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En avril 1997, je proposai à Jean de Loisy, qui était alors chargé de la mission pour la célébration de l’an 2000, le projet dont on trouvera le texte ci-dessous. Il m’avait été inspiré par l’enquête que je venais de mener sur l’art contemporain, et qui m’avait sensibilisée à la question du jeu avec les frontières, constitutive de ce genre de l’art puisqu’il n’y a pas d’« art contemporain » sans mise à l’épreuve des frontières de l’art telles que les conçoit le sens commun. J’en avais retiré la certitude de la nécessité des frontières : d’abord, parce qu’on ne peut « jouer » avec elles que si elles existent ; ensuite, parce que la virulence des réactions face à leur transgression met en évidence, a contrario, l’importance qu’elles revêtent pour un grand nombre de gens.
Le projet consistait à réunir un certain nombre de spécialistes – penseurs autant que décideurs ou artistes – pour mettre sur pied des actions concrètes en vue d’une requalification de diverses « frontières », spatiales ou temporelles. Mais il fallut d’abord préciser le projet, qui donna lieu à quelques malentendus inattendus : non, il ne s’agissait pas d’un projet « de droite » ; non, il n’était pas tourné vers le passé, par le retour en arrière, mais vers l’avenir, par l’aménagement intelligent des conditions de vie modernes ; non, il ne visait pas à tout inventer, mais d’abord à mettre en cohérence et à systématiser des initiatives existantes ; non, il ne concernait pas les frontières de la vie privée, mais seulement celles de l’identité citoyenne……
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 24/02/2013
- https://doi.org/10.3917/mediu.024.0334