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LUCE GUILBEAULT. — Peut-on dire que Le Deuxième Sexe a eu plus de retentissement aux Etats-Unis qu’en France, et si oui pourquoi selon vous ?
SIMONE DE BEAUVOIR. — Vous voulez dire au moment de sa parution ou bien dans les années qui ont suivi ?
L.G. — Au moment de sa parution en anglais, aux Etats-Unis. S.B. — Je ne sais pas s’il a eu plus de retentissement. Il y a eu un accueil qui a été beaucoup plus agréable pour moi, parce que celui du Deuxième Sexe en France, étant donné la « chiennerie française », a été un accueil très bruyant, très scandaleux et souvent très haineux de la part des hommes qui m’ont accusée d’avoir ridiculisé le mâle français. Aux Etats-Unis l’accueil a été beaucoup plus serein, je dirais, en un sens, beaucoup plus « scientifique ».
Maintenant, il est évident que j’ai reçu, au cours des vingt années qui ont suivi Le Deuxième Sexe, énormément de lettres de femmes françaises et que j’ai vu qu’il existait un véritable impact de ce livre, que je pourrais dire intime, singulier, personnel. Je n’ai pas eu évidemment autant d’écho de la part des femmes américaines. Par conséquent Le Deuxième Sexe a été pour moi, pendant longtemps, un dialogue avec les femmes françaises avant d’être un dialogue sur un plan international.
L.G. — Avec Le Deuxième Sexe, vous avez influencé énormément celles qui ont été les premières militantes du mouvement féministe américain. En retour, est-ce qu’on peut dire que les textes des féministes américaines ont eu une influence, un apport important dans votre pensée …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/03/2014
- https://doi.org/10.3917/ltm.647.0413

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