CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Dans la littérature économique et sociodémographique, on dispose de deux concepts, celui de ménage et celui de famille, pour appréhender les configurations familiales. Le ménage, défini comme l’ensemble des personnes habitant sous le même toit, est l’élément clé qui permet aux statisticiens, démographes et économistes de relier les domaines de la famille à ceux de la consommation, du logement ou de l’équipement. A priori, l’utilisation du concept ne semble pas poser problème : on ne « discute pas l’indiscutable [1] ». C’est au cours des années 1950 et 1960 que l’équation « famille égale ménage » a revêtu son sens le plus fort à travers l’émergence scientifique et médiatique d’un modèle familial unique : le couple avec enfant(s), soit la famille nucléaire. Cette dernière s’ajustait parfaitement à l’unité statistique du ménage. Mais dès que l’on essaie d’élaborer une approche dynamique des nouvelles configurations sociodémographiques, l’ambiguïté et les limites des concepts de famille et de ménage apparaissent clairement. D’une part, ces concepts ne permettent pas de saisir ce qui se passe réellement « du côté des familles », notamment de décrire les stratégies de mobilité et de reproduction sociale mises en œuvre au sein de la parenté. D’autre part, le fait que la famille soit définie dans le recensement à partir de la corésidence a introduit et entretient l’ambiguïté entre ménage et famille.

2Défini en France comme le groupe d’individus habitant sous le même toit, le ménage est une unité statistique repérée à un moment donné, unique, qui ne permet donc pas de saisir les dynamiques temporelles et qui fige la place et les trajectoires résidentielles des individus. Le ménage constitue néanmoins la plus complexe des unités primaires associant les individus et permet a priori de prendre en compte l’ensemble des cas de figure : de la personne vivant seule au groupe de personnes non apparentées partageant le même logement en passant par les familles corésidentes. Du point de vue des données, la notion de ménage semble très opérationnelle. À partir du moment où l’unité de base est le logement, les personnes qui y habitent sont facilement dénombrables à condition que leur résidence soit unique : elles forment un ménage repérable à une date précise. Le recensement de la population et l’ensemble des grandes enquêtes nationales s’effectuent ainsi sur la base des logements et de leurs habitants. De plus, le recensement a pour vocation le dénombrement de la population : chaque individu est identifié en un lieu et un seul et se voit également attribuer sans ambiguïté une position et une seule au sein de son groupe d’appartenance.

Une famille dont les frontières dépassent le cadre du logement

3Décrire le système familial à partir de l’entité-ménage – c’est-à-dire en se restreignant au cadre de la résidence commune – n’est pas seulement un artifice de la statistique publique actuelle mais découle d’une longue tradition dans l’étude de la morphologie sociale et familiale des sociétés anciennes. Précurseur dans l’élaboration de typologies de familles, Frédéric Le Play a étudié minutieusement la vie des familles et converti en chiffres leurs habitudes quotidiennes en établissant des budgets familiaux. À partir de ces « monographies » publiées dès 1855, il a distingué trois types principaux de familles [2] : la famille patriarcale où tous les fils, mariés ou non, s’établissent au foyer paternel, un type intermédiaire, la famille souche où un seul des enfants reste auprès des parents et la famille instable que les enfants quittent lorsqu’ils deviennent autonomes financièrement. La famille instable décriée par Le Play deviendra le modèle familial dominant, à savoir la famille nucléaire décrite par Talcott Parsons [3] en 1960, qui serait selon lui coupée de son réseau de parenté et parfaitement « adaptée » à la société moderne et à la mobilité qu’elle suppose. Parmi les nombreuses critiques de ces thèses, Peter Laslett a souligné combien elles sont sous-tendues par une conception évolutionniste selon laquelle la disparition des structures complexes est attribuable au progrès industriel et à l’individualisme [4]. Selon lui, la famille nucléaire ne serait pas le produit de l’industrialisation et de l’urbanisation mais aurait toujours existé.

