction européenne. Lorsque celle-ci est prise en compte, ce qui est loin d’être systématiquement le cas, c’est soit dans une perspective institutionnelle et juridique autour de la notion « d’Europe sociale », soit en faisant valoir, de façon très vague, l’impact de l’unification monétaire européenne comme contrainte pesant sur les systèmes nationaux de protection sociale. Les auteurs réunis ici partagent la même insatisfaction par rapport à cette situation ; ce qui les conduit à mettre en avant trois éléments que l’on retrouve dans les quatre articles qui forment le dossier de ce numéro. Le premier est la nécessité d’une démarche qui ne se centre pas sur l’analyse des institutions de l’Union Européenne, mais qui, au contraire, développe une perspective comparative. Seule un telle démarche d’analyse permet de mettre au jour des processus d’européanisation qui ne se résument pas à la traduction nationale de textes européens. C’est là aussi le deuxième constat partagé, à savoir la nécessité de préciser la notion d’européanisation, en s’interrogeant notamment sur les phénomènes de convergence, tant dans les conceptions orientant les politiques de protection sociale que dans les façons de faire ces politiques, à partir notamment des instruments d’action utilisés. Enfin, les auteurs mettent en avant la dimension cognitive puisque c’est avant tout à ce niveau que s’opère l’européanisation comme on le voit ici à travers les cas des retraites, de la lutte contre le chômage (politiques d’insertion) et de la protection maladie.

2 Les textes réunis ici sont d’origines diverses. Celui de Bruno Palier est issu en partie de travaux mené au sein d’une commission du Commissariat Général au Plan. L’article de Patrick Hassenteufel, Sylvie Delaye, Frédéric Pierru, Magali Robelet et Marina Serré présente les premiers résultats d’une recherche collective menée dans le cadre du programme du CNRS « L’identité européenne en question ». Le texte de Sophie Rouault est issu des recherches effectuées dans le cadre de sa thèse de science politique. Enfin, la contribution de Kare Hagen est la version raccourcie d’une communication fait lors de la rencontre de Copenhague, organisée en septembre 1998 par la MIRE sur la comparaison des systèmes de protection sociale en Europe et en France.