Se remet-on jamais de son enfance ? Jamais peut-être autant que pour Baudouin une telle question n’a eu de pertinence.
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Voilà, en effet, un fils de roi que tout destinait à avoir une existence choyée, mais qui, avant d’être amené à monter sur un trône trop tôt avancé pour lui, est frappé par le sort dès avant ses cinq ans : mort de son grand-père, Albert Ier, le 17 février 1934 à Marche-les-Dames ; le 29 aout de l’année suivante, c’est sa mère, la reine Astrid, qui meurt dans un accident de voiture à Küssnacht, en Suisse.
Surviennent ensuite en 1940, dès la prime adolescence, les affres de la guerre : exode en France, puis en Espagne ; retour en Belgique occupée au mois d’aout, mais passage du château de Laeken à celui de Ciergnon, dans les Ardennes. Au lendemain du débarquement du 6 juin 1944, départ en Allemagne de la famille royale qui est cloitrée, par la volonté du Reich, dans la forteresse de Hirschtein située sur l’Elbe ; transfert en Autriche, près de Strobl, au bord du lac Sankt-Wolgang, où les troupes alliées de libération arrivent le 7 mai 1945.
On a beau être fils de roi, il est des âges tendres moins bousculés. On rétorquera qu’en ces années de plomb de la Seconde Guerre mondiale, il y eut des destins autrement plus pénibles. Mais, on le sait, les souffrances endurées par autrui ne versent pas nécessairement un baume sur les siennes propres. Il n’est dès lors pas étonnant que, placé à la tête d’un État qu’il ne connaissait pas bien et entouré d’hommes politiques plus âgés que lui, le cinquième roi des Belges ait dégagé dans les premiers temps de son règne cette impression de malêtre qui le fera souvent qualifier de « roi triste »…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 22/11/2020
- https://doi.org/10.3917/rn.204.0030

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