4En résumé, donner un rôle central à la résidence dans la définition de la famille et dans son interprétation pose problème. L’usage même du mot « famille », dont l’acception est plurielle, prête à confusion. La description des structures familiales à partir de la corésidence telle qu’elle est proposée par les études statistiques sert de point de repère à l’analyse des familles en général, au risque précisément de réduire la famille à cette unité statistique que l’on observe dans les enquêtes et les recensements. Sous cet angle, la famille apparaît dès lors comme un sous-ensemble du ménage, alors qu’on peut inverser les termes et penser que le ménage corésidant n’est qu’un sous-ensemble de la famille.

5De fait, le terme de famille ne désigne pas seulement les liens parents enfants dans le cadre d’un ménage, mais plus généralement les liens de parenté et d’alliance entre les individus, fussent-ils lointains comme des cousins ou cousines, ou moins certifiés par le droit : des conjoints non-mariés quel que soit leur sexe, des enfants qu’on élève sans en être les parents légaux, etc. [5] À vouloir décrire la famille par le ménage, on met au final au second plan ce qui pourtant la constitue : les liens familiaux. Ainsi, dans le recensement français, une veuve et son petit-fils ne sont pas considérés comme une famille, et deux frères vivant ensemble sont considérés comme un ménage de personnes isolées.

Des liens familiaux multiples/pluriels

6Une deuxième limite à la description d’une gamme plus élaborée de familles provient du fait que les recensements utilisés pour décrire les structures familiales de la population attribuent une position (conjoint de, parent de, enfant de) et une seule à chaque membre du ménage [6] selon les recommandations des Nations unies [7]. Ces dernières reposent sur l’identification des familles au sein du ménage et sur le concept de famille nucléaire, ce qui produit une typologie assez pauvre. La famille n’est ici que la partie d’un ménage. Elle comprend au moins deux personnes et est constituée soit d’un couple hétérosexuel vivant au sein du ménage sans enfant, soit d’un couple hétérosexuel avec son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage, soit d’un adulte avec son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage (famille monoparentale). En conséquence, un ménage peut comprendre zéro, une ou plusieurs familles. Un « ménage complexe », au sens du recensement, est ainsi un ménage composé de deux familles, de plusieurs personnes isolées qui ne constituent pas une famille, ou de personnes isolées et de famille(s) [8]. Pour qu’une personne soit enfant d’une famille, elle doit être célibataire et ne pas avoir de conjoint ou d’enfant faisant partie du même ménage. Dans le recensement français, une veuve accueillant sa fille et son petit-fils forment un ménage où corésident une famille monoparentale et un adulte isolé ; et une famille recomposée avec des enfants est identifiée comme un couple avec ses enfants sans autre détail.

7Seule une meilleure prise en compte des liens familiaux au sein du ménage comme au-delà peut donc permettre de rendre compte de la diversité familiale. Deux frères vivant ensemble forment une communauté différente de deux colocataires. Vivre seul dans un logement alors que ses parents ou ses enfants résident à proximité a des implications différentes que de vivre isolé. De même, la résidence alternée de ses enfants (en cas de séparation des parents ou de résidence universitaire par exemple) ou de son conjoint (en cas d’éloignement professionnel, par exemple) configure fortement les besoins de logement, les ressources économiques et l’entraide. Or la typologie proposée réifie la famille nucléaire. Et l’on peut regretter que les sources les plus abondantes que sont les recensements et les enquêtes Ménages nationales ne puissent décrire les situations plus minoritaires, émergentes ou marginales que ces observation, du fait de leur exhaustivité, sont pourtant les plus à même de constater.

Un nouveau concept : l’entourage

8Avec la reconnaissance de statuts familiaux plus diversifiés, les divorces, les séparations, la vie de couple à distance, les phénomènes de décohabitation de plus en plus complexes, le concept statistique de ménage s’écarte donc de plus en plus de la réalité familiale et sociale qu’il est censé décrire. C’est que cette réalité sociale se situe entre le groupe domestique constitué des corésidents et l’ensemble du groupe familial large, dans la mesure où c’est l’ensemble des ménages associés à un réseau familial donné et leurs membres qui forment la ressource qu’ont les individus à leur disposition et avec laquelle ils interagissent pour faire et élever leurs enfants, affronter le marché du logement et du travail, se déplacer sur le territoire, etc. Les concepts de ménage et de famille, fondés sur la corésidence, occultent cette influence du réseau dont dispose chaque individu. Par exemple, les familles monoparentales du recensement sont en réalité des ménages monoparentaux, pouvant former selon les liens entretenus avec le parent non-corésident des familles bi-parentales à distance. Seule la prise en compte plus précise des liens familiaux permettra de lever l’ambiguïté des deux notions. Nous avons donc proposé de considérer « l’entourage » des personnes [9]. Celui-ci est constitué, à un moment donné, des personnes avec lesquelles l’individu vit et des personnes avec qui il/elle entretient des liens familiaux, dont le choix (pour la collecte et l’analyse) dépend des objectifs scientifiques et des ressources. Dans l’enquête Biographies et entourage menée à l’Ined en 2001, nous avons ainsi pris en compte l’ensemble des corésidents, les liens de filiation ascendante et descendante et de conjugalité, ainsi que les personnes non-nécessairement apparentées mais jugées importantes (des liens d’élections).

9Cette manière de procéder, a priori moins opérationnelle, permet d’éviter les glissements sémantiques entre famille et ménage et clarifie l’analyse en distinguant clairement la sphère d’influence des corésidents de celle issue des liens d’alliance, de parenté et d’élection qui s’exercent en dehors du cadre du ménage. La notion d’entourage a l’avantage de ne se limiter ni au groupe des corésidents, ni aux seuls apparentés.

10Cette nouvelle approche a de plus conduit à proposer une nouvelle interprétation des deux « crises de la famille » : le passage de la famille complexe à la famille nucléaire – dénoncé par Le Play et les moralistes du xixe siècle, puis par Parsons aux États-Unis en 1955 –, puis la baisse de la proportion des familles nucléaires, avec la montée du nombre des personnes seules, la cohabitation hors mariage et l’augmentation des divorces et des séparations. Ces deux évolutions apparaissent sous un jour différent si l’on fait l’hypothèse qu’elles sont avant tout des transformations des modes de cohabitation. Dans les deux cas, il ne semble pas que la famille (au sens de « famille étendue », selon la définition de Peter Laslett) ait connu de crise profonde, même si les périodes de grandes migrations ont eu pour conséquence, dans un premier temps, de distendre géographiquement les liens entre les différents membres de la parenté.

11Ces différentes interprétations de l’évolution des structures familiales montrent bien qu’une certaine prudence s’impose dans l’utilisation du terme de « famille », si l’on veut éviter la confusion. Le glissement que l’on voit très souvent s’opérer dans les articles et ouvrages comporte fréquemment, comme on l’a vu chez Le Play, une connotation idéologique et morale. Des grands types familiaux, on en vient à une hiérarchie des liens familiaux, forts dans les ménages complexes et faibles dans les familles nucléaires ou monoparentales. Or, seule la connaissance de l’entourage permettra de déceler la force, le rôle et la pérennité des relations corésidentes ou non.

La parenté élective

12L’un des résultats de l’enquête Biographies et entourage illustre bien les bénéfices de ce déplacement. Si la diversité des configurations familiales, émergentes ou non, questionne la notion de parentalité, c’est qu’à côté des parents biologiques existe tout un univers de référents adultes pouvant exercer un rôle parental auprès des enfants. Alors que des recherches ont interrogé principalement les parentés choisies à travers la question de l’adoption [10], les données de l’enquête ont permis d’évaluer la fréquence et de caractériser les configurations parentales et éducatives qui, au-delà des parents biologiques, ont pris en charge les générations enquêtées (nées entre 1930 et 1950) pendant leur enfance.

13L’analyse vise également à identifier les circonstances associées à l’exercice d’une fonction parentale et les rôles incarnés par ces personnes, en relation ou en concurrence avec les parents biologiques. Au-delà du contexte familial, c’est aussi le contexte sociohistorique dans lequel ont grandi ces générations qui est pris en compte afin de comprendre le cadre de construction de ces relations. Les données recueillies font ainsi apparaitre l’étonnante diversité des configurations familiales : l’univers familial et électif des générations enquêtées pour lesquelles la famille nucléaire était à son apogée s’avère en réalité bien plus complexe. Sa reconstitution a notamment mis en évidence l’existence d’une figure négligée de la parenté : les personnes ayant exercé un rôle parental, que 21 % des enquêtés décrivent. La mention des grands-parents et plus spécifiquement de la grand-mère maternelle domine ; on note aussi une grande diversité des figures parentales évoquées parmi lesquelles 16 % sont non apparentées [11].

14L’examen des fonctions attribuées à ces « parents d’élection » souligne le caractère très concret de la prise en charge et de l’accompagnement des enfants. La force du lien affectif avec l’enquêté, conjuguée aux fonctions pratiques de la parenté, constituent les deux critères d’identification d’une figure parentale, qui n’appartient pas forcément à la sphère familiale. Cette pluriparentalité élective est donc avant tout pratique. C’est celle qui s’est exercée et a été perçue par les enquêtés lorsqu’ils étaient enfants. Cette parenté choisie s’inscrit en complément mais parfois aussi en substitution à la parenté (biologiquement, socialement ou légalement) instituée et trouve un écho dans l’observation des transformations contemporaines de la famille [12].

Exporter ces notions dans une enquête de la statistique publique

15Dans le prolongement de ces travaux, notre participation à l’enquête Famille associée au recensement a contribué à développer une description de la famille au-delà de la corésidence. L’enquête Famille, associée au recensement de la population depuis 1954, est la source principale de données sur les configurations familiales. Jusqu’à présent limitée à la description de la famille corésidente, l’enquête Famille et logements associée à la vague 2011 du Recensement général de la population décrit, pour la première fois, la famille des enquêtés sans se limiter aux seuls membres du ménage. Elle retrace la lignée sur trois générations en précisant la localisation de chacun, et recueille les situations de couple et le type d’union sans contrainte de résidence ou de sexe des conjoints. Ainsi, en 2011, 72 % des adultes qui déclarent être en couple sont mariés et partagent la même résidence que leur conjoint de sexe différent. Les autres forment un couple en union libre ou sont pacsés. Par ailleurs, 4 % des couples ne vivent pas ensemble dans un même logement [13].

16Grâce à cette enquête, les modes de vie des enfants peuvent être décrits : 71 % des enfants de moins de 18 ans vivent avec leurs deux parents, 11 % dans une famille recomposée (le plus souvent avec leur mère ou avec leurs deux parents en compagnie d’un.e demi-frère ou sœur) et 18 % dans un ménage monoparental [14]. De plus, les phénomènes de multirésidences peuvent être appréhendés et donnent à voir un autre fonctionnement de la famille dont le cadre se situe au-delà du logement. Plus d’un adulte sur dix déclare en effet habiter régulièrement dans deux résidences [15]. C’est un mode d’habiter qui caractérise certaines périodes de l’existence (jeunesse, retraite) et dont le moteur est la poursuite des études supérieures, l’activité professionnelle ou la fréquentation d’un lieu investi en résidence secondaire devenu double résidence au moment de la retraite : des périodes clés de (re)définition de la vie familiale et de la vie en couple.

17Au cours de ces dernières années, la diversité des modes de vie se manifeste de manière de plus en plus visible, la résidence principale n’apparaissant plus comme le point unique de rattachement familial et géographique des individus. Avec l’évolution des modes de cohabitation dans le couple et dans la famille, la transformation du monde du travail vers plus de mobilité et de flexibilité, l’allongement de la durée des études mais également du temps de la retraite, la famille ne peut plus se définir par le logement. C’est désormais l’existence de liens forts au-delà de la cohabitation qui permet de saisir la réalité d’un groupe familial, d’un entourage qui accompagne l’individu tout au long de sa vie et dont on peut cerner l’influence à partir d’enquêtes adéquates.

Notes

  • [*]
    Directrices de recherche à l’Ined, unité « Mobilité, logement et entourage », elles ont dirigé l’ouvrage collectif De la famille à l’entourage, Paris, Ined/PUF, 2012.
  • [1]
    A. Desrosières, La politique des grands nombres, histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte, 1993.
  • [2]
    F. Le Play, La réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. Tome I : « La religion, la propriété, la famille », Tours, Maison Alfred Mame, 1991 (8e éd.) [1879].
  • [3]
    T. Parsons, R. F. Bales (dir.), Family, Socialization and Interaction Process, Glencoe, Free Press, 1960 (1re éd. 1955).
  • [4]
    P. Laslett, « La famille et le ménage : approches historiques », Annales ESC, 4-5, 1972, p. 847-872.
  • [5]
    É. Lelièvre, G. Vivier, C. Tichit, « Parentés instituées, parentés choisies, une vision rétrospective sur les figures parentales en France de 1930 à 1965 », Population-F, (63)2, 2008, p. 237-266.
  • [6]
    On ne peut être à la fois la fille de la personne de référence et la femme ou la mère d’un autre membre du ménage, par exemple.
  • [7]
  • [8]
  • [9]
    C. Bonvalet, E. Lelièvre, « Du concept de ménage à celui d’entourage : une redéfinition de l’espace familial », Sociologie et sociétés, 27(2), 1995, p. 177-190 ; De la famille à l’entourage, Paris, Ined/PUF, 2012.
  • [10]
    A. Fine, « Pluriparentalités et systèmes de filiation dans les sociétés occidentales », in D. Le Gall, Y. Bettahar (dir.), Les pluriparentalités dans les sociétés occidentales, Paris, PUF, 2001, p. 69-93.
  • [11]
    É. Lelièvre, G. Vivier, C. Tichit, « Parentés instituées, parentés choisies, une vision rétrospective sur les figures parentales en France de 1930 à 1965 », op. cit.
  • [12]
    A. Fine, « Pluriparentalités… », op. cit. ; I. Théry, Couple, filiation et parenté aujourd’hui : le droit face aux mutations de la famille et de la vie privée, Rapport à la ministre de l’Emploi et de la Solidarité et au garde des Sceaux, ministre de la Justice, Paris, O. Jacob / La Documentation française, 1998.
  • [13]
    G. Buisson, A. Lapinte, « Le couple dans tous ses états. Non-cohabitation, conjoints de même sexe, Pacs… », Insee Première, 1435, février 2013.
  • [14]
    A. Lapinte, « Un enfant sur dix vies dans une famille recomposée », Insee Première, 1470, octobre 2013.
  • [15]
    C. Imbert, G. Deschamps, E. Lelievre, C. Bonvalet, « Vivre dans deux logements : surtout avant et après la vie active », Population & Sociétés, 507, 2014.
Français

Largement utilisées par les médias, les pouvoirs publics et les chercheur.e.s, les statistiques nationales produites sur la famille contribuent à instituer les normes et les catégories de référence. En dénombrant « les types » de famille, elles donnent à voir certaines formes familiales et en cachent d’autres. Aussi, certain.e.s chercheur.e.s réfléchissent à des outils et catégories d’analyse afin d’appréhender la « nouvelle morphologie sociale » qui découle des transformations sociales de ces dernières décennies. C’est ce que proposent Catherine Bonvalet et Éva Lelièvre : elles invitent à une redéfinition des outils et des concepts de la démographie pour décrire l’évolution actuelle des modes de vie des individus et de leurs enfants. Leurs recherches visent à dépasser le cadre du logement pour redéfinir un groupe familial, à proposer une entité opérationnelle pour les collectes quantitatives permettant d’étudier son rôle dans les stratégies sociales des individus, et d’en saisir la dynamique. Elles permettent en outre de rompre avec les thèses sur la « crise » de la famille pour donner à voir la complexité et la diversité des liens sociaux qui se nouent autour des individus qui « font famille ». La famille ne peut plus se définir par le logement, mais bien davantage par l’existence de liens forts, au-delà de la cohabitation.

Catherine Bonvalet
Éva Lelièvre [*]
  • [*]
    Directrices de recherche à l’Ined, unité « Mobilité, logement et entourage », elles ont dirigé l’ouvrage collectif De la famille à l’entourage, Paris, Ined/PUF, 2012.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 18/05/2015
https://doi.org/10.3917/mouv.082.0090
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